Mais qu’est ce qu’on a galéré à tester cet épisode de Dissidia. Car Final Fantasy Dissidia NT n’est pas à proprement parler le nouvel épisode issu de la sympathique licence PSP, mais l’adaptation d’un jeu d’arcade japonais sorti un an plus tôt et développée par la Team Ninja. Pour la petite histoire, la borne d’arcade japonaise tourne sur une version modifiée du système PS4, rendant ce portage relativement simple techniquement… oui mais…
Nouveau Testament
Fort logiquement une exclusivité console PS4, cette licence née d’un pur fan-service a réussi en l’espace de deux épisodes à conquérir le cœur des fans voyant là une fan-fiction réunissant sous un prétexte bidon (le Chaos contre le Cosmos, le Bien Contre le Mal) tous les protagonistes et antagonistes de la série phare de Square-Enix dans un jeu de combat virevoltant aux arènes immenses. Et sur console portable, le titre a rencontré tout de même un joli succès. Au point que Square-Enix et Sony s’associent donc pour l’élaboration d’une version destinée aux bornes d’arcade japonaises.
Et si le jeu est depuis un certain temps dans nos paluches (Mea Culpa pour le retard, vous avez vu le rythme des sorties depuis le début de l’année ?), je ne vous cache pas que si cet avis était sorti plus tôt, il n’aurait guère été flatteur envers ce qui se présente de prime abord comme un agrégat mal foutu de systèmes obscurs.
On s’est longuement fixés dans le blanc des yeux, lui tenant vainement de m’expliquer combien il était riche et cool, moi complètement assommé par sa progression pesante et son amas de statistiques. Alors évacuons tout de suite ce qui frappe tout le monde : c’est beau, les personnages sont superbement modélisés, tous viennent avec leur gameplay propre (j’y reviens plus bas), les arènes – à défaut d’être follement originales – sont jolies et assez vastes et c’est fluide en diable, calé à 60 images par seconde.
Mais au-delà de son joli minois se cache un titre résolument taillé pour les bornes d’arcade et la transition vers le monde des consoles de salon s’est faite sans trop de concession. Tout d’abord, Dissidia a eu le mauvais goût de sortir dans la même période que Dragon Ball FighterZ et la version Arcade de Street Fighter V. On a vu plus favorable comme alignement stellaire, mais il serait injuste de faire des comparaisons qui n’en sont pas. Pour le grand public, Dissidia NT est “un jeu de combat avec les personnages de Final Fantasy”, comme Dragon Ball FighterZ est “un jeu de combat avec les personnages de Dragon Ball”. Et cet amalgame est assez désastreux en terme de communication puisque vendu comme tel, Dissidia NT ne peut que décevoir.
Il s’agirait plutôt d’un Battle Royal en ligne faisant la part belle au travail d’équipe et à la bonne gestion des rôles. Car si l’on s’en tient au mode solo, il reste l’un des plus frustrants jamais conçu. En effet, si un petit mode histoire voyant ce cher Noctis atterrir dans le monde de Dissidia sans trop comprendre ce qu’il y fait a été greffé au jeu, celui-ci est entièrement dépendant d’un farm des plus rébarbatifs en ligne ou dans le mode arcade qui vous fait affronter des équipes de bots de plus en plus puissantes. Petit souci : les combattants de Dissidia possèdent un niveau qu’il faudra faire évoluer à force de combats répétitifs. En effet, l’IA est loin d’être optimisée pour jouer la stratégie et pour peu que vous gériez correctement le combat, la fin de partie pourra arriver très rapidement à cause de vos compagnons complètement à la ramasse.
Sous ses surcouches de systèmes assez complexes, Dissidia NT cache de purs moments de grâce
En effet, loin des poncifs du genre, Dissidia NT offre plusieurs jauges à votre équipe qu’il conviendra de surveiller. La première s’apparente à une jauge de vie commune divisée en 3 parties en haut à gauche de l’écran. A chaque fois qu’un allié est vaincu, cette jauge perd un segment. Une fois la jauge vidée, l’équipe a perdu le match. C’est d’ailleurs la seule façon de remporter la victoire dans Dissidia. Ensuite, chaque protagoniste dispose de sa propre jauge de vie, discrètement placée en bas de l’écran et assez peu visible. Cette jauge de vie ne peut être atteinte que via des attaques spécifiques (les attaques HP) plus lentes à placer et simples à esquiver, mais surtout, cette jauge de vie est pour ainsi dire protégée par une troisième jauge : celle de Bravoure. Cette gestion de la Bravoure peut être assimilée à la puissance d’attaque de votre personnage. En multipliant les attaques de ce type, non seulement vous diminuez la Bravoure de votre adversaire – ce qui a pour effet de diminuer sa puissance d’attaque, mais aussi rend sa jauge de vie vulnérable – mais vous gonflez la vôtre.
Une fois que cette jauge atteint un chiffre dépassant la Bravoure de votre adversaire, elle devient violette, vous signifiant facilement que si votre prochaine attaque HP – si elle touche – mettra votre ennemi KO. Ce concept de HP et de Bravoure est la base du combat de Dissidia, et en cela, le jeu s’avère terriblement prenant, le jeu en équipe devenant alors primordial pour envoyer par exemple votre adversaire contre un mur (où il s’enfoncera, l’immobilisant pendant quelques secondes) et lui infliger une grosse attaque HP qu’il ne pourra esquiver.
Mais ce n’est pas tout, puisque des cristaux feront leur apparition périodiquement sur le champ de bataille. Ces derniers seront rapidement pris d’assaut puisqu’ils apportent un boost non-négligeable à une nouvelle jauge commune – encore une – d’Invocation. Si – au début du jeu – vous n’aurez qu’une seule invocation aléatoire à votre disposition, d’autres viendront s’ajouter au fil de votre progression. A sélectionner en début de match, l’invocation ”protectrice” vous octroie un bonus passif pendant toute la durée de la partie, mais c’est réellement lors de son invocation que sont pouvoir est le plus puissant. De plus, l’Invocation est physiquement présente sur le terrain et vient perturber le combat avec de nombreuses attaques difficiles à esquiver.
Lightning, Squall et Cloud sont dans une arène
Et c’est une très mauvaise idée à ce stade, à moins d’être des joueurs confirmés parfaitement à l’aise avec les forces et faiblesses des protagonistes. En effet, si on a vite envie de former un trio de ses petits chouchous, c’est oublier que les personnages ont des rôles très différents. Divisés en 4 branches, ces rôles sont complémentaires et sont primordiaux dans la composition d’équipe.
En premier, on trouve les Gardiens, doués en défense et en attaque, ils sont généralement envoyés en première ligne pour faire du dégâts. On retrouve dans cette catégories le Guerrier de la lumière, Garland, Firion, le Nuage des Ténèbres ou encore Cloud et Sephiroth par exemple. Viennent ensuite les Assassins, plus vifs et bien plus rapides, ils frappent moins forts mais enchaînent les combos à très grande vitesse. On retrouve ici des personnages comme Noctis, Tidus, Kuja ou encore Lightning.
Les Tireurs d’Élite sont les combattants à distance et les mages. En support ou très offensifs, les mages ne sont pas les plus rapides ou les plus puissants mais bénéficient de la distance pour harceler leurs adversaires et les gêner dans leur combats. On retiendra principalement Tina et sa variété de sortilèges dont il faudra apprendre la rotation, Golbez ou Kefka et Ultimecia fort logiquement dans ces rôles. Enfin on a les Spécialistes comme Ramza, Vaan ou Exdeath, qui possèdent des atouts uniques et ne sont pas cantonnés aux rôles ci-dessus. Il conviendra alors de les tester un à un pour voir ce qu’ils proposent. On retrouve ici un système à la Pierre-Feuille-Ciseau, les Gardiens étant supérieurs aux Assassins, les Assassins étant supérieurs aux tireurs d’Élite, ces derniers surpassant les Gardiens. A vous alors de composer les meilleures équipes compte-tenu des adversaires présents.
Mais ce n’est pas encore tout, puisque au-delà des niveaux engrangés par chaque héros que vous utiliserez, ils disposent de compétences EX spéciales et déblocables au fil du jeu qui sont autant de buffs pour les alliés que des effets néfastes pour les ennemis. Si on peut en équiper deux pour chaque personnages, qui s’activent en combat à l’aide d’une direction de joystick et d’une touche, une troisième compétence EX propre aux héros viendra pimenter le tout, Tina pouvant par exemple se transformer en Esper et gagner de nouvelles compétences. On ajoute à tout cela des items cosmétiques à débloquer et on obtient une usine à farm très rébarbative dans un premier temps, mais qui devient véritablement jouissive en ligne avec des amis. En effet, Final Fantasy Dissidia NT, sous ses surcouches de systèmes assez complexes de prime abord, cache de purs moments de grâce. Ces petits moment durant les combats où à force d’entraînement et de cohésion de groupe on parvient à mettre au tapis un ennemi en un instant grâce à une attaque combinée d’une temporisation quasi parfaite, sans même avoir échangé un mot. Ces moments là se gagnent en gouttes pour des efforts dépensés en litres, mais valent bien l’aventure
Conclusion
Ce sont les difficultés à parler trop rapidement d’un jeu. Sans ce temps passé à investir ses systèmes, Dissidia Final Fantasy NT ne se révèle pas à la hauteur des attentes des joueurs en matière de jeu de combat. Mais là est la première erreur : ce n’est pas réellement un jeu de combat et il n’est pas très sympathique pour les nouveaux venus qui espèrent là juste se défouler avec Squall ou Cloud. On pestera bien volontiers contre l’IA en solo qui nous pénalise réellement (attendez de voir les combats de boss…) mais si on prend la peine d’investir du temps et de l’effort, le jeu en équipe et en ligne se révèle réellement gratifiant.
Dissidia Final Fantasy
- Développeurs Koei Tecmo
- Type Combat
- Support PS4
- Sortie 1 mars 2018