Dans la famille des jeux de niche j’appelle NIS qui s’efforce d’éditer de plus en plus de jeux japonais sur consoles, mais aussi sur PC, et en cela, je dois dire que je leur suis redevable ! On ne compte plus les petites pépites qu’il aurait été inconcevables de voir arriver chez nous (coucou Danganronpa !) si cet éditeur ne prenait pas son travail à coeur. Seulement, dans le cas de Tokyo Tattoo Girls, on se demande tout de même si ça en valait la peine.
All the things she said
Développé par Sushi Typhoon Games, Tokyo Tattoo Girls a longtemps joué avec notre intérêt puisque les rares annonces ou vidéos ne laissaient pas entrevoir grand chose de la nature du jeu. Si je m’attendais à un titre se rapprochant d’un Valkyrie Drive ou Criminal Girls dans les mécaniques, il n’en est rien, et de loin. Le scénario s’attarde sur une catastrophe ayant ravagé Tokyo et généré un genre de mutation chez certaines filles : l’apparition de tatouages leur conférant une grande puissance. La ville étant en ruine, il a été convenu que Tokyo serait laissé aux mains des 23 filles les plus puissantes comme autant de districts, pour autant qu’elles ne sortent pas de l’enceinte de leur territoire.
Et nous incarnons un tatoueur de renom qui croise la route d’une jeune fille destinée à unir tous les districts afin de pouvoir s’échapper. Mais tout ceci n’est qu’un scénario prétexte qui aurait tout simplement pu ne jamais être mis en place pour la suite, puisqu’il n’a vraiment ni aucun impact ni même aucune valeur pendant l’aventure. Le scénario de base définit un cadre, rien de plus, et on se demande pourquoi une simple histoire de gang de Yakuzas n’aurait pas suffi, d’autant que cela s’intégrait bien à la thématique des tatouages. Concrètement, on a le choix entre plusieurs demoiselles en début de partie, qui seront autant de petits arcs narratifs, chacune ayant ses dialogues et motivations pour se lancer dans la bataille.
Cependant, n’allez pas chercher de souffle épique ou de grande aventure puisque toute l’histoire est survolée de manière assez légère et avec humour. Rien de bien passionnant à se mettre sous la dent narrativement, Tokyo Tattoo Girls se révèle être un jeu de stratégie où l’action est absente et où il vous faudra gérer au mieux la conquête des districts, recrutant l’armée ennemie jusqu’à combattre le leader du territoire pour la ramener sous votre bannière et ainsi de suite. On a davantage l’impression de jouer à Risk qu’à un jeu vidéo, ce qui n’est pas un problème en soi, si on avait un peu plus de contrôle sur les événements.
En effet, les leaders de quartiers que vous recrutez se lancent tout seul à l’assaut des quartiers adjacents à ceux conquis, ne vous laissant en fait que peu d’options. A chaque tour (ou jours, qu’il est possible de mettre sur pause ou d’accélérer) vous engrangez des points d’action qui sous serviront à recruter de plus en plus de disciples, de convertir des “punks”, de calmer des rébellions naissantes, d’empêcher tout recrutement pendant un temps donné etc.. mais ces mêmes points servent également à tracer de nouveaux tatouages sur le dos et les bras de votre héroïne, lui octroyant de plus en plus de bonus, et ce sur différents niveaux de puissance. Autant dire que plus les conquêtes avancent, plus cela devient une formalité de conquérir de nouveaux districts. Mais ces derniers peuvent également vous attaquer et tenter de se rebeller lors de vos assauts, à moins que nous n’utilisiez des points d’action pour endiguer la crise. Votre vie est symbolisée par une jauge d’honneur, qui fluctuera tout au long de vos conquêtes, le but étant de la garder la plus remplie possible sous peine de game-over.
Ma première partie s’est faite dans mon canapé, d’un oeil distrait devant un épisode de la Nouvelle Star, c’est vous dire le degré de concentration qu’il m’a fallu pour terminer la campagne. Les premières minutes sont extrêmement troublantes et on a au final peu l’impression d’influer sur le déroulement de la conquête, à part pour augmenter les perks de notre protégée, recruter en échange de points d’action, de nouveaux disciples ou calmer les rébellions. Une fois un territoire conquis, le leader va se montrer et essayer de vous affronter. Ici aussi, après une petite séquence de dialogues à choix multiples – la bonne réponse octroyant un nouvel artwork dans la galerie – un combat automatique s’opère menant obligatoirement à votre victoire et à la conquête totale du territoire. Au-delà du développement du scénario – léger – de votre avatar, et que l’on finira par passer tant l’intérêt est relatif, ces séquences n’apportent rien et j’avoue avoir été très déçu de ne pas pouvoir intervenir “physiquement” dans l’affrontement, sous la forme d’un Beat’m Up simple mais qui aurait au moins donné un peu plus de piquant.
Évitez le mode de difficulté le plus facile, il ne vous apportera aucune satisfaction et ne vous poussera aucunement à jouer avec le timing des invasions ou les différentes possibilités. Un rapide tutoriel accessible à tout moment vous rappelle les bases du jeu, sans y apporter de subtilités ou de nouvelles données.
Conclusion
Ne vous fiez ni au nom ni à la jaquette : Tokyo Tattoo Girls est un jeu de plateau assez austère qui tente d’ajouter de l’humour sous la forme de dialogues parfois drôles mais souvent trop longs et qui ne demande au joueur que trop peu d’implication. Si l’on adhère pas aux différents arcs narratifs des filles que l’on suit, on arrive difficilement à accrocher à un titre qui semble souvent jouer sans notre intervention, nous limitant le plus souvent à réagir à ses actions que l’inverse. Reste le système intéressant et visuellement agréable des tatouages qui apportent des bonus et des malus avec lesquels il faudra jouer pour mener à bien la conquête de Tokyo, mais il faudra se lancer dans les modes de difficulté plus élevés pour y trouver un intérêt.
Tokyo Tattoo Girls
- Développeurs Sushi Typhoon Games
- Type Jeu de stratégie
- Support PSVita, PC
- Sortie 17 Novembre 2017