Nous y voilà: pile un mois après la sortie de l’épisode précédent, Life is Strange: Before the Storm nous offre son dénouement au doux nom de « L’Enfer est vide« . Après un chapitre 2 qui avait mis du temps à se mettre en place jusqu’à son cliffhanger, celui que nous venons d’achever au bout de 3h30 de gameplay nous a fait pas mal chavirer au gré de nos réactions et autres émotions. Dernier ascenseur émotionnel à Arcadia Bay, mais pas de larmichette néanmoins.
La Reine Patate vous rappelle que cet article est un avis après avoir achevé l’épisode 3, et relatant des faits des épisodes précédents; il comprendra aussi un avis global concernant cet opus. Si vous ne souhaitez pas en découvrir son contenu et éviter les spoils, nous vous invitons à faire demi-tour ~
Previously, in LiS: Before the Storm…
L’épisode 2 nous avait laissés dans une colère aussi noire que celle de Rachel Amber, qui venait d’apprendre que sa mère biologique n’était pas celle qui l’avait élevée. On commence donc cet ultime volet par une situation délicate: abandonner la fugue prévue, discuter avec les parents Amber pour comprendre les raisons de ce secret, et peut-être promettre de protéger Rachel de tout cela. Mais malgré tout, cette dernière n’en démordra pas; elle veut à tout prix rencontrer sa mère que nous avions déjà croisée dans l’épisode 1 et revue dans le second. En effet, Sera, de son prénom, est une ancienne « cliente » de Frank et avait dû abandonner sa fille à cause de ses addictions (selon les explications de papa Amber); on pouvait notamment l’apercevoir après la pièce de théâtre « La Tempête« , tapie dans l’ombre pour observer sa fille sur scène.
Ce troisième segment tournera donc autour de la recherche de Sera, remplacée par celle de liberté que voulait tant Rachel pour fuir ce quotidien qu’elle trouvait faux. Et rien n’y est à jeter. Chaque étape revêt son importance ou amène à de nouveaux choix, de nouvelles missions et de nouveaux rebondissements. On aura cependant l’impression que Chloé se perd, affichant pendant une longue partie de l’épisode un regard un peu triste en raison du renversement de sa propre vie: David, le nouveau compagnon de sa mère, s’est réellement installé chez elles, et sa meilleure amie vit dans le mensonge depuis sa naissance. Son meilleur ami Eliot lui fera d’ailleurs remarquer que Rachel lui a retourné la tête avec ses histoires personnelles, ce qui entraînera l’unique défi insolence qui se tient sur le fil du rasoir.
Cruel dilemme… Ou pas?
On aura enfin compris au bout de trois épisodes autour de quoi tourne ce deuxième opus, après des allusions de plus en plus précises dans ce chapitre-ci: bien au-delà de l’amitié, il s’agit de la confiance et du mensonge. Le sujet n’est arrivé qu’à la fin de « Splendide nouveau monde » et longuement évoqué au début du dernier volet entre les deux amies, ainsi que lors d’un nouvel entretien avec le père de Chloé, davantage en perte de repères.
Rachel, dans l’incapacité de poursuivre sa quête, nous donne la relève et nous confie la lourde tâche de retrouver Sera pour elle. Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu du tout. Le père de Rachel, qu’on tamponnait vivement d’un « BEST DADDY » sur le front au début de l’épisode, n’est en fait pas tout blanc dans cette histoire de séparation: il tenait Sera écartée de sa fille en lui refilant des chèques mensuels, mais avait aussi engagé Damon Merrick – qui est le grand méchant de l’histoire – pour la tenir éloignée. Chloé découvre le pot-au-rose et parvient à localiser in extremis la planque de ce dernier, qui détenait Sera en otage. Les choses tournent au vinaigre, Frank sauve la mise à tout le monde, et s’ensuit une discussion sérieuse et profonde entre Chloé et Sera. La dernière fait part de son désir de cacher toute cette machination à sa fille, par peur de lui ôter sa stabilité menée par l’illusion d’un père parfait et aimant; en bonne amie, on essaiera évidemment de faire en sorte que Chloé convainque la jeune femme de rencontrer sa fille, et cette dernière action dépendra de votre choix final: de retour auprès de Rachel, allez-vous la protéger de cette vérité déchirante mais la priver de sa vraie mère, ou tout lui raconter et briser son équilibre familial?
Si l’on compare ce dilemme final avec celui du premier Life is Strange, le choix paraît être fait plus rapidement. Cependant, les résultats finaux sont très serrés: lors de notre gameplay, 51% de joueurs avaient choisi de cacher la vérité, et 49% ont décidé de tout révéler. Des statistiques qui reflètent cette dualité réelle et humaine entre l’honnêteté et le mensonge. Bon nombre de dialogues, et surtout ceux avec William Price, nous mènent à cette question du: « M’aimera-t-on un peu moins si je cache la vérité pour la bonne cause? » La réponse à cette question ne dépend que de vous.
On reprochera à ce choix d’être un peu moins bouleversant que celui du premier jeu. Il est vite fait, et les conséquences paraissent « moins importantes » – même s’il s’agit tout de même de décider s’il faut détruire une famille plutôt que du sort d’une ville entière. Qui plus est, est-il vraiment nécessaire de devoir à tout prix cacher le fait que la mission ait été accomplie? Il suffit d’inventer une autre excuse pour éviter de dévoiler les agissements de James Amber pour éloigner Sera, et tout ira bien dans le meilleur des mondes. On se retrouve donc dans une situation où une solution intermédiaire aurait été possible, mais le jeu ne nous en laisse pas le choix. Frustration quand tu nous tiens…
In the next episode of Life is Strange…
Selon votre choix pour ce dénouement, deux scènes changeront dans les cinématiques de clôture (et pour garder un peu de suspens, on vous laissera découvrir cela par vous-mêmes). Celles qui ne bougent pas par contre sont celles où l’on se rapproche de plus en plus de l’épisode original. Après avoir teint une de ses mèches en bleu, Chloé devient celle que l’on a toujours connue avec sa crinière couleur océan. On la retrouve avec son flegme habituel et sa meilleure amie à bord d’un pick-up rouillé que l’on connaît très bien également. Mais on voit aussi un téléphone avec 17 appels de Chloé en absence, sur un bureau noir, dans une pièce où résonnent des cliquetis d’appareil photo… Un sentiment de déjà vu qui fait palpiter et qui donne envie de rejouer immédiatement à cette première aventure beaucoup plus mouvementée !
Seul regret de ce final: aucune trace de Max, et aucune explication même infime quant à son pouvoir surnaturel. C’était ce que beaucoup de monde attendait pour l’épilogue de ce troisième épisode, mais la jeune fille ne restera que quelques textos dans un portable et le destinataire des mots dans le journal intime de Chloé. Mais sachant que les détenteurs de la version DX du jeu auront droit, début 2018, à un épisode bonus appelé « Adieu« , peut-être que l’on pourrait s’attendre à de nouvelles réponses à ces questions. Il nous sera possible d’incarner Max dans des faits datant de cinq ans avant ceux relatés dans le premier jeu, mais le secret reste entier quant au contenu de cet épisode spécial. Petit cadeau supplémentaire: nous y retrouverons la doubleuse initiale de notre rebelle aux cheveux bleus !
Conclusion
Life is Strange: Before the Storm fait table rase de tout le surnaturel amené par son premier opus en cinq tableaux, et nous propose une aventure aux tons plus doux voire parfois plus sauvages par son grand aspect humain. Une histoire qui touche les cordes sensibles de jeunes personnes mal dans leur quotidien et dans le monde qui les entoure; une question profonde quant à l’effet du mensonge sur les personnes à qui l’on tient le plus. Des instants parfois creux, mais pour mieux amortir ceux qui sont les plus difficiles à faire passer. Cette nouvelle dimension met en avant l’authenticité de ses héroïnes et offre quelque chose de complètement différent par rapport au premier opus. D’une durée de plus de trois heures chacun, ces trois épisodes démontrent tous en quoi ils contrastent et amènent progressivement vers cette dure question évoquée plus haut. Il est tout de même dommage qu’il faille attendre le dernier pour se trouver face à un gameplay au rythme plus soutenu, mais laissant toujours une certaine liberté d’exploration; les précédents avaient parfois l’air de tirer en longueur mais sur un fond d’introspection significatif. Cette préquelle est plutôt bien menée et chaque référence à ce qui va suivre est assez bien placée. La démystification du pairing Rachel x Chloé plaît, vire dans une amitié sensible et proche de la romance qui réchaufferait même les cœurs les plus durs.
Un problème cependant: quelles sont les réelles répercussions des choix effectués? Celles-ci sont minimes, passent quasiment inaperçu et ont réellement moins d’incidence sur cette histoire qui reste bien ancrée sur son intrigue. Grosse déception également sur le plan des défis insolence, dont le concept était plutôt amusant pour pouvoir jouer avec le répondant de Chloé; mais finalement leurs conséquences n’ont aucun effet sur la longueur et sont, pour la plupart, inévitables pour le bon déroulement du jeu.
D’un point de vue global, ce triptyque est réussi tant dans son contenu que dans sa technique; nettement amélioré dans sa définition graphique, le jeu nous offre un tout nouvel audio enregistré par le groupe Daughter, qui transporte au rythme parfait au fil des péripéties. Petit couac peut-être pour les joueurs qui attendaient une fin aussi tragique que la précédente (ne se finissant pas dans les larmes et une tristesse infinie), mais le but n’était-il pas avant tout de faire réfléchir sur un aspect réel de notre propre quotidien? À méditer 😉
Life is Strange: Before the Storm – Épisode 3
- Développeurs Deck Nine Games
- Type Point-&-click
- Support PS4, PC, Xbox One
- Sortie 20 Décembre 2017