Ce 24 mai sort dans nos contrées le nouvel opus de la licence de RPG Atelier, intitulé Atelier Lulua: The Scion of Arland et sous-titré The Alchemist of Arland 4. Comme ce nom à rallonge le laisse sous-entendre, ce nouveau jeu est une suite directe à la trilogie Arland, qui avait réussi le challenge de faire connaître cette licence de niche hors du Japon. Ce quatrième épisode sera-t-il à la hauteur de ses prédécesseurs ? On vous apporte notre point de vue dans ce test.
Redorer le chaudron
Les lecteurs assidus de PXLBBQ savent que je suis relativement friand de la série Atelier et la recommande chaud(ron)ement malgré des épisodes qui se suivent chaque année et se ressemblent peu ou prou sans jamais réellement innover. La raison principale de cet engouement est que les épisodes Atelier Totori et Atelier Meruru (issus de la trilogie Arland sur PS3) font encore aujourd’hui partie de mes RPG préférés et de mes quelques jeux platinés sur PS3, sans doute parce que je découvrais alors un genre nouveau qui avait fait chaud à mon petit kokoro d’otaku.
Toutefois, la trilogie Dusk m’avait laissé un goût de réchauffé de plus en plus prononcé au fil des épisodes (excepté Atelier Shallie) pour finalement me dégoûter avec l’épisode Atelier Firis de la trilogie Mysterious. Étant donné le fait qu’Atelier Lulua prend la parti de rompre avec la tradition des trilogies de Gust en proposant une suite à la trilogie Arland et en remettant Mel Kishida au character design, la corde de la nostalgie a résonné en moi et je me suis donc attaqué à ce test sur Nintendo Switch (un support relativement neuf pour la série). Petite parenthèse « ma life » terminée qui vous permettra peut-être mieux de comprendre mon avis sur ce jeu.
C’est dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures soupes
Avec Atelier Lulua, force est de constater que Gust n’avait pas perdu le livre de recettes pour réaliser un jeu semblable aux opus de la trilogie Arland. En effet, Atelier Lulua effectue une copie quasi parfaite des éléments principaux de gameplay d’Atelier Totori mais y introduit aussi certains changements majeurs piqués à gauche à droite dans les autres opus de la licence.
Le gameplay d’Atelier Lulua est centré sur son scénario, vous faisant incarner Lulua, une jeune apprentie alchimiste désireuse d’égaler les talents de sa maman en la matière, qui parcourra pour ce faire le monde d’Arland et résoudra de nombreux problèmes grâce à l’alchimie.
Le monde d’Arland est modélisé dans une 3D qui n’est certes pas à la hauteur des cadors de cette génération mais qui a tout de même ce charme désuet, en grande partie grâce au character design si particulier de Mel Kishida. Vous y explorerez plusieurs villes riches en NPC et en saynètes amusantes, augmentant encore l’empathie que l’on peut avoir pour notre héroïne et ses camarades, mais aussi de nombreuses zones de collecte/chasse et donjons qui vous permettront de progresser dans le scénario.
Cette progression se passera par le biais d’événements modélisés entièrement avec le moteur 3D du jeu plutôt que sur des plans 2D fixes comme nous avaient habitués les jeux de la trilogie Arland. Il y aura toutefois quelques CG en 2D éparpillés au fil de votre progression, histoire de faire vibrer la corde de la nostalgie. Force est de constater que la modélisation 3D des personnages retranscrit bien le trait et conserve le charme de Mel Kishida, ce qui ne nous fait qu’assez peu regretter le nombre limité de CG en 2D à « collectionner ».
Mais ce sera meilleur en ajoutant un peu de piment d’Espelette
Il y a cependant des différences notables par rapport au gameplay d’atelier Totori, mais qui font plutôt office de piment d’Espelette en améliorant encore le goût de ces anciens éléments.
Tout d’abord, le point à mon sens le plus important est qu’Atelier Lulua supprime la plupart des contraintes temporelles des anciens épisodes. Dans les anciens jeux, vous aviez un certain nombre de jours calendrier « in-game » pour mener à bien un objectif; sans quoi vous vous retrouviez face à un bon vieux game over des familles (un peu à l’instar d’un Persona). Ici, le calendrier est toujours présent, à savoir que toute action (récolter, voyager, faire de l’alchimie, …) fait légèrement avancer l’horloge, mais vous n’aurez pas de limite de temps pour mener à bien les objectifs du scénario principal. Ceci avait déjà été fait dans Atelier Shallie et m’avait beaucoup plu car cela retirait la pression d’échec constant et de devoir « rusher » les objectifs. Cela retire bien entendu du challenge mais je trouve qu’on y gagne à pouvoir explorer en profondeur tout en ne retirant pas le challenge que les boss vous proposeront en avançant dans l’histoire. En effet, malgré ses airs mignons, Atelier Lulua ne déroge pas à vous proposer des boss bien violents qui vous demanderont d’optimiser votre équipement, vos objets et de bien maîtriser le système de combat.
Ensuite, le système de combat vient également avec son lot de nouveautés, bien que toujours au tour par tour et basé sur un ordre dépendant de la vitesse des personnages. Votre party pourra compter maximum 6 personnes répartis sur 2 lignes: la ligne de front effectuant les attaques ou se prenant les dégâts en pleine figure, et la ligne de soutien. Les personnages de soutien régénèrent leurs HP et MP très légèrement à chaque action de la ligne de front et peuvent également réaliser des combos lorsqu’un personnage au front effectue une certaine action. Par exemple, la plupart des personnages ont une action de soutien déclenchant une attaque combo lorsqu’un personnage de front effectue un skill d’attaque consommant des MP. Comprendre et bien gérer ce système sera crucial pour affronter les boss et ne pas vous faire écraser. Comme dans les anciens titres, exploiter le système de vitesse et repousser le tour de votre adversaire via vos compétences actives et de bons équipements reste cependant la façon la plus rapide de venir à bout des opposants coriaces. Le jeu dote également certains personnages tels que Lulua et Piana du pouvoir « d’interrupt« , qui comme son nom l’indique doit pouvoir permettre d’interrompre une action, mais je n’ai pas encore trop compris ses subtilités.
Finalement, le système d’alchimie vient également avec son lot de nouveautés mais en conserve tout de même les bases. Lulua apprendra au fur et à mesure de son aventure de nombreuses recettes pour créer des objets d’utilités diverses tels que des « produits raffinés » servant d’ingrédients pour d’autres recettes, des objets clés pour faire progresser l’aventure, des objets utilisables en combat et des objets d’exploration. Ici, contrairement à Atelier Shallie, les objets à usage limité ne se régénèrent pas lors de votre retour au bercail pour un repos bien mérité. Il faudra en créer encore et encore pour ne pas tomber à court. Étant donné que nous n’avons plus de deadline à nos objectifs, ce n’est pas bien dérangeant, surtout que plus on progresse plus on trouve de meilleurs matériaux permettant de débloquer de meilleures propriétés aux objets créés.
C’est d’ailleurs dans votre quête pour créer les meilleurs objets et équipements qu’Atelier Lulua introduit le plus de changement. Tout d’abord, tout objet dispose maintenant d’une valeur élémentaire pour chacun des 4 éléments, avec une affinité pour un ou deux de ceux-ci. Débloquer des propriétés de plus en plus puissantes pour un objet créé sera principalement possible en augmentant ses niveaux d’éléments adéquats. Par exemple, une bombe aura ici des affinités avec les éléments de feu pour débloquer les propriétés « Fire Damage S à L » et de terre pour débloquer les propriétés « Def Reduction S à L ». Si vous créez votre bombe à base de matières premières n’ayant pas une valeur suffisante en éléments feu ou terre, votre produit fini ne réussira pas à obtenir les meilleures propriétés, voire obtiendra des effets malus si vous utilisez les éléments opposés. A partir d’un certain point de l’histoire, vous débloquerez la possibilité d’utiliser les propriétés d’awakening de certaines matières premières, rajoutant un effet particulier lorsque vous les utilisez pour vos créations. Par exemple, à un moment assez tôt de l’histoire, le jeu vous demandera de créer une bombe avec un effet de « Fire Damage L », ce qui n’est pas facile à ce stade où les matériaux n’ont pas énormément de bons attributs feu. C’est là où l’awakening vient à la rescousse ! En créant un objet particulier que vous pouvez utiliser comme matière première pour votre bombe, la propriété d’awakening débloquée sera « Fire Attribute+1 », ce qui vous facilitera la vie pour atteindre le niveau suffisant d’élément feu et réaliser une bombe qui pétera bien comme il faut. Le système de création d’équipement est quant à lui quasiment identique aux anciens opus: vous créez des lingots ou des tissus avec des propriétés qui vous intéressent et les utilisez chez le forgeron avec d’autres matériaux et de l’argent pour créer vos nouvelles armes et armures rutilantes.
Retour à Arland
Comme je vous le disais en début d’article, l’histoire d’Atelier Lulua est le cœur de son gameplay. En effet, chaque chapitre permet l’accès à de nouvelles zones, matériaux, recettes et boss. Nous ne sommes donc pas dans un monde ouvert ni libres de faire ce que l’on veut d’emblée.
Pour peu qu’on n’accroche pas au contexte de l’histoire ou aux personnages dès le départ, on risque donc de vite laisser le titre de côté.
Pour ma part, j’ai totalement accroché au scénario et aux nouveaux personnages introduits dans Atelier Lulua. Le quatuor de départ fonctionne à merveille. Il se compose de Lulua, au potentiel comique bien prononcé et légèrement tsundere dès l’arrivée d’Eva, l’amie d’enfance plus raisonnée mais qui se révèle glaciale envers ceux « un peu trop proches » de Lulua, d’Aurel, le noble venu d’Arland en quête des services d’un alchimiste qui aura la vie dure à cause des 2 filles et de Piana, la prof d’alchimie de Lulua qui est en fait un ancien personnage d’atelier Totori qui a maintenant grandi.
Au fur et à mesure de l’aventure, de nouveaux personnages font leur entrée mais on retrouve aussi certains anciens héros des jeux précédents. Ce point est malheureusement assez peu exploité tant leurs rôles sont ultra limités. J’étais d’ailleurs assez déçu du nouveau design et du rôle de Totori, mais c’est une critique très subjective. On espère juste que c’est parce que d’autres jeux Arland sont en préparation, sinon ça serait assez dommage. Nous aurons toutefois la possibilité via des DLC payants d’ajouter 2 anciens personnages parmi le roster de personnages jouables. Cette pratique, qu’on l’aime ou non, n’est pas nouvelle car bon nombre des anciens opus avaient fait pareil en intégrant certains personnages contre quelques euros.
L’histoire quant à elle est très classique mais fonctionne aussi très bien. Lulua a pour ambition de devenir une meilleure alchimiste mais ne sait pas trop comment s’y prendre. Elle vit dans la ville d’Arksys, une ville construite suite à la découverte d’une nouvelle ruine mystérieuse dans le monde d’Arland. Cette ville tombe un peu en désuétude suite au fait que cette ruine est inexplorable car une porte inébranlable en barre l’accès. Après s’y être rendue pour botter les fesses d’un monstre ayant fait son apparition, un livre mystérieux surgit en tombant littéralement sur la tête de Lulua. Ce livre est seulement déchiffrable par Lulua et lui apprend de nouvelles recettes d’alchimie qui tombent étrangement à pic pour résoudre des situations problématiques dans lesquelles elle se trouve. S’en suivra alors une quête pour comprendre les intentions de ce livre, Alchemyriddle, et comprendre ce qui se trame au royaume d’Arland.
Les chapitres s’enchaînent relativement logiquement, bien que certains peuvent paraître désuets dans l’ensemble. Leur rythme ne m’a pas lassé et m’a chaque fois poussé à continuer l’aventure pour connaître la suite de l’histoire. Du coup, pari réussi pour Gust de recréer un monde intéressant à explorer et un scénario captivant dans la continuité des anciens opus.
Au niveau pratiquo-pratique, chaque chapitre sera représenté par une partie du livre Alchemyriddle que Lulua devra décrypter en réalisant des actions bien spécifiques qui ne seront pas directement expliquées au joueur, mais seront représentées par des petites énigmes (riddle en anglais) à résoudre. Ce n’est parfois pas toujours hyper clair de voir où le livre veut en venir, mais ça donne justement un petit challenge « creusage de méninges » supplémentaire. Chaque chapitre d’Alchemyriddle vous propose également des énigmes annexes qui, si vous les réussissez, vous fourniront de nouvelles recettes ou matériaux pour vous faciliter la vie. En soi, c’est une façon originale de proposer des quêtes secondaires.
Vous en prenez un peu pour la route ?
Je finirai avec une petite note sur la version Switch du jeu. On observe tout de même de nettes différences par rapport aux textures des décors de la version PS4, mais cela est moins marqué au niveau des textures des personnages. En jouant en mode portable, je n’ai pas vraiment eu cette impression « oh mon dieu mes yeux saignent » que j’avais parfois eu avec Atelier Firis (que j’avais testé sur PS4).
De plus, je trouve que le support portable est plutôt intéressant pour un Atelier. En effet, une séance de récolte, de craft et un petit chapitre collent assez bien à un trajet d’une heure ou deux en transport en commun. Le seul regret est qu’on ne peut toujours pas sauvegarder sa progression n’importe où mais qu’il faut retourner à votre atelier pour ce faire.
Conclusion
Atelier Lulua m’aura complètement réconcilié avec la licence Atelier et j’espère vraiment que de nouveaux opus de la saga Arland verront le jour pour mettre en avant les anciens héros laissés un peu de côté dans cet épisode. Ce choix a peut-être été fait pour permettre aux nouveaux venus de se lancer dans la série sans devoir jouer aux jeux PS3 qui, admettons-le, étaient particulièrement longs à finir. Toutefois, ce n’est pas très attirant pour les anciens joueurs en quête de continuité avec leur série préférée. La balance est clairement en faveur des nouveaux venus ici, mais il y a tout de même à mon sens un scénario et des nouveaux personnages suffisamment intéressants pour séduire au passage les fans de la licence.
Atelier Lulua : The Scion of Arland
- Développeurs Gust
- Type RPG alchimique au tour par tour
- Support PS4, Switch, PC
- Sortie 24 Mai 2019