C’est difficicle d’être un épisode de SaGa. Loin des impressions laissées par les trailers, la licence de Kawazu n’a jamais laissé indifférent. Avec le Remaster récent des deux premiers épisodes déjà assez complexes à aborder, SaGa Emerald Beyond semble lorgner davantage vers son mal-aimé aîné UnLimited SaGa.
Sans Limite et Au-Delà
Dans un univers où beaucoup de JRPG se confondent souvent dans un amalgame de clichés et de récits prévisibles, la licence « SaGa » a toujours cherché à se détacher des poncifs, à offrir une expérience radicalement différente, une bouffée d’air frais pour les amateurs. « Saga Emerald Beyond », le dernier opus de cette série, promet une fois de plus de rompre avec les conventions. Mais, derrière ses ambitions, se cache une aventure qui teste une fois encore les limites de notre patience et de notre persévérance. Et ne fait pas de compromis.
Ces jeux ont la réputation d’être à aborder, à comprendre, à apprécier. Bien qu’il y ait des jeux avec lesquels commencer la série plutôt que d’autres, et j’ai personnellement beaucoup apprécié SaGa Frontier 2, trouvé en version US dans un vieux magasin d’occasion vers les années 2000. Soit vous accrochez directement, soit vous rangez le jeu à jamais. C’est à ce genre de série que nous avons affaire ici.
Vous pouvez vous lancer dans SaGa Emerald Beyond pour votre première expérience avec la licence. Ce jeu est une proposition distincte, et les différents points de départ peuvent être déroutants, mais dans une époque qui a récemment réhabilité au plus grand nombre des étrangetés comme Live A Live, un jeu aux philosophies narratives très similaires, je suis certain que le jeu saura trouver son public.
La série « SaGa » a toujours été un refuge pour ceux qui cherchent à échapper à la norme des JRPG. Avec « Emerald Beyond Saga », la promesse est la même, offrant un système de jeu unique et des histoires non linéaires qui encouragent l’exploration et la découverte. Mais, hey, de vous à moi, peu sont prêts à plonger dans quelque chose comme ça. Le terme JRPG est si connotté que beaucoup pourraient être déçus.
L’absence d’une introduction narrative réelle nous laisse dans le doute, flottant de monde en monde sans jamais vraiment comprendre l’impact de nos actions ou la réelle motivation derrière les quêtes des protagonistes. L’incapacité à fournir un contexte pour les décisions importantes est l’un des défauts majeurs du jeu. Chaque monde propose des dilemmes qui devraient normalement être des éléments marquants et encourager la réflexion et la prise de décision. Cependant, comme nous n’avons ni réel enjeu connu ou une véritable raison de s’investir, ces choix se sont souvent réduits à de simples décisions avec une moue perplexe sur mon visage, avec des conséquences aussi peu engageantes, ou dont je n’ai pas forcément saisi la portée.
Au cœur de « Saga Emerald Beyond » se trouve le concept du voyage à travers 17 mondes différents avec six protagonistes jouables, dont un duo dans une des campagne. Cette ambition, bien que louable et même si on sait qu’on va être déstabilisé par un jeu estampillé SaGa, se transforme rapidement en un labyrinthe de confusion. On ne réalis epas, mais 17 mondes et 6 personnages, c’est énorme. Et il faut du temps et des runs avant de se sentir impliqué.
C’est un jeu qui veut que vous tentiez des choses et échouiez avant de le comprendre. C’est aussi un jeu explicitement conçu pour être différent à chaque fois que vous l’approchez. Avec son mépris des conventions et son désintérêt pour les règles actuelles qui facilite la vie des joueurs, vous pourriez avoir des débuts (très) difficiles.
Chacun des mondes est thématisé et unique, d’un désert rempli de machines anceinnes à une station spatiale étudiant les mystères de l’univers. L’exploration se fait sur des plateaux et les événements se résument à des conversations rapides et statiques entre avatars sur un fond d’écran. Il n’y a pas de donjons à proprement parlé à explorer, les voix et la bande-son sont par ailleurs peu utilisées. Tout cela semble assez minimaliste, du moins jusqu’à ce que vous entriez dans la combats.
Lors de chaque tour de combat, vous disposez d’une réserve de BP (Battle Points) que vous pouvez dépenser pour effectuer des actions. Le groupe partage une réserve de BP, et chaque personnage ne peut effectuer qu’une seule action par tour. Chaque technique ou sort coûte également des quantités différentes de BP. Tout personnage qui ne dépense pas de BP se défend automatiquement. Ainsi, si vous commencez un round avec cinq BP et que vous avez un groupe de cinq personnages différents, vous pouvez diviser votre round en effectuant une technique ou un sort à un BP par personnage. Vous pouvez également dépenser les cinq PB pour la technique d’un seul personnage ou ne rien faire pour vous défendre. Le cœur du combat de SaGa Emerald Beyond n’est pas seulement de choisir les attaques qui font le plus de dégâts, c’est aussi de manipuler la ligne du temps, qui indique l’ordre des actions pour le round, qu’elles soient amies ou ennemies.
Les techniques et les sorts peuvent vous faire avancer ou reculer sur la ligne du temps, ce qui vous permet de manipuler le moment où les actions se produisent. Au niveau le plus élémentaire, cela vous permet d’agir avant vos adversaires, mais SaGa Emerald Beyond va bien au-delà de cela. Toutes les techniques et tous les sorts apparaissent dans des cases situées sous la ligne temporelle. Si les cases de deux personnages ou plus se chevauchent, ils effectueront un combo pendant le tour. Les combos donnent un multiplicateur de dégâts, et lorsque le multiplicateur atteint plus de 150%, il y a même une chance d’activer un Overdrive pour des attaques supplémentaires. Les combos sont puissants et peuvent facilement renverser l’issue d’un combat. Il est parfois bien plus malin d’utiliser une attaque faible pour s’assurer que le personnage rejoigne un combo, même si vous avez bien assez de PB.
Les ennemis peuvent également effectuer des combos. Il est donc dans votre intérêt de prendre de perturber leur ligne du temps . S’il n’y avait que cela à faire, le combat serait déjà convaincants, bien que déjà vus, mais ce n’est pas tout.
Le jeu propose aussi des techniques qui ne s’activent que sous certaines conditions. Celles-ci vont de l’interruption d’un type d’attaque à l’enchaînement d’une action avec une autre, en passant par le fait de contrer des attaques ennemies. Les techniques ou les sorts dotés de la caractéristique d’annulation peuvent perturber les conditions (les vôtres et celles de votre ennemi), ce qui ajoute une couche supplémentaire aux processus de réflexion nécessaires pour remporter la victoire. Mais ce n’est pas non plus si « simple ».
Une action spéciale se produit lorsqu’un personnage se retrouve isolé sur la ligne temporelle. Il en résulte une série d’attaques gratuites. C’est plus facile à réaliser lorsqu’il y a moins de personnages dans le combat, ce qui donne souvent lieu à de véritables moments de retournement contre les boss. À l’inverse, cela peut aussi signifier que le même boss anéantit tout votre groupe en un seul round. Tendu !
Les personnages peuvent potentiellement faire apprendre une nouvelle technique du même type chaque fois qu’ils en utilisent une. Non seulement ils apprennent de façon permanente cette nouvelle technique, mais ils peuvent l’utiliser gratuitement une seule fois, en infligeant des dégâts énormes. Les types de techniques peuvent appartenir à une vaste catégorie (lames à une main, lames à deux mains, armes à une main, armes à deux mains et arts martiaux) ou à des catégories plus restreintes (les lames à deux mains comprennent les épées, les katanas et les lances) ou même être spécifiques à une seule arme.
Vous gagnez de l’équipement et des matériaux lors des combats ou par le biais du commerce. Il n’y a pas d’argent dans SaGa Emerald Beyond. Au lieu de cela, vous avez deux options : soit vendre vos objets aux enchères et choisir parmi une liste d’offres correspondantes, soit les échanger à partir d’une liste d’objets en constante évolution. Vous pouvez également utiliser des matériaux pour améliorer votre équipement à partir du menu, et une lame peut se transformer en six armes différentes en fonction des matériaux utilisés.
Les personnages de SaGa Emerald Beyond sont variés et tout le monde n’est pas humain. Plusieurs autres races existent, comme les méchas, les vampires, les monstres… Chaque race a ses propres façons de se développer et de gagner des techniques. Par exemple, les statistiques et les technologies d’un mécha dépendent entièrement de son équipement. Les monstres, quant à eux, gagnent des statistiques comme les humains (de manière aléatoire après une bataille), ne peuvent pas changer leurs armes et armures mais peuvent absorber les capacités de leurs ennemis.
Chaque membre du groupe qui vous rejoint vous offre une nouvelle formation à essayer. Les formations peuvent octroyer différents BP de départ et max, affecter le coût en BP des capacités et déterminer la façon dont vous gagnez plus de BP. Ainsi, une formation peut faire en sorte que les sorts coûtent moins de PB et augmentent votre PB chaque fois que vous réussissez un combo avec un sort.
La série SaGa, une fois comprise, est réputée pour être aussi ouverte que rejouable, ce qui n’est pas le cas de la plupart des JRPG. Il s’agit d’un jeu incroyablement ouvert et non linéaire, mais il ne se présente pas comme tel. En jouant plus longtemps, en choisissant un nouveau personnage ou même en rejouant un personnage, la véritable ampleur du monde commence à se manifester. Le même monde peut sembler complètement différent en raison de vos actions précédentes. Il est dommage que vous ne remarquiez pas l’ambition affichée lors de votre première partie, qui risque d’être l’unique que vous ferez en raison de la proposition radicale du jeu.
Le jeu fait quand même beaucoup pour vous encourager à recommencer. Non seulement les scénarios et les batailles que vous affrontez changent, mais vous conservez votre équipement et d’autres éléments d’une partie à l’autre, ce qui rend les parties encore plus rapides. Votre première partie peut prendre plus d’un week-end, mais les parties répétées peuvent ne prendre qu’un après-midi.
SaGa Emerald Beyond n’est pas ce à quoi je m’attendais, malgré le fait que je savais de quoi était taillée la série. Les premières bandes-annonces m’ont fait penser qu’il s’agirait d’un JRPG plus classique que les précédent, mais je me suis fais avoir tout autant sur UnLimited SaGa. Il est impossible de nier son excellent système de combat, ou la créativité du studio pour proposer autre chose que les recettes éprouvées du genre. Je ne pense pas que SaGa Emerald Beyond en convaincra énormément, et ceux qui passeront l’acte d’achat devront faire preuve e patience pour parvenir à dépasser la première couche et découvrir l’ampleur de ce que le jeu propose.
Je ne me considère pas comme un fan de la série, elle me demande trop d’investissement et de temps pour pouvoir me faire tenir. Je suis vraiment très fan de l’ambition du jeu, mais pas – encore – de son exécution. Les histoires non connectées, la confusion narrative, et les mécaniques de jeu parfois exaspérantes sont trop de freins à une époque où des dizaines d’autres jeux sortent en même temps.
SaGa Emerald Beyond
Supports | PC,PS4, Switch, iOS, Android |
Genre | RPG |
Date de sortie | 25 avril 2024 |
Éditeur | Square-Enix |
Développeur | Square-Enix |
Multi | Oui |
Malgré des moments d’excellence, surtout au niveau de ses combats, il m’est difficile d’imaginer que de nombreux joueurs s’y investissent durablement.
On a aimé
- Le système de combat, indéniablement travaillé et efficace
- Un JRPG atypique qui se laisse découvrir, partie après partie
- La variété des situations
On a moins aimé
- La technique
- Vraiment pas pour tout le monde
- La mise en scène
SaGa Emerald Beyond
Auteur
En bref
Atypique et demandant beaucoup d’investissement et de patience aux joueurs, ce nouveau SaGa ne déroge pas à la règle : il s’agit certainement d’un des RPG les plus originaux sorti ces derniers temps… mais avec tout ce que le terme « original » implique.
À propos de l’auteur
Titiks
Quadra assumé, daron de 3 apprenties gameuses, fan de tout ce qui est capable de raconter une bonne histoire. Touche-à-tout, mais surtout de bonnes aventures qui savent surprendre, et dévoué à l’univers console depuis que Sega était plus fort que tout, vous me verrez bien plus souvent connecté à la nuit tombée #2AMFather.
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