Quand on pense à Supermassive Games, on pense souvent à Until Dawn, jeu cinématographique qui nous mettait dans la peau d’un groupe de jeunes Américains piégés au sommet d’une montagne avec un tueur sadique et des créatures voraces. Vraie réussite au moment de sa sortie par les choix funestes qu’il fallait faire en un temps limité, Until Dawn voit ici une suite spirituelle avec le premier épisode d’une anthologie de l’horreur vidéo-ludique : Man of Medan.

Rejoignez le Conservateur pour y découvrir ses récits

Oh mon bateau

La virée en bateau tourne court

Pour revenir rapidement sur le studio, Supermassive Games a fait sa spécialité des jeux d’horreur ancrés dans le cinéma américain des années 90. Avec Until Dawn, mais aussi des titres VR liés aux même univers (Rush of Blood, The Inpatient). Avec Hidden Agenda, ils ont certes portés le concept au polar multijoueur (réussi d’ailleurs), mais globalement et depuis longtemps maintenant, ils se sont dédiés à nous faire sursauter dans nos canapés avec des jeux visuellement réalistes et une application scrupuleuse du cahier des charges des codes du genre. Et ce qui est difficile avec ce  genre de production, c’est d’en parler tant sur le plan vidéo-ludique que cinématographique.

C’est finalement fort logiquement qu’ils en viennent au format de l’anthologie sur des modèles aussi illustres que les Contes de la Crypte, The Twilight Zone (ancienne et nouvelle version), Night Gallery ou encore Tales from Beyond the Pale, des programmes télévisés eux-même parfois issus d’écrits plus anciens qui bercent notre imaginaire horrifique depuis pas loin de deux siècles. Et avec un planning estimé de deux récits par an sur un total de 8 histoires prévues, reste à espérer que les développeurs s’inspirent de la quintessence du genre.

Tout cela pour vous dire que Man of Medan – le premier épisode de cette anthologie – mettra l’initié de l’horreur dans des chaussons confortables en lui apportant tout ce qu’il attend d’une histoire horrifique sans trop le sortir de sa zone de confort.

Man of Medan introduit ses victimes sur le pont d’un bateau, prêt à partir fouiller une épave d’avion de la Seconde Guerre Mondiale au beau milieu de l’océan. Nous avons le beau gosse de service Alex, afro-américain, athlétique, son frère Brad qui ne cherche qu’à faire ses preuves, Julia, la petite amie d’Alex, Conrad son frère et enfin Fliss, capitaine du bateau venu conduire le groupe contre rétribution. Rapidement, on voit quels rôles chacun aura à jouer, à commencer par Conrad, sûr de lui, arrogant et gosse de riche qui prend tout le monde de haut. Alex, sportif et meneur, Brad, intelligent mais craintif, Julia éternelle suiveuse et Fliss au caractère bien trempé.

Le but du joueur sera simplement – à l’instar d’Until Dawn – de faire en sorte que tous les protagonistes survivent au récit. Pour cela, vous devrez faire preuve d’un peu de réflexe, mais surtout effectuer les bons choix au bon moment face aux horreurs de la nuit. Car oui, vous pourrez conclure l’histoire avec tout le monde en vie, ou pas du tout, ce qui faisait déjà tout le sel d’Until Dawn. Pour vous aider, vous pourrez compter sur le support psychologique du Conservateur, un personnage énigmatique qui consigne votre histoire au fil de son avancée. Car comme dans toute anthologie, il est le narrateur des récit, le seul point commun entre les différents épisodes de l’anthologie. Il vous introduira à l’histoire et commentera au fil du jeu vos réussites, vos échecs, et se proposera même de vous donner des indices, que vous êtes libres de refuser.

Man of Medan reste trop classique et n’essaye jamais de jouer avec les codes de l’horreur

Toujours à la manière d’Until Dawn, les personnages découvriront des tableaux sur les lieux qui vous permettront d’avoir une vision fugace du futur et vous offriront peut-être un moyen d’éviter la mort de l’un d’eux. Petite cerise, l’un d’eux n’aura aucun rapport avec Man of Medan. Cependant, j’ai trouvé que ces visions étaient rarement en lien avec les situations rencontrées, ne laissant aux protagonistes finalement que peu de risque de passer l’arme à gauche. Et à moins de rater un QTE (qui peuvent surprendre parfois), il est possible de se sortir de l’aventure sans trop de casse, contrairement à Until Dawn où la mort semblait guetter les personnages en permanence. Les différentes informations que vous pourrez trouver sur l’histoire du navire (L’Ourang Medan, « véritable » légende de bateau fantôme) vous mèneront à la vérité pour autant que vous preniez un peu de temps pour fouiller tous les environnements déjà très linéaires.

Lors de leur escapade en mer, ils se feront attaquer par des pirates et finiront par devoir embarquer sur un étrange vaisseau abandonné datant de la seconde guerre mondiale. Véritable vaisseau fantôme, le bateau est rempli de cadavres qui semblent être morts d’effroi tandis que le groupe – bien vite fractionné – se retrouve en proie à des événements étranges et des visions d’horreur.

L’or de Mandchourie

L’intro sert de tutoriel pour les différentes actions en jeu : combat, QTE et dissimulation

Pour être honnête, l’introduction de Man of Medan déçoit. Rappelant très fortement des films comme Virus (très mauvais film avec Jamie Lee Curtis – une figure de l’horreur pourtant) et Le Vaisseau de l’Angoisse (ce dernier n’ayant comme bonne idée que sa scène d’introduction) et on sent très vite que le titre va nous jeter ses codes au visage. La bande d’amis n’est certes pas aussi cliché qu’on aurait pu le craindre (merci Julia), mais nous voilà embarqués dans un jeu qui multiplie les jumpscares à coup de tuyau qui fuit ou de rat qui sort d’un trou tandis que nous avançons lentement dans les entrailles du navire.

Les visions d’horreur sont par contre assez réussies et le jeu propose de véritables moments de tension, quand il s’agit par exemple de réaliser des QTE au rythme de nos battements de cœur pour éviter de se faire repérer ou qu’il faut rapidement opérer un choix qui risque de tuer l’un des protagoniste. Simple, certes, mais efficace dans ces cas-là. D’autres bonnes idées sont présentes, que cela soit pour mettre notre rationalité à rude épreuve, en nous faisant parfois douter nous-mêmes de ce que nous venons de voir ou en plongeant les protagonistes dans des situations troublantes (le couloir sans fin façon P.T. est d’ailleurs une réussite – qui renvoie également à des films comme Cube 2 Hypercube avec sa gestion du temps particulière). Mais globalement, Man of Medan reste trop classique et n’essaye jamais de jouer avec les codes de l’horreur, préférant s’y conformer sans grande originalité. Certes, le scénario et certaines situations ont leur place dans une anthologie d’horreur, mais encore une fois, tout ceci reste très littéral et sans réelle surprise.

Il faudra parfois retenir votre souffle et tenir la mesure des battements de votre coeur sous peine d’une fin douloureuse

A cela, on ajoute de très grosses chutes de framerate pendant la partie, et une optimisation qui semble vouloir faire décoller le ventilateur de la PS4, mais j’imagine que ceci peut s’arranger avec un patch. Plus ennuyeux, le relatif statisme des personnages lors des dialogues, qui profitent d’animations faciales poussées mais d’une gestuelle quasi inexistante en dehors des véritables cinématiques. En résulte que, pourtant soumis à des visions d’horreur et des cadavres décomposés, les héros ne semblent pas vraiment paniqués, voire concernés.

Un souci que je trouve plus prononcé en multijoueurs, puisque le jeu se trouve alors amputé de toute réelle ambiance. Si vous avez déjà essayé de regarder des films d’horreur entre amis, vous savez déjà que cela tourne rapidement à l’humour, le mode se retrouve alors dénué d’un réel intérêt (là où il y en avait un vrai dans Hidden Agenda).

On sursaute dans Man of Medan, mais souvent pour de mauvaises raisons. On tremble parfois et on se souviendra de quelques bons passages, et on prendra même plaisir à reprendre la partie à un chapitre en particulier pour modifier nos choix, mais ses actuelles carences techniques ne plaident pas en sa faveur. Pourtant, j’attends avec impatience le prochain épisode (dont le teaser promet beaucoup) car ce n’est pas parce qu’un épisode est moins bon qu’il faut condamner toute la série, n’est-ce pas ? Aux développeurs de Supermassive Games de nous prouver qu’ils peuvent jouer avec les codes de l’horreur et proposer la première vraie anthologie horrifique du jeu vidéo !

  • Développeurs Supermassive Games
  • Type Aventure horrifique
  • Support PS4, PC, Xbox One
  • Sortie 30 Août 2019

The Dark Picture Anthology : Man of Medan

Titiks

L’avis de Titiks sur PS4

En bref

Premier essai en demi-teinte pour Supermassive Games avec Man of Medan. S’il est évident qu’on plonge de plain-pied dans cette idée d’Anthologie de l’horreur, on espère que les épisodes suivants sortiront un peu des poncifs et nous proposeront un peu plus d’originalité. Techniquement faiblard sur PS4, Man of Medan se joue pourtant sans déplaisir d’autant que l’exploration est souvent gratifiante (peut-être trop par moment) et que le gameplay limité tente tout de même de se diversifier un peu. On retiendra quelques scènes dérangeantes éprouvant un peu notre logique, mais on reste globalement en-deçà d’un Until Dawn. Gageons que le studio anglais nous revienne avec un second épisode disposant d’un peu plus de corps.

3
Show Full Content

About Author View Posts

Titiks

Quadra assumé, daron de 3 apprenties gameuses, fan de tout ce qui est capable de raconter une bonne histoire. Touche-à-tout, mais surtout de bonnes aventures qui savent surprendre, et dévoué à l'univers console depuis que Sega était plus fort que tout, vous me verrez bien plus souvent connecté à la nuit tombée #2AMFather.

Previous Test : RAD – Baston, Radiations et mutations !
Next Hatsune Miku : Project Diva MegaMix sortira le 13 février 2020 au Japon (et en 2020 chez nous)
Close

NEXT STORY

Close

Test : Blood and Truth – plongée dans l’action

30/05/2019
Close