Yay ! Cela faisait un moment que l’on attendait le second segment de The Dark Pictures Anthology nommé Little Hope. Plus d’un an tout de même, tandis que Supermassive Games nous teasait une histoire tournant cette fois autour de sorcières dans une petite bourgade perdue… Est-ce que Little Hope parvient à corriger les lacunes de Man of Medan ?
The Dark Pictures Anthology – Little Hope
Supports : PC, PS4, Xbox One
Genre : Aventure / Horreur
Date de sortie : 30 octobre 2020
Editeur : Bandai Namco
Développeur : Supermassive Games
Multijoueurs : Oui
The Dark Pictures Little Hope est un vrai récit horrifique qui sort à point nommé pour Halloween
- Une histoire d’épouvante intéressante
- Visuellement très réussi
- Le conservateur, encore lui
- Les spectres sont très réussis et bien utilisés
- La rejouabilité
- Le doute reste longtemps sur la nature des événements
- Les QTE bien moins pénalisants
- Une caméra qui s’adapte pour plus d’immersion
- Un multi local et online sympathique
- Quelques transitions étranges
- Trop de jumpscare
Peu d’espoir dans la colline silencieuse
Après une séquence d’introduction qui semble se situer dans les années 70, Little Hope nous projette rapidement aux commandes d’un petit groupe hétéroclite d’étudiants ayant survécu à un accident de car en pleine nuit aux abords de la ville abandonnée. Le chauffeur ayant disparu, les étudiants – dont une étudiante plus âgée nommée Angela – et leur professeur décident de partir à sa recherche et de demander de l’aide dans la petite ville.
Il trouveront rapidement quelqu’un accoudé seul à un bar, mais dont les propos leur semblent incohérents. Alors qu’ils s’enfoncent de plus en plus dans le brouillard de la ville, il devient clair que quelque chose les poursuit lentement dans l’ombre, tandis que des visions du passé les confrontent à une chasse au sorcière du XVIIème siècle.
On ne va pas se voiler la face, The Dark Pictures : Little Hope lorgne avec force du côté d’une certaine licence de Konami. Est-ce un mal ? Je ne pense pas, le segment de la ville fantôme est libre depuis Silent Hill Downpour et quelque part, j’ai été heureux de pouvoir replonger dans une brume paranormale peuplée de monstres difformes.
En parlant des monstres, Supermassive Games a réussi à les rendre aussi dérangeants que terrifiants, en prenant le parti de ne jamais réellement les montrer, mais juste les parties les plus significatives ou dans le fond de l’image. L’un semble tordu de toute part et bouge dans des angles improbables, un autre rampe avec difficulté sur le sol en se tirant d’une seule main tandis qu’un troisième – mon petite préféré – plane à quelques centimètres du sol, ses ongles raclant le bitume en brisant ses os à chaque fois un peu plus.
En mettant le focus sur les détails les définissant plutôt que sur l’ensemble, le studio joue avec notre imagination, et pour quelques-uns, il m’est toujours impossible de les visualiser intégralement. Par ailleurs, même si vous avez à les affronter ou à les fuir par moment, dites-vous que si vous voyez leur visage, c’est que vous avez raté le QTE et que vous avez perdu un personnage.
Car à l’image de Man of Medan, votre petit groupe de 5 pourra être réduit à peau de chagrin au fil de l’histoire si vous opérez de mauvais choix. On retrouve toujours les prémonitions ici et là censées vous éviter un destin funeste – dont une qui concerne le prochain épisode – mais globalement, le studio a amélioré ici son système pour éviter de nous prendre au dépourvu lors des QTE. C’est un reproche que l’on pouvait faire pour Man of Medan, qui lançait ses actions contextuelles sans prévenir, et qui menait souvent à l’échec.
Dans Little Hope, une petite icône apparaît quelque secondes avant les actions contextuelles afin de nous préparer à leur apparition, ce qui n’enlève rien à la pression que l’on peut avoir étant donné qu’il s’agit soit de marteler rapidement une touche, soit d’appuyer très rapidement sur la bonne touche, soit encore de viser et de frapper un point précis de l’écran, ici encore en un temps limité. Des choix vous seront aussi imposés en un temps limité, comme se battre, fuir ou se cacher, voire devoir choisir entre deux personnes à aider – au risque de voir l’autre mourir.
Et il va sans dire que vu la nature du titre, perdre un personnage trop tôt, c’est se priver d’un pan de l’histoire puisque chaque personnage a un lien avec les événements, comme vous vous en rendrez vite compte.
Passé et présent s’entremêle dans Little Hope et les événements étranges frappant la ville ne sont pas sans rapport avec la chasse aux sorcière ayant sévi quelques siècles auparavant. Le jeu s’amuse d’ailleurs à nous troubler donnant aux héros des visions d’événements de cette époque tout en leur permettant d’interagir avec certains personnages, renforçant l’idée d’une présence démoniaque influençant les habitants.
Ces voyages dans le passé s’initient toujours à la suite de l’élément le plus irritant de Little Hope : un jumpscare. C’est un reproche que je peux faire à tous les jeux de Supermassive Games tant ils abusent de ce gimmick. Qu’on se comprenne bien : un jumpscare est le niveau zéro de la peur dans une film, un effet simple destiné à faire sursauter le spectateur / joueur qui doit être utilisé à bon escient et au bon moment. Dans Little Hope, non seulement il y a un jumpscare toutes les 5 minutes (et on n’échappe pas au sempiternel chat noir qui saute devant la fenêtre), mais en plus on comprend assez vite qu’ils sont inoffensifs la plupart du temps, puisque c’est souvent une façon pour les “spectres” (notez les guillemets) de simplement donner une vision du passé aux protagonistes.
Le pire, c’est que ces jumpscare sont agaçants (un changement brusque d’image et de son dans un casque, oui, on sursaute, mais pas de peur, ça fait juste “Bhou !”) et desservent le très bon travail qui a été opéré sur les autres passages parfaitement angoissants, comme les apparitions des spectres (toujours indéfinis ou presque, on n’en voit qu’une partie à chaque fois). L’histoire elle-même est très intrigante et si on se doute qu’il y a un plot twist final – comme dans Man of Medan d’ailleurs, et même Until Dawn – les scénaristes ont fait en sorte qu’on soit tout de même surpris un minimum et que jusqu’au bout, on ne soit certain de rien.
Un bon travail d’écriture, renforcé par le doute constant de la véritable nature de la menace (qu’il faudra par ailleurs pointer nous-même via des choix d’interprétation au fil du jeu). La brume joue également un rôle important dans la narration, poussant les héros vers l’avant et les isolant par moment pour jouer avec des visions étranges. Il nous arrivera même parfois d’être perdu dans la brume et de retrouver nos compagnons aux prises avec des ennemis. Une agréable impression de perte de contrôle, de ne pas “tout voir” et de devoir aussi faire confiance aux dires des autres qui ont été témoins de certains événements et pas vous.
Techniquement, il y a des améliorations par rapport à Man of Medan, Little Hope est plus fluide, le moteur graphique devant certainement être soulagé par la fameuse brume, et j’ai noté que la gestuelle des protagonistes était bien moins statique. Paradoxalement, on a parfois un petit effet “vallée dérangeante” accentué par des regards un peu fuyants et des transitions parfois peu naturelles entre les plans. Le doublage français est de qualité, même si – dans la version pré-sortie que nous avons ici – certaines voix sont toujours en anglais et que certaines phrases en français sont – en de rares occasions – un peu à côté de la plaque.
Little Hope n’offrira pas toutes les clés lors de son premier voyage. Des éléments secrets sont à découvrir un peu partout dans les décors et tous les réunir débloque un bonus intéressant sur tous les mystères de la ville. De plus, on aura à cœur d’essayer de garder tout le monde en vie… ou personne, pour assister aux variations du récit, qui se veut rejouable puisque ne nécessitant que 4 à 5h pour être bouclé une première fois.
The Dark Pictures Anthology – Little Hope
Summary
Au final The Dark Pictures Little Hope est un vrai récit horrifique (mais pas que…) qui sort à point nommé pour Halloween. Visuellement superbe, narrant une histoire intéressante, mystérieuse et quelque peu dépendante de nos choix, ce nouveau segment (mais pas le dernier) améliore beaucoup d’aspects de Man of Medan à l’exception de ces fichus jumpscare bien trop nombreux.
Comments