Celui qui n’a pas entendu parler ou vu des images d’Agony pendant la période de crowdfunding de celui-ci se doit alors de vite se mettre à jour. Teasé comme allant être le jeu le plus effrayant et gore qui soit, le premier né de Madmind studios a fait parler de lui dès les premières images et à cause des promesses faites tout autour. Mais il faut croire que la peau de l’ours a été vendue bien trop tôt.

ATTENTION : aucune des captures d’écran issues de notre test sur PS4 n’a été censurée. Elles peuvent donc représenter des scènes à caractère sexuel, violent, gore, … Âmes sensibles s’abstenir !

« L’ENFER EST PAVÉ DE NOIRES INTENTIONS… »

Dans Agony, on ne s’embarrasse pas d’une longue contextualisation autour de l’identité de votre personnage et de sa présence dans le jeu. Tout ce que vous savez, c’est que vous plongez pour des raisons obscures au Purgatoire, et que votre désir est de vous en sortir. Pour cela, il vous faudra retrouver la Déesse Rouge, qui est la seule à pouvoir vous rendre un souffle nouveau.

Si le plot paraît simple, le terrible périple que vous allez mener ne sera pas de tout repos. Dans les grandes lignes, il vous faudra traverser d’innombrables décors tous plus détestables les uns que les autres et affronter d’atroces créatures avant d’arriver à vos fins. Et quelles fins ? Elles sont nombreuses et varient en fonction de votre progression. Il sera donc peut-être nécessaire de reprendre l’aventure à plusieurs reprises pour toutes les connaître.

SOUFFRANCE GRAPHIQUE ET FAUSSES PROMESSES

Les développeurs ont lancé les premiers trailers d’Agony en août 2016, et à ce moment-là déjà on savait que rien n’allait être très propre dans ce jeu. Les premières images révélaient des parties de gameplay plus sordides les unes que les autres, dans des décors où les textures rappellent une chair torturée, sanglante et luisante. Annonçant alors une expérience dans laquelle tout serait permis dans le domaine du gore et du dégoûtant – puisqu’on nous promettait une absence totale de censure – MadMind Studios attire toute l’attention sur son soft et fait déjà frémir grâce à une démo concédée pour la somme de… 6.66$, participation minimale au crowfunding.

Test AGONY PS4
Cachez ces atrocités que je ne peux voir !

Après la sortie du jeu qui avait été repoussée du 30 mars au 30 mai 2018 (pour mieux s’adapter aux portages sur les consoles de salon), bon nombre de joueurs ont cependant vécu une incroyable désillusion. La promesse de non-censure n’a pas pu être tenue pour des raisons légales, et le patch Adult Only n’a pas non plus été sorti pour les mêmes raisons. D’emblée, on se retrouve sans la première source d’ « intérêt » du jeu. Restons quand même relatifs : si certaines scènes ont dû être enlevées à cause de leur caractère trop prononcé, la nudité des personnages, certaines scènes, certains passages audio et les décors n’ont pas été censurés. On ne peut pas donc crier au scandale pour une censure complète, mais on reste tout de même un peu déçus.

Test AGONY PS4Outre ce premier changement, la qualité des graphismes a changé par rapport à la démo. La première grande conséquence, c’est la luminosité devenue si sombre qu’il est difficile de s’y retrouver dans le dédale purulent dans lequel on progresse. Il ne faudra pas hésiter à augmenter ce paramètre pour avoir une expérience confortable, plutôt que de marcher pendant 5 minutes contre un obstacle qu’on n’avait pas vu. Le Chara Design laisse un peu aussi à désirer, mais plus pour les personnages humains que pour les créatures infernales. Les expressions faciales, et même les textures de peau dans certaines scènes, sont quasiment inexistantes.

Ce qui nous intéressait vraiment au départ (sans avoir joué à la démo), c’était de voir comment la direction artistique allait représenter le Purgatoire – ce lieu où les pécheurs expient leurs fautes dans d’atroces souffrances pour espérer accéder au Paradis. Si l’on met les pieds pour la première fois dans le jeu, l’effet est indéniable : on se trouve face à des détails dégoûtants, des carcasses, des sculptures lubriques, … Mais trop, c’est trop, et ça lasse. Ce qui devait être aussi intenable pour le joueur devient banal, le sang et les morceaux de corps ne nous surprennent plus. Car à force d’avoir voulu jouer sur tout ce qui peut inspirer le malaise, ils n’ont fait qu’amonceler des détails et encore des détails. Résultat : des textures mal rendues, des effets de brillance trop prononcés et complètement cramés, des animations ratées, … Tellement de choses à générer d’ailleurs que les temps de chargement paraissent interminables.

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Bon appétit bien sûr.

Pour donner quand même un point positif à l’ambiance, tout ce qui touche à l’audio est plutôt bien effectué ! Même si les doublages des personnages ne sont pas tout à fait convaincants (tape dans tes mains si toi aussi tu as eu droit au bug du PNJ qui répète sur le même ton la même phrase en boucle en plus de son mauvais doublage), c’est le détail sonore sur lequel on s’arrêtera le moins. Si je peux vous donner un conseil: même si vous n’aimez pas cela, jouez avec un casque pour une totale immersion dans ce qui peut réellement rendre mal à l’aise, plus fort que le visuel. Les bruits, tous plus bizarres et ignobles les uns que les autres, sont les grandes composantes du background, et sont parfois accompagnés de boucles ponctuant les actions en arrière-plan. On ne peut d’ailleurs pas vraiment parler de fond sonore, mais plutôt d’atmosphères, comme les développeurs l’ont bien trouvé pour nommer leurs OST.

Malgré cela, ce n’est pas assez fort pour relever le côté artistique, et ce n’est malheureusement pas les longues mises à jours survenues après la sortie du jeu qui ont sorti l’Arche du déluge…

le gameplay ne sera pas notre Sauveur

Si la qualité graphique nous avait déjà brisé le cœur à plusieurs reprises, le gameplay ne sera pas notre Sauveur. Là aussi, s’il est appréciable – bien que basique – au commencement et que certaines choses ont tout de même été bien pensées, on lui trouvera des failles et d’autres bugs in game après seulement une ou deux salles traversées.

La progression dans le jeu vers la Déesse Rouge se fait en traversant 5 chapitres découpés en diverses salles aux noms exotiques (Dédale de la Folie, Forêt Flottante, Porte d’Ishtar, …) Aussi, vous ne vous promenez évidemment pas seul dans les Enfers. Vous pourrez rencontrer des Martyrs qui ne sont ni vos alliés, ni vos ennemis, mais dont l’utilisation sera détaillée plus bas lorsque nous aborderons les sauvegardes ; mais également des créatures cruelles, sbires de Satan, qui n’auront pour objectif que de vous faire la peau. Ce bestiaire est cependant plutôt décevant car il est facile de connaître son fonctionnement, mais il est aussi peu fourni : il n’y a que quatre créatures capables de vous empêcher d’atteindre votre destination (sans compter les boss de fin de chapitre qui ne sont pas plus dégourdis pour autant, et la bataille finale qui est un peu décevante selon moi).

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Elle ne te voit pas, mais elle a une sacré ouïe…

A chaque fois que vous serez mis K.O. par un ennemi, il vous sera possible de respawn de deux manières, mais ces solutions ne sont pas inépuisables et ne peuvent pas empêcher un game over. Dans un premier temps, vous devrez activer manuellement des Miroirs des Âmes qui fonctionneront comme des check point. Il faudra les réactiver après trois utilisations (donc après votre 3ème renaissance près du même miroir), et si vous oubliez… Vous pouvez recommencer depuis le début du chapitre. Ceci n’est donc pas la meilleure façon de revenir, d’autant plus que les Miroirs ne sont pas déposés tous les 5 mètres et encore faut-il les trouver !
Nous arrivons donc à la deuxième manière de renaître : posséder un Martyr. Quand vous mourez, votre âme s’élève et vous devez partir à la conquête d’un corps. Pour rappel, les Martyrs sont les humains que vous croisez pendant votre périple et qui ne vous sont d’aucune aide… sauf dans le cas où vous mourez. Pour peu que vous ayez pensé à leur ôter leur capuche, vous pourrez faire revenir votre âme sur vos pas et la laisser prendre possession d’un de ces nouveaux corps. N’oubliez pas où vous les avez trouvés, car le temps imparti pour une possession (si elle fonctionne, merci les bugs) est assez serré ! Et, tant qu’on parle de sauvegarde, la dernière mise à jour en date freeze le jeu à chaque sauvegarde automatique, ce qui, personnellement, a le don de vraiment m’agacer…

Test AGONY PS4Le monde d’Agony est plutôt vaste au vu des nombreuses salles à visiter. Qui plus est, des statuettes et des lettres ont été disséminées dans toute la map – mais leur impact n’est absolument pas direct. Vous pourrez aussi trouver des Fruits Défendus qui vous permettront de débloquer des aptitudes supplémentaires, comme par exemple celle d’être plus discret ou de posséder un ennemi pour le tuer. Au-delà des objets, vous devrez également trouver des Chambres et des Anges ; ces derniers vous ouvriront la porte d’un nouvel ending.

Malgré le fait qu’il y ait pas mal d’extras à trouver, le chemin à suivre pour avancer dans la trame principale est plus que téléguidé. Il n’y a pas spécialement moyen de se perdre car on arrivera toujours sur un cul-de-sac, vous forçant à revenir en arrière. Aussi, si jamais vous ne savez plus de quel côté vous venez, vous pouvez toujours utiliser un guide (inépuisable si vous cochez cette option dans les paramètres) qui vous montrera la voie.

Passer de salle en salle ne sera pas chose aisée… Je vous ai dit ça plus tôt, sachez que je vous ai menti.
Il vous faudra d’abord résoudre des puzzles, qui malheureusement se répètent encore et encore au fur et à mesure du jeu : retrouvez des crânes et remettez-les en place, retrouvez tel artefact, reconstituez ceci, trouvez le bon symbole, … Avancer devient d’une facilité déconcertante, même si on a des ennemis aux trousses. En cinq chapitres et au moins une vingtaine de salles différentes, la mécanique est vite absorbée et le jeu est plié sans plus qu’on ait ressenti le moindre frisson.

Si au départ, l’expérience était prometteuse : plus on avance, plus on dépérit.

Test AGONY PS4
« The Slut of Babylon, the Holy Mother of Faith and Hope, the One who will break your heart. »

Conclusion

Il faut croire que les développeurs d’Agony ont eu les yeux plus gros que le ventre. A avoir trop vendu leur jeu, on l’a attendu avec une ferme impatience et l’on avait cette petite curiosité malsaine et pressée qui voulait absolument découvrir les pires atrocités qu’il pouvait contenir.

A sa sortie, Agony contenait beaucoup trop de défauts et faisait preuve de trop de promesses non tenues que pour fonctionner, tant du point de vue graphique que technique. De ce fait, les attentes des joueurs ont été placées trop haut et, tout comme son personnage principal, Agony connaît sa petite descente aux Enfers qui malheureusement, ne risque pas de se terminer d’ici peu…

Agony

  • Développeurs Madmind Studios
  • Type Survival horror
  • Support PS4
  • Sortie 29 Mai 2018
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Queen Potato

Prof de français excentrique le jour, gameuse la nuit, Queen Potato soumet les jeux vidéo à sa botte pendant des live streams endiablés. Sauf les survival horror. Ceux-là sont encore des espèces qui lui donnent du fil à retordre.

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