Si il y en avait un à la rédac’ qui n’attendait pas spécialement cet Arkham Knight, c’est bien moi. Qu’on se comprenne bien : Asylum était une lettre d’amour de Rocksteady à Bob Kane, confrontant le Chevalier Noir à ses pires ennemis au sein d’un asile glauque et labyrinthique. Arkham City ouvrait les portes d’une cité pénitentiaire hors de contrôle et mettait un point final à l’affrontement entre le Batman et le Joker de façon magistrale. Alors pourquoi ne me faisait-il pas envie ? Sans doute le matraquage publicitaire constant depuis quelques mois, sa politique douteuse de DLC ou le tournant un peu “too much” que semblait prendre la licence. Toujours plus fort, toujours plus haut. Batman n’était plus à mes yeux une oeuvre vidéoludique offrant enfin ce à quoi la  licence de DC avait droit, mais un gros produit commercial. Bref, c’était pas gagné.

Avertissement : je vais certainement parler ci-dessous d’éléments scénaristiques provenant des deux premiers volets, et sans doute que quelques éléments des toutes premières heures de jeu d’Arkham Knight. Le reste est garanti sans spoiler !

Une pleine lune, de la pluie, des éclairs et des maniaques dans les rues. Bienvenue à Gotham
Une pleine lune, de la pluie, des éclairs et des maniaques dans les rues. Bienvenue à Gotham

La fin.

Le Joker est mort, le jeu s’amorçant sur la crémation de celui-ci. A priori, la plus grande menace de Gotham a disparu. Après plusieurs mois de tranquillité, l’Epouvantail déclenche la panique en ville et face à la menace, la police décide d’évacuer la ville. Pour mettre un terme aux exactions de l’Epouvantail, Bruce Wayne endosse une nouvelle fois son costume et part en croisade contre le crime. Les événements vont vite prendre des proportions gigantesques quand il s’avère que le maître des Toxines s’est associé au mystérieux Chevalier d’Arkham et son armée pour mener à bien son plan de conquête.

LE CHARISME
LE CHARISME

Et celui-ci semble non seulement avoir une dent contre le Chevalier Noir, mais également en savoir beaucoup trop sur lui… s’engage alors une véritable guerre contre les différents gangs de la ville mais aussi contre les redoutables drônes du Chevalier d’Arkham pour la prise de Gotham… et la mort de Batman.

Après quelques déboires pour télécharger la version numérique du jeu (le Playstation Network ayant visiblement eu envie de limiter le débit de toute le monde), je me suis lancé dans l’aventure. La séquence d’introduction avait déjà été révélée, donc avait perdu un peu de son éclat. Mais très vite, on se retrouve dans l’une des trois îles de Gotham, se balançant entre les toits et affrontant les hordes d’ennemis habituels à coup de contres et de Finish Moves au ralenti. C’est d’ailleurs un effet que RockSteady semble apprécier tellement il se trouve présent à chaque occasion. Une fois pour marquer l’action, c’est joli. A chaque coup, ça devient ridicule…

Mais ça en jette sévèrement... et fluide avec ça
Mais ça en jette sévèrement… et fluide avec ça

Ça a quatre roue et un canon

Bientôt, la première grosse innovation apparaît : il est possible d’appeler la Batmobile à n’importe quel moment et de grimper dedans avant de foncer à toute allure dans les rues de la ville. Gotham oblige, il fait nuit et une pluie fine tombe inlassablement sur les toits et la route, ce doit être ce qui donne à la voiture emblématique une adhérence de savonnette. Car soyons honnête : Si Batman est le défenseur de Gotham, il n’aura jamais autant flingué sa propre ville qu’au volant de la Batmobile ! Si ça a le mérite de nous faire apprécier la destruction des décors, on ne compte plus les murs, colonnes, barrières ou lampes détruites à chaque fois qu’on se met au volant !

(Admirez les particules !) On bouffe de la Batmobile un peu trop souvent.
(Admirez les particules !) On bouffe de la Batmobile un peu trop souvent.

Et cela n’est rien en comparaison de la seconde forme de la voiture, qui se transforme en Tank à l’aide d’une simple touche. Bien plus lent, mais aussi beaucoup plus maniable, il est armé d’une mitrailleuse (inutilisable contre les humains, Batman ne tue personne) et d’un canon fort utile contre les nombreux chars/drônes déployés par le Chevalier d’Arkham pour vous mettre des bâtons dans les roues… littéralement.

Les phases de gameplay liées à la voitures sont de loin les moins réussies du jeu. Tout juste apprécie-t-on la possibilité de s’éjecter de la Batmobile pour être propulsé très haut dans le ciel, voler de toits en toits grâce à l’inestimable grappin avant de retomber avec une classe folle dans la voiture pour affronter d’autres tanks. Tout cela a de la gueule, mais un intérêt ludique très limité, d’autant que le jeu vous met face – au bout de quelques heures – à des chars ennemis très puissants et dotés d’un unique point faible dans le dos, forçant un très long jeu du chat et de la souris dans les rues de la ville… Bref. La Batmobile n’était peut-être pas une Bat-idée à retenir telle quelle.

Voir Gotham…

DES TANKS ! DES TANKS PARTOUT !! RAAAAAH !!!
DES TANKS ! DES TANKS PARTOUT !! RAAAAAH !!!

Si l’on retire ces phases de shoot rébarbatives, on peut alors explorer la ville au fil des découvertes et des quartiers libérés, découvrant ici un cadavre à analyser, là un convoi à arrêter, des défis en réalité virtuelle, encore un civil à sauver ou un incendie suspect… et au détour d’un toit, on tombe sur un ManBat qu’il faudra traquer dans les airs à de nombreuses reprises, ou sur une hallucination de Bruce qui nous prend par surprise. Car là est tout le génie du jeu : son écriture. Si l’enrobage de ce troisième épisode transpire les idées du service Marketing de l’éditeur, RockSteady a conservé la force de ses adaptations du Chevalier Noir : une histoire passionnante.

Les différentes missions annexes sont nombreuses et bien variées
Les différentes missions annexes sont nombreuses et bien variées

Si le point de départ est à mon sens un peu bancal (vous allez affronter l’Epouvantail, maître des toxines, dans son antre bourré à craquer de produits chimiques, quelle est la première chose que vous emportez ? Et bien, Batman non.), il permet au jeu de développer son histoire de façon magistrale, sans aucun temps mort et à l’aide d’une mise en scène incroyable. Chaque petit moment plus calme est utilisé de façon ingénieuse pour masquer les temps de chargement et entretenir les symptômes de Bruce.

Harley Quinn est de retour ici et bien décidée à venger son Monsieur J
Harley Quinn est de retour ici et bien décidée à venger son Monsieur J

Autre bémol en plus de la Batmobile, l’identité du Chevalier d’Arkham sera grillée pour les fans dès les deux premières heures de jeu, car le peu d’informations données seront suffisantes pour établir son identité, qui ne sera confirmée que dans la toute dernière ligne droite du jeu. Les développeurs ayant annoncé un ennemi inédit pour ce dernier épisode, on s’est donc assez vite détaché de son mystère pour se concentrer sur Wayne et ses hallucinations, faute d’un Épouvantail finalement très en retrait.

Le jeu fourni à Batman tout son équipement, mais on peut en trouver aussi dans certains endroits....
Le jeu fournit à Batman tout son équipement, mais on peut en trouver aussi dans certains endroits….

Outre les nombreux combats de tanks, le jeu n’échappe pas trop au syndrome “arène” affichant un Batman suréquipé face à des sbires divers venus des différents gangs, mais toujours calqués sur les mêmes archétypes. Cela va des ennemis de base, pouvant nous foncer dessus pour nous renverser, aux brutes bien plus solides et bien armées en passant par les soigneurs aptes à remettre les ennemis vaincus sur pieds, ou aux éternels gars protégés par des boucliers. Quelques-uns arborent armes et gadgets les rendant intouchables sans les désactiver au préalables, mais je ne pouvais pas m’empêcher de lâcher un soupir d’agacement à chaque fois que j’arrivais dans une salle bourrée de sbires, m’attendant toujours à un combat sans passion, presque un balai chorégraphié mais pas toujours aussi maniable qu’il aurait du être, à enchaîner coups et contres jusqu’à la lie. Chouette innovation cependant avec les ennemis indétectables aux scanners de Batman, nous forçant à ouvrir grand les yeux pour ne pas se faire piéger.

Arkham Knight faisant de plus l’impasse sur les combats de boss (à quelques exceptions près, la majorité étant à voir du côté des quêtes annexes – fournies et intéressantes), j’ai trouvé mon intérêt ailleurs. L’exploration des lieux est aussi réduite, les bâtiments n’étant jamais bien grands, à quelques exceptions près (comme le dirigeable de Stagg), on se concentre bien vite sur les combats – heureusement stratégiques quand on a le temps d’observer les ennemis.

La Cité de la Peur

La continuité et la cohérence des événements depuis le tout premier épisode force l’admiration et – malgré mes très revêches réticences initiales – il m’a souvent été difficile de sortir du jeu pour conserver un esprit critique. On se retrouve pris dans un tourbillon d’évènements quasi apocalyptiques, fonçant à travers la ville ou sur les toits pour admirer la vue, les nombreuses particules, les jeux de lumière en se balançant de toits en toits. Car il faudra un peu de volonté pour faire une pause dans l’action et se tourner vers les quêtes annexes, qui vous confronteront à quelques enquêtes mystérieuses sur des meurtres, aux fameux trophées d’Edouard Nigma (une fois de plus… pas la meilleure partie du jeu), au démantèlement de trafic du Pingouin et d’Harvey Dent, des incendies ou des manipulations génétiques dramatiques… Certaines affaires annexes font même échos à celles d’Arkham City, rendant le tout très cohérent. D’ailleurs, pour voir la véritable fin du jeu, vous devrez impérativement sécuriser la ville en mettant sous les verrous les plus dangereux maniaques de Gotham. Et au vu de la qualité de cette fin – parfaite – je vous conseille vivement de vous lancer dans ces quêtes.

Certains costumes de Batman sont... originaux ?
Certains costumes de Batman sont… originaux ?

D’autant que de nombreuses compétences et améliorations sont à débloquer grâce aux points d’expérience reçus, rendant votre matériel et vos aptitudes de plus en plus performants et utiles face à la racaille de Gotham. Piratage de matériel, de scanners vocaux, amélioration d’armure, de gadgets électriques voire de la Batmobile (améliorez l’éjection !!), vous n’aurez jamais trop de points pour rendre votre Chevalier Noir surpuissant – bien qu’il le soit déjà.

L'encyclopédie du jeu est complète et renseigne quand il le faut sur les différents protagonistes
L’encyclopédie du jeu est complète et renseigne quand il le faut sur les différents protagonistes

J’ai lu au lancement que la version PC souffrait de maux des plus désagréables et de bugs en tout genre, ce n’est heureusement pas le cas avec cette version PS4, extrêmement fluide en toute occasion (Vous penserez à ça lors de l’intervention de Poison Ivy à Gotham). Le doublage est de très bonne qualité, même en français, tout comme l’ambiance sonore, tantôt discrète tantôt épique.

La Playstation 4 se voit dotée de missions exclusives mélangeant les phases d’hallucinations comme on pouvait en trouver dans Arkham Asylum et courses en Batmobile dans un Gotham cauchemardesque bien rendu, à condition d’aimer ce type de courses.

Paré pour des courses cauchemardesques sur PS4 ?
Paré pour des courses cauchemardesques sur PS4 ?

Le DLC d’Harley Queen, si il nous fait incarner la magnifiquement bargeot copine du Joker dans des événements précédant l’histoire d’Arkham Knight, tandis qu’elle tente de délivrer Poison Ivy de sa prison, vous tiendra occupé une bonne demi-heure avant d’en voir le bout.

Coooonclusion. Je dis non! Mais un Avis, je dis OUI!

Je ne sais pas trop quoi vous dire de plus sans risquer de gâcher le plaisir de la découverte. L’aventure est longue, parfois un peu trop (le syndrome “Your Princess is in another Castle”), mais comme ces moments sont propices à de nombreux dialogues très hauts en couleur et à une petite mise en scène cocasse, on finit par en redemander. La Batmobile figure clairement dans les points faibles de ce titre, obligeant souvent le joueur à l’utiliser quand il voudrait s’en passer, et proposant de nombreuses phases de cache-cache peu intéressantes contre des Tanks.

Petite déception au niveau du Chevalier d’Arkham, qu’on grille dès les premières heures, mais au final, il reste une aventure graphiquement magnifique, proposant des moments épiques par douzaines, des dialogues très bien écris, des quêtes annexes variées, une ville énorme et destructible (retenez-vous, vous êtes un héros !) et une conclusion qu’il est impossible de trouver décevante, surtout une fois la vraie fin débloquée. Marketée comme un pur produit commercial, tête d’affiche des adaptations de super héros en jeu vidéo, Batman Arkham Knight avait tout pour se planter – à commencer par la politique de son éditeur quant à la version PC, aux prix de ses éditions proposant toutes des contenus différents, mais aucune complète, et au prix assez exorbitant de son Season Pass… mais non, RockSteady aime le Chevalier Noir et ne pouvait lui offrir meilleur conclusion – à quelques détails près. Reste maintenant à savoir vers quelle licence DC Rocksteady compte s’attaquer, de nombreux clins d’oeil aux autres héros de la JLA étant visibles dans le jeu.

Batman Arkham Knight

  • Développeurs Rocksteady
  • Type Action/Aventure
  • Support PC, PS4, XBox One
  • Sortie 23 juin 2015

Y’a bon!

  • Une réalisation de haute volée !
  • Un scénario passionnant
  • … dans la parfaite continuité d’Arkham Asylum et Arkham City
  • Du contenu annexe aussi fourni qu’intéressant
  • Être dans la tête de Bruce Wayne
  • Une conclusion, une vraie

Beuargh!

  • Une Batmobile exploitée à outrance
  • Le système de combat efficace mais un peu lassant à la longue
  • Un Season Pass à 40€
  • Trop de ralenti tue le ralenti
  • Un désastre sur PC (un comble !)
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Titiks

Quadra assumé, daron de 3 apprenties gameuses, fan de tout ce qui est capable de raconter une bonne histoire. Touche-à-tout, mais surtout de bonnes aventures qui savent surprendre, et dévoué à l'univers console depuis que Sega était plus fort que tout, vous me verrez bien plus souvent connecté à la nuit tombée #2AMFather.

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