Qu’il en a fallu de l’attente et de la patience pour pouvoir rejouer au monde imaginaire de Monster World sans lancer un émulateur ou sa vieille Master System poussiéreuse avec son horrible croix directionnelle. Wonder Boy : The Dragon’s Trap déboule sur PC et consoles de salons actuelles. À l’heure où toute la presse ne parle que de The Legend of Zelda : Breath of the Wild, voici un gameplay de 1989 qui n’a pas pris une ride et où jeu vidéo rime avec les nouveautés de papa Zelda : monde ouvert Action-RPG, jeu non-directionnel, beauté du trait et musiques hypnotisantes. Bienvenue dans le piège du Dragon.
L’histoire de Dragon’s Trap est très courte et simple : vous êtes un preux chevalier (ou une gente dame armée blindée au choix, et c’est nouveau) partant affronter un dragon robotique dans les caves du château voisin. Une fois l’argoulet occis, le feu follet de ce dernier vous poursuit jusqu’à vous toucher dans le seul but de vous maléficier. Diantre ! Preux chevalier n’est plus, et vous voilà avec une dorsale, une énorme queue verte, des dents acérées et une langue en fourche. Mon dieu, vous voilà transformé en dragon. Perdant par la même occasion votre stuff de guerrier légendaire, toute votre jauge de cœurs, et autres compétences. La route sera longue et difficile pour tenter de retrouver votre apparence mais vous pourrez compter sur votre ténacité pour terminer l’aventure!
Ce qui frappe immédiatement dans ce remake, ce sont les graphismes. Les auteurs de ce nouvel opus ont pris le parti déjanté de tout redessiner à la main. C’est Ben Fiquet qui a été choisi pour ce travail titanesque en quasi deux années de développement. Le résultat est tout simplement exceptionnel. Non seulement cela donne une touche très dessin animé vivant des années 90 au tout mais, en plus, si comme moi vous connaissiez le jeu à sa sortie (#jesuisunvieux), le plaisir de redécouvrir l’univers avec un trait si généreux et chaleureux ne peut que vous donner une sacrée dose de frissons.
En bonus voici notre vidéo qui vous expliquera comment bien commencer: avoir des sous, des cœurs, du bon stuff et où aller ?
Les animations sont très belles et fluides, on se croirait dans du Disney. On vous invite d’ailleurs à vous rendre dans la galerie du jeu que vous débloquerez au fur et à mesure de votre progression pour y contempler les artworks des personnages, des lieux et même des vidéos making of sur la conception des musiques par Michael Geyre. Les musiques étaient tout comme les graphismes remastérisés HD du jeu, un virage très attendu par les fans des premières heures. Le compositeur de l’époque était Shinichi Sakamoto, il avait littéralement bercé l’enfance de ma génération, gravant à jamais dans nos tête la musique du village (le hub du jeu). 28 ans plus tard, le charme opère toujours, là encore, avec le pari fou et artisanal d’avoir choisi la voie de l’homme et non des synthétiseurs. Toute la bande son a été réorchestrée par de vrais musiciens, donnant là encore un charme et une plus-value inconsidérable par rapport aux bandes sons électroniques.
Le crayon à papier de Ben Fiquet et la baguette de Michael Geyre se combinent parfaitement ensemble pour donner un rendu très artisanal (au bon sens du terme), très manuel, passionné. On sent que ces deux orfèvres ont clairement de la bouteille dans leurs domaines respectifs, nous offrant le tableau parfait pour notre madeleine de Proust.
Le jeu est, quant à lui, strictement fidèle à l’original. C’est une copie carbone, ou presque. Les fans reconnaîtront des petits changements, comme par exemple, dans l’apparition des ennemis (satanés grenouilles !) ou encore dans les hitboxes de certains ennemis ou bosses ayant indéniablement changé par la refonte des skins. Mais là je parle de minuscules détails que seuls les passionnés verront.
Les nouveautés les plus probantes sont des stages « inconnus » parsemés dans le jeu (j’en ai découvert 3, je ne sais pas s’il y en plus ?), 3 modes de difficulté, une galerie, la possibilité de choisir une fille à la place du poussiéreux héros mais aussi et surtout la refonte des menus et des raccourcis pour les objets. Omar Cornut, le concepteur et DA de l’ensemble du titre, a pris position sur le menu laborieux de l’époque pour ajouter des touches de raccourcis beaucoup plus actuelles et simples à utiliser. Le changement de stuff, la sélection et l’utilisation des objets sont désormais simplifiés, et bien plus efficaces.
Conclusion
Wonder Boy : The Dragon’s Trap n’a pas pris une ride. Les changements de formes du héros, les PNJ peu nombreux mais attachants, le level design absolument parfait et la difficulté progressive ne sont que des atouts qui font de ce nouveau Wonder Boy un très grand titre du jeu vidéo. Pour moi, il est tout simplement dans mon top 5 des meilleurs jeux de tous les temps. Lizardcube offre aux premiers joueurs un remake fait avec amour, et permet aux plus jeunes de découvrir un très grand jeu vidéo. Les autres studios de remake n’ont qu’à bien se tenir ! L’exemple du maître Omar Cornut sera dur à suivre.
Wonder Boy : The Dragon’s Trap
- Développeur Lizardcube
- Type Action RPG
- Support PS4, PC, Xbox One et Switch
- Sortie 18 avril 2017