Il y a un peu plus d’un an, un documentaire sur Hayao Miyazaki a été réalisé pour le plaisir de ces fans. C’est en janvier 2019 plus exactement que le documentaire basé sur le maître de l’animation japonaise est sorti gratuitement sur la chaine NHK. Il se nomme 10 Years with Hayao Miyazaki et, je vous en propose une petite analyse, histoire d’essayer de vous donner envie de découvrir ce grand homme.
Le récit d’une histoire
Le documentaire est réalisé par la chaîne de télévision et radio japonaise, NHK. Cette chaîne est la seule chaîne publique au Japon. Le tournage du documentaire commença en 2006. Miyazaki n’étant pas une personne qui apprécie la foule, seul Kaku Arakawa sera chargé de réaliser et filmer ce reportage. Ce dernier avait déjà été appelé pour s’occuper du documentaire Never Ending Man Hayao Miyazaki qui portait sur le même sujet que le reportage qui nous intéresse aujourd’hui. Vous pouvez retrouver les quatre épisodes sur le site officiel de NHK en cliquant ici.
Episode 1: Ponyo is here
Le documentaire se coupe en 4 épisodes. Le premier était la préproduction de Ponyo sur la falaise. Notre histoire débute en 2006, on y découvre la routine et l’originalité journalière d’Hayao Miyazaki. On y découvre aussi un réalisateur hors du commun, travaillant seul mais pas tout à fait. En effet , on le voit à plusieurs reprises saluer les habitants invisibles de son studio, ou déplacer un banc devant sa maison pour proposer aux passants de s’y asseoir. Une originalité digne de ses films.
Dans la suite de cet épisode, nous découvrirons de nombreuses techniques utilisées par Hayao lors de la pré-production de ces œuvres afin d’améliorer son imaginaire et son inspiration.Ce dernier nourrissant son imagination dans l’étrangeté de la vie de tous les jours, le poussant à filmer les rues de sa ville ou à observer les différents paysages.
On va découvrir dans ce premier volet la façon de penser une oeuvre à la manière Hayao. Ce dernier dira pendant l’épisode « quand on a une structure, il faut la suivre. Si on n’a pas de début, on se met à stresser et on commence à douter. Ça devient une source d’énergie. » Ceci résume assez bien sa façon de faire. Il ne se presse jamais, ce qui le met en retard, lui créant du stress qui sera pour lui la source de son imagination. Une méthode originale qu’il doit être compliqué de suivre.
Pour terminer, le premier épisode nous introduit deux personnes importantes pour Hayao. Premièrement son fils Goro Miyazaki, réalisateur également. Une tension semble évidente entre père et fils.
Deuxièmement son producteur, Toshio Suzuki, un ami de longue date dont on verra une petite interview en fin d’épisode, nous décrivant à travers ses yeux Hayao Miyazaki.
Episode 2: Dessiner le réel
Le 2e épisode traite de la production. Malgré la pré-production finie, Miyazaki n’a toujours pas vraiment de ligne directive pour son film. Il possède juste un ensemble de dessins qu’il dit devoir encore relier entre eux.
On découvrira assez vite que le film Ponyo sur la falaise a été un vrai défi pour lui. En effet ce dernier ne sera pas réalisé en images de synthèse. Toute l’oeuvre sera réalisée à la main, ce qui demande une semaine de travail pour 5 secondes du film.
Hayao Miyazaki est quelqu’un se basant extrêmement sur les sentiments de ses personnages. De plus c’est une personne qui porte beaucoup d’attention à leurs sentiments. Ca le rend très perfectionniste, le poussant à vérifier chaque planche et à refaire celles qui ne lui conviennent pas.
Il lui arrivera souvent de se mettre en retrait dans son studio pour travailler sur le caractère de Ponyo et ce avant même de savoir quelle histoire elle vivra. Tout son récit se monte de cette manière, créant scène après scène des personnages qu’il crée avant tout grâce à son imagination.
Une bonne partie de l’épisode va se dérouler sur le problème que va rencontrer Miyazaki avec le personnage de Toki, la femme forte du film. En partant à la découverte de ce personnage, nous aurons l’occasion d’en découvrir plus sur Miyazaki: de son enfance à son premier grand succès, Nausicaa.
On va découvrir ici une vie bien remplie, avec un très grand don pour le dessin, une grande place pour sa mère malade, la rencontre avec son producteur Toshyo Suzuki et les ébauches de ses futurs succès.
Une des choses à retenir de Miyazaki ici est la place importante qu’il laisse à la Mort. Éternelle rappel pour lui que s’il ne fait pas de film, alors il n’a pas vraiment de raison de vivre.
Episode 3: Aller de l’avant – la menace
Nous sommes en 2010, Ponyo est sorti et fut un succès. Hayao Miyazaki travaille pour le moment comme scénariste pour le film « La Colline des coquelicots », réalisé par son fils Goro Miyazaki. La tension qu’on avait déjà ressentie dans le premier épisode entre eux va réapparaître de façon assez évidente. Ils ne se parlent que très peu.
On en déduit assez vite que l’épisode traitera de la relation père-fils chez les Miyazaki. C’est la première fois que le documentaire va nous proposer une vision bien différente d’Hayao Miyazaki. En effet ici nous le verrons à travers les yeux de son fils.
Goro est un jeune réalisateur portant un nom qui le dépasse. Malgré la présence de son père régulièrement dans ses studios, il ne veut pas lui montrer les storys board de son prochain film de peur d’être critiqué.
Et il le fera à juste titre. Hayao n’a pas ça langue dans sa poche voulant aider au mieux, grâce à son expérience, les projets de son fils. Le refus de Goro d’être influencé par son père sera pourtant contourné par ce dernier. Il arrivera, sans s’imposer directement, à aider l’histoire.
L’épisode traitera donc plus en profondeur de la personne qu’est Goro, et les difficultés qui sont nées dans sa vie suite au succès de son pêre. Celle-ci affectant dans un premier temps sa vie privée via son nom de famille mais aussi sa vie publique en lui imposant une pression énorme.
Pour donner un exemple, lors de l’avant-premier de son premier film, ce dernier fut très bien reçu. Cependant et malgré un bon accueil, son film fut traité de « sous Miyazaki“.
En plus de souffrir du succès de son père, il a aussi beaucoup souffert de son absence due à la méthode de ce dernier et de son implication dans ses œuvres. Goro a très mal vécu cette absence causant de nombreux conflits entre eux. Cependant on notera une amélioration de leurs relations à la suite de leur collaboration pour La colline des Coquelicots.
Episode 4: Pas d’excuses faciles
L’épisode commence en 2012. Il va traiter du dernier projet réalisé par Hayao Miyazaki, Le Vent se lève.
Toujours en pleine recherche d’originalité, Hayao va se lancer dans un film basé sur un personnage historique, Jiro Horikoshi. L’ingénieur derrière les avions de la 2e Guerre Mondiale. Mais avec ce dernier projet naît une crainte que Miyazaki puisse glorifier la guerre.
Au-delà de la recherche de créativité, ce nouveau projet est venu en partie grâce au producteur Toshio Suzuki. Ce dernier ayant trouvé Ponyo assez classique pour un Miyazaki, et ce, malgré son succès critique. Toshio lança alors Miyazaki sur le projet d’adapter en film le manga qu’il avait créé après Ponyo, Le Vent se Lève.
Nous allons donc pouvoir suivre ici la production de ce dernier long-métrage. Cette production sera une véritable révélation pour Miyazaki. En effet ce projet tombe pile au moment des différentes catastrophes naturelles qui vont toucher le Japon en 2011 et elles lui feront prendre conscience que certaines des fictions qu’il avait lui-même imaginées pouvaient s’avérer réelles.
Suite à cette réflexion, Miyazaki ne veut plus faire que des films pour divertir et faire rêver, mais également pour donner une réponse à comment passer ses moments de drames.
Après 2 ans de production et 300 animateurs à gérer, on découvre un Miyazaki fatigué, sentant le poids des années. Mais malgré ses difficultés, intervient alors une dernière personne importante pour Miyazaki, son rival Isao Takahata. Entre eux il y a une rivalité saine qui les pousse à donner le meilleur d’eux-mêmes. Cependant, Le Vent se Lève sera bien son dernier film. Miyazaki aura, comme à son habitude, longuement réfléchi sur son dernier long-métrage, le poussant à remettre en question sa vision de la mort ainsi que de la vie et à prendre du temps pour cette dernière.
10 Years with Miyazaki : Conclusion
L’avis de Nicolas Callu
10 years with Hayao Miyazaki est un bon reportage. Il nous décrit bien et avec honnêteté la personne qu’est Hayao Miyazaki. Il montre évidemment ses qualités mais aussi ses défauts. On y découvre les passages les plus importants de sa vie, ainsi que sa philosophie et ses remises en question. Les vidéos sont plaisantes à regarder et disponibles dans plusieurs langues, on peut noter que le tournage a commencé en 2006, et a été réalisé par une seule personne, ce qui donne par moments des angles de caméra et des résolutions assez moyennes. Mais cela ne gâche en rien le visionnage. Je vous invite à aller le découvrir si vous voulez en apprendre plus sur ce grand homme qu’est Hayao Miyazaki.
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