Frozenbyte – à l’origine de la trilogie féérique Trine – revient pour une nouvelle aventure avec Shadwen, une jeune femme bien décidée à assassiner le roi. Pourquoi ? A vous de le découvrir lors des quelques dialogues que compte le titre d’infiltration qui n’est pas sans rappeler un certain gobelin vert…
Assassin sans crédo
Car oui, il va être difficile de ne pas faire un rapprochement avec le dernier titre de Cyanide : Styx (lui-même préquelle officieuse de Of Orcs and Men, dans lequel un Orc et un Gobelin devaient aller assassiner le roi humain dans son palais… hum…). Ainsi, Shadwen excelle en assassinat furtif, et il lui faudra redoubler d’effort pour traverser les 15 chapitres en un seul morceau sans se faire repérer sous peine d’une fin de partie abrupte. En effet, si l’intelligence artificielle du jeu est relativement limitée (nous y reviendrons), elle s’avère des plus efficaces pour aller sonner l’alarme en un temps record, mettant fin à la partie. Même constat si l’un des gardes venait à vous voir ou à découvrir un cadavre que vous auriez omis de cacher dans un fourré ou un tas de paille.
Le premier niveau vous impose de diriger Lily, une petite fille désireuse d’aller manger une pomme dans un jardin protégé par la garde du roi. L’occasion de se faire la main sur le gameplay furtif tout en diversion et cachette pour éviter de se faire voir. Bouteilles renversées, caisses ou chariot poussés, tout ce qui produit du mouvement ou du son – comme votre chute sur le sol – est bon à prendre pour éloigner les gardes des chemins que vous devrez emprunter pour quitter la zone. Shadwen quant à elle mettra vite la main sur son meilleur allié : un grappin rétractable qui lui permettra – à l’image de Zoya dans Trine – de s’accrocher à toute paroi en bois, de rejoindre des plateformes en hauteur ou de tirer sur des objets pour générer du bruit. Ceci se révèle parfois un peu maladroit quand notre tueuse s’enroule bêtement autour d’un mât, la faute à une physique quelque peu déroutante où rien ne semble avoir de poids. En résultent quelques situations cocasses, mais on attrape vite le pli de savoir comme utiliser ce grappin bien utile en toute circonstance.
Les niveaux n’étant pas extrêmement grands, et le grappin facilitant nettement la progression de Shadwen, il faudra pourtant éliminer précautionneusement toute menace sur la route la plus longue car la tueuse n’est pas seule. Marchant sur ses traces, la petite Lily n’est pas une guerrière et vous accompagne partout. Dans l’impossibilité de se battre ou de franchir le moindre obstacle, Shadwen devra alors lui ouvrir un passage vers la sortie en faisant diversion ou en éliminant les gardes. Mais attention, votre relation avec l’enfant peut changer si jamais elle vous aperçoit tuer quelqu’un…
Particulièrement utile pour ouvrir des portes et jamais encombrante, Lily souffre de ce que je nommerais le “Syndrôme d’Ellie” (The Last of Us), à savoir que les gardes n’y prêteront aucune intention si elle se trouve sur leur chemin. Le petite mettant pourtant un point d’honneur à courir de cache en cache, elle pourra pourtant passer devant le nez des ennemis sans déclencher la moindre réaction de leur part. Légèrement illogique, pourtant c’est bien la seule façon de faire en sorte que le tout fonctionne car l’intelligence artificielle porte ici admirablement son nom.
Idiote au possible, et dotée de redoutables œillères, elle sera aisée à tromper et à éliminer, si tant est que c’est la voie que vous choisissez. Rien ne paraît la perturber au-delà de son périmètre de 5 mètres, sauf si vous apparaissez pile dans a ligne de mire qui semble s’étendre un peu plus loin. Ils ne s’inquiète également jamais de la disparition des leurs, quand bien même vous auriez éliminé la quasi-totalité des gardes de la zone. Néanmoins, ils sont souvent nombreux, en groupe et parfois en armure, vous obligeant à les assassiner depuis les hauteurs pour avoir assez de force. Et chaque erreur équivaut à une fin de partie…
Le temps n’attend pas… mais en fait si
Le joueur aura par contre à sa disposition une capacité bien pratique : celle de contrôler le temps. En effet, il sera possible pour Shadwen de rembobiner – sans limite – le temps à la moindre erreur, rendant au final le Game Over presque impossible. De même, le temps se fige dés que la jeune femme cesse de bouger, vous permettant d’analyser confortablement la situation de planifier vos actions ou de viser correctement en plein saut. D’une simple touche, il est bien entendu possible de rester immobile tout en faisant défiler le temps à vitesse normale, afin de laisser passer les gardes ou d’utiliser des pièges.
Disséminés dans une multitude de coffres – parfois bien cachés – des plans et des matériaux d’artisanat vous permettront de fabriquer – en nombre assez limité toutefois – une série d’objets pour vous aider : des leurres en passant par des fléchettes empoisonnées ou des bombes collantes, vous aurez de quoi vous frayer un passage dans les rangs ennemis.
Leur utilisation est simple, et on peut à tout moment démanteler un outil inutilisé pour récupérer ses matériaux et en construire un autre. Ces objets font toutefois presque de la figuration tant les capacités de Shadwen semblent amplement suffisantes pour mener à bien sa quête et s’en passer sans trop de soucis. C’est dommage parce qu’au final, les niveaux sont d’avantages des puzzles à réussir que des scènes d’action. Il faut distraire, amener les gardes là où ils seront seuls pour les éliminer, rapidement cacher leur corps et user des pièges ou des éléments du décor avec parcimonie pour éviter de se faire repérer, car pour les gardes, toute mort accidentelle (au hasard… une caisse qui tombe sur l’un d’eux) est forcément suspecte et mérite qu’on déclenche l’alarme. L’utilisation des pièges s’en trouve alors drastiquement limitée, car au final plus compliquée que de tomber sur le dos d’un garde esseulé pour le tuer en silence…
Comme je le précisais plus haut, votre relation avec Lily vous poussera – ou non – à agir soit de façon discrète en ne tuant personne, soit en massacrant méticuleusement chaque garde. Suivant votre voie (la seconde étant quelque peu plus simple que la première), vous aurez une toute autre utilisation des outils et ceux-ci pourront se révéler très efficace en tant que leurre.
Techniquement, les quelques dialogues sont joliment illustrés, même si ils réemploient souvent les mêmes dessins, et on aurait aimé que les écrans de chargement – en plus de nous en apprendre plus sur Shadwen et sur sa quête à l’aide de dialogues – nous indiquent notre position sur l’immense carte de la ville. On reconnaît bien la patte du studio FrozenByte à travers les coloris employés et les effets de lumière rendant un peu plus féériques les niveaux relativement austères, et assez peu diversifiés (des remparts, un port, des salles, le tout de nuit). En découle un petit jeu d’infiltration agréable, avec sa mécanique temporelle et la possibilité de terminer chaque niveau de deux manières très différente.
Conclusion
Shadwen souffre d’un certain renouvellement d’intérêt. Ses niveaux se ressemblant tous un peu trop, malgré la difficulté croissante, son intelligence artificielle est peu efficace et l’utilité des outils reste relative. La mécanique du temps permet d’essayer de nombreuses possibilités d’autant que la construction des niveaux s’y prête bien et on sera tenté de relancer chaque chapitre pour réussir une infiltration parfaite et sans victime. C’est là que se situe le réel intérêt de Shadwen : des niveaux assez linéaires mais offrant assez de possibilités et d’éléments aléatoires (les inspections des gardes suspicieux) pour offrir du challenge aux amoureux de ce type de production.
Shadwen
- Développeurs Frozenbyte Studios
- Type Infiltration
- Support PS4, PC
- Sortie 17 Mai 2016
Y’a bon!
- C’est joli et proprement réalisé
- Les niveaux offrent pas mal de possibilités et de liberté
- La mécanique du temps
- Les outils à combiner
- Deux façons de finir chaque niveau
Beuargh!
- Une IA très limitée
- Des niveaux qui peinent à se renouveler
- Le grappin est capricieux
- L’utilité relative des outils
- La physique parfois déconcertante
Comments