Être tireur d’élite, y’a pas à tortiller, c’est quand même hyper jouissif. Surtout quand on incarne un type capable de décimer une armée entière à l’aide de quelques outils et de pas mal de précision. Autant vous l’avouer, c’est Matplayer le pro de la série, mais il avait piscine, alors c’est moi qui me colle à la critique de Sniper Elite 4 : Italia.
Pan dans ta tête
Faute de temps, je n’ai pas pu jouer à Sniper Elite 3, qui me faisait bien de l’œil mais qu’importe, je suis assez ravi de pouvoir troquer les déserts contre les magnifiques environnements de l’Italie, même si elle est en pleine guerre, à la veille du débarquement. Balancé sur des grandes cartes plutôt réussies en terme de level-design, multipliant les petites routes et passages détournés, entre champs et ruines, notre Sniper émérite, après avoir sapé la Führer allemande (vous l’avez ?) en Afrique, s’emploie aujourd’hui à casser du nazi dans des environnements jouant autant sur leur taille que sur leur verticalité.
L’intérêt n’est pas tant de tuer ses cibles que de le faire en beauté
En effet, comme tout bon sniper, il vous faudra trouver des points de vue adaptés pour toucher vos cibles tout en restant hors de portée des ennemis. Car un coup de feu, cela s’entend de loin et il ne faudra pas longtemps aux allemands pour trianguler votre position et se mettre en chasse.
Heureusement – pour vous – une fois bien installé, vous pouvez littéralement faire un carnage avant que quelqu’un ne vous déloge. Certes, le titre vous incite à tester différentes approches, utiliser les éléments du décors (particulièrement explosifs) et user d’outils à double usage telles que les mines pour provoquer des réactions en chaîne sur une courte distance, mais l’intelligence artificielle est si limitée – en mode normal du moins – qu’il reste parfaitement possible de flinguer tous les renforts de loin sans se prendre une balle. Un peu dommage pour le coup, mais comme pour un Hitman, le réel intérêt est ailleurs et est brillamment résumé sur les cibles du champs de tir : visez juste.
X-Ray
Marque de fabrique de la série, la killcam est ici utilisée de la même manière que dans un Mortal Kombat, soulignant vos plus beaux tirs par des ralentis au rayon X qui vous montrent bien les dégâts provoqués par votre balle dans la nuque, les poumons, les yeux voire les testicules (oui-oui). L’enjeu n’est plus alors de tuer ses cibles – ce qui est assez simple même en fonçant dans le tas – mais de le faire avec beauté et style dans les règles de l’art. L’expérience de jeu étant alors démultipliée, tout comme l’expérience réelle glanée au fil des actions. Petit côté Watch Dogs, en marquant les ennemis à l’aide des jumelles, on a même accès à une petite bio rapide, soulignant la personnalité du futur cadavre. On se demande comment cela est historiquement possible, mais ça ajoute un côté humain aux “gens d’en face”, même s’ils sont un peu cons.
On profitera alors du bruit provoqué par le passage des avions pour tirer une – et une seule balle – dans la tête d’un ennemi isolé pour nettoyer petit à petit une zone sans se faire repérer, pour la beauté du geste. Ceux voulant se la jouer commando iront sans doute plus vite avec leur silencieux et leur couteau derrière les lignes ennemies, passant de fourrés en murets pour se salir les mains. Si cela vous ôte un peu le plaisir du travail propre, cela rassurera les joueurs que les mécanismes de balistique effrayent.
En effet, suivant la distance ou le vent, la balle de votre fusil n’ira pas forcément en plein milieu de votre viseur. Dans les modes de difficulté les plus bas, le simple fait de retenir son souffle pour stabiliser le tir marquera l’apparition d’un petit curseur qui vous indiquera si vous allez tuer votre cible ou juste la toucher. Dans les modes de difficulté plus avancés, ça sera entre vous et votre lunette de visée, comme un pro.
Un mode multijoueur est présent sous deux formes : le compétitif façon Gimli / Legolas “Qui c’est qui en aura le plus ?” dans un mode survie plutôt hors de propos dans un jeu où on incarne un tueur fantôme, et un mode coopératif, pour le coup bien plus sympa, puisque qu’il vous faudra vous entraider pour parvenir à vos fins dans les missions de la campagne – Il est beaucoup plus complexe de trianguler deux tireurs plutôt qu’un seul, le second pouvant couvrir les arrières de l’autre – et un mode où le vainqueur est celui qui accumule les plus grandes distances de tir – plutôt approprié pour le coup.
Conclusion
Malgré une IA agressive à faible distance mais un peu idiote de loin et une réalisation propre mais sans plus, Sniper Elite 4 Italia offrira aux fans de la série de jouer sur des cartes très grandes et permettant des approches très diverses, tandis que les nouveaux venus y trouveront leur compte en apprenant dans la douceur les subtilités du métier. On est assez vite tenté de faire un carnage explosif et très voyant pour en prendre plein les yeux, mais on se rend compte assez vite que tout le plaisir réside dans l’attente de trouver l’angle parfait, l’enchaînement mortel qui vous gratifiera d’une mise à mort détaillée et parfaitement jouissive de vos ennemis, à l’aide d’une seule balle. Un jeu posé, calme, où tout l’intérêt est d’éviter l’action : c’est assez rare pour être apprécié, surtout quand c’est bien fait.
Sniper Elite 4 Italia
- Développeurs Rebellion
- Type Tir au pigeon, Infiltration
- Support PS4, XBox One, PC
- Sortie 14 Février 2017
Y’a bon!
- De très grandes cartes, avec plein de possibilités
- Ça reste joli et propre
- La KillCam, une récompense en soi
- Le mode coopératif, adapté et plaisant
- Une difficulté adaptable à tous
Beuargh!
- Une IA bête à manger du foin
- Quelques petits bugs parfois rigolol, parfois frustrants
- On est vite tenté de leur rentrer dans le lard, ça marche aussi
- Un mode survie ? SRSLY ?