Saviez-vous que j’avais acheté la Gamecube à l’époque pour Tales of Symphonia, Baten Kaitos et Resident Evil 4 ? Et que c’est précisément ce dernier que j’avais le moins aimé. Adulé comme un renouveau du genre, il s’éloignait pour moi bien trop de la recette d’un Resident Evil. Mais en 2023, et après une campagne de remasterisaion massive de ses classiques, Capcom donne une seconde jeunesse à un titre vendu à plus de 10 millions d’exemplaires et qui offrira une belle claque à tout le monde.
Resident Evil 4
Supports : PC, PS4, PS5, XBox One, XBox Series
Genre : Survival Horror
Date de sortie : 24 mars 2023
Editeur : Capcom
Développeur : Capcom
Multijoueurs : Non
N’est-il pas normal que Resident Evil 4 soit une grosse réussite en 2023 ?
- Visuellement superbe
- Le gameplay bien adapté
- Un meilleur rythme
- Des énigmes moins simplistes
- L’ambiance sombre…
- Quelques quêtes de remplissage.
- On aurait aimé une meilleure relecture.
- Pas de mode bonus avec Ada ?
Vamos a las plaguas
Il y a près de vingt ans, Leon Kennedy est mort, tronçonné en deux après seulement quelques minutes de jeu. Et ça a été un vrai choc. La violence de la scène, si près du début du jeu, le contexte glauque, l’absence des zombies habituels… Rien dans Resident Evil 4 ne m’avait été épargné ce soir-là, alors que je rentrais tard d’un premier boulot éreintant et mal payé. Une partie de cette paye venait de partir dans un jeu GameCube que je n’aimais pas et qui me le rendait bien.
C’est amusant comme une impression de 20 ans peut vous revenir de plein fouet en lançant un jeu. La même appréhension, la même crainte à l’approche du bûcher du village, la même impression de ne pas maîtriser le personnage que j’ai entre les mains. Bordel, est-ce que j’avais peur à peine lancé dans ce somptueux remake de Resident Evil 4 ? Car il faut bien avouer que le moteur maison de Capcom – le bien nommé RE Engine – est taillé pour ce type de production.
Resident Evil 4, c’est l’agent spécial Kennedy qui avait pour mission de sauver la fille du président des Etats-Unis dans un village reculé d’Espagne, et qui ne tarde pas à être assailli par des habitants hostiles et un maniaque maniant la tronçonneuse. Ce scénario est d’une nullité affligeante, même pour l’époque, mais on sait que cette mission un peu stupide n’est qu’un prétexte. Prétexte que j’aurais voulu voir disparaître dans cette nouvelle version.
On avançait au grès des répliques très clichés du protagoniste, et on lisait pléthore de documents posé là pour expliciter les plans des antagonistes. Je ne suis pas certain que cet aspect narratif puisse encore suffire de nos jours, quand des God of War, Uncharted ou des The Last of Us ont posés de nouveaux jalons. Définitivement, Resident Evil 4 ne pouvait pas couper à une réécriture. En ressortant ses classqiues et en créant de nouvelles entrées à sa licence, Capcom travaille un peu comme NetherRealm et son Mortal Kombat : on reprend une licence nanard et on y travaille pour que les éléments les plus énormes passent et soient pris au sérieux.
Et alors que de nombreux jeux vous apprennent lentement leurs mécaniques, et qu’aujourd’hui seuls les Souls-Like vous confrontent à un boss dans ses premiers instants, Resident Evil 4 débute par une thérapie choc, confrontant le joueur à un défi immédiat.
J’avais peur oui, mais aussi plus serein, après 20 années à arpenter les plus sordides coins du jeu vidéo et affronté des milliers d’horreurs plus terrifiantes le unes que les autres. Mais j’ai contourné le village, juste pour ne pas déranger la petite fête locale et son bûcher si chaleureux… Aujourd’hui, j’apprécie encore plus qu’avant ces décors sombres, morts et toute la putrescence qui émane des productions Capcom, jusqu’à ressentir un certain dégoût de plaisir.
Ces dernières années, Capcom a refait Resident Evil 2 et Resident Evil 3, le premier ayant été très bien accueilli. Nous savions tous qu’un remake de Resident Evil 4 était sur la table. Mais on se demandait tous pourquoi. Pour l’avoir relancé un peu en amont de ce test, Resident Evil 4 est toujours très efficace aujourd’hui, et est disponible sur bon nombre de plateforme. Ce remake a donc la lourde tâche de rassembler les fans (et la tentative de RE6 a été catastrophique en ce sens) tout en s’imposant comme davantage qu’une simple refonte.
Il était évident que le remake de Resident Evil 4 moderniserait le système de contrôle du jeu original. En 2005, il a proposé et imposé la vue par-dessus l’épaule, que l’on retrouvera plus tard dans énormément de jeux, de Dead Space à God of War. Mais souvenez-vous : Leon ne pouvait pas viser et bouger en même temps, un héritage du gameplay des trois premiers Resident Evil. Le gameplay se devait donc d’évoluer pour s’adapter aux horreurs du jeu, mais aussi aux habitudes des joueurs actuels. Leon est beaucoup plus rapide et agile, mais ses ennemis le sont tout autant. Ils se précipiteront pour vous coincer, vous obligeant à être toujours en mouvement. Mais votre héros bénéficie d’une nouvelle mécanique de parade pour équilibrer les chances, qui vous permet de bloquer presque toutes les attaques avec votre couteau en appuyant au bon moment.
Mais il me semble aussi que ce remake est plus vaste, propose un monde plus connecté et plus organique. Il ajoute de magnifiques effets de brouillard et de lumières qui nous plonge réellement dans une ambiance horrifique glaçante. Les développeurs s’appuient sur notre connaissance du jeu original pour nous surprendre. Alors que la première moitié de l’aventure se déroule essentiellement de manière directe, la seconde moitié prend des risques en modifiant le design des ennemis, en modifiant les affrontements avec les boss et en proposant des histoires nouvelles. Nous ne sommes pas dans une transformation aussi profonde que Resident Evil 3 Remake, mais on sent que le jeu a été recomposé morceau par morceau, repensé pour être fluidifié sans s’en tenir plus qu’il n’en faut au jeu original.
En retirant ce qui pouvait paraître superflu, Capcom a dû réaliser que le jeu serait peut-être trop direct, et a rajouté quelques quêtes annexes, qui sont essentiellement des quêtes de collection. Ce sont des petit à-côté sympathiques que je vous encourage à faire pour la qualité des récompenses.
Comme je l’ai marqué plus haut, Resident Evil 4 ne tente pas de raconter une histoire très complexe (voire aussi intimiste que celle d’Ethan Winters), et il était difficile par exemple d’apprécier le personnage de Ashley, et sa relation avec Leon. Dans le remake, elle a été réécrite et se présente moins comme l’ultra boulet de la version originale, même si on aurait pu aller plus loin dans sa caractérisation. Et puis, on lui a enfin retiré sa mini-jupe, détails qui n’aura pas manqué de faire régir certains fans adeptes du scrutage de culotte. La narration constitue une nette amélioration. Certains personnages gagnent en importance et en temps d’apparition, ce qui profite au gameplay et à l’intrigue.
On peut totalement contester la mode des Remaster et des Remake. On pourrait dire que ces dernières années, les plus gros jeux sont majoritairement des ressorties ou des améliorations de productions stables qui ont déjà fait leurs preuves – à l’image du cinéma à gros budget. Capcom, avec son habituel recyclage de titres, aurait pu être facilement critiqué ici. Mais pour Resident Evil 4, et ses productions vidéoludiques récentes (je ne parle ni des films, ni des séries), l’éditeur-développeur prend la chose très au sérieux et offre plus qu’un Remaster. C’est une réadaptation moderne de leur classique qui a redéfini un genre il y a vingt ans, une version qui peut exister à côté de l’original, par elle-même tout autant qu’à travers. C’est un bel équilibre qui a été trouvé ici, malgré le peu de risque pris sur la modernisation du récit qui en aurait peut-être eu un peu besoin.
Resident Evil 4
En Bref
Resident Evil 4 a de nombreuse fois été copié, n’accouchant que trop rarement de rejeton aussi réussi. Capcom a repris les commandes et adapte sa propre licence aux standards actuels. N’est-il pas normal que ça soit une grosse réussite ?
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