Il y a quelques mois je soulignais la tristesse de devoir quitter Kamurocho à la fin de Yakuza 6 et que la relève annoncée (avec le teaser de Yakuza 7) n’avait pas la même saveur sans Kiryu. Mais avant cela, il nous est offert par Sega de revenir dans le quartier fictif le plus chaud de la capitale dans la peau d’une personne plus vertueuse : le détective Takayuki Yagami dans un spin-of nommé Judgement (Judge Eyes au Japon).

De retour à Kamurocho

Déchéance

Hamura est une crevure comme on les aime

C’est dans la peau d’un jeune avocat que nous débutons l’aventure, membre d’un petit cabinet au cœur de Kamurocho, sous les ordres du bienveillant responsable Genda et de son mentor Shintani. Un petit cabinet sans histoire jusqu’à ce que Yagami et Shintani se chargent de défendre un assassin présumé, Shinpei Okubo, que la ténacité de Tak Yagami parvient miraculeusement à faire acquitter, persuadé de son innocence. Miraculeusement, car au Japon, le système judiciaire est impitoyable et environ 99,5% des mises en garde à vue aboutissent à une condamnation. Pour en savoir plus sur le sujet, je vous conseille d’ailleurs l’écoute du podcast Gaijin-San tenu par trois Français vivant au Japon et présentant à chaque numéro un système typiquement japonais, dont la garde à vue.

Propulsé subitement comme grand avocat au grand dam de Shintani, Yagami s’attire les foudres de certains enquêteurs et ne tardera pas à payer le prix de son acharnement à innocenter son client, puisque ce dernier finira par lacérer sa compagne avant de mettre le feu à leur appartement. Déchu et s’accusant lui-même de ne pas savoir discerner un homme coupable d’un innocent, Yagami quitte le cabinet Genda et s’installe comme détective privé à quelques rues de là.

On reste dans un titre du Ryu Ga Gotoku Studio, donc rassurez-vous, les Yakuzas ne sont pas très loin, puisque Yagami a été élevé par le patriarche de la famille Matsugane, subalterne de l’indéboulonnable clan Tojo, à qui il doit son sens de l’honneur et sa droiture. Mais la zone morale trouble dans lequel il évolue en tant que détective le fait parfois travailler comme homme de main de la famille mafieuse – avec qui il entretient des relations tendues vu son passé comme avocat – notamment à la demande du clan Matsugane et de son violent et sadique capitaine Hamura. Ce dernier se verra rapidement accusé d’un meurtre abominable  à l’encontre d’un clan rival et chargera Yagami de le défendre. Et c’est accompagné de Kaito, yakuza déchu du clan Matsugane, et de Shintani que Yagami se lance à la poursuite d’un tueur insaisissable surnommé “La Taupe” tout en réunissant de nouveaux protagonistes, en résolvant des affaires annexes pour des clients et en réglant quelques conflits entre Yakuzas.

Yakuza

Cela plaira autant que décevra les fans de la série, puisque Judgment reprend énormément d’éléments de la série Yakuza, à commencer par Kamurocho, mais sans cette fois l’apport de nouvelles zones (Yakuza 6 avait la petite ville d’Onomichi pour varier un peu). Ici tout – ou presque – se déroulera dans le quartier chaud, ce qui pourrait induire une certains lassitude à force de déambuler dans les mêmes rues tout au long du jeu. D’autant que si le titre embarque bon nombre d’activités annexes (courses de drones, jeu de l’oie en VR, base-ball en cage…), il sucre des activités très appréciées de la série originale comme les bars à hôtesses ou le karaoké. Les salle d’arcade SEGA sont heureusement toujours de la partie, nous permettant en plus de jouer à « Kamurocho of the Dead« , un railshooter inspiré du jeu Yakuza of the End sorti en 2011 sur PS3 et dans lequel Kamurocho était envahi par des zombies.

Des quêtes annexes (nommées “enquêtes secondaires”) vous plongent dans les recoins sombres du quartier en jouant avec des bars et des casinos clandestins, des enlèvements, des arnaques en tout genre et des tromperies. L’âme noire humaine est le sang de Kamurocho et les différentes affaires secondaires ne cessent de nous le rappeler, allant de l’extorsion au commerce pornographique en passant par des avocats véreux.

Parlez et aidez les commerçants pour avoir des bonus

On peut également faire ami-ami avec les commerçants du quartier en leur rendant quelques services, l’occasion de quelques enquêtes ou filatures supplémentaires pour débloquer de nouvelles compétences et gagner un peu de soutien pendant les affrontements, à l’image de Yakuza 6. Un soutien des plus utile puisque la ville sera régulièrement « envahie » par un clan rival, synonyme de combats plus fréquents et surtout de sous-boss à vaincre pour ramener le calme dans les rues.

Oui-oui c’est fait exprès


De l’autre côté, on a quelques quêtes annexes plus légères avec pas mal d’humour “à la japonaise” faisant la part belle au cabotinage; et certaines fonctionnalités nous sont même présentées de cette manière pour nous préparer à certains passages plus sérieux, comme les séances de confrontation dans lesquelles il faut utiliser les preuves accumulées à bon escient pour gagner un procès ou une accusation. Préparez vos preuves et vos indices pour avoir le dessus sur la situation !

Judgment s’affirme en tant que spin-off de qualité

Objection !

Une gestion plutôt bien amenée puisque à plusieurs moments dans les discussions, le joueur sera récompensé par de l’expérience supplémentaire s’il pose ses questions de manière sensée. Ces points d’expérience sont à dépenser dans 3 types de compétences, certaines augmentant les caractéristiques, d’autres allouant de nouveaux mouvements, ou permettant d’améliorer les capacités passives, comme le crochetage (qui a deux variantes) ou le pilotage de drone, voire même récupérer des points de vie ou d’énergie en saluant les commerçants ou en fumant une cigarette.

Yagami va également faire parler ses poings dans un style un peu différent du Dragon de Dojima puisqu’il aura des frappes moins lourdes et plus vives réparties en deux styles accessible avec la croix directionnelle : le Tigre et la Grue. Si le Tigre sera parfait face à un ennemi seul, le style de la Grue est plus efficace contre les groupes d’ennemis. Chaque style possède ses propres mouvements à base de touches carré et triangle, ainsi que des Finish Moves inspirés de Yakuza afin de faire très mal. Certaines potions fournies par les mendiants de la ville sont également utilisables pour booster provisoirement les capacités de Yagami, tandis qu’une jauge de rage se remplit progressivement afin d’offrir de meilleurs capacités, parfois indispensables contre les boss. On notera d’ailleurs un effet “ragdoll” moins prononcé quand on envoie les ennemis au tapis.

A certains moments, Yagami sera aussi amené à employer la discrétion, que cela soit pendant les filatures, mais aussi en revêtant des déguisements. Cette fonctionnalité est vraiment limitée et ne permet de changer de vêtements qu’à certains moments précis de l’aventure ou pendant certaines quêtes annexes. Il lui est aussi difficilement possible d’entrer dans certains bâtiments « par la grande porte » (même si cela finit souvent en bourre-pif), et il devra faire preuve d’ingéniosité pour infiltrer des bases ennemies sans se faire repérer. Une façon moins « rapide » que celle de Kiryu, mais qui propose des approches plus variées et une utilisation sympathique du drone qu’il emmène partout avec lui.

Les enquêtes annexes ont le mérite d’être variées

Intégralement sous-titré en français – une première pour la série – Judgment est donc un polar japonais très proche finalement de ce que pouvait être Yakuza, mais avec un personnage davantage tourné vers la justice que ne pouvait l’être Kiryu. La galerie de personnages comprend cette fois des voleurs idéalistes masqués, des enquêteurs véreux bien utiles, des inspecteurs au sens de la justice aiguisé et des Yakuzas parfois aussi retors que sadiques. La première partie du jeu est d’ailleurs un peu longuette puisqu’il s’agit de présenter tout ce petit monde et les liens qui les unissent avant de vraiment se plonger dans l’affaire tortueuse et sombre de la Taupe. Très prenant, le scénario multiplie les rebondissements avec en fil conducteur la fameuse affaire Okubo qui a coûté sa place à Yagami. Difficile alors de lâcher prise et les quelques quêtes annexes imposées en cours de route finissent parfois par agacer un peu, même s’il s’agit d’un système assez sympathique pour initier le joueur à une nouvelle mécanique.

Conclusion

Voilà un spin-off qui a du chien, comme on dit. Même univers, mêmes références mais un angle nouveau pour évoluer dans le quartier chaud de Kamurocho. Si l’histoire met un peu de temps à démarrer, la faute à la mise en place nécessaire des nouveaux personnages et du contexte, Judgment offre une belle expérience et s’affirme en tant que spin-off de qualité à la série Yakuza. Le côté « bande de héros de l’ombre » fonctionne très bien, une fois que l’histoire démarre vraiment, on ne décroche plus, alors que l’humour reste présent sans jamais supplanter l’ambiance sombre du polar. On ne s’ennuie au final jamais, même si on regrette nos petites parties de karaoké ou les discussions avec les hôtesses. Si jamais Kasuga Ichiban ne convainc pas, le Ryu Ga Gotoku Studio a au moins un nouvel aspect à nous développer dans de futurs jeux. On valide !

Judgment

  • Développeurs Ryu Ga Gotoku Studio
  • Type Aventure
  • Support PS4
  • Sortie 25 Juin 2019
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Titiks

Quadra assumé, daron de 3 apprenties gameuses, fan de tout ce qui est capable de raconter une bonne histoire. Touche-à-tout, mais surtout de bonnes aventures qui savent surprendre, et dévoué à l'univers console depuis que Sega était plus fort que tout, vous me verrez bien plus souvent connecté à la nuit tombée #2AMFather.

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