Avant-dernier épisode pour la série Lovecraft Country, et donc, il est temps de rassembler les troupes et de conclure quelques mini-arcs scénaristiques. C’est ce que réussit très partiellement l’épisode de la semaine, “Back in 1921”, tout en nous mettant une nouvelle claque en termes d’émotion.

Attention, cette critique va forcément révéler des moments de l’intrigue globale de Lovecraft Country épisode 9 « Back in 1921 »

24 hours from Tusla

J’ai réussi à placer du Gene Pitney dans un article, respect à moi-même.

J’avais tort la semaine dernière en avançant que Dee était la seule épargnée depuis le début de la série. Il y a un autre personnage qui n’a pas encore eu droit à un traitement complet, malgré sa présence depuis le tout début : Montrose. Alors bien entendu, nous avons eu droit aux révélations sur son orientation sexuelle et le gros doute qui subsiste sur sa paternité avec Atticus et aux conflits répétés entre les deux hommes (ce qui a poussé Tic à fuir faire la guerre en Corée tout de même). Mais cette fois, il va s’agir d’évoquer un véritable trauma pour l’homme : les émeutes de Tulsa en 1921. Souvent évoquées depuis le début de la série, cette partie de l’histoire des Etats-Unis nous est contée crûment et de l’intérieur par le biais d’un voyage dans le temps.

Cette fois, c’est au tour de Montrose.

Mais avant de parler de cela, revenons un moment sur les conséquences de l’épisode de la semaine dernière : Leti est maintenant invulnérable grâce au sort jeté par Christina en échange des Pages du Livre de Noms ; Atticus bénéficie maintenant de la protection d’un Shoggoth, qui a mis en pièce Lancaster et ses sbires devant la maison de Leti. Ruby vit une relation étrange avec Christina/William en secret, Hyppolita est devenue un être cosmique suite au passage à travers les portails de la machine d’Hiram et n’est toujours pas revenue, et Dee est mourante suite à sa défaite face au sortilège de Lancaster.

Quand on est à court d’option…

On sait enfin ce qu’il en est du MacGuffin, la pierre étrange que Ruby avait cachée dans le bureau du chef de la police. Il s’agit d’une rune destinée à perturber la régénération de Lancaster, celui-ci pouvant être soigné à l’aide de “pièces de rechange” récupérées sur des corps humains. William assistant alors, un sourire aux lèvres, à la fin de Lancaster dont les plaies se réouvrent sans cesse (pour rappel, un Shoggoth lui est passé dessus), on peut dire qu’on en a terminé avec la Loge de Chicago.

J’ai fais la même tête, j’avoue.

Seul souci : Lancaster mort, il n’est pas en mesure de lever le sort qui tue Dee à petit feu. Montrose, Tic, Leti et Ruby cherchent alors un moyen de convaincre Christina de les aider. N’ayant plus les pages comme monnaie d’échange, c’est Ruby qui révélera au groupe sa liaison avec William/Christina et assure qu’elle apportera son aide… ce qu’elle fera, mais pas gratuitement. En échange, elle désire qu’Atticus revienne de son plein gré à Ardham à l’équinoxe d’automne afin de parfaire la cérémonie visant à la rendre immortelle. Ce qui le tuera, conformément à la vision de Ji-Ah.

Christina ne fait rien gratuitement

Atticus accepte et Christina inverse la malédiction : celle-ci n’est pas levée, mais ils ont gagné du temps, Atticus apprenant alors les gros doutes de Montrose quant à sa paternité. C’est cet élément qui sera au cœur de cet épisode, puisque enfant, Atticus souhaitait secrètement que Georges soit son père, plus gentil et plus doux que son frère. Mais Atticus ayant enduré les maltraitances de Montrose, et ayant même affronté les horreurs d’Ardham pour lui, il a du mal à encaisser la révélation venant d’un homme qui n’est au final sans doute pas son père. Comment peut-il alors pardonner ?

C’est le moment qu’Hyppolita choisit pour revenir, inquiète pour sa fille et décidant de prendre les choses en main : après avoir vécu sur “la Terre 504 à être qui elle voulait pendant l’équivalent de 200 ans”, elle a accumulé une tonne de savoirs qu’elle compte bien mettre à profit pour sauver Dee.

Le genre de regard qui t’annonce que tu vas t’en prendre plein la poire.

Si le Livre des Noms a été brûlé lors des émeutes sanglantes de Tulsa, comme toute la famille d’Atticus, Hyppolita compte bien réparer la machine d’Hiram pour renvoyer Tic, Leti et Montrose pendant la nuit du massacre afin qu’ils mettent la main dessus.

Et  c’est un véritable traumatisme que doit revivre Montrose, honnis par son propre fils. Ce dernier qui assiste pour une fois aux violences dont Montrose était victime de la part de son propre père parce qu’il était “trop doux et efféminé”. C’est aussi le jour où Montrose a définitivement – ou presque – enterré ses pulsions en rejetant son petit ami de manière violente, juste avant que celui-ci ne se prenne une balle en pleine tête par un groupe de jeunes racistes.

Les violences qu’a subies Montrose enfant sont pénibles à voir.

Un acte qui hantera pour toujours l’homme, et qui voit ici l’opportunité de revenir en arrière pour le sauver. Mais les ordres d’Hyppolita sont clairs : il ne faut rien changer dans le passé sous peine de modifier de manière imprévisible le futur ; seul le Livre des Noms indispensable pour sauver Dee doit être leur préoccupation. 

Cette scène est d’ailleurs importante à plus d’un titre puisque c’est ce jour-là que Montrose a renié ce qu’il était pour “être un homme et avoir un fils”, un désir si puissant qu’il a fermé les yeux sur l’infidélité de sa femme pour “devenir père” au prix de sa propre identité.

Atticus qui prend enfin conscience de l’amour de son père…

Vous vous souvenez des “moments de flottement” incroyables dont la série nous régale depuis le début ? Ce passage en est un également, celui où Atticus prend conscience de la douleur de celui qui l’a élevé envers et contre tout et qui lui prouve par la même occasion l’amour incommensurable qu’il lui porte. On se souvient qu’il ne cherche depuis le début qu’à protéger Atticus, le réprimandant même d’être venu le sauver à Ardham. Les violences sont les seuls comportements que Montrose connaît de l’éducation, une violence dans son esprit légitimée par le désir de “rendre son fils meilleur”, une conception totalement absurde mais qui constitue la seule réalité d’un homme perdu.

… qui sacrifie ce qu’il est pour conserver son fils

Cet épisode est fort, et je vous avoue que le jeu des deux hommes est parvenu à m’arracher des larmes durant cette scène – qui se permet de jouer en plus avec les paradoxes temporels puisqu’Atticus sera finalement “la mystérieuse personne” ayant sauvé Georges, Dora et Montrose ce soir-là.

Ce qui nous mène à Leti, partie tenter de récupérer le Livre des Noms chez la grand-mère d’Atticus en se faisant passer pour une victime. Il s’agit aussi d’un passage éprouvant, puisque nous savons à l’avance que toute la famille périt brûlée vive dans la maison, incendiée lors des émeutes. Et il incombe à Leti de ne pas modifier le passé en rassurant les membres de la famille quant à l’issue de la soirée : oui, tout se passera bien, à n’en pas douter. On sent véritablement le déchirement de Leti, ayant connaissance de leur mort abominable, et l’importance de sa mission.

« Tout ira bien »… ou quand mentir laisse un goût abject en bouche

Elle se mettra à fouiller la maison pendant que le grand-père maternel d’Atticus défend sa famille, et se fera prendre par l’arrière grand-mère, celle qui s’était échappée du Manoir Braithwhite avec le Livre. Se sentant obligée de tout lui révéler afin qu’elle le lui remette, elle restera jusqu’au bout dans les flammes tandis qu’elles consumeront la famille entière vivante, promettant que son enfant à naître portera “leur volonté faite chair”. Insensible au feu, Leti serrera de toutes ses forces la main de l’arrière grand-mère, résignée à périr et à laisser mourir les siens pour que l’avenir subsiste dans une scène atrocement longue où elle prend feu lentement avant de s’effondrer.

La mission est réussie pour la petite équipe, qui repart vers la faille qu’Hyppolita a bien du mal à maintenir ouverte, payant de sa personne. Parée du Livre, Leti revient en traversant les bombes et les explosions, invulnérable tant physiquement que mentalement à présent, déterminée à ce que ces morts atroces servent à quelque chose, tandis que Montrose rend un dernier hommage à tous les morts (réels) de cette nuit d’émeute et de violence, effondré de devoir revivre ces horreurs.

Le tout sur le fond de « Catch the Fire » de Sonia Sanchez, une poétesse, activiste et éducatrice primée. Au cours des années 1960, elle était considérée comme l’une des principales voix des mouvements des droits civiques, de la libération des femmes. Elle était membre du Congrès de l’égalité raciale, a rencontré Malcolm X à plusieurs reprises avant son assassinat en 1965 et sert encore aujourd’hui de modèle aux jeunes militants. Lors du meurtre de Georges Floyd, elle a été une inspiration pour le mouvement « Black Lives Matter« . « Catch the Fire » est ici un discours presque méta qui allie rage et espoir et appelle à ce que l’on peut changer, tandis que les héros ici sont obligés de laisser les massacres se perpétrer sans pouvoir sauver personne. De la même manière, les spectateurs sont invités à réfléchir sur ce massacre (longtemps éludé de l’histoire des Etats-Unis) et à le mettre en parallèle avec la situation actuelle.

Et dire qu’elle a du mal à garder le portail ouvert est un euphémisme

Un épisode extrêmement fort en émotion, qui monte graduellement en violence. Il montre comment une journée anodine et ensoleillée se transforme en cauchemar abominable. On pourrait éventuellement reprocher que des choses soient laissées en suspens, comme ce qu’il s’est passé avec le Shoggoth (où est-il passé ?), où même ce qu’il est advenu du Kumiho depuis le dernier épisode. Tout ceci est occulté, et j’espère que ce sera traité dans le dernier épisode qui promet d’être épique.

Rendez-vous à Ardham.

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Titiks

Quadra assumé, daron de 3 apprenties gameuses, fan de tout ce qui est capable de raconter une bonne histoire. Touche-à-tout, mais surtout de bonnes aventures qui savent surprendre, et dévoué à l'univers console depuis que Sega était plus fort que tout, vous me verrez bien plus souvent connecté à la nuit tombée #2AMFather.

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3 thoughts on “Critique : Lovecraft Country épisode 9 « Back in 1921 »

  1. Critiquer toute la saison sauf le final j’ai du mal à comprendre. Dommage vous étiez le seul du net à le faire et j’aimais bien vous lire après chaque épisode.

  2. Hello, en effet, le temps m’a rattrapé et j’ai eu beaucoup d’autres articles à écrire cette semaine. Mais il y a une autre raison : je ne sais pas si tu as vu l’épisode mais il est étrangement… décevant en regard des autres épisodes ? Tout y est tellement littéral et attendu.
    J’ai prévu de faire le dernier de toute manière, il faut juste que je prenne le temps de mettre ça à plat ^^
    Merci de ta remarque en tout cas.

  3. Oui je l’ai vu. J’ai été également très déçue. D’abord par le sort réservé aux personnages que j’appréciais le plus (Atticus n’en fait pas partie) et qui méritaient une bien meilleure sortie mais surtout parce qu’il est bien en dessous des standards de qualité auxquels la série nous avait habitués. Je m’attendais a tellement mieux pour le final. J’attends donc avec impatience ta critique pour avoir un autre regard que le mien !

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