Plusieurs mois se sont écoulés depuis la sortie de Pillar’s of Eternity, un jeu qui avait fait parlé de lui pour son hommage appuyé à des jeux comme Baldur’s Gate. Aujourd’hui, on retrouve les membres de Obsidian à l’œuvre dans un nouveau jeu, qui certes conserve ce système de pause active, mais qui va beaucoup plus loin en terme de narration.
Dans les RPG occidentaux, on commence souvent par choisir et personnaliser son personnage. Tyranny, ne fait donc pas exception à la règle. Si l’on a droit aux classiques choix de sexe, classe, physique et autre points à répartir dans les catégories d’attributs, le jeu nous propose d’aller un peu plus loin en forgeant notre propre passé. Dans Tyranny on incarne en effet un personnage du côté des « méchants », nous somme un scelleur du destin (comme on vous nommera parfois) au service du grand conquérant Kyros, une sorte de Sauron si vous voulez, mais sans histoire d’anneaux et qui en quelques années à envahit tout un continent ou presque car il ne reste plus qu’une infime partie de monde libre. Là où d’habitude on jouerait le messie qui se soulèverait contre l’envahisseur parce qu’il est l’élu et qu’en lui réside un immense pouvoir, ici au contraire nous incarnons le pion du grand conquérant Kyros dont les méthodes sont plus qu’expéditives. A son service, deux armées, les Disgraciés et le Chœur écarlate. Bien que servant le même maître, ces deux armées sont rivales et ont une façon de faire les choses différente. Les disgraciés sont une véritable armée hiérarchisée et seront pour la doctrine de ne laisser aucun survivant ni prisonnier sur le champs de bataille. Quant au Chœur, il rassemble qui veut bien venir dans ses rangs dans lesquels la loi du plus fort est de rigueur, il sera plus enclin à prendre les survivants en esclavages ou en tant que soldats dans ses rangs. Chacune des armées cherche donc à s’attribuer les mérites de la conquête en faisant valoir sa doctrine et stratégie. En tant que médiateur vous serez amenés à rencontrer les généraux du Chœur et des Disgraciés et se sera à vous de choisir qui a tort ou raison. Et comme nous vous le disions un peu plus haut, cela commence dès la création de votre personnage. Vous pourrez si vous le désirez façonner l’histoire et le monde dans lequel vous allez évoluer en « écrivant » les 4 années de la conquête. Ainsi à la manière d’un livre dont vous êtes le héros on vous demandera de choisir vers quelle ville vous souhaitez vous diriger, et comment vous allez la conquérir : en corrompant des notables, en envahissant de force, en défiant un monarque en duel singulier, en faisant le siège d’une cité et laissant ses habitant mourir de faim, la diversité ne manquera pas. Et chaque choix pèsera vraiment dans votre partie car à chaque fois, vous prendrez plus ou moins partie pour une armée ou pour une autre. Ainsi en plus d’être appelé scelleur du destin, vous découvrirez d’autres joyeux surnoms en fonction des décisions que vous avez prises durant la conquête.
Le jeu possède donc une véritable rejouabilité non seulement pour cette conquête qui façonne votre point de départ, mais chaque décision que vous prendrez aura un véritable impact. Vous pourrez décider de la vie ou de la mort de nombre de vos rencontres, de doubler l’un des deux généraux voire les deux pour vous attribuer le mérite d’une conquête et par la même occasion les foudres des joyeux généraux du Chœur et des Disgraciés. Pour chaque personnage ou faction vous avez dans un menu un système de réputation et vous pourrez voir d’un coup d’œil qui a de la sympathie pour vous ou qui vous craint. Ne vous y trompez pas, vous jouez du côté des méchants, vous n’aurez jamais vraiment de bon choix face à vous, car la tendresse et épargner ses ennemis sont des choix possibles, mais ils auront des conséquences également sur la suite de l’aventure. Ce qui nous amène donc au second gros point fort du titre, son écriture. Car oui, c’est le genre de jeu dans lequel il vaut mieux ne pas être allergique à la lecture. Vous aurez beaucoup de textes à lire. Mais l’exercice est plaisant et on entre facilement dans l’histoire qui au demeurant est assez simple : un grand méchant omnipotent conquiert un continent entier, une petite région est l’ultime rempart de liberté. Sauf qu’encore une fois, on est du côté des méchants. Et en tant que Scelleur du destin, c’est à vous qu’incombe de rendre les décrets de Kyros officiels. C’est-à-dire que pour motiver ses troupe, notre grand tyran use de la manière forte et de magie : « si la ville n’est pas prise d’ici 8 jours, toute la zone sera détruite » et cela inclut ses hommes ainsi que vous-même. Autant dire qu’apporter ce genre de nouvelles ne rend pas très populaire. Mais c’est le genre de choses sur lequel vous pourrez jouer durant les dialogues et les nombreuses décisions à prendre.
Pour ce qui est de la jouabilité, on guidera donc notre petite troupe du bout de la souris. Comme vous l’aurez compris on parlera beaucoup à des pnj, mais il faudra également combattre. Dans la tradition d’un Baldur’s Gate, dès qu’un ennemi vous attaque son icône passe au rouge. Il est alors fortement recommandé de mettre le jeu en pause pour définir les actions de chacun de vos personnages. Exemple : Sorcier attaque le péon A avec boule de feu, Soldat attaque corps à corps sur péon B etc… Là où ça pêche un peu, c’est que la lisibilité de vos décision n’est pas optimale. S’il est possible de définir plusieurs actions par personnages pendant la pause (soigne A, attaque B, renforce Z etc…) on n’a aucune indication visuelle de la séquence que l’on a effectué et l’on n’est pas sur du coup que l’on est fait la manipulation comme il faut. Ce qui fait que parfois on a lancé que la première action et que du coup notre personnage reste les bras ballants après l’avoir effectuée. Ce manque de lisibilité des combats les rends particulièrement laborieux quand vous affronterez plusieurs ennemis en même temps, surtout si ceux-ci sont très puissants et exigent une excellente stratégie de groupe. Pour ceux qui n’aurait pas envie de se prendre la tête et profiter de l’histoire, on vous recommandera de commencer le jeu à sa difficulté minimale.
Pour le reste, l’interface est plutôt claire pour ce qui est de l’inventaire et autres objets. On voit rapidement si une arme ramassée nous sera bénéfique ou pas. Enfin, la création de sort est très facile et permet de voir toutes les possibilités de création avant de le créer définitivement et de l’attribuer à l’un de nos personnages. On choisis d’abord un élément, une rune qui nous donnera un type de sort : éclair de glace ou pic de glace de glace, chacun ayant naturellement sa zone d’effet et une distance maximale parmi d’autres caractéristiques. Celles-ci pourront d’ailleurs être améliorées vía d’autres runes. On attribue les pouvoirs de manière très facile aux différents personnages et on passe facilement de l’un à l’autre pour intervertir les objets de l’inventaire. Enfin, la direction artistique du jeu est tout à fait réussie : l’univers sombre et peu attrayant de ces armées conquérantes est parfaitement dépeint et bien servie par une bande son au top.
Conclusion
Tyranny est une merveille d’écriture, une histoire très prenante où l’on joue les méchants et dans laquelle on prend un réel plaisir à s’investir tant toutes nos décisions ont un impact sur le monde qui nous entoure et ce, dès la création de personnage. Les phases de combats gagneraient à avoir les actions de nos personnages affichés afin de faciliter la lisibilité de l’action. Mais c’est un pêché qu’on pardonnera à un jeu rafraîchissant et comme on en voit trop peu.
Tyranny
- Développeurs Obsidian
- Type JDR Heroic Fantasy à l’ancienne
- Support PC
- Sortie 10 novembre 2016
Y’a bon!
- Jouer du côté des méchants
- Des décisions qui ont de vrais impacts
- Grosse rejouabilité
- L’ambiance générale du jeu
- La bande son au petits oignons
Beuargh!
- Les combats manquent de lisibilité