Blue Reflection est un des derniers JRPG développé par le studio Gust auquel on doit notamment la saga des Atelier. Cette nouvelle licence sortie au Japon en mars de cette année débarque sans crier gare en Europe et il est probable qu’elle vienne titiller la corde sensible des amateurs du genre.

Oh ! La belle bleue

Blue Reflection est un RPG qui me faisait de l’oeil depuis que j’en avais entendu parler via Exelen du site fangirl.eu qui avait pu tester la version japonaise. Il n’y a en effet pas de fumée sans feu car je dois certainement être en plein dans le public ciblé. La direction artistique de Blue Reflection a été confiée à l’illustrateur Mel Kishida, connu notamment pour ses travaux sur Atelier Totori que j’affectionne particulièrement. Blue Reflection ayant réussi à reproduire le style de l’artiste dans une 3D plus qu’honnête, ce jeu m’a directement fait l’effet « eye-candy » qui sera sans doute ce qui attirera la majorité des joueurs.

BLUE REFLECTION sanae
Les modèles des personnages sont particulièrement réussis

Manette en main, j’aurai trouvé que l’esthétique du jeu est vraiment son point fort. Gust a de nouveau décidé, comme dans Nights of Azure, de modéliser l’entièreté du jeu en 3D là où la plupart des éditeurs concurrents restent encore sur plans fixes en 2D. D’habitude, ce choix n’a jamais rien donné de transcendant mais pour la première fois, j’ai vraiment été séduit par cette 3D, surtout par la modélisation des personnages et par les petites cinématiques réalisées avec le moteur du jeu. Je m’avance sans doute un peu, mais je pense que Gust a ici posé un nouveau référent pour ses concurrents. Toutefois, le soin apporté à la modélisation des personnages n’aura pas été apporté aux environnements ou aux textures qui restent de relativement pauvre qualité.

Ce bel emballage aux tons plutôt pastel est dans l’ensemble bien accompagné par une OST assez sereine mais de temps en temps interrompue par un morceau un peu plus agaçant. J’ai par exemple bien aimé me balader dans l’école au rythme d’une musique calme collant bien à l’univers, mais j’ai eu un peu de mal avec les sons plus électro criards accompagnant les combats aléatoires.

Magical psychologues

Que se cache donc derrière ce bel enrobage, me demanderez-vous sûrement ? Et bien on pourrait résumer Blue Reflection comme le cross-over de l’improbable entre Persona 5 et Sailor Moon, rien que ça. Vous connaissiez les Phantom Thieves voleurs de coeurs de Persona 5, voici les Magical Psychologues (rassurez-vous, je l’ai inventé, dans le jeu elles s’appellent « Reflector« ), réparatrices des coeurs des jeunes étudiantes.

L’essence du gameplay de Blue Reflection est presqu’en tous points semblable à celui de Persona 5, se divisant en 2 phases distinctes : une simulation de vie estudiantine dans une ville japonaise contemporaine et un RPG au tour par tour où l’on incarne des étudiantes ici transformées en magical girls dans de belles robes à frou-frou (alerte cosplay).

Le pitch est assez profond et original. Vous incarnez Hinako, une jeune fille qui suite à une blessure au genou (n’étant pas causée par une flèche) a du interrompre sa carrière prometteuse de danseuse étoile à tout jamais. Nous commençons l’histoire alors que cette dernière reprend les cours après une période de revalidation. On sent clairement qu’elle n’est pas bien dans sa peau, que cet accident lui a fait perdre confiance en elle et l’a fait se refermer sur elle-même. La vie scolaire s’annonce donc difficile pour notre héroïne.

BLUE REFLECTIO the common
Hinako se retrouve dans un monde étrange : the common

Lors de son premier jour de classe, elle se fait accoster par une élève l’ayant reconnue car elle l’admirait depuis l’école primaire de par ses qualités de danseuse. On sent rapidement le malaise grandir lors de ce dialogue car on a d’une part une personne en mal-être du fait de ne pas pouvoir danser et d’autre part une fille un peu groupie sur les bords qui insiste sur la cause de ce mal-être. Alors que cette dernière part dans un rire nerveux et flippant dû au fait de penser qu’elle pourra enfin côtoyer son idole, le temps se fige soudainement et notre héroïne est transportée dans un autre monde où rôde une créature hostile qui l’attaque soudainement. Tentant de fuir, notre héroïne entend alors des voix dans sa tête lui faisant comprendre qu’ici, elle a le pouvoir de changer sa condition, de reprendre le dessus et de battre ce monstre. C’est là que la magie opère et qu’elle se transforme en une magical girl armée d’une épée et d’une robe à frou-frou avec une mise en scène cinématique digne d’un Sailor Moon.

BLUE REFLECTION psychologues
Le common modélise la pensée collective de la ville. À vous de soigner les coeurs

Une fois le monstre terrassé, elle ramasse un orbe de lumière lui permettant d’entendre les sentiments de son admiratrice de la vraie vie, ce qui lui permet de mieux la comprendre. C’est alors que notre héroïne se retrouve de nouveau téléportée dans le monde réel et que les choses reprennent leur cours. Peu de temps après, elle rencontrera dans sa classe deux jumelles qui ne sont autre que les voix qu’elle a entendu dans le monde parallèle. Ces dernières apprendront à Hinako qu’elle est une Reflector, un être capable de voyager dans le Common, un monde parallèle regroupant le subconscient et les pensées de la population. Ce monde est menacé par des monstres attirés par les sentiments forts, entre autre des gens dans un état rampant (de transe liée à un choc émotionnel). Le rôle des Reflector est de vaincre ces monstres et de guérir ces sentiments car s’ils étaient détruits, cela détruirait aussi une partie de la personnalité de la victime ; menace potentielle pour toute la population. Bien entendu, une entité maléfique, le Sephiroth, est derrière tout ça et il semblerait que sa destruction permettrait de voir n’importe quel voeu réalisé. C’est donc peut-être une chance pour Hinako de pouvoir danser à nouveau ?

BLUE REFLECTION psychologues
Hinako et le crew de magical girls psychologues

Simulation de vie de jeunes filles

Ce scénario dessert particulièrement bien l’envie des développeurs de créer un jeu représentant les interactions sociales entre jeunes écolières au Japon. L’histoire sera découpée en chapitres lors desquels Hinako devra réaliser différentes quêtes avec les jumelles Yuzu et Lime pour aider psychologiquement leurs amies en proie à divers soucis mais aussi se soigner elle-même.

Hinako pourra gambader librement dans l’école pour réaliser diverses quêtes secondaires ou permettant de faire évoluer son rang de Reflector. Une fois un seuil atteint, un nouveau chapitre de l’histoire démarre, permettant généralement de découvrir un nouveau personnage à aider et un boss à occire, nous rapprochant de la confrontation avec le Sephiroth.

BLUE REFLECTION école
L’école regorge de NPC et petits événements à découvrir

Cette simulation de vie est assez semblable à celle d’un Persona, avec nettement moins d’activités extra scolaires disponibles, mais aucune limite de temps. C’est à dire que tant que vous ne validez pas votre rang de Reflector, vous pouvez passer autant de temps que vous le souhaitez dans l’école pour par exemple inviter vos camarades à des rendez-vous permettant d’augmenter votre amitié avec elles. Augmenter votre affinité permet de débloquer de nouvelles quêtes ou des événements de style « dating sims » à choix multiples permettant d’obtenir des fragments d’âme. Ces fragments ont une utilité en combat et peuvent être vus un peu comme une materia de final fantasy VII, mais à équiper sur vos compétences, leur attribuant des bonus non-négligeables. Par exemple, un fragment d’âme de boost de défense est intéressant à mettre sur un sort de heal de groupe pour soigner et buffer en même temps.

BLUE REFLECTION social link
Vous pourrez également converser avec vos amies via votre smart phone

Les interactions sociales et les personnalités des protagonistes ont donc une place prépondérante dans l’histoire. Si vous n’y accrochez pas, il y a de fortes chances que vous n’appréciez pas du tout l’expérience de Blue Reflection. Pour ma part, j’ai trouvé les thèmes abordés intéressants et les personnages plutôt attachants, certains sortant un peu du lot des stéréotypes habituels.  Le personnage d’Hinako est particulièrement réussi car elle n’est pas l’héroïne niaise et fleur bleue qu’elle laisse paraître. Elle a en effet des opinions bien tranchées et un côté un peu sombre ou triste du fait de l’impossibilité de faire ce qu’elle souhaiterait de sa vie. Elle sera de fait parfois la cause de transformation de ses amies en état « rampant » et devra ensuite les sauver, comprendra de ses erreurs et évoluer.

BLUE REFLECTION fan service lingerie
Une scène totalement gratuite de fan-service nous montrant hinako en train de se changer

Notez toutefois que malgré l’apparence fleur bleue du titre, Gust n’a pas hésité à sexualiser le casting exclusivement composé d’écolières par le biais de nombreuses scènes en profitant pour les dénuder légèrement. Il n’y aura rien d’osé ou inapproprié, mais les scènes de bain, douche, en maillot ou en sous-vêtements viendront entre-couper le récit pour apporter le fan-service si cher au public japonais. Ça ne m’a pas spécialement dérangé, mais j’ai trouvé que ça donne tout de même un côté un peu voyeur qui pourrait choquer ou paraître inadapté pour certaines personnes. Je doute qu’un jeune joueur innocent y voit le mal, mais la réalisation incite fortement à avoir l’esprit « mal tourné ».

Chorégraphie du tour par tour

Comme annoncé plus haut, à l’instar d’un Persona, les phases de type RPG viennent complémenter la simulation de vie présentée jusqu’ici. Bien que regorgeant de bonnes idées, ce mode RPG est sans doute le gros point noircissant le bleu de Blue Reflection.

BLUE REFLECTION interface de combats
L’interface de combat se passe dans un style semblable à l’interface d’exploration

Le système n’est cependant en soi pas mauvais et plutôt classique. Vous contrôlez Hinako qui devra progresser dans de mini-niveaux au level design anecdotique et pourrez engager le combat avec les ennemis visibles en leur mettant un coup d’épée bien placé. S’en suit alors une phase de combat au tour par tour semblable à ce que l’on trouve dans les Atelier récents avec la possibilité d’utiliser des compétences délayant le tour de vos adversaires. Il y a aussi des ajouts sympathiques au genre, comme une jauge d’ether permettant d’effectuer une action supplémentaire par jauge remplie, et ce à coût de MP amoindri. Je vous avais également parlé du système de fragment d’âme permettant de donner de nouveaux effets passifs à vos compétences.

BLUE REFLECTION build de personnage
La gestion de build est assez intéressante mais mal exploitée

Ces subtilités pourraient laisser penser qu’on aurait eu droit à des combats stratégiques et du challenge, mais il n’en est malheureusement rien. Les combats contre le menu fretin se réduiront à utiliser vos sorts de zone qui les tueront en un tour ou deux. Vous pourrez en abuser à outrance car l’entièreté de vos HP et MP sera restaurée après chaque combat, et ce même en mode difficile. Ceci rend donc les combats particulièrement lassants. De plus, il n’y a aucun réel intérêt à combattre car vous ne gagnerez pas de points d’expérience ce faisant. Votre seule possibilité d’augmenter de niveau sera via la réalisation de quêtes vous donnant un point de compétence à attribuer aux 3 personnages jouables (Hinako, Lime et Yuzu). Il est toutefois sympathique de pouvoir créer des builds différents pour vos personnages via l’attribution de ces points.

On regrette d’ailleurs qu’il n’y ait que ces personnages jouables étant donné le grand nombre de protagonistes. Ces dernières auront toutefois une utilité lors des combats de boss. Une fois une jauge remplie, elles pourront lancer une attaque de soutien avec une animation parfois singulière. Ça m’amuse à chaque fois de voir la joueuse de tennis faire autant de dégâts à un boss gigantesque en lui envoyant une balle à la tronche.

Heureusement, ce sont ces boss qui viennent sauver le côté RPG du naufrage. Chaque combat est presque chorégraphié, donnant un côté dramatique et épique à l’expérience. Il vous faudra en effet vaincre le boss avant qu’il ne se rapproche de votre école pour la détruire. A chaque tour, il avancera et attaquera, vous rapprochant de votre déclin au rythme d’une musique bien pensée. Il sera moins évident de se défaire des boss car ils sont composés de plusieurs parties à détruire se régénérant sans cesse. Toutefois, ils ne donnent pas non plus de réel challenge. Ils ont juste le mérite de proposer de beaux combats.

Le premier vrai boss en impose

Conclusion

Blue Reflection est un RPG plus que satisfaisant mais qui ne fera certainement pas l’unanimité.  Rappelons d’abord ses qualités principales. Premièrement, il est indéniable que Blue Reflection a voulu mettre le paquet sur son esthétisme et on ne peut que saluer le résultat atteint. Ensuite, il propose un scénario original allant puiser son inspiration du côté de la série Persona mixée à l’univers des magical girls. Il aborde le thème intéressant des relations sociales entre étudiantes au Japon sans tomber dans les travers des jeux pour adultes. Finalement, il introduit un système de combat au tour par tour avec bon nombre de subtilités pimenté par des combats de boss assez épiques.

Cependant, son principal défaut est qu’il ne propose aucun challenge et que les combats lassent rapidement (excepté les combats de boss). Ceci est assez problématique car les joueurs en recherche de difficulté n’auront pas grand chose à se mettre sous la dent.

On ne pourra donc le recommander qu’à ceux qui accrocheront à son univers. Là aussi, attention, car bien qu’en apparence fleur bleu et tout public, Gust n’a pas hésité à sexualiser les personnages via un nombre astronomique de scènes légèrement dénudées qui peuvent ne pas plaire à tout le monde. Toutefois, je tiens à souligner qu’on est à des années lumières du jeu pour adulte et qu’il n’y a rien d’osé ou choquant.

Blue Reflection

  • Développeurs Gust
  • Type JRPG magical psychiatre
  • Support PS4, PC
  • Sortie 29 Septembre 2017
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Papayou

Amateur de japonaiseries en tous genres, rédacteur et correcteur sur pxlbbq.com

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