Un créateur peut-il revenir faire une suite à l’œuvre qui l’a fait connaître, plus de 30 ans après et retrouver la magie ? Return to Monkey Island peut-il ramener les quadras (et les autres ?) sur l’Île au Singe pour les enchanter à nouveau ? La réponse est oui, tout simplement.


Return to Monkey Island


Supports : PC, PS5, XBox Series, Switch

Genre : Point’n Click

Date de sortie : 9 novembre 2022

Editeur : Devolver Digital

Développeur : Terrible Toybox

Multijoueurs : Non


On se souviendra de Return to Monkey Island dans les 30 prochaines années comme du GOTY 2022


  • Magnifique visuellement
  • Une écriture adaptée au nouveaux et aux fans
  • Une écriture magistrale
  • Une interface modernisée très efficace
  • La bande-son <3
  • Des énigmes de qualité avec un système d’aide progressif qui ne pénalise jamais
  • Les dernières séquences, émouvantes
  • Moins percutant sans avoir fait les deux premiers

Retour sur le secret de l’Île au Singe

Return to Monkey Island prend le parti de faire suite à Monkey Island 2 : LeChuck’s Revenge, soit le dernier épisode “canonique” de  Ron Gilbert. Pour autant, plein de bienveillance, il n’occulte pas Monkey Island 3, car de petites références nous indiquent que les événements de ce troisième épisode (réalisé par d’autres développeurs) ont bien eu lieu. Je n’ai pas joué à Escape From Monkey Island ni à Tales of Monkey Island, faute d’intérêt et échaudé par le troisième épisode, je ne peux pas donc juger s’ils ont été inclus ici.

C’est difficile de parler du jeu sans risquer de gâcher des événements, et ce même dés le début, puisque Return to Monkey Island entreprend dans ses premières minutes de faire toute la lumière sur la fin de l’épisode 2, qui a alimenté les théories de fans pendant 30 ans.

Oui, cher joueur, vous saurez enfin ce qui se cache derrière les révélations fracassantes de LeChuck’s Revenge.

Comme le jeu est sorti il y a un moment, et pour comprendre un peu la charge émotionnelle que représente ce dernier (?) épisode pour les joueurs tels que moi, je vais me permettre de contextualiser la chose. Personnellement, quand mon père a ramené le premier PC Windows 95 à la maison, c’était un monde totalement inconnu pour le tout jeune ado que j’étais. J’avais déjà bien pu jouer à Indiana Jones et le Mystère de l’Atlantide l’espace d’une soirée quelques années plus tôt, sur l’ordinateur d’un collègue de mon père alors que les adultes fêtaient la Saint Eloi, et le genre du Point’n Click que je découvrais alors m’avait fasciné, malgré sa difficulté.

Le retour des duels !

Ce nouveau PC flambant neuf était accompagné d’une grosse boîte pleine de disquettes qui me laissaient rêveur, à commencer par “X-Wing vs Tie Fighter”. Mais c’est “The Secret of Monkey Island” qui m’a attiré en premier. Juste par son titre. Une fois la disquette chargée et lancée (mes premiers pas sous DOS), je me rappelle encore avoir été frappé par la musique et l’ambiance du jeu de Ron Gilbert – un nom inconnu pour moi à cette époque. Et puis, on incarnait un type un peu nul au nom imprononçable rêvant de devenir pirate et qui affrontait un zombie maléfique dont l’ombre planait sur toute l’aventure ! Il n’en fallait pas plus pour motiver le garçon un peu trop rêveur que j’étais.

Je me souviens aussi de ma déconvenue rapide lorsque je me heurtais à la logique décalée du titre, à la difficulté de ses énigmes et à son univers loufoque. Quand mon père est revenu de son travail quelques jours plus tard avec la solution imprimée, j’étais aussi excité que reconnaissant : je voulais jouer à ce jeu, Guybrush Threepwood me faisait déjà rire, et il avait l’air aussi perdu que moi dans sa quête, je voulais en être ! Le secret de l’Île au Singe avait déjà resserré son emprise sur moi.

Mais c’est super beau !

Quelques heures plus tard, et bien aidé par la pile de papier imprimée ramenée quelques jours plus tôt, j’étais comblé, frustré, heureux, triste et perdu à la fois. J’avais terminé cette incroyable aventure qui ne ressemblait à rien que je connaissais, j’avais beaucoup ri, appréhendé sa logique absurde et mené Guybrush au cœur de l’Île au Singe.

Mais nul secret n’était venu combler ma soif de découverte. Quel était ce mystère annoncé dans le titre du jeu ? Je n’avais pas la réponse.

Ce cher Stan !

Mais dans la boîte de disquettes se trouvait Monkey Island 2 : LeChuck’s Revenge ! On y retrouvait Guybrush à la recherche (enfin… il l’avait trouvé, et on allait savoir comment) du Big Whoop, mais cet épisode constituait alors une double frustration : je n’y trouvais toujours pas ma réponse sur le secret de l’Île au Singe, et l’affrontement final entre LeChuck et Guybrush m’avait laissé sans voix et des questions plein la tête !

Cette fin – que je me garde de spoiler ici – remettait en cause les événements des deux épisodes et personne pendant 30 ans, n’a pu y apporter une réelle explication. Ron Gilbert avait sa propre idée, et je le soupçonne d’avoir été coincé avec ce final rocambolesque.

Ainsi, 2022 a vu arriver Return to Monkey Island, avec ses créateurs originaux à sa tête, et la promesse de répondre enfin à la question : Quel est le secret de l’Île au Singe ?

La promesse est-elle tenue ? Oui… et non. 

Le nouveau conseil des pirates est encore moins sympa que l’ancien

30 ans plus tard, les joueurs quittent le dernier épisode de  Monkey Island une fois de plus comblés, amusés mais le coeur quelque peu brisé. C’est un Guybrush âgé qui conte ici ses aventures à un Boybrush avide d’histoire, qui rejoue les histoires rocambolesques de son père avec son copain Chuckie dans un parc d’attraction thématique. Quelle est la part de vérité dans les histoires de Guybrush ? C’est difficile à dire, mais aujourd’hui, il va raconter à son fils, sous l’oeil attendri de sa femme Elaine, comment ilk a découvert le secret de l’Île au Singe. Un secret un peu nul, comme on pouvait s’en douter, mais aussi une vérité au-delà qui laissera les joueurs un peu mélancoliques et tristes, tant l’exécution de la dernière partie est fine et subtile.

Outre son nouveau style graphique que j’ai trouvé d’emblée magnifique (je n’ai pas compris les critiques à l’annonce du jeu), Return to Monkey Island est un vrai jeu d’aventure en Point’n Click qui a su améliorer son interface et son gameplay pour que cela soit aussi simple à gérer à la souris qu’à la manette. L’interface est claire, tout comme l’inventaire, un système d’aide viendra vous aiguiller pour les énigmes, sans vous pénaliser le moins du monde, et si la difficulté est réglable (sans dénaturer l’expérience), un mode avec plus de “blabla est à privilégier pour les joueurs nostalgique tant tout est fait dans les dialogues pour que vous vous sentiez “de retour”. Ceci est particulièrement visible dans la première partie du jeu, lorsqu’on est de retour sur l’île de Mêlée et que l’on retrouve le guetteur, le conseil des pirates et la magicienne vaudou.

Que d’émotion…

Le récit est régulièrement coupé par les interventions de Boybrush, qui parfois remet en question les événements, et c’est une question qui nous taraude jusqu’au bout : Guybrush a-t-il inventé une partie de ses aventures ? La bienveillance maternelle d’Elaine au sujet du projet de Guybrush, qui cherche comme nous à mettre un point final à une quête inachevée – est-elle simplement un signe qu’elle approuve les enfantillages de son mari ? Cette fois pourtant, on pourra cotoyer l’infâme LeChuck sur son bateau, et on apprend un peu à le connaître, lui qui n’était qu’une menace fantôme dans les deux premiers volets.

Sans rien spoiler, le fin mot de return to Monkey Island est émouvant. Et je ne saurais vraiment dire pourquoi. Cette conclusion pose encore beaucoup de questions, et je souhaiterai que les réponses – cette fois – restent à l’appréciation des joueurs. Parce qu’il y a quelques séquences qui font écho à un parcours de vie atteint par les joueurs de la première heure, ceux qui comme moi ont connu Guybrush à ses débuts.

Return to Monkey Island réussit une double prouesse : celle de nous remettre 30 ans après dans des pantoufles qu’on brûlait de retrouver, de revoir des personnages qui ont évolués mais qui se souviennent de notre passage, et de proposer un Point’n Click moderne accessible à tout le monde, tout en proposant aux nouveaux joueurs une aventure drôle, moderne et  réalisée avec une vraie envie de faire “un bon jeu qui raconte une histoire”, pas juste une suite.

Merci pour ça. Vraiment.

Return to Monkey Island

Titiks

L’avis de Titiks

En Bref

J’ai retrouvé ici un grand Point’n Click, aussi respectueux des joueurs que de son héritage, mais qui a réussi aussi à moderniser ses codes pour les mettre au service d’une vraie histoire. On se souviendra de Return to Monkey Island dans les 30 prochaines années, il est mon jeu de l’année.

5
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Titiks

Quadra assumé, daron de 3 apprenties gameuses, fan de tout ce qui est capable de raconter une bonne histoire. Touche-à-tout, mais surtout de bonnes aventures qui savent surprendre, et dévoué à l'univers console depuis que Sega était plus fort que tout, vous me verrez bien plus souvent connecté à la nuit tombée #2AMFather.

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1 thought on “Test : Return to Monkey Island – Merci

  1. Je confirme… Superbe surtout pour les nostalgiques mais pas que. Dommage que les dialogues ne soient pas en français..

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