Après un premier épisode ayant pris la forme d’un road-trip très oppressant, “Whitey’s’ on the Moon” propulse les héros de Lovecraft Country dans un huis clos ésotérique non moins angoissant. Attention, il va être difficile de ne rien révéler sur l’intrigue.

Attention, cette critique va forcément révéler des moments de l’intrigue globale de Lovecraft Country épisode 2 « Whitey’s’ on the Moon »

L’art du Détournement Cognitif

Parvenus à Ardham après une nuit cauchemardesque, Atticus, Leti et Georges pensaient trouver un peu de repos dans l’immense manoir de Braithwhite. Reçus comme des rois par “l’ami de la famille” William, ils constatent bien vite que les apparences sont très trompeuses au Manoir comme dans la ville. Ouvertement raciste, la population d’Ardham – en particulier la garde-chasse – n’hésitera pas à rabaisser le trio via des comparaisons peu flatteuses avec les Ours, ce qui ne perturbera pas outre mesure le bienveillant oncle Georges, véritable héros et soutien moral de cet épisode. Tandis que Leti et Georges ne se souviennent étrangement pas des atrocités survenues dans la forêt la veille, Atticus se voit convié par le maître des lieux à prendre part à une assemblée rassemblant à l’Ordre de l’Aube, culte ésotérique ayant pour but de rejoindre l’Eden originel pour parvenir à l’immortalité. Si ses liens de filiation étaient déjà très visibles dans le premier épisode, on va apprendre dans « Whitey’s on the Moon” les véritables racines de Tic, et surtout les raisons qui ont poussé Braithwhite à l’attirer en enlevant son père Montrose.

Tout n’est qu’une question d’apparence et de mensonge, de reflets tronqués. Le doute est sans doute le maître mot, la déclaration d’intention de cet épisode. D’abord Leti et Georges qui n’ont aucun souvenir des monstres auxquels ils ont échappé la veille, qui les amène à douter de la santé mentale d’Atticus, invoquant un possible syndrome post-traumatique issu de son service en Corée. Puis chacun va devoir affronter – sous les yeux amusés des membres de l’Ordre – une partie de son passé dans des illusions dangereuses, où encore une fois, Georges parviendra à discerner la réalité du mensonge malgré ses sentiments, tandis que Leti s’ouvrira à une peur profonde et Tic à un affrontement d’une rare violence contre une femme issue de son passé.

La scène qui suit dans le couloir est l’une des deux plus importantes de l’épisode, et sera sans doute même décisive pour la psyché des héros ensuite : il ne faut jamais douter ou s’effondrer, et survivre quoi qu’il arrive, même quand un groupe de personnes puissantes au point de refaçonner une réalité vous fait douter et que tout est fait pour vous brimer. Et quand même la mort peut-être une illusion, quels sont les ravages d’une telle manipulation sur l’esprit ?

Si Lovecraft Country se déroule dans les années 50, on reste dans une thématique très actuelle, tandis que l’on met de plus en plus en avant une certaine réécriture de l’histoire, que l’on tente d’imposer une seule vision aseptisée d’une humanité (ce n’est d’ailleurs pas pour rien si les Braithwhite ont toutes les caractéristiques physiques aryennes) alors que tout type sortant des clous se voit rabaissé par une élite auto-proclamée.

Whitey’s’ on the Moon

L’héritage même d’Atticus est sombre puisqu’il est dit clairement que le fondateur du manoir Braithwhite avait fait fortune grâce aux “expéditions” (l’esclavage) et qu’il était connu pour être “particulièrement gentil avec ceux qui travaillaient pour lui”. La révélation de la fuite d’une esclave enceinte lors de l’incendie du manoir termine de prouver la filiation d’Atticus avec le maître des lieux et les raisons de sa présence pour le rituel final. Seule présence quelque peu réconfortante : Christina Braithwhite, que l’on tente d’humaniser tant bien que mal lors d’une scène d’accouchement de vache quelque peu particulière. Nul doute qu’elle et William seront des protagonistes importants pour la suite.

Ici encore la bande-son a été magistralement mise en place pour qu’au moment du rituel final – dans la pure tradition lovecraftienne – on n’entende pas les litanies – certainement proférées dans un langage obscène – mais le poème “Whitey’s’ on the Moon” de Gil Scott-Heron, un poème critiquant le programme spatial américain, en mettant en parallèle l’utilisation des fonds gouvernementaux et la mise à l’écart des Noirs américains. Le poème identifie la négligence par le gouvernement comme la raison de la pauvreté, l’argent économisé sur les afro-américain (soin de santé, salaire etc…) participant à envoyer “des blancs sur la Lune”, tout comme le sang d’Atticus ne servant qu’à parfaire le rituel.

Car comme l’indique brillamment Braithwhite, il y a une différence notable entre “utile” et “indispensable”, et si les conseils des étranges William et Christina Braithwhite permettent in-fine à Atticus de s’en sortir – non sans la perte d’un être cher, dont le traitement est sans doute le plus terriblement juste que j’ai pu voir à l’écran depuis longtemps – on se pose des questions sur l’après, ce second épisode venant fermer un pan narratif entier. Que restera-t-il pour poursuivre l’aventure ? J’ai rarement eu aussi hâte de le savoir.

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Titiks

Quadra assumé, daron de 3 apprenties gameuses, fan de tout ce qui est capable de raconter une bonne histoire. Touche-à-tout, mais surtout de bonnes aventures qui savent surprendre, et dévoué à l'univers console depuis que Sega était plus fort que tout, vous me verrez bien plus souvent connecté à la nuit tombée #2AMFather.

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