Vous n’avez peut-être jamais entendu parler de Tokyo Twilight Ghost Hunters avant de lire ces lignes ? Eh bien, sachez que c’était l’effervescence à la rédaction quand nous avons eu l’occasion de tester cet ovni mélangeant Visual Novel et tactical RPG dans un univers à la Ghost Busters. Du coup vous aurez droit aux avis de deux rédacteurs sur ce jeu, l’un sur la version PSVita et l’autre sur la version PS3.
Un Visual Novel débarque en Europe
Tokyo Twilight Ghost Hunters est un réel ovni en terme de gameplay et de scénario. Attardons-nous d’abord un peu sur son background assez atypique. En effet, le cœur du jeu est un vrai visual novel à la Japonaise. Pour ceux ne connaissant pas le genre, il nous fait généralement incarner un héros qui n’apparaîtra jamais à l’écran et devra interagir avec une myriade d’autres personnages dans des décors statiques en 2D. Ces interactions auront pour conséquence d’orienter l’histoire dans une direction plutôt qu’une autre en fonction des choix que vous ferez. Généralement, ce genre de jeu se mélange souvent avec un côté dating sims (ou jeu de drague) où vous pourrez draguer les personnages féminins (ou masculins). Tokyo Twilight Ghost Hunters se base essentiellement sur les standards de ce genre mais ajoute un système de choix très particulier que nous expliquerons un peu plus loin. Par contre, il est important de souligner que le titre offre un visual novel tout public bien qu’il soit possible de draguer d’autres personnages. Il ne dérive pas vers le dating sim érotique comme bon nombre des titres représentatifs du genre.
Ghostbusters à Shibuya
Le plus gros point fort de Tokyo Twilight Ghost Hunters est sans doute l’ambiance générale résultant de son univers, sa direction artistique et son scénario. Les auteurs ne se cachent pas de vouloir recréer un Ghost Busters à la sauce Japonaise tant les références sont flagrantes et assumées.
Pour ceux qui comprendront la référence, on a vraiment eu l’impression que le scénario se résume comme Ghost Busters se passant dans la boutique de xxxHolic, le tout écrit par un fan de vieux rock qui traîne dans les live music clubs de Shibuya.
Pour les autres à qui ça ne parlera pas, vous incarnez comme dans pas mal de titres du genre un étudiant venant d’être transféré dans une nouvelle école. Rapidement vous rencontrerez des personnages avec qui vous vous lierez d’amitié et vous verrez venir les clichés des dating sims à plusieurs kilomètres : la fille sur la défensive « tsundere », le meilleur ami mielleux, la fille nunuche et avenante, la directrice sexy, etc… Cependant, le titre change rapidement d’atmosphère lorsque vous êtes recrutés par une organisation de chasse aux fantômes après avoir dû pratiquer un exorcisme malgré vous lors de votre premier jour d’école. Le scénario va ensuite se découper en un enchaînement de 13 chapitres dans lesquels vous rencontrerez des personnages hauts en couleur (qui pourront optionnellement rejoindre votre équipe de chasseurs de fantôme) et où vous devrez à chaque fois exorciser un boss fantôme qui aura une histoire particulière à découvrir avant de le renvoyer dans l’au-delà (tiens, ça rappelle aussi Ghost Whisperer ça…).
Tout ceci est mis en scène dans de jolis décors 2D statiques modélisant le Tokyo moderne. On sera balladé dans divers endroits de Tokyo comme des bars de Shibuya, le parc Yoyogi, un studio de TV produisant des idols, etc… Les environnements seront d’ailleurs enrichis par une bande son très caractéristique. Toutes les musiques du jeu sont dans un style vieux rock garage « guitare-basse-batterie » et renforceront l’ambiance un peu underground et mystérieuse de votre activité de chasseur de fantômes.
Le seul petit bémol à ce joli background est que le scénario n’est pas très rythmé et que les histoires des personnages ne sont pas très approfondies. Les missions d’exorcisme s’enchaînent sans réels liens entre elles et on cherche avec peine un fil conducteur. L’aspect dating sims n’est pas non plus très prononcé, il n’est en effet possible de parler avec vos équipiers qu’à quelques moments pendant et après les missions principales. Les personnages vous poseront une seule question après chaque mission qui vous permettra d’augmenter votre niveau d’affinité, ce qui est assez peu.
Tu as le choix, trop de choix
Nous vous disions plus haut que Tokyo Twilight Ghost Hunters se déroule comme un visual novel classique mais innove avec un système de choix très particulier.
C’est en effet le moins qu’on puisse dire. Votre personnage pourra parfois choisir une action textuelle à effectuer, mais devra bien plus souvent réagir via l’utilisation de la roue des 5 attitudes et des 5 sens … Dit comme ça, on se rend compte que ça ne veut vraiment rien dire… Du coup, exemple: Sayuri Mifune la tsundere vous engueule parce que vous avez bousculé son amie et le jeu vous propose un menu avec 5 icônes représentant l’amour, l’amitié, la colère, la tristesse et le doute. Logiquement, on va plutôt choisir l’amitié ou le doute… Ensuite, le jeu vous propose un nouveau menu avec 5 icônes sensées représenter les 5 sens (une oreille, une bouche tirant la langue, une main, un œil et un nez). On pourrait logiquement sélectionner la bouche en espérant que le personnage « parle ». Et là, c’est la drame… En fait, ça représente le goût et votre personnage va vouloir lécher l’interlocuteur, ce qui déclenchera une réaction assez particulière…
Tout ça pour dire que ce système est vraiment obscur. On voudrait sélectionner l’oreille pour prêter attention à son interlocuteur, mais on finit par écouter les oiseaux, on voudrait être attentionné et on se retrouve à regarder fixement comme un détraqué … Bref, il est vraiment compliqué de comprendre quel choix utiliser pour bien faire.
Cette complexité est regrettable, car ces roues des 5 sens sont le seul moyen de recruter des personnages optionnels ou d’accéder à la vraie fin du jeu. A moins d’être extrêmement chanceux, vous devrez sûrement utiliser un guide pour faire les choix menant à cette bonne fin.
Attrape-moi si tu peux
A coté de ce visual novel si particulier, Tokyo Twilight Ghost Hunters nous offre également un JRPG stratégique pas piqué des hannetons.
Vous serez amené à exorciser des fantômes lors de combats stratégiques au tour par tour sur un damier. La particularité du système est que vous ne saurez pas où se trouve l’ennemi sur cette grille à moins de placer des détecteurs sur le terrain ou d’en équiper à vos personnages. Pour corser le tout, vos personnages et les ennemis bougent simultanément sur la terrain de jeu.
Un tour se déroule alors comme suit: essayer de prédire les positions possibles de votre ennemi à la fin du tour et s’arranger pour qu’au moins un de vos personnages lance une attaque ciblant la position où le fantôme se rendra. Vous taperez donc souvent dans le vide si vous n’avez pas de détecteurs permettant de prédire l’ensemble des positions possibles de votre ennemi. Heureusement, vous en recevrez 3 à équiper gratuitement au début du jeu.
Ce système de combat peut paraître très austère au début, et comme pour le système de dialogue, vous ne recevrez pratiquement aucune explication et devrez vous débrouiller tout seul. Mais au final, on prend vite gout à découvrir toutes les subtilités du combat.
Il y a pas mal d’éléments cachés à découvrir. Par exemple, une page cachée sur le PC du bureau (un peu dans le style de la page web dans la série « la fille des enfers ») permettant de faire des missions d’entrainement pour faire prendre de l’expérience à votre équipe. Il y a également un magasin en ligne caché qui permet d’acheter de l’équipement, un tirage au sort si vous achetez suffisamment pour se procurer du stuff rare, la possibilité de faire des entrainements avec vos équipiers pour apprendre certaines de leur compétence, etc. Petit à petit on découvre tout un tas de subtilités qui vous permettront d’aborder les combats des missions principales plus sereinement. Et croyez-nous, certains combats sont assez retords et vous demanderont de farmer les missions optionnelles avant d’y arriver.
Le deuxième avis de Titiks
Si je vous dis qu’on a mis longtemps à se décider pour savoir qui de Papayou ou moi allait tester ce Tokyo Twilight ? Au final, comme nous étions tous deux plus qu’intéressés, on a opté pour un double avis, un pour chaque plateforme. L’avis ci-dessus étant déjà très complet, je vais essayer de ne pas faire double-emploi.
Tokyo Twilight Ghost Hunter est clairement un jeu atypique. Le Visual Novel étant déjà un genre à part, surtout dans nos contrées. Le système de choix alliant sentiments et sens est réellement déroutant et on ne sait au final jamais vraiment quel sera le résultat – même si celui-ci est souvent drôle (Essayez “Amour + goût” sur la rédactrice de Gate Keepers pour vous prendre des râteaux cosmiques assez drôles), mais influe fatalement sur vos relations avec votre entourage. Il n’est d’ailleurs fait mention nulle part d’une jauge ou d’un pourcentage quelconque en relation avec vos affinités avec vos alliés, ce qui est assez gênant, même si cela renforce le côté “réaliste” du jeu, caractérisé par les lieux typiques et les arrière-plans souvent tirés de photos. Les quelques animations des personnages ne sont pas sans rappeler le travail de Vanillaware sur des jeux comme GrimGrimoire ou Odin Sphere, mais ces animations sont limitées et ont tendance à se répéter un peu trop souvent.
Il faut un peu de temps pour apprécier le titre. Les dialogues sont abondants et souvent anodins, là où certains jeux du même genre se concentrent sur leur narration, TTGH se veut plus naturel, quitte à tergiverser sur des banalités quelques fois, ce qui pourra en ennuyer plus d’un.
Et puis…
Et puis on remarque que le découpage du jeu est identique à celui d’une petite série télévisée, avec une introduction présentant ce à quoi les Gate Keepers seront confrontés, un générique une aventure façon Visual Novel, le retour au bureau pour la préparation (entraînement, achats, équipements…), le combat et une petite conclusion souvent légère avant de voir le générique final… puis retour au bureau pour discuter avec ses alliés avant de choisir ou non de passer au scénario suivant.
Ce rythme façonne alors presque notre consommation du jeu, on se plait à regarder l’introduction et le déroulement scénaristique, puis de couper un peu avant le combat, de passer un peu de temps à s’entraîner, apprendre de nouvelles compétences, crafter des objets, s’équiper… avant de lancer la seconde phase. Scénaristiquement, chaque épisode ou presque est indépendant, comme dans une série animée, et apporte son lot de rencontres et de recrues potentielles, car le recrutement se fera exclusivement sur base des dialogues et vous n’aurez aucune certitude d’avoir tel ou tel personnage dans votre équipe. Si cela s’avère frustrant au début, ça en devient presque grisant de se dire que nos paroles et façons de s’exprimer ont un impact sur notre interlocuteur. Car il faudra faire en fonction de leur personnalité, et pour reprendre l’exemple de Papayou, tous ne refuseront pas forcément d’être léché… hem…
Sur Vita, le jeu se laisse suivre via se format épisodique, au boulot ou à la maison, dans les transport dés qu’on a un moment de libre, sur ce point, le rythme est plutôt efficace. Par contre, l’affichage du texte sur les divers équipements ou pendant les combats n’a pas été spécialement adapté, et on doit souvent faire un effort pour lire le texte descriptif des objets. Pour le coup, si vous possédez une PSVitaTV, le jeu tourne presque mieux dessus, mais du coup perd le côté nomade…
Comme rien n’est expliqué ou presque (même dans le livret numérique du jeu), il faut bien observer les indications à l’écran dans le bureau de Gate Keepers pour parvenir à débloquer les quêtes annexes, l’apprentissage des compétences pour le héros, les objets à échanger sur le site… une expérimentation qui pousse au final à l’échange avec d’autres joueurs (je ne compte plus les messages avec Papayou dés que l’un de nous avait découvert quelque chose) et au partage d’expérience, puisque même vos alliés – donc vos stratégies – pourront être différents. Un New Game + étant accessible avec de nouvelles possibilités, je suggère tout de même de se passer de Walkthrough avant d’avoir au moins terminé une partie complète.
Niveau contenu, outre les missions annexes, nous avons aussi un petit jeu de plateau stratégique chasseurs contre fantômes à jouer avec vos alliés, où vous ne verrez pas les fantômes sur le plateau, mais pourrez déduire leur position d’après leurs attaques, la nature de la case où ils se trouvent (conditionnant souvent le nombre de case de déplacement). Ce mini-jeu mettra votre analyse et déduction à rude épreuve. Sympathique pour se détendre entre deux réelles missions.
En conclusion, je dirais que Tokyo Twilight Ghost Hunter est un jeu que je ne veux pas terminer. Je suis impatient de voir la fin, même si globalement le scénario manque de liant et de développement, mais en même temps, je n’ai pas envie de quitter le bureau des Gate Keepers. Le jeu se prêterait admirablement bien à des DLC de nouvelles affaires, même si les quêtes annexes offrent de fort nombreuses nouvelles missions. On ne le conseillerait pas à tout le monde, mais nous, on a vraiment accroché !
Coooonclusion. Je dis non! Mais un Avis, je dis OUI!
Tokyo Twilight Ghost Hunters est un ovni vidéoludique qui ne vous prend vraiment pas par la main. Son gameplay austère et le manque d’explications pourront certainement en décourager plus d’un lors des premières minutes de jeu. Cependant, si on lui donne une chance, son univers soigné, son scénario riche plein à craquer de déroulements différents en fonction des choix effectués et son gameplay stratégique et addictif sauront séduire les fans de JRPG, chasse aux fantômes, ou encore de Tokyo et des live clubs de Shibuya.
Tokyo Twilight Ghost Hunters
- Développeurs Toybox Inc.
- Editeurs NIS America
- Type Visual novel/Tactical RPG plein d’ectoplasme
- Support PSVita, PS3
- Sortie Mars 2015
Dans le même genre :
- Alors là, sans doute rien …
- Luigi’s mansion pour le gameplay chasse aux fantômes ?
- xxxHolic rencontre Ghost busters écrit par un fan de vieux rock pour l’univers ?
Y’a bon!
- Un vrai ovni
- La character design et l’ambiance très « Vanillaware »
- Ghostbusters se déroulant dans un Tokyo très réaliste (lycée, quartiers, bars, live music club, etc.)
- La multitude de choix influant le déroulement du scénario, la composition de l’équipe, etc.
- Un visual novel/dating sims tout public.
- Un gameplay tactique qui n’a l’air de rien, mais pas piqué des hannetons.
- Beaucoup de contenu caché et plusieurs fins possibles.
- Bonne durée de vie et du nouveau contenu en new game plus.
Beuargh!
- Trop peu d’explications sur le gameplay. En gros, débrouille-toi.
- Pas de manuel dans la version PS3 expliquant les choix liés aux 5 sens.
- Le scénario manque de liens entre les premières missions. L’intrigue met beaucoup de temps à se développer.
- Les choix importants pour obtenir la vraie fin sont très obscurs. Ils relèvent plus de la chance que de la logique et de l’analyse des situations.
- Les scénarios des différents personnages s’enchainent très vite et sont peu approfondis.
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