Titre Mosaic
Développeurs Krillbite
Type Expérience
Support PC, Xbox One, Switch
Sortie 05 Décembre 2019
Foutu mois de janvier. Les fêtes sont passées, le temps est gris, froid, personne n’a envie de reprendre le boulot et même si les commerces affichent déjà les produits de Pâques (bordel… déjà ?), rien de beau n’est à attendre avant plusieurs semaines. Bref, c’est le moment parfait pour lancer Mosaic, de Krillbite Studio à qui nous devions déjà Among the Sleep. Quitte à passer un mois pourri, autant le partager avec vous. Ne me remerciez pas.
Autre jour, même… poisson ?
Dans Mosaic, on incarne un pauvre hère pour qui l’adage “Métro-Boulot-Dodo” est une réalité. Se lever tous les jours, resserrer – ou non – sa cravate, se brosser les dents, jeter un œil distrait – voire craintif – au courrier du jour et partir travailler dans la grisaille, parmi des milliers de silhouettes anonymes, dressées à la rentabilité et accro à leurs écrans. Tout ça pour quoi ? Pour livrer des jalons informatiques obscurs inintéressants toute la journée avant de s’effondrer sur le lit… “Même joueur joue encore” et le lendemain est déjà là.
Mais notre protagoniste a un secret. Il parvient, parfois à s’évader mentalement à la faveur d’un rayon de soleil, d’un papillon flânant entre les grues ou d’un musicien totalement hors du temps. Ces escapades le mènent à faire la rencontre d’un poisson parlant qui l’interroge sur sa vie (à moins que vous ne le jetiez dans les toilettes, c’est votre choix) et sur le sens de celle-ci. Est-ce épanouissant d’être un minuscule rouage d’une machine gigantesque sans visage ? Et quelles sont ces anomalies électriques avec lesquelles nous pouvons interagir ? Demain apportera-t-il autre chose qu’une répétition de tâche sans joie ?
Oui, Mosaic est un jeu ennuyeux qui traite de l’ennui et de la dépression. On ira même jusqu’à dire qu’il n’est pas palpitant à jouer, et qu’il appuie un peu trop son message à coups de masse au lieu de jouer la subtilité. Sons style graphique est par ailleurs extrêmement fade – mais cela joue en sa faveur – et le peu de contrôle que nous avons sur notre pauvre employé est suffisant pour lui donner un tantinet de personnalité (nouer ou non sa cravate, se recoiffer…).
Est-ce que la thématique et son traitement entaille l’envie d’y jouer ? Un peu, je ne vais pas vous mentir. La progression est lente, même si elle permet parfois d’admirer de magnifiques décors quelques instants – décors qui une fois encore enfoncent à la masse les idées et les thématiques du jeu – et certains passages se révèlent frustrants tant il devient complexe de se diriger correctement sans pouvoir accélérer un peu… finalement, la création des jalons est une activité plus agréable et la seule qui propose un petit gameplay, même si il n’y a ici aucun challenge.
Oui, on s’ennuie dans Mosaic. Sans doute était-ce le but, afin de donner aux séquences surréalistes – plus le jeu avance, plus le réalisme fuit – une véritable valeur. L’absence de réel gameplay nuit un peu au titre étant donné qu’à part avancer et tromper son ennui sur son téléphone, il n’y a rien à faire. Pour le coup, Mosaic est un court-métrage que j’aurais aimé voir, d’autant que la bande-son est lourde et si elle n’est pas spécialement originale, a le mérite de nous faire ressentir l’angoisse du héros, et comme chaque nouvelle journée nous épargne le chemin déjà parcouru pour nous proposer une nouvelle portion de route, nous avons tout de même un peu de variété dans la répétition des journées.
Mais est ce qu’on peut dire que trouver le temps long sur un titre qui traite de l’ennui et de la déprime fait du jeu une réussite ? Le propos n’étant pas des plus originaux (la société phagocytant ses citoyens) ni traité avec grande subtilité (les applis mobiles insensées, les pubs constantes poussant à la productivité), Mosaic reste pourtant une expérience déroutante sur la dépression et le burn-out que je ne regrette pas avoir vécue. Mais en film d’animation, ça aurait été aussi bien.
Conclusion
Mosaic n’est pas un mauvais titre, il a pour lui une direction artistique sympathique, une bande-son lourde et quelques beaux moments à lui. Seulement, et même avec une durée de vie assez courte d’environ 3h, il est par moment difficile de s’accrocher tant l’ennui et la déprime s’invitent rapidement au programme. On finit par lancer un clicker débile en pleine rue à coup de “Blip” frénétiques pour retarder le moment de reprendre la partie. Mais du coup, en étant si court et en même temps si ennuyeux, Mosaic a-t-il totalement réussi ce qu’il a entrepris de nous communiquer ?