Vous commencez à me connaître, chers lecteurs, en matière de jeu vidéo, je suis plutôt bon public. Les titres calmes et narratifs me plaisent beaucoup tant qu’ils arrivent à me happer dans leur univers et qu’ils me fassent rêver un peu. C’était un peu le cas de ce Submerged, récemment sorti sur PC, XBoxOne et PS4.
C’est cool
Miku est désœuvrée : son petit frère est dans un état critique quand elle accoste dans une vieille bâtisse. Le monde est submergé, et seules subsistent les ruines sous eaux d’une ancienne civilisation. Pour sauver la vie de son frère, Miku va devoir trouver de quoi le soigner dans les quelques caisses de survie autrefois parachutées sur les toits des immeubles.
Voilà tout l’enjeu de Submerged : explorer une zone sous eau à bord d’un bateau à moteur et mettre la main sur un tas de collectibles en gravissant les murs des immeubles. Pas de combats, pas de morts possibles, juste de l’exploration calme et détendue…
Et de ce point de vue cela fonctionne. La carte se dévoile au fil des découvertes, et l’utilisation de la longue vue est primordiale pour annoter sur la cartes les 26 améliorations du bateau à récupérer, les 60 vignettes contant le cataclysme qui a touché le monde il y a bien longtemps, les 8 “lieux touristiques”, les 10 caisses essentielles à la survie de Taku et les 8 espèces vivantes peuplant les lieux… car oui, le monde de Submerged n’est pas vide, les espèces aquatiques et aériennes y vivent en harmonie, tout comme ces étranges bipèdes qui semblent vous observer de loin… Beaucoup de chose à découvrir donc, pour peu que l’on s’intéresse un minimum au background du jeu.
L’histoire des deux enfants et les raisons de leur présence en ces lieux vous seront contées au fil de vos découvertes, ici encore à travers un jeu de vignettes aux illustrations naïves.
Miku n’a aucun talent particulier si ce n’est de grimper le long des corniches des différents bâtiments. La découverte se fera donc au fil de votre navigation, sur le calme de l’océan. Si la bande sonore est magnifique, elle accompagne cependant peu l’action, se déclenchant aléatoirement. Les cris de la faune locale et du vent donnent agréablement vie à cet univers créé par les développeurs, d’autant qu’un cycle jour/nuit et des effets météo viennent ponctuer votre aventure pour de superbes moments de grâce.
Niveau inspiration, cela va sans doute vous rappeler beaucoup de chose : Enslaved : Odyssey to the West tout d’abord pour ses décors détruits que la nature s’est rappropriée, I am Alive, d’Ubisoft, pour le côté “je vais chercher des caisses de médicaments au sommet des bâtiments en ruine pour sauver un être cher”, voire Shadow of The Colossus pour le déroulement du scénario. Car, à l’instar du titre poétique d’Ueda, chaque découverte d’une caisse de ration vous ramènera automatiquement auprès du frère de Miku, sous le regard de créatures curieuses et le corps marqué par d‘étranges stigmates…
Ce genre de titre se termine très rapidement (comptez moins de deux heures) en ligne droite. Mais n’est-ce pas du non-sens complet de foncer vers l’objectif final dans un titre qui se veut contemplatif et débordant d’objets à découvrir ? Si la majorité des collectibles se situent au niveau de l’eau, plusieurs sont aussi disséminés sur les bâtiments principaux, et pas toujours sur le chemin principal. Vous aurez en effets quelques intersections durant votre ascension, et vous se saurez jamais réellement quel est le bon chemin tant que vous ne l’aurez pas emprunté et les détours sont toujours récompensés par une illustration.
Mais ça coule…
Seulement voilà, si les premières heures sont réellement enchanteresses, divers problèmes viennent entacher Submerged. Tout d’abord, le jeu est effectivement très répétitif, les objectifs étant toujours rapidement accessibles, et la progression étant totalement libre, vous obtenez l’objets-clé voulu en moins de 15 minutes une fois la logique acquise. Si l’on se tourne vers l’exploration, on se rend compte au final que la carte n’est pas très grande et surtout, pas très variée.
On découvre çà et là des lieux important ou une nouvelle race animale, mais passé les premiers moments, on a tendance à vite se recentrer sur la quête principale. Si les jeux de lumières et les environnements sont superbes à regarder de jour comme de nuit (vous profitez en plus d’un mode photo dédié pour peaufiner vos captures d’écran), on sort du rêve en constatant les énormes chutes de framerate à certains moments, les coupures à écrans noirs systématiques dès que Miku descend ou monte dans son embarcation ou les très longs temps de chargement à chaque retour au point de départ. Mais soit. Cela gênera quelques-uns d’entre-vous, mais si l’aventure en vaut le coup, pourquoi pas ?
Hélas, cher lecteur, l’histoire s’effondre sur elle-même dans sa conclusion, alors qu’elle préparait le joueur à un final original, en levant le voile sur les mystères du monde. Alors que le joueur se pose de nombreuses questions comme “Qui sont ces étranges créatures qui m’observent en silence ?” ou “Qu’arrive-t-il à Miku au fil du temps ?”, les développeurs ont jugés bon de livrer le pire et le plus inutile final possible à une aventure qui aurait pu avoir un sens.
Alors qu’une certaine mélancolie s’installe due au passé des enfants et aux transformations de Miku, ainsi qu’une tension à propos des énigmatiques observateurs, tout est fichu à l’eau (jeu de mot fort à propos *wink wink*) dans les dernières secondes par une conclusion tout bonnement nulle, sans intérêt et annulant tout l’émerveillement qu’on a pu ressentir en voguant sur l’océan accompagné de dauphins ou en observant une baleine à la longue vue pendant une nuit de pleine lune. Les jeux narratifs contemplatifs ne m’ennuient jamais car ils sont toujours accompagnés d’une bonne histoire et d’un final original (je vous renvoie à Ethan Carter, le jeu étant réellement maîtrisé narrativement), mais je ne peux trouver m’empêcher de partager avec vous l’immense déception que j’ai ressenti lors du générique de fin. Je dois noter cependant que je n’ai pas découvert l’intégralité des collectibles et qu’un autre final est encore possible, mais j’ai peu d’espoir à ce niveau.
Coooonclusion. Je dis non! Mais un Avis, je dis OUI!
Diable ! Voilà un titre sur lequel je fondais de beaux espoirs ! Si l’on oublie un peu le Character Design quelconque et l’animation des personnages quelque peu raide (on a affaire ici à un “petit” jeu, auquel j’aurai pu pardonner ces quelques lacunes techniques) il nous reste des promenades magiques sur l’océan, parmi les ruines et pas mal de choses à découvrir, accompagné d’une bande sonore magnifique.
Malheureusement, toutes ces bonnes choses sont contrebalancées par la nullité du scénario sans aucun enjeu ni sens ou les ralentissements énormes lors des déplacements sur l’eau. En l’état, je ne saurais vous le conseiller. J’y ai pris du plaisir, je n’irais pas jusqu’à le descendre complètement car il n’échoue heureusement pas sur tous les plans, néanmoins quand on délaisse à ce point le scénario et qu’on démoli tout ce qui a été mis en place par un final qu’on qualifiera au mieux de “malheureux”, il reste un goût très amer en bouche une fois l’aventure bouclée qui nous fait malheureusement rester sur une très mauvaise impression.
Submerged
- Développeurs Uppercut Games
- Type Aventure relaxante
- Support PS4, XboxOne, PC
- Sortie 05 Août 2015
Y’a bon!
- Les décors et les effets de lumière
- La bande son est splendide
- Réellement relaxant
- Plein de choses à découvrir
Beuargh!
- Des chutes de framerate impressionnantes
- Les coupures noires incessantes quand on quitte le bateau
- La musique random
- Le gâchis du scénario et la fin presque honteuse
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