Afin de donner la bonne couleur à l’aventure proposée par The Long Reach, quoi de mieux que de citer la présentation du jeu faite par Steam : « The Long Reach est un jeu d’aventure aux personnages et aux énigmes colorés, et aux découvertes choquantes. Euh, nous ne devions pas parler de  » découvertes fascinantes  » ? Il doit y avoir une erreur. » Si l’on met de côté l’adjectif « colorés » qui se trouvera très loin de son sens joyeux habituel, vous avez en quelques mots, la description parfaite d’un jeu dont les petits effets et l’ambiance savent faire sursauter.

La science : maléfique outil du progrès

La veille de Noël. Vous incarnez un jeune homme parti pour faire une petite course, rien de plus banal, en ce soir hivernal. Mais votre sortie va être chamboulée quand votre personnage se fera sauvagement et mortellement attaquer par un autre homme au comportement plus qu’étrange, impitoyable et sanguinaire. Cet autre homme ? Un cobaye ayant testé pour un grand laboratoire une nouvelle expérience aux visées incertaines. La seule chose qui en ressortira, ce sont les délires de vos collègues, voire vos propres délires, à travers cette aventure où vous devrez refermer cette barrière entre les cauchemars et la réalité

Un soir normal, dans la supérette du coin. Puis un sauvage inconnu…

On a tendance à replacer ce genre de jeux dans des contextes post-apocalyptiques, ou comme réponse virulente aux agissements drastiques d’un gouvernement qui nous assomme. Or, dans The Long Reach, il n’en est rien de tout cela. Tout commence à deux pas de votre supermarché habituel, un soir habituel, dans un lieu et à une date certes fictifs, mais dont bien des indices nous permettent de comprendre que cela pourrait se dérouler alors que vous êtes en train de lire cet article. Ça fait frissonner, n’est-ce pas ?

Mais d’un concept plutôt simple, peut-être vu et revu et inspiré d’autres gameplays (sont cités Lone Survivor et The Cave), nous nous retrouvons non seulement plongés dans une ambiance qui ne laisse pas de marbre ; mais également face à des puzzles qui peuvent nous torturer pendant de longues demi-heures, tant leur logique dépasse l’entendement. Passons tout cela au peigne fin !

Run for your life !

Dans The Long Reach, vous serez confrontés à plusieurs choses : dans un premier temps, l’incompréhension. Il est difficile de cerner le pourquoi du comment tout a commencé. Vous savez à peine qui vous incarnez, et c’est en avançant – et surtout en parlant à tous les PNJ, interagissant avec les décors, … – que vous parviendrez à mettre un peu de lumière dans toute cette histoire. Cela ne décourage pas les joueurs pour autant, car tout l’intérêt d’avancer est là : plus on évolue, plus on en apprend, et la fouille tant pour les puzzles que pour le reste sera votre meilleure alliée.

Ensuite, et l’on s’y attend, des ennemis. On les compte sur les doigts d’une main, mais ils ont ce « on ne sait quoi » qui rend leur menace évidente. Terrifiants, armés (un avantage que l’on ne détient malheureusement pas), rampants dans les couloirs sombres, mieux vaut ne pas trop s’approcher d’eux. Les détecter sera chose facile : si un ennemi se trouve de l’autre côté d’une porte, une barre blanche clignotera au bas de celle-ci ; plus la cadence de clignotement est courte, plus proche est l’ennemi, et il se pourrait très bien qu’il passe de l’autre côté de la porte au cours de sa chasse.
Vous devrez également les appâter, les semer, leur tendre des pièges afin de les mettre hors d’état de nuire (pour une durée indéterminée ?) et d’avancer dans certaines zones encore hors d’atteinte.

Test The Long Reach PS4 4
Les développeurs eux-mêmes nous encouragent à fuir les situations les plus délicates…

Enfin, la majorité de votre évolution dans le jeu se fera après la résolution de plusieurs puzzles. Comme dit plus haut, ceux-ci défient parfois toutes les lois de la logique. On cherche encore quelques temps après l’avoir résolu comment on aurait pu trouver la solution sans avoir créé des combinaisons impensables avec tout le contenu de notre inventaire. Énormément d’items sont à collecter et à mettre en interaction avec le décor, sans quoi il est fort probable de stagner très, très longtemps – tout en sachant que le jeu rondement mené se clôture en 2h30. D’où l’importance de cliquer sur tous les éléments sélectionnables pour en connaître leur fonctionnement ou imaginer de nouveaux arrangements salvateurs.

Un monde d’effrayants pixels… un peu trop long

The Long Reach fait, dans l’ensemble, du bon travail : ses designs retro tout en pixels n’enlèvent rien au sentiment de stress provoqué par les moult péripéties du protagoniste ; mention spéciale à l’ambiance sonore qui fait autant sursauter que le reste, avec une bande son angoissante dont certaines notes inattendues feraient sursauter n’importe qui (je me suis personnellement fait avoir plusieurs fois, pensant que la musique changeait à cause de l’arrivée d’un ennemi : accélération du rythme cardiaque garantie !) Cependant, les boucles sonores qui nous accompagnent tout au long du jeu sont parfois mal raccordées, ce qui casse un peu l’effet au bout de plusieurs écoutes. Dommage !

On disait plus tôt que la durée de vie du jeu tournait autour des 2h30, mais ne vous réjouissez pas trop vite : ce temps est déclaré sur base d’un full let’s play trouvé sur YouTube et réalisé par un speedrunner confirmé. Ce qui met bien la rage au ventre quand, de notre côté, ces 2h30 nous permettent à peine de passer la première moitié du jeu !

Test The Long Reach PS4 5
Des PNJ en PLS, coincés entre cauchemars et réalité, mais qui sont tout de même source de réponses à vos questions.

Car si le fait que le jeu est un puzzle géant donne à l’aventure une longueur acceptable, encore faut-il être capable de les résoudre dans un timing plutôt modéré pour éviter de se faire gagner par la frustration, voire la lassitude. The Long Reach repose sur de longues phases d’exploration sur plusieurs tableaux (dont deux un peu plus étendus en nombre de pièces et d’étages), il est donc impératif pour tout joueur d’entrer dans toutes les pièces, interagir avec l’entièreté des décors, tout observer, … Mais encore faut-il entrevoir les liens possibles entre les différents objets ramassés ou les pièges à tendre aux rôdeurs ! Comme les développeurs le disent : il faut savoir penser « outside of the box », donc pouvoir se détacher des usages premiers de certains éléments pour les détourner. Mais même en sachant cela : bonne chance pour en trouver certains.

Ce n’est heureusement pas un point noir que l’on traîne dans la totalité du jeu : les phases d’exploration et de réflexion laissent la place à des phases de narration/gameplay où les enchaînements se font de manière plus fluide. De nouveaux éléments de réponse surviennent alors et transforment du tout au tout votre perception du jeu et des choses ; un comble pour un test scientifique ayant mal tourné, qui a cependant un tel effet sur votre expérience vidéo-ludique.

Conclusion

On ne notera pas The Long Reach comme le jeu de l’année, mais plutôt comme une bonne découverte indépendante : un bon pitch ; une ambiance graphique et sonore originale, mais pas unique ; enfin une durée de vie tout à fait correcte en regard de son contexte et de ses mécaniques. Non pas que l’on s’ennuie en y jouant, mais certains casse-tête seront peut-être la cause d’un léger agacement. Attention à ne pas baisser les bras cela dit et à lui laisser une chance : rien de ce que vous avez imaginé au cours de votre aventure ne s’avérera à la fin du jeu. Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire ?

The Long Reach

  • Développeurs Painted Black Games
  • Type Narratif, survival horror
  • Support PS4
  • Sortie 14 Mars 2018
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Queen Potato

Prof de français excentrique le jour, gameuse la nuit, Queen Potato soumet les jeux vidéo à sa botte pendant des live streams endiablés. Sauf les survival horror. Ceux-là sont encore des espèces qui lui donnent du fil à retordre.

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