Auparavant, la série Yakuza était plutôt confidentielle en occident. Mais Sega a décidé depuis quelques années de lui donner toute la lumière qu’elle mérite grâce aux sorties consécutives de Yakuza 6, Yakuza 0, Kiwami, Kiwami 2 et – se déroulant dans le même univers – Judgment. Pour que l’offre soit enfin complète, The Yakuza Remastered Collection donnera l’accès à l’intégralité de la saga en février prochain.
Imagine Dragon
Bon, malheureusement, les épisodes 3, 4 et 5 n’ont pas eu droit à leurs versions “Kiwami” et à une refonte graphique complète. Le gap étant moins impressionnant avec la génération précédente, on pardonnera à Sega de ne pas avoir autant investi qu’avec les deux premiers épisodes. Il faut dire qu’à l’époque de la PS3, la série Yakuza n’était guère sur le devant de la scène et on se souvient même avoir dû attendre 3 années entre la sortie japonaise de Yakuza 5 et sa sortie occidentale. En 2019, la série a – je pense – gagné le cœur de nombreux joueurs et il était temps de leur donner accès à toutes les aventures du Dragon de Dojima.
Et si je vous disais que Yakuza 3 était mon tout premier épisode, acheté plein tarif dans un supermarché alors que je n’avais à cette période, plus aucun jeu à me mettre sous la dent. Vous savez, quand on a cette envie irrépressible d’acheter un jeu et qu’on prendrait n’importe lequel pourvu qu’il nous tente un minimum ? C’est exactement ce qu’il s’est passé avec Yakuza 3. Un achat que j’ai regretté le soir même, il faut dire, puisque le jeu se réservait à ce moment aux connaisseurs. Balancé dans la peau d’un ancien Yakuza reconverti en propriétaire d’un orphelinat à Okinawa, mon contact avec la série avait été brutal. Totalement en anglais, faisant appel à des références que je n’avais pas à cette époque et doté d’un gameplay assez rigide, moi qui m’attendais juste à un genre de Beat’m Up dans les rues de Tokyo, j’ai été grandement déçu et c’est au bout de quelques heures de jeu, poussé par le prix d’achat (60 balles quand même – oui, je me suis calmé niveau achat impulsif depuis) que j’ai fini par lâcher la manette avec une grande déception.
Je n’y entendais rien à ces histoires de Yakuza aux prises avec des politiciens et des militaires pour le contrôle financier de l’île et j’avoue que devoir constamment traduire les dialogues me coûtait des efforts dont je me serais bien passé à cette époque, d’autant que le rythme du jeu est loin d’être aussi prenant que dans les autres épisodes. Une ambiance “slow life” qui a certes pu plaire aux fans mais qui se révélaient être une entrée en matière terriblement indigeste.
Pourtant, Yakuza 3 était un genre d’aboutissement pour Kiryu, enfin retiré du monde du crime, au bord de la mer et entouré d’enfants. Mais on retombe tout de même sur nos pattes au bout de quelques heures étant donné que Kiryu reviendra arpenter les rues pour casser de la racaille, et profiter des activités aujourd’hui cultes de la série. Car oui, ce Remaster est l’occasion de nous sortir un Yakuza 3 expurgé de la censure de l’époque, les joueurs occidentaux étant privé des bar à hôtesses et autres contenus typiquement japonais. On est assez loin du contenu coquin de Yakuza 6, mais ça fait plaisir d’avoir enfin accès à une version “complète” du jeu. Et juste pour cela, vous devriez vous intéresser à cette compilation.
Alors oui, visuellement, on voit que c’est de la PS3, et même si le titre est plus “lisse” et fluide avec ses 1080p/60fps, ces paramètres accentuent un peu les défauts de ces jeux (principalement le 3 il faut avouer, avec un Kiryu extrêmement raide) et leur âge nous sautent un peu au visage, après des épisodes dopés au Dragon Engine. D’autant que la difficulté était assez mal dosée et que celle-ci n’a pas bénéficié d’un équilibrage bienvenu pour cette nouvelle sortie. Et si quelques ajouts ergonomiques ont été intégrés comme une carte plus lisible, le manque de sauvegarde à tout moment (justifié par le téléphone portable dans les épisodes récents) est aujourd’hui frustrant, tout comme les longs temps de chargement. Globalement, on a l’impression de jouer à un “vieux” Yakuza, mais moins vieux qu’on aurait pu le craindre, même si bon… le troisième accuse tout de même ses 10 ans d’âge.
Toutefois, on est heureux de voir que les jeux ont profité d’une nouvelle traduction – critiquée à l’époque, mais que celle-ci n’est toujours pas en français (après Judgment, les espoirs étaient permis)
Même constat technique – même si le jeu est un peu plus joli visuellement – avec Yakuza 4 qui nous permettait d’incarner plusieurs protagonistes, dont Kiryu et Akiyama, mais aussi Saejima et même le policier Tanimura (qui a été ici un peu modifié, suite au scandale touchant son “modèle” au Japon, un peu comme dans Yakuza 6). L’occasion de proposer un récit éclaté, un peu plus compliqué à suivre, mais au rythme plus intéressant, puisqu’on changeait de protagoniste régulièrement. Un jeu qui apporte un peu de variété à la formule à défaut d’autre chose, puisque le jeu n’avait de mémoire pas été censuré à l’époque.
Conclusion
Avec le cinquième épisode prévu en février 2020 et la sortie prochaine de la série sur Xbox One (WTF !), on espère que les aventures de Kiryu toucheront encore plus de monde, à l’aube de l’arrivée de la relève avec Yakuza Like a Dragon qui bouleverse la série en modifiant le héros et même le système de jeu. Alors oui, les jeux ont un peu vieillis, il est regrettable que les développeurs n’aient pas poussé plus loin le dépoussiérage et il faudra faire preuve d’un peu de compréhension pour les parcourir. Néanmoins, si vous êtes en manque de Kiryu comme moi, l’occasion est ici parfaite d’en reprendre une dose, car c’est un héros comme on n’en fera définitivement plus.
The Yakuza Remastered Collection
- Développeurs SEGA
- Type Aventure
- Support PS4, PC, Xbox One
- Sortie 20 août 2019 / 29 octobre 2019 / 11 février 2020.