Oui je sais, c’est un genre un peu éteint de nos jours, et peu de joueurs savent se satisfaire d’un jeu d’aventure point’n click, mais cette sortie de la trilogie Syberia ne peut définitivement pas laisser les amoureux d’aventure indifférents.
La route vers l’est
C’est en 2002 que sort le second jeu en collaboration entre Microids et l’auteur de BD belge Benoît Sokal (Canardo, Paradise, Aquarica…), l’après Amerzone, j’ai nommé Syberia. Et si la suite directe ne sort que deux ans plus tard, il faudra attendre 2017 pour voir poindre un troisième épisode quelque peu maladroit techniquement. En 2019, l’éditeur historique de cette série d’aventure propose une compilation regroupant les 3 épisodes en dématérialisé (Syberia 1 & 2 étant déjà disponibles sur une seule cartouche), l’occasion pour certains de retrouver Kate Walker avec nostalgie, pour d’autres de découvrir un récit particulièrement envoûtant nimbé d’automates, de glace et de mammouths.
Quand Kate Walker est envoyée dans un petit village français de Valadilène (même le nom est enchanteur à prononcer) pour conclure la vente d’une vieille usine d’automates pour son client américain, elle ne s’attendait certainement pas au cortège funèbre d’automates amenant la propriétaire des lieux à sa dernière demeure. Triste nouvelle, mais qu’à cela ne tienne, c’est avec le notaire que pourra se conclure la vente des lieux, permettant à la jeune femme de rentrer chez elle rapidement. Mais il y a un petit grain de sable dans les rouages : la patronne avoue dans sa dernière lettre que l’usine doit légalement revenir à son frère, déclaré mort il y a des années, mais bien vivant et à la recherche d’un île légendaire nommée Syberia.
Voilà le début d’un voyage incroyable vers le Nord à bord d’un train à ressort, et en compagnie d’un automate frileux et procédurier, puis d’un vieil homme animé par ses rêves d’enfants. S’éloignant peu à peu de ses préoccupations quotidiennes, de ses amis, de son couple et de ses employeurs, Kate Walker s’enfonce peu peu dans les terres glacées, animée par une soif d’aventure bien plus passionnante que sa vie de New-Yorkaise.
C’est d’abord cela, Syberia : un voyage vers un improbable lointain teinté de légendes, à traverser des lieux qui semblent abandonnés depuis longtemps, mais encore peuplés de personnages hors du temps et de la réalité, le tout animé par de vieux automates.
A l’ancienne, les deux premiers Syberia (je vous renvoie à l’avis de Bery sur le troisième épisode) vous confronteront à des situations singulières et à des énigmes parfois complexes, dans des environnements invitant à la découverte et à l’exploration, même si celle-ci n’est pas souvent facilitée par des mécaniques d’époque (comme la difficulté parfois de trouver la “zone” permettant de changer de tableau ou des éléments peu visibles dans les décors). Néanmoins, on se retrouve happé dans ce voyage, tout en partageant l’agacement de son héroïne lors des échanges téléphoniques avec ses proches ou ses employeurs, de plus en plus courroucés par la durée de la transaction.
Il faut dire que les histoires de dîners mondains ou les amourettes de sa mère ne valent guère grand chose face aux situations rocambolesques auxquelles doit faire face une Kate Walker d’abord désireuse de mener sa mission à bien.
Il faut dire que l’attachement aux personnages – à Kate bien sûr mais aussi à Oscar – doit beaucoup à la qualité du doublage des ces deux personnages principaux. Syberia 1 & 2 profitent d’un excellent doublage, parfois quelconque sur les personnages secondaires, mais qui sonne juste; et il y a fort à parier que vous retombiez amoureux de la voix chaude de Françoise Cadol (qui compte pas loin d’une quarantaine de jeux à son actif vocal) qui était déjà la voix envoûtante de la Lara Croft pré-Crystal Dynamics. Tantôt amusée, tantôt curieuse ou encore exaspérée, elle parvient à donner une vraie présence à Kate Walker tout au long du récit, et que cela soit sur les jeux de l’époque ou sur le récent Syberia 3. Car si la technique est décevante pour ce dernier et que les doublages sont loin d’être à la hauteur (en dehors des personnages principaux) Syberia 3 propose tout de même de bonnes énigmes (quoique plus simples) et une excellente histoire.
Conclusion
Une trilogie qui trouve une place parfaite sur Switch, Syberia Trilogy saura ravir les fans d’aventure en point’n click avec ses énigmes de qualité, son excellent doublage et son histoire lente mais qui nous plonge de plus en plus dans un surréalisme « à la Belge ». Une compagne parfaite pour les froides journées de janvier qui s’annoncent, pour une aventure qui saura à coup sûr vous emmener loin de la grisaille déprimante du quotidien… tout comme pour Kate.
Syberia Trilogy
- Développeurs Microids
- Type Point’n Click
- Support Switch
- Sortie 31 Octobre 2019