Avant de passer au test original de Papayou, nous allons regarder ce que la version Nintendo Switch a dans le ventre :
La version Nintendo Switch n’aura rien de nouveau en termes de contenu, tous les DLC sortis sont disponibles à l’achat sur le Nintendo eShop individuellement ou via un Season Pass (inclus dans la version Gold).
Alors, ça vaut quoi?
South Park ayant des graphismes plutôt simplistes, les dessins sont fidèles à la série, même sur un téléviseur, les textures sont soignées et c’est joli dans l’ensemble.
Nous sommes sur console portable, il ne faut donc pas oublier que la Switch n’est pas aussi puissante qu’une PS4 ou une Xbox One, on constate de l’aliasing (sur TV surtout), mais ce n’est clairement pas moche pour autant et le tout reste bien lisible.
Parlant de lisibilité, les sous-titres sont trop petits ! Ubisoft n’a malheuresement pas corrigé ce soucis pourtant déjà présent dans le jeu original. En mode portable, cela ne gêne pas vraiment car on est plus proche de l’écran, mais quand la console est dockée, on a un peu de mal. Le jeu est très fluide, nous n’avons pas constaté de chutes de framerate.
Concernant le gameplay, c’est toujours mieux avec des joysticks qu’avec le clavier, mais il faut avouer que la position des joysticks sur les Joy-Con ne facilite pas la tâche sur certains mini-jeux. Pour le reste du jeu, les manettes font le taff. L’écran tactile n’est pas très utilisé, mis à part dans les menus on n’a pas vraiment trouvé d’autre utilisation.
South Park : L’Annale du Destin reste un très bon jeu sur la dernière de Nintendo, quel que soit le mode utilisé.
South Park l’annale du destin est un jeu que j’attendais avec impatience après un premier opus assez exceptionnel testé à l’époque par notre feu rédac’ chef siryakko et après moults reports. Mais voilà, le jour J est ajourd’hui, South Park l’annale du destin sort ce 17 octobre 2017 sur PS4, Xbox et PC. Est-ce que l’expérience globale aura été à la hauteur des très bonnes impressions laissées après avoir essayé la démo lors de la Gamescom 2017 ? Je vous donne mes impressions après avoir passé plus ou moins 25 heures à South Park et fini la quête principale.
Qu’est ce qui est gros et rapporte un max quand ça dure ?
Une franchise de super-héros ! Dans South Park l’annale du destin, vous incarnez le nouvel habitant de South Park ayant participé au précédent opus amicalement surnommé trouduc’ (butthole) par ses camarades ou le nouveau (new kid). Le jeu commence alors que vous êtes toujours en train de jouer avec d’autres enfants au seigneur des anneaux, thème de South Park : le bâton de la vérité. C’est alors que débarque Cartman qui vient stopper net ce jeu en vous annonçant qu’il est grand temps de jouer à autre chose : créer une franchise de super héros. En effet, quoi de plus lucratif vu le succès des films Marvel. Il est temps pour South Park d’avoir sa propre licence et de gagner des millions de dollars sous l’égide de Cartman.
Évidemment, les idées de Cartman n’auront pas fait l’unanimité. C’est ainsi que comme dans la série animée, nous retrouvons 2 groupes de super héros. D’une part le Coon et sa bande, composée de Cartman (le Coon), Kyle, Craig, Jimmy, Clyde et Scott Malkinson. D’autre part les potes de la liberté, composés de Kenny (Mysterion), Stan, Tweek, Token et Timmy (Professeur Timothy). Notez que tous ces personnages seront jouables à divers moments de l’aventure et auront chacun une classe et des pouvoirs spécifiques en combats. Il y aura également 2 personnages indépendants mais également jouables, Butters (Professeur Chaos) et Wendy (La rabatteuse).
Vous serez au début de l’aventure intégré à l’équipe de super-héros du Coon et sa bande. Le Coon vous révèle votre passé douloureux et comment vous avez acquis vos pouvoirs. Il vous confie ensuite votre première mission : retrouver un chat perdu dont la récompense s’élevant à 100$ pourra être injectée dans la création d’une franchise de super héros et commencer à dominer le box-office. Pour ce faire, il vous faudra vous faire connaître dans South Park en tant que super-héros et gagner la confiance des habitants pour obtenir des informations tout en popularisant le Coon et sa bande. Cependant, cette recherche au chat perdu pourrait bien mettre en lumière un complot monumental et farfelu comme seule la série South Park peut imaginer.
En parallèle à cette histoire, il y aura également une recherche identitaire à faire pour notre héros. Tout n’est en effet pas rose dans sa vie, ses parents n’arrêtent pas de se disputer, de se saouler ou se défoncer pour oublier leurs problèmes. Ils vous cachent clairement quelque chose. Cartman avait peut-être raison quand il voyait en vous un passé sombre ayant donné lieu à vos supers pouvoirs. Au fur et à mesure de votre aventure, vous devrez donc composer votre identité comme bon vous semble en remplissant votre fiche de personnage qui contiendra entre autre votre identité sexuelle ou vos croyances religieuses.
Notez que l’histoire se découpe en 4 chapitres consistant chacun en une phase d’exploration diurne et nocturne. Il aura fallu environ 25 heures pour en voir le bout et réaliser la majorité des quêtes annexes. C’est peut-être un peu léger, mais Ubisoft nous annonce aujourd’hui que le season pass introduira de nouvelles missions prolongeant l’aventure.
Fidèle, mais pas toujours (coucou la France)
Le maître-mot de South Park l’annale du destin est certainement « fidélité« . Premièrement, fidélité graphique. En effet, l’esthétique du jeu est réellement identique à celle des dernières saisons de la série animée. On a réellement l’impression de contrôler un personnage du dessin animé et de suivre ses aventures. Deuxièmement, fidélité d’atmosphère. Le scénario du jeu est digne d’un long-métrage tiré des épisodes en rapport avec le Coon et sa bande (introduits dans la saison 14) et la ville de South Park est modélisée à la perfection, on s’y croirait. On retrouvera ainsi la plupart des lieux emblématiques de la série ainsi qu’un nombre encore plus conséquent de NPC que dans le bâton de la vérité. Ils seront presque tous liés à la quête principale ou à des quêtes annexes fourmillant de références que les fans sauront reconnaître. Plus j’avançais dans l’histoire, plus je me demandais si tel ou tel personnage allait apparaître. A chaque fois, la réponse aura été positive. Je me suis par exemple tapé une de ces barres de rire en voyant Sea-man (Cémen) et ce gay fish de Kayne West mis en scène dans un espèce de mini-jeu à la flappy bird …
J’ai quand même trouvé une certaine retenue dans ce nouvel opus comparé au précédent. En effet, à part quelques moments bien hardcore, on ne peut pas dire qu’il est si trash que ça. Je ne pense pas que les auteurs se soient volontairement auto-censurés ou abstenus, je pense plutôt qu’ils se sont essayé à une forme d’insolence moins visuelle et plus verbale, qui plaira à certains mais qui risque de laisser un petit sentiment de trop peu à d’autres. Rassurez-vous toutefois que vous aurez droit à une bonne dose de visuels bien piquants, mais peut être un peu moins que dans la bâton de la vérité.
Il y a cependant eu une petite infidélité ternissant ce beau tableau : le doublage. Seule une des langues disponible, le Français, n’a pas bénéficié des comédiens de doublage originaux. Pour peu d’être habitué à leurs voix, c’est assez ennuyeux. Toutefois, si ce doublage avait été de qualité, il n’y aurait pas eu de quoi en faire un plat. Malheureusement, il n’en est rien. Le doubleur de Cartman essaie tant bien que mal d’imiter l’original mais c’est le seul qui se force. Les autres n’ont vraiment fait aucun effort. Par exemple, entendre un maternelle parler avec une voix d’adulte, c’est quand même un peu du beau foutage de gueule. Heureusement, vous pouvez activer à tout moment les voix anglaises originales et les sous-titres en français si vous avez du mal. De plus, même si le doublage avait été de qualité, il est quand même préférable de jouer en Anglais étant donné que certaines vannes ne fonctionnent pas dans d’autres langues. Je pense par exemple à Jared et ses AIDS (traduits en Jared et ses SIDA en Français). Notez également que la taille de police des sous-titres est vraiment minuscule, donc à moins d’être proche de la télé ou de jouer sur un écran gigantesque, vous devrez un peu plisser les yeux pour lire correctement.
Bienvenue sur Coonstagram
Une des nouveautés sympathique de South Park l’annale du destin est que notre héros dispose d’un smart phone et d’une application appelée Coonstagram en rapport avec la quête principale.
Comme je vous le disais en début de ce test, Cartman vous confie la tâche de populariser sa franchise de super-héros. Et pour ce faire, quoi de mieux qu’exploiter les réseaux sociaux ? Vous devrez donc essayer de faire un maximum de selfies avec les gens de la ville pour qu’ils rejoignent le rang de vos followers et ainsi faire parler du Coon et sa bande. Acquérir un nouveau follower sera parfois automatique en lui demandant, mais exigera parfois de réaliser une petite quête annexe ou atteindre un seuil de followers. Au début, je me demandais l’utilité de ce système mais il prend tout son sens une fois arrivé vers le dernier chapitre de l’aventure. Tout s’explique alors dans un grand « ha! ».
Les pouvoirs des pets et de l’amitié
Comme dans le premier opus, South Park l’annale du destin vous demandera d’explorer la ville et de résoudre quelques petits puzzles pour progresser dans l’histoire. Au fur et à mesure des chapitres vous débloquerez de nouveaux pouvoirs vous permettant d’accéder à des zones jusqu’alors inaccessibles.
Ici, à l’instar d’un The Witcher, vous disposerez de ce que j’appelle des sens d’ensorprouteur. Vous pourrez passer en mode analyse, vous permettant de déplacer un curseur dans le décor qui mettra en surbrillance les éléments avec lesquels vous pouvez interagir. Par exemple, envoyer un pet sur un objet en feu le fera exploser et pourra parfois dégager une zone. Vous pourrez aussi envoyer des pétards sur des objets fragiles pour les casser ou les faire tomber.
Vous pourrez également combiner vos pouvoirs à ceux de vos alliés, un peu à la façon de capitaine planète pour résoudre d’autres puzzles irréalisables seuls. Sans vouloir trop vous spoiler, vous pourrez par exemple faire appel à l’homme cerf-volant et réaliser un petit « cul »-T-E pour pouvoir accéder à des zones en hauteur.
Pour rester dans le thème du cul et des pets, South Park l’annale du destin a également doté notre héros de pouvoirs spéciaux liés à ses flatulences. Là aussi, je ne veux pas trop vous spoiler mais certains sont vraiment bien pensés et auront une utilité en combat comme le fait de pouvoir faire passer le tour de l’ennemi ou même d’invoquer une copie de vous même pendant plusieurs tours. Ces pouvoirs de pets et d’amis sont en tout et pour tout au nombre de 8, donnant possibilité à la création de bon nombres de puzzles. Toutefois, une fois qu’on a compris l’utilisation de ces pouvoirs, on ne peut pas dire que les énigmes nous donneront du fil à retordre. On est loin d’un Zelda ou d’un Professeur Layton, mais bon, on salue tout de même l’initiative.
Revisite du RPG (rot-prout game)
South Park l’annale du destin conserve le style RPG et les combats au tour par tour mais revisite le tout de façon intéressante.
Tout d’abord, il n’y a ici plus d’armes ou d’armures à équiper ou améliorer. Les armures auront seulement un aspect cosmétique. Les seules façons de renforcer votre équipe seront via l’augmentation de votre niveau (en combattant ou en « quêtant ») et via l’équipement d’artefacts. En montant de niveau vous débloquerez jusqu’à 8 emplacements d’artefacts et 1 emplacement d’ADN. Ces artefacts augmenteront vos statistiques et attribueront des bonus tels qu’une augmentation des dégâts causés par les altérations d’états. L’ADN quant à lui permet de changer fortement les statistiques de votre personnage pour s’orienter vers un build plus axé force physique, mentale, rapidité ou un mélange d’un peu tout.
Via l’application de création de votre smartphone, vous pourrez créer de nouveaux artefacts, costumes ou consommables que vous pourrez utiliser quand bon vous semble. Il existe toutefois une catégorie spéciale de consommables, les invocations, qui ne sont malheureusement qu’au nombre de 3, vous permettant de réaliser une attaque ou un soin puissant en combat. Il faudra les utiliser avec parcimonie, car une fois épuisées vous ne pourrez plus jamais les utiliser.
Ensuite, South Park l’annale du destin conserve un système de classes mais ne vous cantonne pas à une seule d’entre elles. Au fur et à mesure de l’aventure vous pourrez utiliser des compétences de plusieurs classes et faire un build très polyvalent. Les combats se passent en équipe de 4 coéquipiers maximum et il sera donc intéressant de préparer un build complémentaire aux compétences fixes de vos amis. En parlant des compétences, chacune d’elles s’accompagne d’une animation détaillée et soignée. Même les ennemis ont bénéficié de ce soucis du détails, comme par exemple quand les vieux vous balancent des poches d’urine ou les 6ème vous balancent leur crottes de nez. Le plus spectaculaire reste les attaques ultimes de vos amis possibles une fois une jauge chargée. Mention spéciale pour celle de Tweek.
Finalement, le jeu conserve un système de combats au tour par tour mais introduit le concept de déplacement sur un damier, ajoutant une dimension stratégique à l’ensemble. Ayant mis la difficulté normale, j’ai tout de même parfois dû m’y reprendre à 2-3 fois pour certains combats au début de l’aventure (par exemple contre le boss du chapitre 1 qui introduit pour la première fois un ennemi agissant à des intervalles de temps fixes ou contre les filles du raisin combattues en début d’aventure). En progressant, j’ai moins ressenti la difficulté car on comprend mieux comment utiliser ses compétences ou comment se déplacer pour éviter les situations délicates. Même dans une situation qui me semblait désespérée comme lors du combat de boss du chapitre 3, je suis quand même arrivé à retourner les choses en ma faveur. Les pouvoirs des prouts sont d’ailleurs des atouts majeurs qui se débloquent progressivement et facilitent les combats ; libre à vous de les utiliser ou non. J’ai également testé de convertir mon ethnie en noir (annoncée comme plus difficile) et de mettre le jeu en mode difficile vers la fin du jeu, mais je n’ai pas vu d’énormes différences, peut-être car j’avais déjà de bons artefacts et de bonnes statistiques pour mon personnage.
En bref, les combats m’ont toujours semblé ni trop difficiles, ni trop faciles, ne m’ont jamais lassés et ont toujours apporté une petite dose de stratégie non négligeable. Le seul petit point noir est d’ordre technique. Il m’est arrivé à quelques rares occasions (4-5 fois au total) d’observer des lags de quelques secondes entre deux tours. Si par malheur le tour suivant ne débutait jamais (ça m’est arrivé une seule fois) vous pouvez relancer le combat en chargeant le dernier checkpoint rapidement. C’est un peu dommage mais ça n’entache pas énormément l’expérience globale.
Conclusion
South Park l’annale du destin est sans conteste une lettre d’amour de la part d’Ubisoft, de Trey Parker et Matt Stones destinée aux fans de la série. Pour peu que vous appréciez son humour décalé et que vous l’ayez au moins suivie jusqu’à la saison introduisant le Coon et sa bande, vous trouverez une pléthore de références et de gags qui devraient vous dérider les zygomatiques (et les sphincters). Ubisoft réussit le pari de créer une expérience vidéo-ludique d’une qualité proche à la série grâce à des graphismes soignés et à un scénario fidèle à son esprit. On a vraiment l’impression d’assister à un long métrage sur le thème du Coon et sa bande rythmé par une bande son digne d’un Marvel et par un système de combats au tour par tour stratégique qui vous donnera un bon petit challenge.
Nous avons tout de même quelques petits regrets par rapport à la copie finale. D’une part, malgré moult négociations, le doublage français sera le seul ne bénéficiant pas des comédiens originaux, ce qui porte un gros coup à la cohérence de l’ensemble. Toutefois vous pourrez changer de langue à tout moment et profiter des doublages originaux en Anglais ainsi que des sous-titres français. D’autre part, on regrette un peu le manque de quêtes annexes, d’activités ou mini-jeux en dehors de la quête principale. Nous aurons cependant droit à des ajouts dans de futurs DLC comme le laisse sous-entendre un NPC lors de la visite au Canada.
South Park l’annale du destin
- Développeurs Ubisoft
- Type RPG (rot & prout game)
- Support PS4, Xbox, PC, Switch
- Sortie 17 Octobre 2017