Dans un nouveau monde à l’atmosphère cyberpunk, où les avancées technologiques semblent de nouveau faire leur loi, poussons les portes du Red Strings Club, un bar réputé pour son tenancier éloquent et ses cocktails aux vertus « magiques ». Une fois de plus, la soif d’utopie a mené les puissants sur une piste douteuse « pour le bien de l’humanité ». Ah bon ?
L’avenir dans un verre d’absinthe
L’être humain a toujours été une entité rongée par diverses émotions : la joie, la tristesse, la haine, la colère, … jusque dans ses extrêmes. Mais un humain victime de ces extrêmes est-il toujours capable d’avancer, ou de contribuer au développement de sa société ?
C’est la question que s’est posée l’entreprise SuperContinent Ltd. qui, transformée en clinique, propose des améliorations par implants capables de façonner les désirs humains en donnant à la population ce qu’elle souhaite : plus de followers sur les réseaux sociaux, moins de stress, plus de pouvoir de persuasion, … Pratique dira-t-on – si l’on oublie les travers de ces améliorations auxquels on ne pense pas toujours de prime abord.
À côté de cela résiste un groupe d’hacktivistes, persuadés que de mauvaises intentions se cachent derrière ces rêves de vie parfaitement balancée ; car en effet, un projet de grande envergure va bientôt jaillir. Un véritable lavage de cerveau qui touchera les implantés comme les non-implantés pour en faire des « bienheureux décérébrés », mais qui ne tomberont jamais dans la dépression ou la rage profonde qui empêche toute évolution.
Entre poterie, mixologie, ruse et hacking, The Red String Club est une longue aventure philosophique et psychologique
On vivra cette croisade contre SuperContinent avec trois personnages : Akara, un robot femelle analysant les moindres situations, Brandeis, un implanté hacker, et Donovan, le propriétaire du Red Strings Club et négociant en informations à ses heures perdues. Le rôle de ce dernier est d’ailleurs celui que l’on tiendra pendant la majeure partie du jeu. À la manière du jeu indé VA-11 HALL-A (Vallhalla pour les intimes), vous devrez servir quelques verres à vos clients pour orienter les conversations, et prêter une oreille attentive à leurs propos afin de déceler les informations dont vous aurez besoin pour empêcher le lancement du BPG (le Bien-être Psychique Généralisé). Créez des cocktails influençant l’humeur de vos clients afin de les amener à mieux répondre à vos questions – ce qui ne sera pas chose facile tellement certaines personnalités sont parfois bien gardées. Sachez aussi qu’une question mal posée peut vous faire perdre des informations et de potentiels alliés…
Après chaque entretien, le robot Akara qui travaille avec Donovan vous posera une série de 10 questions afin de voir si vous avez bien suivi la conversation. À partir de 7 bonnes réponses, elle vous offrira un bonus, comme par exemple une pilule d’amnésie vous permettant de réinitialiser les humeurs de vos clients. Qui sait, ils auraient peut-être plus de choses à vous dire si vous aviez utilisé l’humeur adéquate !
Suivons le Fil Rouge
The Red Strings Club est avant tout un jeu dont la principale interaction reste le dialogue. À travers ceux-ci, vous apprendrez tout ce que vous avez besoin de savoir sur le BPG et les personnes à la tête de SuperContinent. Mais choisissez intelligemment : certains propos importants, comme certaines actions par moment, seront mis en mémoire par « le fil rouge ». Et évidemment, ces choix auront une influence sur votre partie.
Un implant « Rebelle » qui a mal tourné… La situation aurait pu être autre si
on avait fait un autre choix plus judicieux !
Cela ne vous mènera pas à une fin alternative (notez que le jeu commence par le dernier tableau, il est donc inévitable), mais les obstacles, réactions de votre entourage (grâce aux implants notamment) et manipulations peuvent être différents selon ce que le fil rouge a enregistré. De nombreuses possibilités sont envisageables, il est donc peut-être intéressant de recommencer le jeu une ou deux fois si votre curiosité vous y pousse (et si vous n’avez pas peur de recommencer cette aventure rendue longue par son côté parfois trop narratif qui laisse peu de place à l’interaction).
On appréciera d’ailleurs la manière explicite avec laquelle le jeu vous propose de recommencer votre partie : servez-vous un cocktail vous menant à une « conclusion » et plongez-y une pilule d’amnésie gracieusement offerte précédemment dans le jeu par Akara au barman. La fenêtre se ferme simplement et vous perdez votre sauvegarde, vous obligeant ainsi à reprendre du début. Pas mal, non ?
Conclusion
La dystopie pixelisée de The Red Strings Club plonge tout joueur dans une conversation profonde avec lui-même à propos du destin, du libre arbitre, du contrôle des émotions, … Mais surtout à propos du bonheur et de sa propre vision du monde. Que faut-il pour être heureux ? Doit-on pouvoir empêcher l’Homme de commettre tels actes ou laisser le Bien et le Mal façonner le monde ? Est-ce que l’on peut (se) formater pour obtenir une utopie, d’une quelconque façon ?
Entre poterie, mixologie, ruse et hacking, c’est une longue aventure philosophique et psychologique qui vaut bien une petite discussion autour d’un verre…
The Red Strings Club
- Développeurs Deconstructeam
- Type Point-&-click, narratif
- Support PC
- Sortie 22 Janvier 2018