Mine de rien, cela fait déjà 9 ans que nous n’avions plus eu de projets d’Eric Chahi. Le papa de From Dust aime prendre son temps et celui-ci lui a été profitable pour créer un nouveau monde numérique et en réalité virtuelle avec Paper Beast.
Paper Beast
Supports : PSVR
Genre : Puzzle, Simulation
Date de sortie : 24 mars 2020
Editeur : Pixel Reef
Développeur : Pixel Reef
Multijoueurs : Non
Paper Beast possède quelques moments de grâce visuels ou des fulgurances de gameplay rarement atteintes en réalité virtuelle
- L’intro 😀
- Visuellement magnifique
- Les créatures de papier sont incroyables
- Le moteur physique bien utilisé
- Un mode Bac à Sable sympa
- Des énigmes mettant le monde disponible à profit
- 3 heures d’immersion
- Certains comportements plus scriptés évidents
- Un mode de déplacement libre aurait été bien à proposer en plus.
- Un enjeu un peu trop en retrait
Créatures de papier
Avouons-le : le projet Paper Beast était un peu casse-gueule : Recréer un monde abritant le vivant, un véritable écosystème autonome gérant les comportement – et les mouvements – de créatures de papier. Aspiré dans une simulation informatique (une version moderne de Lester Knight Chaykin ?), nous devons évoluer dans un désert étrange peuplé d’animaux inoffensifs mais curieux, joueurs ou très travailleurs. Donc l’idée ici est de créer un monde vivant, et jouer à Dieu, c’est le truc d’Eric Chahi.
Paper Beast est un titre étrange. Concrètement, il faudra évoluer d’environnements en environnements et trouver un moyen de progresser plus loin en comprenant la logique du lieu et les spécificités de la faune. Ici un drôle de chien de papier pourra vous déblayer le passage, là un gros ver aspirera du sable pour le recracher par son autre extrémité, ici encore il s’agira d’aider de rapides créatures à échapper à des prédateurs, ou à leur permettre de résister au vent pour qu’ils atteignent leur destination…
Paper Beast est assez complexe à identifier. Chaque nouveau “niveau” est fascinant à regarder, simple à comprendre avec un peu d’observation, mais toujours assez formidable visuellement, et que dire des créatures elles-mêmes, dont l’illusion de vie fonctionne à merveille. Il ne vous faudra guère plus de 3 ou 4 heures pour en voir le bout, mais pendant ce voyage, vous serez immergé comme rarement dans un jeu en réalité virtuelle.
Les interactions sont très naturelles si l’on excepte les déplacements par téléportation obligatoire (qui en sauvera certains de la cinétose, mais qui quelque part est moins immersif). Avec votre manette ou vos PSMove (aucun des deux systèmes n’est privilégié), vous pourrez attraper des objets proches ou lointains, mais aussi certaines créatures plus légères, ou les attirer à certains endroit afin qu’elles créent un passage, voire qu’elles interagissent entre-elles.
La vie semble réellement présente dans Paper Beast, les créatures semblent agir de leur propre chef, jouer dans leur coin, avec vous, réagir à un stimulus externe comme votre présence, vos actions ou l’arrivée d’une autre créature. Il n’a pas été rare que je reste juste quelques minutes à les observer de loin leurs comportements et leurs mouvements – fascinants – même si parfois ils semblaient être scriptés de façon un peu trop évidentes pour me permettre de comprendre le puzzle à réaliser (je doute que de vrais animaux s’échinent en boucle à remonter une pente glissante sans se lasser par exemple) mais la bonne nouvelle c’est que ces situations étaient très rares.
Au niveau du propos, j’ai trouvé cela un peu obscur, même si le thème de la dépendance numérique et l’ombre du Big Data sont prégnants, le tout est emballé dans un feeling tranquille et paisible qui invite à la réflexion et à la contemplation.
On l’a déjà évoqué, les déplacements se font par téléportation, ce qui permet à tous d’en profiter sans ressentir de gêne. J’aurais sans doute préféré un mode de déplacement libre mais on s’adapte très vite, et finalement, les environnements étant larges et dégagés, c’est plus aisé via la téléportation. D’autant que ce système permet aussi une meilleure gestion des puzzles, vu que ceux-ci impliquent bien souvent le terrain et la gestion des fluides (une approche que Eric Chahi avait déjà largement utilisé dans From Dust). Ainsi, il faudra faire en sorte de construire – ou de faire construire – des monticules de terre, de vider des étangs, gérer des fluides, geler des parties, en faire fondre d’autres… Chaque chapitre – il y en a 6 – repose sur ces mécaniques et leurs imbrications. Tout n’est pas si simple pour autant, car un système de prédateur et de proie entre aussi en jeu pour complexifier le tout et il faudra parfois ruser ou être rapide pour permettre à une créature pacifique de vous aider tout en évitant qu’elle se fasse dévorer ou tuer par quelque chose d’autre. Rien de tout cela n’est stressant par contre, et le titre propose une vraie ambiance calme et contemplative propice à la réflexion, que cela soit sur ses thématiques ou sur les puzzles.
Étonnamment, s’il n’en donnait pas forcément l’impression de prime abord, Paper Beast est une vitrine technique propre et intelligente pour le PSVR, tant pour la réalisation que la gestion de la physique ou l’intelligence artificielle.
Paper Beast propose également un mode “Bac à sable” – sans mauvais jeu de mot – amusant dans lequel vous pouvez modeler le monde comme vous le souhaitez avec des outils qui évoluent au fil du jeu. C’est un mode externe qui trouve rapidement ses limites, mais qui permet de jouer avec les outils physiques du jeu.
Paper Beast : Conclusion
Paper Beast est un jeu cohérent de bout en bout. Que cela soit dans la gestion de son gameplay intuitif, la véracité des comportements ou des mouvements et la fluidité des éléments physiques. S’il y a bien quelques couacs ici et là, ils sont mineurs et n’empêchent nullement de se plonger l’espace de quelques heures dans un monde fascinant qui possède quelques moments de grâce visuels ou des fulgurances de gameplay rarement vues dans un jeu VR.
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