J’avoue que j’avais totalement occulté le fait que Don’t Nod était derrière ce projet édité par Focus, tant il s’éloigne dans la forme de ce que le studio nous a livré jusqu’ici. Pour autant, sur le fond, Banishers Ghosts of New Eden respecte complètement le style du studio, avec ses qualités et ses points plus discutables.


Banishers Ghosts of New Eden


Supports : PC, PS5, XBox Series

Genre : Action-RPG

Date de sortie : 13 février 2024

Editeur : Focus Home Interactive

Développeur : DON’T NOD

Multijoueurs : Non


Banishers Ghosts of New Eden est une sortie majeure de ce mois de février


  • Une belle histoire d’amour
  • Des choix vraiment difficiles
  • De très beaux environnements
  • Doublage français de qualité
  • Beaucoup de cas de hantise
  • Le système de progression
  • Un gameplay maîtrisé
  • La progression très enrichissante
  • Quelques très beaux plans à screenshots
  • Une DA somme toute passe-partout
  • Un traitement très peu subtile des thématiques sociétales
  • Des ennemis peux variés
  • Un système de combat correct mais pas original
  • Une boucle de gameplay répétitive

Le prix de l’amour

Antéa et Red sont des Bannisseurs, un couple qui s’occupe de libérer les vivants de l’emprise des morts quand ceux-ci ont des choses à régler. Arrivés à la colonie de New Eden pour seconder une de leur connaissance, ils tombent sur bien plus fort qu’eux en affrontant un Cauchemar, soit le sommet de la chaîne alimentaire spectrale. Antéa y laissera la vie tandis que Red sera laissé pour mort et sauvé par une mystérieuse jeune femme au service d’une sorcière. Maintenant hanté par le spectre de sa propre femme, Red pourra choisir de venger sa mort en retournant à New Eden pour y affronter une nouvelle fois le Cauchemar (en prenant soin de faire la lumière sur son passé), ou de profiter du voyage pour essayer de rendre la vie à Antéa, au prix de dizaines d’autres. C’est donc un périple avec de nombreux détours que nous propose Banishers Ghosts of New Eden, mais un périple rempli d’enquêtes paranormales, de combats contre des spectres et de choix moraux.

Je vais éviter de faire une critique trop longue de Banishers Ghosts of New Eden, et essayer de me concentrer sur les points qui me semblent les plus importants. Tout d’abord, la direction artistique du titre me semble somme toute assez générique, bien que techniquement réussie. Cela ressemble à de nombreux autres jeux, et comme je vous le disais, je suis passé à côté de la patte de Don’t Nod. Mais le titre fonctionne bien, tient la route visuellement, même si j’ai l’impression d’avoir déjà joué à ce type de jeux tant on reste dans le même style visuel qu’un Atlas Fallen ou un Greedfall. Après coup, on se rapproche plus de la direction artistique de Vampyr que de Life is Strange ou Jusant. Reste que l’univers de Banishers Ghosts of New Eden est un peu terne, même si la Nouvelle-Angleterre de la fin du XVIIème siècle n’est jamais représentée de manière très colorée.

Cela dit, l’histoire reste prenante et lie bien tout ses fils pour nous donner l’impression que chaque étape de notre voyage de retour vers New Eden apporte sa pierre à l’édifice. Le couple Antéa / Red est attendrissant, et la quête de Red pour permettre à sa compagne de trouver le repos ou la ramener pose de véritables questions morales : qu’est-on prêt à faire pour honorer une promesse envers l’amour de sa vie ? Croyez-moi, vous aurez à affronter de vrais cas de conscience. C’est ici qu’on retrouve la plus grande force de Don’t Nod : Les choix moraux sont de vrais cas de conscience, tout comme celui – une promesse folle – de ramener Antéa à la vie ou de lui permettre de trouver un véritable repos.

Partir en quête de sa résurrection se fait par le biais d’un rituel dangereux et interdit qui nécessite de sacrifier un grand nombre de colons, ce qui va à l’encontre de tout ce en quoi ils croient. Le couple est totalement engagés l’un envers l’autre, comme on le voit rarement dans les jeux mettant en scène un duo de protagonistes. Et ça tombe plutôt bien qu’il sorte aux alentour de la Saint-Valentin, le jeu étant un e véritable histoire d’amour.

Quoi que vous décidiez pour Antéa, il ne s’agit que d’un simple accord qui peut être modifié ultérieurement et dépendant de vos choix. Le succès étant loin d’être garanti, vous devrez vous assurer d’avoir rassemblé suffisamment d’essence spirituelle pour accomplir le rituel que vous avez choisi.

L’amour que se voue le couple transcende la mort, mais si vous choisissez de faire revenir Antéa à la vie, il faudra sacrifier d’autres vies humaines pour la régénérer. Et pour cela, vous pourrez menez nombre d’enquêtes (obligatoires ou facultatives) paranormales sur le chemin de New Eden. Vous y découvrirez es raisons qui font que des esprits puissent tourmenter des vivants, que ça soit par amour pour par haine et il vous appartiendra d’apaiser ces âmes, des les bannir à jamais ou de sacrifier l’être humain qui est responsable de la situation.

Des choix qui auront au fil des heures des conséquences sur l’issue de l’histoire, mais aussi sur les rapports du couple. On est donc assez loin du jeu d’action pure – même si les combats ne manquent pas – mais sur l’évolution d’une relation, de l’impact de choix parfois difficile et de de sa propre morale. Si je décide de faire revivre Antéa, vais-je pour autant sacrifier un être vivant innocent ? Ou vais-je être juste et impartial dans mon jugement ? Si je le suis, Antéa n’a aucune chance de revenir à la vie, mais si je m’égare, quels yeux posera-t-elle sur moi ? Voilà les questions sous-jacentes que vous vous poserez, tandis que vous arpenterez la région de New Eden et résolvez les cas de possessions des colons. Et en ce sens, le titre de Don’t Nod fonctionne plutôt bien.

Bien qu’il y ait quelques cas de hantises vraiment dirigistes dans leur résolution (pouvez-vous vraiment offrir le repos éternel à un mari violent?), la plupart du temps il y aura des zones grises où vous vous sentirez en conflit avec ce que vous devez faire, ce qui est le meilleur témoignage de la qualité de l’écriture. Je dois également ajouter qu’il est tout à fait possible d’échouer car le jeu ne vous dit jamais si vous êtes sur la bonne voie, avec une jauge ou un autre support visuel. Il aurait peut-être été utile qu’Antéa fasse quelques commentaires de temps en temps sur le sujet. Aussi, c’est vraiment à la fin du jeu que vous saurez ce qu’il en est. C’est un élément un peu stressant mais plutôt bien pensé qui nous relie encore plus à notre couple.

Là où l’on reconnait bien le studio, c’est dans les thématiques abordées, dans les choix à effectuer tout au long du jeu et dans ses prises de position très appuyées (ou peu subtiles) pour la cause féministe ou LGBT. Les femme sont (très) fortes, souvent plus que les hommes dont elles apparaissent pourtant souvent comme les victimes (ce qui justifie la violence en retour), et le jeu d’enfoncer le clou dés les premières minutes où Antéa – femme de couleur – est prise par erreur pour la servante de Red par le notable bourgeois et grassouillet local de New Eden. Quand je parlais de subtilité. Dommage, car l’introduction du jeu joue parfaitement son rôle et est parfaitement exécutée.

Qu’on se comprenne bien : libre au studio de parler des thématiques qui lui plaise dans ses productions. Pour ma part, tant que c’est cohérent avec le reste de l’univers du jeu, des personnages et que l’intrigue en bénéficie, je suis preneur. Mais pour rappel, et même si New Eden est fictive (mais on pourrait le rapprocher de New Heaven, véritable colonie établie en 1638), l’époque condamnait par exemple l’homosexualité de mort. Alors autant j’ai trouvé la première intrigue traitant du sujet plutôt bien amenée et même touchante, autant la seconde donnait l’impression d’un forcing totalement incohérent avec l’époque.

Au niveau du gameplay, vous pouvez passer de Antéa à Red peuvent presque toujours sans problème tant qu’il y a suffisamment de points d’esprit dans sa barre. Antéa possède des pouvoirs fantômes impressionnants, comme le saut et une attaque d’explosion. De plus, lorsque vous la contrôlez, Red ne subit pas de dégâts, et cela permet de prolonger les combos, voire de démolir les résistances ennemies.

Vous obtiendrez de l’essence spirituelle principalement en terminant des cas de hantise, la principale activité secondaire de Banishers : Ghosts of New Eden. L’essence est également utilisée (que vous blâmiez, bannissiez ou éleviez l’esprit) pour renforcer Antea dans l’arbre de compétences de progression du personnage, alors que les compétences de Red sont obtenues grâce aux points d’expérience. Il existe cinq arbres de compétences, chacun lié à l’une des capacités d’Antea en tant que fantôme : dévoiler, bondir, exploser, ensorceler et fusionner. De plus, le jeu vous permet toujours de choisir l’une des deux capacités de chaque nœud, à l’exclusion de l’autre.

Dans l’ensemble, un joueur peut spécialiser Antea et Red pour en faire des Banishers très différents dd’un joueur à l’autre. Les développeurs semblent avoir revus leur copie depuis de Vampyr au niveau des combats, et même s’ils ne sont pas l’élément le plus réussis du jeu, cela fonctionne. Le système de combat reste assez agréable pour que l’on recherche les différents Nids à vider. Il s’agit d’endroits spécifiques où Antéa et Red doivent éradiquer des vagues de spectres. C’est là que Banishers : Ghosts of New Eden aime bien nous lancer des surprises en modifiant les paramètres. Par exemple, ces fantômes peuvent subir plus de dégâts lorsque Red est en pleine santé et moins de dégâts lorsqu’il ne l’est pas, ou ils peuvent être plus vulnérables aux tirs de fusil ou autres joyeusetés.

Cela dit, Banishers : Ghosts of New Eden souffre un peu du manque de variété des ennemis. Il y a plusieurs types de fantômes, certes, mais beaucoup et on voit souvent les mêmes ennemis. Vous trouverez parfois des animaux à combattre, mais il n’y a que des loups à New Eden, faut-il croire.

Le jeu utilise un monde semi-ouvert librement explorable, limité par la progression et constitué de grandes zones. Un système de téléportation aux feu de camp permet de revenir dans une zone une fois que vous aurez obtenu le pouvoir nécessaire pour ouvrir un chemin. De plus, Banishers : Ghosts of New Eden propose aussi de nombreuses énigmes environnementales juste assez intéressantes pour que le joueur réfléchisse à la solution tout en évitant d’y passer trop de temps.

Banishers propose en outre a beaucoup de contenu qui tiendra les joueurs occupés pendant un long moment, surtout s’ils complètent également les Activités, qui sont de petites histoires qui suivent souvent les choix faits pendant les Cas de Hantise. Si vous avez conclu une affaire d’une manière qui ne satisfait pas un autre esprit, il y a de fortes chances qu’il revienne en colère. C’est cette cohérence-là que je salue bien bas sur le titre.

Réalisé avec l’Unreal Engine 5, et bien que je sois pas émerveillé par le côté artistique lui-même plutôt convenu – réussi, mais convenu – je dois bien admettre que le jeu est beau sur console. Il est vrai qu’il n’y a pas de cycle dynamique de jour et de nuit, mais les ambiances sont réussies, tout comme les différents « biomes » et il n’y a pas de quoi se plaindre. Plus important encore, les performances sont excellentes et le jeu est techniquement maîtrisé sur console.

Banishers Ghosts of New Eden

Titiks

L’avis de Titiks sur PS5

En bref

Au final, j’ai été agréablement surpris par le voyage d’Antéa et de Red. C’est une belle histoire qui se raconte, avec un univers original et des choix vraiment difficiles. Hormis quelques points moins réussis, Banishers Ghosts of New Eden est une sortie majeure de ce mois de février, n’hésitez pas à partir à l’aventure !

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Titiks

Quadra assumé, daron de 3 apprenties gameuses, fan de tout ce qui est capable de raconter une bonne histoire. Touche-à-tout, mais surtout de bonnes aventures qui savent surprendre, et dévoué à l'univers console depuis que Sega était plus fort que tout, vous me verrez bien plus souvent connecté à la nuit tombée #2AMFather.

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