Voilà un article qui va être difficile : Dragon Quest XI S : Les Combattants de la destinée – Édition Ultime est une étrange version d’un jeu qui mérite pourtant de figurer au panthéon du JRPG de cette génération. Explications.
Dragon Quest XI S : Les Combattants de la destinée – Édition Ultime
Supports : PS4, Xbox One, PC, Switch
Genre : JRPG
Date de sortie : 04 décmbre 2020
Editeur : Square-Enix
Développeur : Square Enix
Multijoueurs : Non
Dragon Quest XI S Edition Ultime n’a jamais été aussi proche de ses origines
- Tous les ajouts
- Les quêtes liées aux personnages
- Le mode 2D
- L’aspect nostalgique poussé à fond
- La forge facilitée et la vitesse des combats ajustable
- Les voix japonaises, enfin !
- Le downgrade graphique
- L’impossibilité de reprendre sa sauvegarde de l’original
2 versions, 1 console, 3 possibilités
Certains ont vu dans ce titre l’allusion à Andrew Fleming, et si c’est le cas, c’est que vous avec une bonne trentaine d’années au compteur. Et si vous êtes un joueur depuis toutes ces années, il est possible que vous soyez la cible de cette dernière version de Dragon Quest XI S : Les Combattants de la destinée – Édition Ultime.
Pour rappel, le jeu est d’abord sorti en 2 versions au Japon : la première est celle que nous connaissons sur PS4, rutilante et magnifique, boostée à l’Unreal Engine. La seconde, en 3D “Super Deformed” ou en 2D à l’ancienne, a vu le jour sur 3DS, mais n’a jamais traversé les frontières de l’archipel. Seule donc la version PS4 nous était connue en Occident, et si ce n’est pas encore le cas, je vous invite tout de même à vous pencher dessus, ne fût-ce que pour voir ce que l’adaptation du character-design d’Akira Toriyama peut donner quand il est correctement adapté en 3D.
Pourtant, une version Switch a fini par voir le jour – alors qu’elle avait été prévue de longue date, tandis que la Switch se nommait encore “NX” – dans une édition augmentée de contenu mais retravaillée techniquement pour mieux tourner sur l’hybride de Nintendo : une profondeur de champ plus limitée, quelques textures un peu moins fines, et un léger flou assez présent. Mais si ces limites techniques – somme toute peu problématiques – avaient pour ambition de garder une fluidité exemplaire sur Switch, il ne fallait pas oublier les nombreux ajouts faits par rapport à la version PS4 : Le mode 2D jusqu’ici exclusif à la 3DS japonaise pouvait aussi être sélectionné (et modifié à chaque église ou point de sauvegarde) pour retrouver un DraQue classique (en accord avec les ressorties de la trilogie de Roto l’année dernière), avec ses nombreux combats aléatoires et ses sprites détaillés.
Pour les fans
De quoi retrouver une expérience plus proche des opus originaux, un argument pour les fans de la première heure. Et une curiosité pour ceux davantage séduits par le mode 3D. Cette version Switch profitait également de chapitres inédits centrés sur chaque membre du groupe, mais aussi dans un end-game des plus nostalgiques avec la possibilité de replonger dans les anciens épisodes de la licence.
En outre, il était aussi possible de débuter la partie en “Quête Draconienne”, soit une série d’options activables à tout moment visant à augmenter la difficulté du jeu via des malus (ennemis plus forts,impossibilité d’accéder aux boutiques, aux auberges etc…). Un gros reproche fait par les fans avait en effet été l’absence de difficulté du jeu original sur console de salon, écueil ici partiellement comblé.
En outre, cette version portable intégrait le doublage japonais original, contre le doublage anglais de base pour la version PS4, ainsi que la possibilité de passer de la bande-son symphonique à la Bande-son originale.
Et qu’on se le dise, en ce terne mois de décembre 2020, voici que ressort cette version Switch sur PS4 et Xbox One, parée de ses limites techniques et de sa tonne d’ajouts de contenus.
Vous voyez pourquoi je peine à trancher sur cette version ? Car oui, techniquement, il s’agit d’un portage de jeu Switch, dont le moteur retravaillé donne donc un rendu en deçà du jeu original sur la même machine. En outre, il s’agit d’un “nouveau jeu”, n’espérez donc pas profiter de tout l’ajout de contenu en post-game depuis votre sauvegarde originale sur la même machine.
Cette édition définitive arrive donc en plus avec un mode Photo, l’usage de la Forge à tout moment, de nouvelles montures et une vitesse ajustable pour les combats, vraiment bienvenue pour diminuer les temps d’affrontement.
Autant d’ajouts bienvenus pour non seulement gonfler une durée de vie déjà gargantuesque (malgré un rythme plus accidenté) avec des quêtes de personnages et des anciens opus de la série en post-jeu. Des options pour une expérience plus difficile qui auraient sans doute pu se faire sous la forme d’un gros DLC payant sur PS4 et non sous la forme d’un nouveau jeu indépendant. La version proposée sur Switch ayant été une version à part dédiée, il aurait sans doute été complexe de livrer ces ajouts sur PS4 sans devoir tout reprogrammer. Le choix a donc été fait de porter une version Switch un peu moins tape-à-l’oeil sur PS4 et Xbox One, mais blindée du contenu supplémentaire dont l’absence avait fait hurler les fans de la première version.
Vous avez donc le choix : partir sur la version initiale magnifique, qui se veut être l’expérience originale et plus moderne dans son approche technique, ou opter pour cette version complète un peu en-deçà techniquement. Et l’on sait que cette part graphique est très importante pour les joueurs de cette génération. Les concessions techniques peuvent en frustrer plus d’un, même si il faut avouer qu’elles ne sont pas non plus ultra-visibles. Mais d’un autre côté, le jeu étant déjà sorti sur PS4 et Switch ces deux dernières années, on est en droit de se demander à qui s’adresse cette ultime version.
Et bien à mon sens à celles et ceux qui ont compris la référence à Andrew Fleming plus haut dans cet article. Aux vieux de la vieille qui ont vu dans l’introduction du jeu un hommage aux débuts de Dragon Ball. A celles et ceux pour qui un Dragon Quest se joue en 2D, avec sa fréquence élevée de combats aléatoires et une part laissée à l’imagination du joueur. Visuellement superbe en 3D, le jeu peut donc se jouer en version originale de 2018, en version un peu moins belle mais avec tous les ajouts supplémentaires de cette version ou en 2D, à l’ancienne. C’est définitivement là que se joue l’intérêt de cette version Dragon Quest XI S : Les Combattants de la destinée – Édition Ultime pour les joueurs de console de salon qui ne se sont pas procurés la version Switch : Profiter de tout un contenu inédit, de références aux anciens épisodes et d’une grosse dose de nostalgie avec ce mode 2D.
Si Final Fantasy XV s’adressait « aux fans et aux nouveaux venus« , Dragon Quest XI S : Les Combattants de la destinée – Édition Ultime est une lettre d’amour à ses fans de toujours.
Car ne l’oublions pas : sous ses atours de modernités visuelles, ce Dragon Quest XI est un jeu profondément ancré dans le passé. Sous-titré en japonais « Sugisarishi toki o motomete » qui peut se traduire par « La recherche du temps perdu » (référence à Marcel Proust) le jeu est une relique. Avec ses combats au tour par tour, ses intrigues chevaleresques, ses représentations féminines à coup de Bunny Girls, voire la gestion quelque peu équilibriste et stéréotypée de Sylvando, des années en arrière de toute représentation homosexuelle moderne. Propulsé non seulement comme personnage accepté sans condition par son équipe mais également des plus utiles en combat, il demeure néanmoins une représentation aussi multidimensionnelle qu’extravagante, typiquement japonaise et nimbée tant de bienveillance que de positivité.
Dragon Quest XI S : Les Combattants de la destinée – Édition Ultime
En bref
A bien des égards, cette version de Dragon Quest XI S : Les Combattants de la destinée peut se révéler frustrante mais se veut à mon sens être la version qui mettra tout le monde d’accord pour remettre la saga sur ses propres rails. A l’inverse d’autres séries japonaises à succès qui se sont perdues à force de s’occidentaliser, Dragon Quest XI S affirme ici à tous les possesseurs de consoles et PC qu’on peut demeurer d’un classicisme extrême – accentué ici par le mode 2D – et être encore en 2020 un très grand titre.
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