Si on m’avait dit un jour que j’allais pouvoir m’offrir les mêmes sensations de ma tendre jeunesse à la découverte de Shenmue 1 sur Dreamcast à l’aube de mes 15 ans lors de ma première partie de Yakuza 0 à aujourd’hui bientôt 33, je n’aurais certainement jamais pu imaginer la puissance de cette machine à rêver qui m’étais offert. Bon sang. Ils ont réussi. La série japonaise des « Ryu ga gotoku » (le titre japonais de la série), c’est un peu MA série de jeux préférée.

J’ai même joué aux épisodes sur PSP après m’être rempli jusqu’à plus soif de mon gouffre de japonaiseries des versions PS3, puis PS2 (parce que j’aime bien faire les choses à l’envers, oui oui, bande de petits pervers). Je pensais être un inéluctable puits sans fond du nipponage, et que si je creusais tout droit sans m’arrêter, j’arriverai certainement à ma Terre promise : le Japon. Oui j’avoue. Je suis faible devant le drapeau au point rouge. C’est donc un peu honteux et dans la pleine subjectivité que je vais tenter de vous faire acheter Yakuza 0. Un jeu vidéo pas comme les autres.

Le héros, c’est lui! (dans ce jeu on arrête pas de faire des screenshoot, malgré un moteur graphique désuet, c’est TRÈS beau)

Un Gameplay tout nouveau dans un monde tout vieux

Yakuza 0 c’est le premier de la série qui nous arrive en Europe sur PS4. Forcément les attentes graphiques sont aux RDV mais, vous allez être déçus.  Le moteur graphique du jeu étant celui de la PS3 (le jeu est sorti sur PS3 au Japon), vous aurez juste la joie de pouvoir jouer en 1080p et en 60 FPS dans un moteur un brin vieillot. Mais bordel que c’est BEAU. Non pas beau comme la texture ultra HD d’un poil de chien dans un triple A, mais beau comme un monde fourmillant de détails, de passion, et qui sent tout l’amour que le directeur artistique et son équipe ont insufflé dans leur bébé.

Son producteur de légende, Toshihiro Nagoshi, représente à lui seul selon moi la philosophie de SEGA. L’un des rares à ne pas avoir quitté le navire, il officie depuis 1992 dans la passion, la précision et la finesse des jeux japonais: Virtua Racing, Monkey Ball, Shining Force, Yakuza et Puyo Puyo 7? C’est lui! Bref je m’égare déjà… Je vous avais pourtant prévenus que ce test n’aurait rien d’un test mais plutôt une sorte de thérapie personnelle honteuse qui résume en quelques mots pourquoi j’aime autant les jeux vidéo et le Japon. Revenons à nos Yak’. Vous l’aurez compris, dans Yakuza 0 se dresse un monde que je kiff : les années 80 d’un japon en plein Boom économique.

L’histoire débute de nouveau dans le quartier de Kamurocho, un kabukicho (le quartier des plaisirs et des nuits folles de Tokyo en plein Shinjuku) fictif (pour ne pas avoir de problème avec les Yakuza bien réels ?) où l’on joue le rôle de Kiryu, notre protagoniste préféré de la série de jeux Yakuza, mais en tout jeune. Lors d’une mission d’intimidation d’un Business Man pour récupérer de l’argent. L’opération tourne mal. Après lui avoir littéralement péter les dents, la tronche et une ou deux côtes (faut savoir se faire entendre et respecter, que vous voulez vous) pour lui tirer son portefeuille et quelques milliers de yens, Kiryu apprend avec surprise que l’homme en question est mort juste après sa visite. Accusé à tort de meurtre (parce que lui, il est sûr d’y avoir pas été de main morte, mais ne pas l’avoir tué pour autant) et d’être victime d’un complot visant directement les Yakuza (les faisant passer pour des vauriens incapable de gérer leurs business et le quartier) , notre héro pas tout blanc, va tout faire pour montrer patte blanche : prouver son innocence à la famille, trouver le meurtrier, et par la même occasion, se mettre à dos un paquet d’aniki (de frères d’armes si vous préférez) et d’amis. Mais ce n’est pas tout! Kiryu ne sera pas le seul personnage jouable.

Il y a comme un petit air de Maison Ikoku

Les années 80, le boom, l’ouverture culturelle

Yakuza 0, sous ses airs de jeu vidéo à la croisée entre GTA et Shenmue, demeure surtout comme la démonstration d’un pan de l’histoire nippone des années 80 : une époque prospère, loin des conflits internationaux, où le japonais se découvre passionné par les États-Unis. Les japonais ont reconstruit en 30 ans totalement leurs pays. Surpassant tous les autres de notre monde sur un plan technologique et industriel. L’argent coule à flot, et les nouveaux riches se battent pour l’acquisition de terrains immobiliers qui flambent littéralement. La bulle économique est loin d’exploser, et les longues années de sacrifices et d’épargnes des foyers japonais aux services des dirigeants est fini. Une nouvelle ère arrive.

Le japonais s’ouvre, la japonaise s’affranchi, le foyer claque sa thune : il faisait bon vivre dans les années 80 au Japon.  Yakuza 0 réussit parfaitement à retranscrire cette transition culturelle et économique japonaise. La ville grouille d’ondes positives et de gens qui ne pensent qu’à faire la fête. Les quartiers chauds de tous le Japon deviennent THE PLACE to be. Les Yakuza, les business men et les nouveaux riches vont mener une guerre sans merci des prix. La spéculation immobilière fera monter les prix comme PLUS JAMAIS il ne sera possible d’atteindre. Pourquoi je vous parle de tout ça? Parce que bordel j’adore l’histoire! Mais surtout parce que notre petit Kiryu s’est retrouvé au mauvais endroit et au mauvais moment. Le mec qu’il a tabassé et qui s’est fait tuer, était justement dans un lot de terrain abandonné en plein cœur de ruelles sombres de shinjuku. Un terrain qui attire l’attention pour sa disponibilité et sa très grande valeur. Mais qui a commis cet homicide? Un autre clan de Yakuza? Un riche homme d’affaire dans l’immobilier? Ou est-ce que Kyriu a vraiment été trop loin et qui aurait tué cet homme? L’enquête commence, dans les années folles d’un Japon battant.

On peut même aller au vidéo club pour adulte. C »est quoi la boite de mouchoir à côté de la TV maman?

Une lecture japonaise par des japonais

Il est drôle de voir que Yakuza 0 se la joue souvent comme une autocritique de la société japonaise. Sous son côté naïf et parfois niais, se perçoit une réalité (et parfois même une gêne) de comportements nippons : l’adoration maladive pour tout ce qui émane des USA, les inventions anti-frustration sexuels, le développement des jeux vidéo, la position de la femme dans la société japonais machiste, les « mama » (les patronnes) des bars japonais, les vêtements typiques de ces années, coupes de cheveux et autres véhicules, bref, la liste est longue, et les découvertes sont succulentes.

Outre l’histoire principale palpitante et pleine de rebondissement, de TRÈS nombreuses quêtes subsidiaires sont là pour témoigner du vécu de ces années 80. Souvent cul-cul et très stéréotypées, ces scènes dressent pourtant un décor complet et précis du mode de vie des japonais. On en redemande. Ce sont des centaines d’heures possibles tant les actions et les mini-jeux y sont nombreux. Quêtes annexes, baseball, jeux vidéo, fléchettes, (re)billard, tout ce qui fait la série Yakuza et son côté entertainement dans l’entertainement se retrouve dans Yakuza 0. De plus, un nouveau système de scoring online fait son apparition, et à l’heure où j’écris ces lignes, je peux vous dire avec fierté  que je suis dans le top5 de Space Harrier. C’est-t-y pas beau?

Juste pour me la péter

Un système de combat revu

Dans ce dernier opus, l’XP est remplacé par.. de la money-money-money. Aussi étrange que cela puisse paraître, à chaque coup donné à un ennemi, c’est son flouze qui s’évapore dans votre poche. Du coup, contrairement aux autres jeux Yakuza, on ne manque JAMAIS d’argent pour se faire une partie d’arcade ou d’UFO catcher. Vous pouvez échanger votre argent dans un arbre de compétence divisé par 4 styles de combats (par perso). Achetez-vous une plus grande barre de vie, de force, des nouveaux combo, tout est possible, tout est réalisable, c’est le jeu de la vie. ©

Le système de progression est top et complet

Au fur et à mesure de l’histoire et de votre expérience, vous gagnerez des styles de combat. Kiryu possède par exemple 4 styles : Rush, Beast et Tugh + un mode secret que je n’ai pas encore débloqué. Le mode Rush vous fera foncer dans le tas à toute allure et presque toujours en mode fury (en plus de la barre de vie, la typique bar de burst & heat (de charge) augmente au rythme de coups de latte dans les têtes de vos adversaires. Goro, un autre personnage jouable dans une enquête parallèle mais à Osaka (dans un Osaka de TOUTE beauté) pourra lui avoir un mode batte de baseball (en permanence, et OUI c’est supra défoulant), un mode danse (sans déconner, on éclate les opposants avec des pas de danses, du breakdance et du hip-hop… à mourir de rire)  et un mode « normal ». Chaque style de combat sera améliorable grâce à l’arbre de compétences déjà décrit plus haut. Mais pour cela, il vous faudra gagner un maximum d’argent. Par exemple en s’essayant à une multitude de mini jeux?

Les salles d’arcade japonaise des années 80 sentent bon la clope, Out Run et les jolies filles de SEGA

Des jeux dans un jeu

Ce qui peut être déroutant pour un néophyte de Ryu Ga Gotoku (comment je me la donne) c’est qu’il est presque impossible après 3h de jeu de suivre la trame principale. Des missions secondaires pop non-stop. On a envie de jouer aux jeux d’arcades des années 80 en se rendant dans les salles d’arcade de SEGA qui jonchent la ville. De capturer des nounours inédits dans les UFO catcher (ce qui fait le succès de ces pinces de fêtes foraine au Japon c »est que les jouets et les goodies à l’intérieur des machines ne sont pas commercialisés dans les boutiques, donc pour les fans d’une série  ou d’un jeu vidéo, le seul moyen d’obtenir ce goodies, c’est de jouer aux UFO catcher! Trop malins ces japonais.), de parier dans des combats de femmes-soubrettes, de jouer aux  fléchettes, de faire du commerce… et SURTOUT, de tisser son propre réseau d’affaire.

Yakuza 0 possède un jeu de gestion de terrains et d’influence de Yakuza. EN gros : je te protège, je te prête de l’argent, en échange, tu me donne BEAUCOUP d’argent. Si tu payes pas, bah je casse tout. Je ne pense pas avoir joué à un VRAI jeu de Yakuza avant ce mini game assez inspiré et bien foutu. Une sorte de Sim City de la mafia; j’adore.

Conclusion

Vous l’aurez saisi dès la lecture de l’introduction. Yakuza 0 m’a envoûté. C’est très certainement l’un des meilleurs jeux auquel j’ai joué ces 6 derniers mois. Sa centaine d’heures de jeu, ses innombrables quêtes secondaires, ses mini-games ultra fun, sa lecture culturelle à lui seul de toute la période des années 80 nippone, et son sens de l’autodérision toujours bien présent en font un monument du jeu vidéo. De moins en moins rigide, de plus en plus fun à jouer et bien rythmé, Yakuza 0 ne fait pas dans la dentelle avec ses scènes de combats ultra-violente. Pourtant ne vous méprenez pas SOS-Famille. Les valeurs des Yakuza et l’histoire extraordinaire de Kiryu-san et Goro-san ont de quoi faire rêver des centaines d’heures nos petites tête blondes. Dommage que le moteur graphique ne soit pas celui du prochain Yakuza 6 (déjà sorti au japon) prévu pour 2018 en Europe. Il aurait été un chef d’oeuvre.

Yakuza 0

  • Développeurs Sega
  • Type Monde ouvert Yakuza
  • Support PS4, PS3
  • Sortie 24 janvier 2017

Y’a bon!

  • L’immersion sans VR c’est possible !
  • Le Japon des années 80 fidélement retranscrit
  • Durée de vie conséquente
  • La motion capture
  • L’histoire principale tellement passionnante (dit Net Flix, tu nous fais une série?)
  • Les mini-jeux avec un scoring online
  • Le doublage et la modélisation des visages

Beuargh!

  • Ne pas pouvoir placer de repère sur la carte (corrigé dans le 6)
  • Certains dialogues non doublées
  • Un mode online multi sur les combats ou les mini jeux auraient été le bienvenue
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bery

Rédac Chef BBQ | Journaleux JV PC (steam: berychon), 3DS et WiiU (ID Nintendo: Berychon) et PS4 (psn: berymuch)| Animateurs de nombreux live sur notre chaîne: https://www.twitch.tv/pxlbbqtv/ | Machine à idées saugrenues

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