Ah le God Game, quoi de mieux pour flatter mon ego de joueur ? Passer son temps à jouer avec le destin de petits êtres soumis tel une norne toute puissante tissant les fils de leur fatalité avec malice. On y jouait de bien des manières depuis Peter Molyneux et ses Populus, Black And White, mais aussi des jeux comme From Dust, Dungeon Keeper, voire les Sims si on y pense. Et voilà que la VR s’en mêle de belle manière avec Tethered (que l’on pourrait traduire par “Attaché”) sur Playstation VR.
It’s God to be Mii
Dans ce titre haut perché, vous allez contrôler à travers diverses îles flottantes (sans crème anglaise) la destinée des Peeps, des petites bestioles aux grands yeux mignons qui se trouvent bien désemparées sans personne pour les guider. Issus d’œufs tombant littéralement des cieux, ils naîtront après une rapide couvade pour vous obéir corps et âme. Car un Peep qui n’a pas d’objectif est un Peep malheureux et dépressif. Un rêve pour tout patron de PME donc.
A l’image d’un Dungeon Keeper, la première étape est de dégager l’Autel de Prière qui sera la pierre angulaire de votre Culte. Car oui, perché sur les nuages tel Dieu observant Caïn, vous voyez tout et ordonnez tout. Visez du regard un Peep pour le sélectionner, maintenez le bouton X et liez-le à un élément interactif comme une ruine, un bâtiment pour lui attribuer une classe, des ressources pour collecter les denrées indispensables à toute bonne colonie (nourriture, bois, pierres…) et regardez-le travailler jusqu’à avoir totalement épuisé le filon de récolte. Mais, jouette que vous êtes, en utilisant les éléments célestes présents (comme la pluie, les rayons du soleil ou le givre par exemple), il vous est possible de régénérer les ressources en vue de continuer votre expansion.
Pour en revenir à l’autel de prière, comme tout Dieu qui se respecte, vous allez récolter au fil de vos réussites des orbes de prières jusqu’à avoir complètement purifié l’île, et passer à la suivante.
Mais il ne s’agit pas ici d’un banal jeu de gestion, même si maintenir ses Peeps, sans cesse plus nombreux, occupés pour les empêcher de déprimer (merci la taverne, qui sert à leur remonter le moral et à les soigner) est déjà un défi en soi, puisque les ressources naturelles s’épuisent vite et qu’il faut rapidement passer à l’agriculture et jouer avec les éléments pour éviter la famine et la déprime.
Car un Peep qui a faim ou qui n’a rien à faire est un Peep qui déprime… et qui finit par se jeter dans le vide de désespoir. Oui, c’est étrangement sombre pour ce type de jeu, mais je vous assure que ça fait son petit effet de voir une de ces petites créatures mettre fin à ses jours…
Mais c’est la nuit que les choses sérieuses commencent.
Peeps By Night
Au-delà de devoir s’assurer de leur survie basique et de leurs ressources, il va falloir préparer vos Peeps à passer la nuit, car de viles créatures apparaissent alors pour saccager votre colonie. Si le tutoriel du jeu vous apprend rapidement à construire des bâtiments destinés à attribuer une classe spécifique à vos Peeps, la première dont il faut s’inquiéter est sans nul doute les guerriers. Plus puissants et résistants, ceux-ci pourront repousser les premiers assauts ennemis sans trop de mal. Mais gardez en tête qu’un bâtiment ne permet qu’une attribution limitée de classe, une seule caserne ne vous donnant par exemple accès qu’à deux guerriers.
Perché sur les nuages tel Dieu observant Caïn, vous voyez tout et ordonnez tout
Si tous les Peeps pourront prendre part aux combats comme de valeureux fermiers se mêlant aux chevaliers du roi pour défendre leur lopin de terre, leur résistance moindre et les multiples fronts de combats (vous obligeant d’ailleurs à sauter de nuage en nuage pour avoir une vision globale de la situation et gérer l’action) en font des cibles faciles. Le but est alors de survivre à la nuit en exterminant les créatures ennemies ou jusqu’à ce que celles-ci fuient la ville au lever du jour. En mourant, ces créatures vous octroient également des orbes de prières, utiles donc pour purifier l’île, mais aussi débloquer de nouvelles connaissances et bâtiments.
UnTethered
Particulièrement adapté à la VR, donnant une réelle impression d’immersion et de contrôle depuis les nuages (vu qu’on vise avec le regard, qu’on peut s’approcher pour voir cette petite colonie vivre), le jeu se joue intégralement à la manette ou aux contrôleurs de mouvements (Vive, PSMove) depuis un patch, pour garder l’impression de littéralement manipuler le monde des Peeps. VR oblige, la netteté en prend un peu un coup, mais on reste dans le haut du panier en termes de réalisation avec des environnements soignés, surtout pour un titre si proche de la sortie du périphérique. Sans doute conscient du parc plus limité de casque VR, le titre a reçu récemment une mise à jour nommée “UnTethered” qui permet – comme Here They Lie récemment – de jouer de manière classique sans casque VR. La maniabilité s’en trouve un peu modifiée et je dois avouer que le tout perd un peu de charme sans l’impression d’immersion. Il devient plus difficile de cibler les éléments voulus à la manette, d’autant qu’au bout de quelques îles, le tout devient un sacré bazar sur les îles, avec moult bâtiments, Peeps et ressources à prendre en compte. Autre petit défaut à signaler : l’impression tenace de refaire tout le temps un peu les mêmes choses. Peu de nouvelles mécaniques accompagnent la progression et les 8 îles du titre offrent un challenge de plus en plus relevé, sans toutefois apporter de nouveau souffle.
Conclusion
Avec environ une heure pour compléter chaque île, Tethered offre cependant une durée de vie très correcte, et si la répétitivité se fait sentir sur de trop longues sessions de jeu, c’est un titre sur lequel on reviendra une heure de-ci de-là avec plaisir pour prendre soin de nos mignons petits Peeps… à moins que votre enjaillement ne soit de les voir se jeter du haut d’une falaise de désespoir.
Tethered / UnTethered
- Développeurs Secret Sorcery
- Type God Game
- Support PS4, PC
- Sortie 25 Octobre 2016