On ne va pas se mentir: quand on apprit la (re)sortie sur Switch que The Last Remnant, tous les fans de JRPG ont un peu haussé les épaules. Il faut dire qu’à la base, le titre de Square-Enix sorti en 2008 était une exclusivité Xbox 360 (puis PC, officiellement la  version PS3 n’est toujours pas annulée), plateforme déjà peu propice au genre à l’époque. Atypique dans ses systèmes, sans doute sorti trop tôt, le jeu a refait surface sur PS4 en 2018 sans plus de succès. C’est au tour de la Switch – ultra populaire – d’avoir droit au portage.

Tout commence par un enlèvement… Oh non !

Rendez-vous manqué

Pourtant, à l’époque, The Last Remnant était un titre audacieux largement porté par Square-Enix comme étant un jeu développé pour plaire aux japonais mais aussi aux occidentaux. Mais comme on le sait depuis, ce  genre de compromis fonctionne rarement, et The Last Remnant n’a pas échappé à la règle en réalisant de faibles ventes. Pourtant le titre vaut le coup d’oeil pour tout qui désire s’y investir.

En cette période de Remaster à tout va, on voit donc revenir un jeu que personne n’avait spécialement demandé, voire ne connaissait, mais cela donne une nouvelle chance au titre, surtout sur Switch. Néanmoins, il s’agit d’un Remaster et toute l’essence du jeu demeure identique, celle là même qui fut boudée il y a 10 ans. The Last Remnant Remastered n’est pas un JRPG comme on pourrait attendre de Square-Enix, mais pouvait-il en être autrement quand le producteur exécutif du titre n’était autre qu’Akitoshi Kawazu, le père de la série SaGa, davantage connu pour ses expérimentations que pour son respect des conventions ?

Dans The Last Remnant, on incarne Rush Sykes, un héros typique des JRPG dont les parents étudient de puissants artefacts nommés Rémanences. Ces derniers sont utilisés lors des nombreuses guerres que se livrent les différents peuples du monde, composé de peuples aussi bien humains qu’anthropomorphes. Quand la soeur de Rush – Irina – est enlevée presque sous ses yeux lors d’une bataille, il se lance à sa recherche sans deviner que sa quête le mènera bien plus loin que prévu.

Visuellement, cette version est plutôt bien remise à jour

Narrativement, on reste dans le récit classique – voire cliché – du héros courageux qui doit faire face à de plus en plus de responsabilités à mesure que les réelles menaces se dévoilent et se retrouver à sauver le monde d’un antagoniste surpuissant. Les personnages principaux sont tous archétypaux et globalement, le classicisme est de rigueur à ce niveau. On pestera toujours autant face au doublage en anglais qui semble toujours un peu décalé ou inadapté, mais c’est un souci global des titres de cette époque (encore que…). Au moins, le titre est localisé en français, ce qui ne sera pas un luxe pour la suite.

A la place d’un monde ouvert, on se retrouve avec une série de lieux à traverser, peuplés d’ennemis heureusement visibles et qu’il est possible d’éviter. Vous êtes même libres d’enchaîner les combats pour un meilleur bonus (en objets à revendre, vous ne gagnez pas d’argent directement), tout en augmentant la difficulté. A ce niveau, The Last Remnant est un titre qui se traverse relativement simplement.

Non, la véritable particularité du jeu se situe dans son système de combat qui pourra déstabiliser plus d’un amateur du genre (oui moi aussi). Car plutôt que de contrôler une petite équipe de 3 voire 6 personnages (à la Suikoden en somme), vous vous retrouvez à manipuler plusieurs dizaines de personnages rassemblés en différentes Unions. Alors que le combat se déroule au tour par tour (ouf, dieu merci), le positionnement des Unions est une donnée importante pour maximiser les dégâts. Placer correctement ses groupes de guerriers est donc plus efficace et influe sur le moral général de l’équipe, dont dépend leur capacité à bloquer les attaques ou faire des coups critiques. Avis aux commandants en herbes : foncer tête baissée comme un âne vous mènera bien vite à une défaite cuisante. Bien penser ses affrontements, prendre l’ennemi à revers, voire sur les flancs avec un autre groupe est la clé de la réussite, la gestion du moral étant primordiale.

Le système de combat est bien fichu, mais terriblement mal expliqué

Mais ici aussi, le jeu fait dans l’originalité, puisque en lieu et place de sélectionner les compétences que chacun devra utiliser, vous leur donner des directives plus générales (un peu comme pour FF-XIII voire pour les plus connaisseurs, Criminal Girls – oui le parallèle est osé). Ainsi, vous pourrez simplement leur commander de mener la charge à coup de magie, vos unités gérant alors au mieux de leur capacité votre directive. Un tel système est assez fascinant à observer et bien plus simple que de devoir manipuler chaque unité individuellement, mais elle donne aussi lieu à de belles crises de colère quand vos unités agissent différemment de ce que vous escomptiez, d’autant que les ordres que vous pouvez donner ne sont pas forcément tous disponibles à chaque tour, voire dédoublés, sans réelle logique. Sans savoir quels ordres sont disponibles au tour suivant il est difficile de mettre au point une réelle stratégie. En somme, The Last Remnant souffre d’un réel problème de systèmes, inutilement compliqué à comprendre pour un résultat qui laisse parfois une grosse part à la chance.

Narrativement parlant, c’est classique mais efficace

Le système de progression est lui aussi un peu nébuleux. Si le personnage gagne de nouvelle capacité au fil de son utilisation d’une arme en particulier, rien n’est très clair, tandis que les statistiques montent aussi de manière fixe sans que nous puissions décider laquelle améliorer… D’autant que les ennemis évoluent en même temps que vous, les phases d’entraînements sont de vraies gageures puisque vos alliés les plus faibles n’ont absolument aucune chance d’être efficaces en combat et on a toutes les peines du monde à les faire évoluer hors de l’équipe principale, et qu’aucune précision ne vous est donnée sur ce système. En somme, si vous souhaitez profiter pleinement du système, il faut passer par la case “appel à la communauté” et fouiller les forum pour comprendre comment tout cela fonctionne, puisque le jeu ne le fait pas lui-même…

Ce n’est au final pas si étonnant de la part d’Akitoshi Kawazu, lui qui est un habitué des jeux-laboratoires, mais quand on s’attelle à un JRPG censé plaire à toutes les communautés, il est impératif d’expliquer correctement comment fonctionne le jeu, ce que The Last Remnant occulte totalement, en plus de rendre la progression des plus ardue – voire impossible – si l’on ne maîtrise pas ses mécanismes.

Et c’est là où The Last Remnant est un échec, car si le jeu avait simplement pris la peine d’introduire correctement ses concepts au fur et à mesure, le système de combat se révèle très stratégique et dynamique et l’amélioration des personnages prend alors une autre dimension une fois comprise. Malheureusement, l’investissement en temps et en patience est tel que bon nombre de joueurs laisseront tomber rapidement.

Ce portage Switch n’est évidemment pas venu les mains vides et se base sur la version PC du titre. A ce niveau, il vous est possible d’accélérer les animations de combats pour perdre moins de temps, mais aussi lors de l’exploration, ainsi que de la sauvegarde automatique. Des améliorations graphiques sont aussi au rendez-vous, et le jeu profite de textures plus agréables à l’oeil et plus détaillées (merci l’Unreal Engine 4), mais aussi d’un éclairage dynamique du plus bel effet.

Conclusion

Est-ce que je peux vous recommander The Last Remnant Remastered sur Switch ? En mon âme et conscience, non, je vous tromperai sur la marchandise en vous disant que c’est un bon JRPG incompri de son époque. C’est un jeu atypique, aux mécaniques solides et intéressantes, mais malheureusement trop maladroitement expliquées, quand elles ne sont pas complètement laissée à votre curiosité. Si vous l’avez apprécié lors de sa sortie originale en 2008, alors oui, cette version Remastered apporte de jolies améliorations visuelles et quelques mécaniques qui fluidifient la progression. Néanmoins, il faudrait plus un Remake qu’un Remaster pour en tirer la substantifique moelle. Au niveau de la note, j’aurais mis un 5 sur le jeu lui-même, mais s’agissant d’un portage, j’ajoute un point supplémentaires pour les améliorations et sa qualité technique sur Switch.

The Last Remnant Remastered

  • Développeurs Square-Enix
  • Type JRPG
  • Support PS4, PC, Switch
  • Sortie 11 Juin 2019
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Titiks

Quadra assumé, daron de 3 apprenties gameuses, fan de tout ce qui est capable de raconter une bonne histoire. Touche-à-tout, mais surtout de bonnes aventures qui savent surprendre, et dévoué à l'univers console depuis que Sega était plus fort que tout, vous me verrez bien plus souvent connecté à la nuit tombée #2AMFather.

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