Revenons dans les sacro-mais-un-peu-trop-hypées années ‘90, voulez-vous, époque à laquelle un concurrent plus que sérieux venait ébranler le tout puissant Street Fighter II dans toutes les salles d’arcade et aussi plus communément chez nous, dans les cafés (enfin, pour ma part c’était plutôt chez le vendeur de Dürüm pas loin de chez moi) : Mortal Kombat.
Personnages digitalisés pour plus de réalismes, gameplay rigide, effets ultra-violents, kitchs assumé et ribambelle de personnages tous plus improbables les uns que les autres. Je vais pas vous mentir : je détestais Mortal Kombat. Trop rigide dans son gameplay, ridicule dans son approche, la borne de SFII avait d’avantage droit à mes pièces de 20FB que celle du jeu de Midway (mais si, souviens-toi… Midway !).
Ridiculity
Il faut dire quand même qu’au fil des années, la licence Mortal Kombat a joué plus ou moins consciemment avec son côté ridicule, s’inspirant des fameux films de ninjas américains (qui font les beaux jours du site Nanarland) et démultipliant les Fatalities toutes plus gores les unes que les autres. Après deux films à la qualité discutables (bien que bénéficiant d’un Christophe Lambert à jamais mythique), de deux séries télé toutes aussi bancales (“Defenders of the Realm” et “Conquest”), d’une série animée à oublier à tout jamais, Le passage à la 3D, les épisodes annexes et un cross-over (pas si mal) avec les héros DC Comics, l’image de la série semblait vouée à tutoyer les abysses.
Puis vint l’année 2011
Reboot complet de la licence par les gars NetherRealm (anciens de Midway après son rachat par Warner Bros – les développeurs initiaux de la saga donc), le sobrement baptisé “Mortal Kombat” profitait non seulement d’une remise à niveau graphique très appréciable, mais aussi d’un mode Histoire extrêmement complet reprenant l’intrigue des trois premiers jeux sous la forme d’un scénario bien mis en scène et mettant en avant absolument tous les personnages de la série (soit une bonne trentaine, plus les “invités” comme Freddy Krueger ou Kratos. D’autres personnages moins importants étant uniquement présents dans les décors). Chacun ayant “son moment de gloire” à travers une histoire plus que rocambolesque mais jouissive, le mode solo était une pépite inespérée sensée relancer la saga… ou dans mon cas pour y comprendre enfin quelques chose. Généreux en contenu, ce neuvième Mortal Kombat introduisait également les attaques X-Ray, ces super-coups ultra-violents montrant les effets dévastateurs des attaques aux rayons X. Bref, de la bonne came qui m’avait scotché à ma manette de longues heures à l’époque.
Sobriety
Nous sommes maintenant en 2015, et après le très chouette “Injustice : Gods Among Us” (qui renouait donc avec l’univers DC de manière bien plus convaincante), NetherRealm revient avec Mortal Kombat X.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette mouture 2015 a gagné en sérieux et cela se voit dés l’écran d’accueil, glacial. 25 années (27 à mon sens… mais bon) se sont écoulées depuis la tentative avortée de Shao Khan d’envahir EarthRealm, Johnny Cage et Sonya Blade font maintenant partie d’une force d’intervention sensée gérer les incursions d’ l’Outremonde sur Terre, et ont mis fin aux ambitions de Quan Chi et de son grand maître Shinnok de mettre la main sur Earth Realm.
Le jeu se permettra de faire de nombreux flashback pour nous expliquer certains points du quart de décennie précédent afin de nous expliquer les relations entre certains personnages et le retour parmi les vivants de certains autres. C’est qu’il s’en est passé des choses en 25 ans, et il est maintenant temps aux vieux de la vieille de mettre le pied à l’étrier à la jeune génération ! Représentée principalement par Cassie Cage (fille de Sonya et Johnny), Jacqui Briggs (fille de Jax, qui s’est offert une retraite à Smallville à réparer des tracteurs), Takeda (Fils de Kenshi, mais entraîné par Hanzo/Scorpion) et enfin Kung Jin (cousin de… Kung Lao, bravo, vous suivez).
Côté vilains, l’étrange D’Vorah aura voix au chapitre en tant que lieutenant du désormais maître de l’Outremonde, Ferra/Tor ou “l’enfant-chelou-sur-le-dos-d’une-grosse-brute”, Erron Black, pistolero au charisme fou, le dieu Inca Kotal Khan et le grand vilain pas beau Shinnok, antagoniste principal “Shao-Khan-c’était-de-la-petite-bibine”. Tous les personnages ont pris un coup de vieux, et on aura du mal à reconnaître Sub-Zero et Scorpion, même si leur capacités restent intactes. La très dentée Mileena se voit par contre offrir un petit ravalement de façade qui rend son physique un peu plus avenant (pas de quoi vouloir lui payer un verre, mais y’a du mieux…) dommage, son côté Tarkatan inquiétant ajoutait une touche de folie au personnage, mais celui-ci se voit offrir un rôle plus important en tant qu’héritière de Shao Khan. Graphiquement, le jeu en impose grâce à ses textures, aux éclaboussures de sang (un peu moins exagérées cependant) où à la boue qui salit les corps des Kombattants. Le doublage français est de bonne facture, même si on ne sait pas si on doit le prendre complètement au sérieux (parce que même si le scénario est plus sérieux, ça reste un peu kitch) ou si certains passages sont volontairement trop grandiloquents (pléonasme).
Vieux Shinnok
Le jeu de mot s’imposait.
Outre de très nombreuses morts et retours à la vie improbables, le scénario nous raconte maintenant quelque chose de très sérieux et très cohérent. Trop peut-être, mais ça a le mérite au moins de se laisser suivre tout au long de la douzaine de chapitres (rassurez-vous, Johnny Cage assure le côté comique – et on a même droit à un petit clin d’oeil expédié au fans de Frost). Un peu moins long que le neuvième épisode, celui-ci vous prendra quand même quelques heures à boucler sans aucun déplaisir, d’autant que les développeurs ont cru bon d’inclure des QTE lors de certains cinématiques histoire de dynamiser le tout. Et non, ce n’est pas mal foutu, vu que le système de combat en lui-même n’a pas été simplifié en ce sens.
Les Kombattants disposent toujours d’une palette de coups variée, mais arrivent cette fois en 3 versions chacun, chaque version étant spécialisée dans un style de Kombat avec leurs coups spécifiques. Par exemple Raiden pourra soit se spécialisé en dégâts de foudre, en téléportation ou en mise en place de pièges dans la zone de Kombat. Cela renouvelle un peu les parties et on ne sait jamais trop quelle version on affronte avant le début du combat, rajoutant un peu de piment à d’éventuels habitudes. On sent également qu”Injustice est passé avant, car il est possible d’utiliser des éléments du décors pour causer des dégâts aux ennemis (allez.. au hasard, attraper une mémé dans le décor et le balancer sur la tronche de votre adversaire – priceless) ou d’utiliser ces derniers pour fuir un coin.
Trois jauges ornent l’écran, celle de vie – s’épuisant assez rapidement – la jauge d’endurance nécessaire à l’éxécution de certains coups ou à la course, et une jauge Ex permettant au choix de lancer une variation plus puissante des coups spéciaux ou de balancer les fameuses attaques X-Ray dévastatrice une fois celle-ci pleine. Le spam est ici un peu réduit, même si certains combattant continuent d’user à outrance des attaques à distance (Liu Kang, Shinnok, c’est de vous que je parle). Certains personnages pourront aussi bénéficier de bonus d’attaques en enflammant (Liu Kang) ou en électrisant (Jacqui Briggs) leurs poings en échange d’un petit temps d’éxécution (les attaques à distance bénéficiant de frames plus longues, inutile d’espérer les lancer au corps à corps).
Kontenulity
(oui, d’accord j’arrête). Au-delà du mode Histoire plutôt bien fichu, il nous reste les traditionnels modes de jeu en versus, entraînement aux coups et combos, voire même aux différentes Fatalities tranquillement dans son coin. Les Tours Vivantes sont une succession de combats avec des règles modifiées, comme l’apparition de tempêtes ou de météorites durant les combats, et le mode Faction vous permet de rejoindre l’une des 4 faction du jeu pour des invasions hebdomadaires, où chaque action dans le jeu octroie des points à otre faction. Sympa pour apporter un peu de nouveauté au jeu, via l’affrontement de boss invulnérables ou de tours à gravir, mais un peu maigrichon quand on regarde du côté de son prédécesseur. La Krypte par contre contient un nombre impressionnant de contenu à débloquer à l’aide de l’argent gagné au fil des combats, allant de nouvelles Fatalities à des skins ou des artwoks du jeu.
Tapons un peu dans ce qui fâche aussi avec les DLC déjà annoncés de nouveaux personnages (Jason Voorhees, Tanya, Tremor et Predator – Bordel, où est Scarlet ?!) ou Goro offert uniquement en cas de précommande pour se concentrer sur la possibilité de débloquer toute la Krypte en échange de 20€ ou d’acheter des Fatalities simplifiées. Pour le premier cas de figure, je dirais que la possibilité existe pour les joueurs d’acheter un raccourci pour débloquer le contenu du jeu. Cela va à mon sens à contre-courant de ce qui devrait être et ce contre quoi les joueurs râlent depuis des années (comme quoi ils préféreraient débloquer le contenu à la sueur de leur pad plutôt qu’avec leur carte bancaire), mais chacun est libre de dépenser son argent comme il le souhaite. Concernant le second cas de figure, c’est un peu plus nuancé, car l’éditeur propose ici d’acheter un pack limité de manipulations simplifiées pour les Fatalities. Que l’on se comprenne bien : il s’agit ici de remplacer – par exemple – la manipulation “<-, ->, <-, [] (proche)” par “R2, [] (proche)”, soit de simplifier la manipulation par un combo de deux touches un nombre limité de fois (après quoi il faudra racheter un autre pack de jetons). Pour ma part, je trouve ça un peu idiot et je ne vois pas dans quelle dimension cela pourrait intéresser les gens, mais encore une fois, chacun est libre de dépenser son argent comme il le souhaite. Sachez cependant que ces fameux jetons sont débloquables aussi dans le jeu – en nombre limité – donc regardez-y un peu à deux fois avant de sortir votre carte bancaire.
Koooonclusion. Je dis non! Mais un Avis, je dis OUI!
Mortal Kombat X est peut-être un cran en deçà de son prédécesseur en terme de surprise et de contenu. Que l’on se comprenne bien : il n’y a pas à crier au vol, le jeu est beau, complet, technique et très amusant, mais la série semble monter sur des rails qu’on ne pensait pas lui voir prendre, à savoir le ton sérieux de l’ensemble malgré un univers que Scy-Fy n’aurait pas renié. Le Online étant encore un peu bancal au niveau du code réseau pour le moment, on espère tout de même qu’un patch viendra corriger tout ça rapidement. Reste un jeu très beau, très violent, jouissif dans ses combats et c’est en fait tout ce qu’on lui demandait. A dans 4 ans pour la suite ?
Mortal Kombat X
- Développeurs NetherRealm
- Type jeu de Kombat
- Supports PC, PS4, XBoxOne
- Sortie 14 avril 2015
Dans le même genre :
- Mortal Kombat 2011
- Injustice
Y’a bon!
- Une réalisation au poil
- Un gameplay plus spécialisé avec les 3 versions
- Le mode Faction, sympa
- Le contenu de la Krypte, énorme
Beuargh!
- Les DLC un peu too much
- Le Online pas très stable
- Le ton sérieux déroutant
Obligé de s’incliner devant un tel boulot sur les perso, sur les techniques fatality ou encore des brutality. La qualité graphique est exceptionnel…du lourd, du très lourd!
Tout à fait Michel.. heu Sergent Mario ^^
NetherRealm ne bâcle pas sa licence et c’est une excellente chose. Depuis son reboot, la série a pris un sacré coup de jeune et on sent que les mecs veulent proposer du contenu de haut niveau. Techniquement, il est difficile de le prendre en défaut (rien n’est parfait hein, mais il assure), les Fatalities sont bestiales et c’est ce qu’on leur demande 🙂
J’ai juste une grosse retenue sur la façon de proposer les contenus payants, avec un Kombat Pack sympa mais deux fois trop cher, n’incluant de plus pas Goro qui est à acheter séparément en plus… bref, un modèle économique discutable, tout comme celui du prochain Batman…
Heureusement, il y a de quoi faire dans le jeu de base !