Je ne vous le cache pas, YS et moi c’est une grande histoire d’amour. Cette série prolifique est à mon sens un des concurrents solides à la licence The Legend of Zelda mais est malheureusement assez peu souvent mise sous les feux des projecteurs européens car sa localisation ne date pas d’il y a si longtemps que ça. Il y a déjà 3 ans, j’avais testé le dernier né de la série, YS Memories of Celceta, qui s’est avéré être un bon Action RPG tout de même terni par pas mal de défauts. Aujourd’hui, on se penche sur le cas de YS VIII Lacrimosa of Dana, à paraître en ce mois de septembre sur PS4, PC et PSVita.
Adol + Bateau = Naufrage assuré
Commençons par vous expliquer un peu le contexte de ce nouvel épisode. On pourrait caricaturer YS VIII Lacrimosa of Dana comme un Action RPG mélangeant l’essence d’un des vieux opus de la série The Legend of Zelda avec des éléments de Legend of Heroes (une série de JRPG elle aussi développée par Nihon Falcom) tout en proposant des combats nerveux contre des monstres et boss qui ne vous laisseront que peu le droit à l’erreur.
Le scénario de cet épisode vous met à nouveau dans la peau d’Adol, le héros de la série, qui est un aventurier ayant le chic pour toujours se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment. L’aventure débute sur un bateau où ce cher Adol s’est enrôlé en tant que marin pour rejoindre sa prochaine destination. Problème, le capitaine aurait dû faire un petit background check sur notre héros aux cheveux rouges car dans chaque épisode où il est monté sur un bateau, ce dernier a rejoint le fond de l’océan. Malheureusement pour le capitaine, ce sera aussi le destin de son bateau dans cet opus.
En effet, il sera attaqué par un monstre géant ressemblant à un Kraken alors qu’il approchait de l’île maudite de Seiren, réputée pour être un espèce de triangle des Bermudes d’où aucun bateau ne peut s’approcher et d’où aucun survivant n’est jamais revenu. Avant l’attaque et le naufrage, Adol n’aura juste eu le temps que de faire connaissance avec tous les membres de l’équipage car le capitaine lui avait confié la mission d’enquêter sur les passagers pour dénicher un potentiel intrus.
Après le naufrage, Adol se réveille seul sur une île en apparence déserte qui s’avère n’être autre que la fameuse île de Seiren. Heureusement, il rencontrera rapidement une des survivantes de l’équipage, habile à l’épée qui l’accompagnera dans le but d’explorer l’île à la recherche d’autres rescapés. Petite parenthèse notable, la scène de rencontre doit être la première dans la série apportant une petite dose de fan-service si chère aux « kokoro » des otaku. Nos deux héros feront ensuite la rencontre du capitaine, lui aussi sain et sauf, qui leur confiera la tâche de construire un petit village pour les rescapés potentiels tout en cartographiant l’île et en partant à la recherche d’autres survivants et autochtones.
C’est ainsi parti pour la nouvelle aventure d’Adol qui l’amènera à rencontrer de nouveaux frères et sœurs d’armes, à découvrir les mystères qui se trament sur l’île de Seiren et à devoir se battre contre toutes sortes de monstres et opposants se mettant en travers de son chemin.
Bien que relativement classique, j’ai beaucoup apprécié ce scénario et son rythme. Le fait de devoir faire connaissance avec chaque membre de l’équipage avant le naufrage renforce l’affinité que l’on a avec eux. Chaque découverte de rescapé devient alors une retrouvaille et chacun d’eux sera intégré dans le village en construction, avec son histoire et sa personnalité propre. De plus, les mystères de l’île sont révélés via une histoire parallèle donnée par bribes dans les rêves d’Adol qui introduisent l’autre héroïne de cet opus, Dana, semblant être une habitante de l’île de Seiren. Ces deux histoires principales se déroulent avec un rythme fluide et sont bien narrées, chaque découverte étant amenée par l’exploration d’une nouvelle partie de l’île, de donjons et de combats de boss. Notez que NIS nous annonce que l’aventure vous prendra environ 60 heures de jeu, ce qui est plutôt conséquent pour ce genre de production. On en aura pour notre argent.
Ys renouvelle
YS VIII Lacrimosa of Dana apporte pas mal de nouveautés de gameplay liées à la construction du village des rescapés sur l’île de Seiren qui s’avèrent plutôt réussies.
Tout d’abord, les plus importantes sont liées à la défense de ce village. Pendant vos aventures, il arrivera qu’une alerte vous prévienne que des monstres se sont regroupés et tentent une attaque contre le village. Vous serez alors invités à mener l’assaut avec les villageois pour le défendre. Avant l’assaut vous aurez la possibilité de fortifier la zone de combats avec plusieurs constructions améliorables comme des appâts à monstres servant de leurres, des barrières, une catapulte ou un gong étourdissant. L’assaut se déroule ensuite comme tout combat du jeu, mais dans une zone fermée où vous devrez repousser 3 vagues de monstres tout en empêchant qu’ils ne détruisent vos barrières et pénètrent dans le village. En fin de combat, un score jugeant votre performance et la performance des villageois sera attribué et permettra d’obtenir des objets rares.
Un autre mode semblable (que je n’ai pas encore débloqué dans ma partie) est le fait de pouvoir mener un raid contre un nid de monstres pour éviter qu’ils ne pullulent. Ce mode demande de détruire des nids jusqu’à l’apparition d’un boss à occire.
D’autres petits à côtés ont également fait leur apparition, comme un mini jeu de pêche très réussi demandant de bien lancer votre ligne dans un banc de poisson et de réaliser quelques QTE en fonction de la rareté du poisson pour le remonter. On nous sert également un petit mode de cuisine vous permettant de créer des plats servant d’objets de soin pour toute l’équipe et des quêtes secondaires affichées sur un tableau dans la village vous permettant d’améliorer votre affinités avec le donneur de quête.
Mais YS conserve
Bien qu’YS VIII Lacrimosa of Dana apporte de la fraîcheur à la licence, il conserve tout de même les qualités des anciens opus. En effet, le système d’exploration et de cartographie d’YS Memories of Celceta est conservé. Nihon Falcom nous propose un « monde semi-ouvert » vaste à parcourir, peuplé d’un bestiaire varié, de nombreux donjons au level design bien pensé et d’un paquet de zones à débloquer. L’exploration repose d’ailleurs à nouveau sur le fait de construire votre village. En effet, certaines zones barrées par un obstacle ne seront accessibles qu’une fois après un nombre suffisant de villageois secourus qui pourront alors vous prêter main forte pour dégager l’obstacle. C’est une façon intelligente de proposer un monde « semi-ouvert » (où toutes les zones ne sont pas accessible d’emblée). Le seul reproche que je pourrais faire au level design est qu’on se retrouve de temps en temps face à un mur invisible en entrant dans l’eau ou qu’une petite bordure vous force à sauter ou à la contourner plutôt que de pouvoir simplement l’enjamber.
En sus, YS VIII conserve et améliore le système de combat introduit avec YS Seven. À savoir, vous contrôlez une équipe de maximum 3 personnages simultanément. Chaque personnage aura un type d’attaque pré-assigné parmi 3 disponibles qui sera plus ou moins efficace sur les différents monstres que vous croiserez. Par exemple, contre un monstre volant, l’attaque appropriée sera souvent une attaque perçante tandis qu’une attaque contondante conviendra contre un monstre en armure. Une simple pression de touche vous permettra de prendre le contrôle d’un de vos personnages pour occire plus facilement vos adversaires, ce qui accentue le côté nerveux des combats. Pour y arriver encore plus facilement, vos personnages apprendront différents skills à force de combattre. Ces compétences consomment un peu de SP se renouvelant en effectuant des attaques normales. Comme leur niveau de pouvoir progressera à force de les utiliser, il est donc fortement conseillé d’en abuser en combat. On retrouve aussi l’attaque ultime utilisable une fois une jauge chargée qui s’accompagne d’effets visuels plutôt sympathiques. On retrouve aussi le dash, la garde parfaite et l’esquive parfaite. Ces dernières donnent respectivement un boost de dégâts ou une petite fenêtre invulnérabilité et un ralentissement du temps si vous bloquez ou évitez une attaque avec le bon timing. Bien que critiquées comme un « game breaker » dans les anciens opus, il y a fort à parier que ces techniques soient bienvenues dans le mode de difficulté Inferno.
Ce qui m’aura le plus plu dans cet épisode est le retour de vrais boss bien retords accompagnés de leurs patterns d’attaques à déchiffrer pour sortir victorieux. A partir du mode de difficulté difficile, ces boss ne vous laissent que peu le droit à l’erreur. Vous pourrez vous la jouer old school en tentant de ne pas utiliser d’objets de soin ou au contraire vous goinfrer de noix de coco pour régénérer vos HP. Mais comme dit le proverbe africain, qui mange une noix de coco entière fait énormément confiance à son anus. Il est également agréable de pouvoir ajuster la difficulté à tout moment car même de simples monstres dans une zone ouverte peuvent vous mettre la misère si vous n’êtes pas habitués. Sachez d’ailleurs que 5 modes de difficulté sont disponibles d’emblée. Tous les combats sont comme à l’accoutumée très bien mis en scène sur fond d’une OST punchy à la sauce speed metal japonaise. Cette OST est particulièrement variée et réussie, avec des musiques plus douces ou dans d’autres styles adaptés à l’exploration des différentes zones.
A côté de ces critiques dithyrambiques vient tout de même un seul gros point noir : les modèles 3D. Il faut être honnête, les close up sur les personnages et sur certaines textures donnent l’impression d’être encore à l’époque de la PS2. Heureusement, le rendu sur PS4 lors de l’exploration nous propose une vue du dessus relativement éloignée, permettant de ne pas voir de trop près ces textures et modèles très moyens. Il n’y a vraiment que dans les cinématiques utilisant le moteur du jeu que cela choque fortement. Mais bon, ces problèmes esthétiques ne sont qu’accessoires et n’entachent que très peu cet excellent jeu.
Conclusion
YS VIII Lacrimosa of Dana est un excellent opus qui fera à mon avis partie des meilleurs de la série. Je le recommande vivement, autant pour les fans de la série qui retrouveront des combats de boss épiques nerveux, que pour les nouveaux venus qui y trouveront un excellent action RPG, une histoire captivante, des personnages attachants et un challenge à la difficulté adaptable.
Soulignons que le jeu est entièrement sous-titré en Français, vous tiendra en haleine pour plus de 60 heures et introduit de nombreux éléments novateurs pour la série tels que la pêche ou la défense de base.
Notez également que cette version PS4 du jeu rajoute un nouveau donjon et des précisions additionnelles sur l’histoire de Dana. Si vous avez la possibilité, préférez donc cette version à la version Vita.
Adol n’a au final vraiment pas de quoi rougir face aux dernières aventures de Link, si ce n’est au niveau de sa 3D datant de l’époque des Spice Girls.
YS VIII Lacrimosa of Dana
- Développeurs Nihon Falcom
- Éditeur NIS America
- Type Action RPG
- Support PS4, PC, PS Vita
- Sortie 12 Septembre 2017 (PC) / 15 Septembre 2017 (PS4, PSVita)