« L’Uncanny Valley, ou vallée dérangeante, est une théorie du roboticien japonais Masahiro Mori selon laquelle plus un robot androïde est similaire à un être humain, plus ses imperfections nous paraissent monstrueuses. Ainsi, beaucoup d’observateurs seront plus à l’aise en face d’un robot clairement artificiel que devant un robot doté d’une peau, de vêtements et d’un visage visant à le faire passer pour humain. » C’est dans ce genre d’histoire – malheureusement bâclée – que nous plonge le jeu du même nom, issu des studios slovènes Cowardly Creations. Une histoire de robots, de terreurs nocturnes, et de flou total…

Ça commence comment déjà?

C’est bien la grande question, car Uncanny Valley commence au beau milieu d’une ruelle, dans une ville inconnue, incarnant un personnage dont on ne connaît que le nom: Tom. Tom se réveille donc dans la rue avant de se faire violemment courser par une horde de silhouettes noires aux yeux luisants. Un cauchemar? Plutôt des terreurs nocturnes qui assaillent le protagoniste sommeil après sommeil.

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On vient de commencer, on est déjà mal barrés…

Dans la réalité, Tom commence à travailler comme veilleur de nuit. Il est accompagné de son collègue Buck, pas bien dégourdi ni même sympathique. Il rencontre également Eve, une femme habitant dans le même bâtiment et qui semble être la concierge.

Outre ces détails, on ne sait rien d’autre: dans quel espace-temps se déroule l’histoire, pourquoi fait-on des cauchemars et quelle est leur importance dans le jeu, … Ce n’est pas non plus en avançant qu’on en saura plus; car le gameplay, aussi alléchant était-il au départ, est devenu plus tard une vraie plaie.

Expédié et mal exécuté…

Uncanny Valley est sur papier un jeu d’horreur, mais surtout un jeu d’enquête. Le but est de lever le voile sur ces étranges lieux peu accueillants que vous surveillez, ainsi que sur vos terreurs nocturnes qui sonnent un peu comme des réminiscences du passé. Ça a l’air vendeur dit comme ça, mais le tout est terriblement mal expédié. Oui, je sais, dans certains jeux, l’intrigue est très courte mais efficace. Ce n’est malheureusement pas le cas présent.

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Cauchemar ou réalité?

L’histoire s’étale sur trois jours, pour peu que vous surviviez jusque là. Et pour survivre, il faut effectuer les bonnes tâches sans se louper, car certaines actions ont évidemment une répercussion sur le déroulement de la partie: trouver et utiliser les bons objets au bon endroit, résoudre des puzzles, décider de fuir ou non, … Enfin, cela aurait été un peu marrant s’il y avait vraiment des différences entre les scénarios. Le fait de se tromper ou de faire des actions en retard ne fait qu’accélérer l’arrivée de la mauvaise fin alternative.

Le gameplay ne s’annonçait pas trop mauvais non plus. Uncanny Valley fait partie de ces jeux qui veulent rendre hommage à leurs prédécesseurs, tant dans leur esthétique graphique et sonore que dans leurs mécaniques. Cependant, les développeurs ont pour moi commis l’erreur de vouloir nous laisser trop de liberté dès le départ. Toute la map est accessible dès qu’on entre dans le jour d’introduction; c’est-à-dire que l’on peut accéder à toutes les pièces normalement visitables de l’entièreté du jeu, sans filet, sans vrais objectifs. De ce fait, on ramasse tout et n’importe quoi, sans connaître l’utilité des items ni même à quel moment on va devoir les dégainer. Pas facile facile de se sentir progresser quand on ignore tout, et que le jeu ne nous file aucune explication.

Test Uncanny Valley Switch (29)Aussi, les phases d’enquête – qui se déroulent pendant les veilles de nuit – sont évidemment limitées dans le temps. Vous aurez quelques minutes pour explorer autant que possible, jusqu’à ce que Tom annonce qu’il est temps d’aller se coucher. Il est possible de rester éveillé encore un peu avant qu’il ne tombe de sommeil, pour se réveiller dans un nouveau cauchemar.

Dans ceux-ci, on replonge dans une mécanique qui fonctionne habituellement, mais qui ici lasse. Il s’agit simplement d’avancer et de jouer à cache-cache avec ces étranges personnages qui semblent être à vos trousses et qui ont un sacré empan visuel, même de dos ! Exit l’enquête: passé un certain stade, le jeu se déroulera exactement de la même façon quand vous arriverez sur sa fin: trouver des objets, vous cacher et peut-être attaquer si vous possédez des armes (encore faut-il les trouver).

De la PS4 à la Switch

Uncanny Valley avait d’abord été propulsé sur Steam, PS4 et PSVita avant d’arriver sur la dernière de Nintendo. Autant j’étais habituellement satisfaite des différents portages que j’ai pu tester, autant celui-ci a été aussi flou que son gameplay.

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Juste un bug parmi tant d’autres !

Les commandes paraissent simples au premier abord: on avance avec les flèches ou le joystick du Joycon gauche, et on interagit avec les touches du Joycon droit ainsi que L/ZL, R/ZR. Ça, c’est dans la théorie. Dans la pratique, les touches d’actions sont, à mon sens, assez mal agencées et l’ergonomie en prend un coup. De plus, la touche qui sert normalement à déclencher des actions avec des objets est parfois remplacée par la touche A, voire Y, les différentes fenêtres se superposent et donc les actions des touches avec, les fenêtres de dialogues se superposent également, tout comme les mouvements du joystick pour diriger un objet qui se synchronisent avec le pavé numérique du coffre-fort que vous essayez d’ouvrir, … Joyeux bordel quand on n’a pas vraiment le temps de réfléchir !

Au-delà de tout ce négatif, il y a quand même quelques atouts à souligner, mais qui malheureusement se laissent engloutir par ces gameplay et intrigue mal entraînés.
Les graphismes en pixels sont fins, comme ceux de The Long Reach, et parviennent à retranscrire une réalité contemporaine tout en rendant hommage aux premiers du genre. La bande son, lourde et angoissante, fait aussi bien son travail pour accompagner les moments d’enquête et de stress. Si seulement autant de soin avait été apporté au reste…

Conclusion

Par sa courte durée de vie et ses points négatifs nombreux, Uncanny Valley ne marquera pas les esprits pour les bonnes raisons. Pourtant parti sur de bonnes idées en voulant intégrer des théories réelles à un univers vidéo-ludique, les techniques mal employées ainsi que le scénario vide de contenu n’ont pas pu mener le soft sur une bonne pente. Bien sûr, savoir qu’il y a des fins alternatives donne des possibilités de rejouabilité. Encore faut-il avoir envie de retenter l’aventure après une expérience dite: « meh ».

Uncanny Valley

  • Développeurs Cowardly Creations
  • Type Horreur, enquête
  • Support Switch
  • Sortie 25 Décembre 2018
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Queen Potato

Prof de français excentrique le jour, gameuse la nuit, Queen Potato soumet les jeux vidéo à sa botte pendant des live streams endiablés. Sauf les survival horror. Ceux-là sont encore des espèces qui lui donnent du fil à retordre.

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