Si la mode du casual bashing est malheureusement toujours dactualité, il est bon de sintéresser au pourquoi de cette haine (pas toujours justifiée) du casual.

Depuis plusieurs années, le jeu vidéo subit un changement notable. Tout un temps très fermé, le monde vidéoludique souvre de plus en plus et de nouveaux types de joueurs font leur apparition. Et comme à chaque fois quil y a changement, il y a clivage.

Clivage entre types de jeux mais surtout clivage entre joueurs. Dun côté, les « passionnés« , ceux qui pratiquent le jeu vidéo depuis très longtemps et qui nourrissent une vraie passion pour ce loisir. De lautre, les joueurs occasionnels, qui jouent de temps en temps et ne pratiquent que quelques jeux grands publics : les casuals.

Le mot est lâché et il a eu tôt fait de se transformer (à tort) en insulte. En effet, les « hardcore gamers » ont très vite  traité ces nouveaux arrivants de  » casuals« , les dénigrant, eux qui ny connaissaient rien au jeu vidéo. Réaction bête mais naturelle. Dans tous les loisirs et toutes les passions, il existe ce clivage entre les  « vrais » et les « autres », du cinéma en passant par le tricot (« quoi, tu ne connais pas le point de croix? Tes trop un noob » !). Pourtant, casual nest, de base, pas un terme aussi péjoratif. Il veut simplement dire « occasionnel » et se dit dun joueur qui na que peu de temps de jeu. Et lorsquon entre dans la vie active, on a tôt fait den devenir un de casual.

Si « basher du casu » nest pas très malin et souvent luvre de « kikitoudur » qui veulent faire peser tout le poids de leur pseudo-autorité sur les autres,  linverse nest pas très intelligent non plus. Car non, tous les joueurs ne sont pas égaux. Certains ont plus de bouteille que dautres et sy connaissent tout simplement plus. Evidemment cette connaissance ne doit pas saccompagner de mépris envers ceux qui « en savent moins ». Elle devrait, au contraire, servir à orienter les nouveaux venus, leur faire découvrir dautres jeux. Mais attention, il ny a pas quun seul type de casual.

Ces derniers sont eux-mêmes divisés. Si une certaine tranche dentre eux se contente de jouer à ce qui leur plait et ce, sans forcément être réfractaire à dautres choses, dautres essayent de se faire passer pour des « gamers » alors quils ne connaissent rien (ou presque) au monde vidéoludique, ce qui a le don dénerver ceux qui pratiquent le jeu vidéo depuis toujours. Et il y a de quoi! Irait-on se prétendre « fan de foot » juste parce quon regarde quelques match une fois tous les 4 ans lors de la Coupe du monde? Bien sûr que non.

fake-gamer

Et bien le raisonnement est le même concernant le jeu vidéo. Voir des gens se faire appeler « gamers » parce quils jouent à Angry Birds sur Smartphone en attendant le train, ça a de quoi faire dresser les poils de ceux qui, par exemple, pratiquent le jeu vidéo depuis la période 8 bits. Ces derniers ont limpression quon essaie de leur voler leur passion, de la galvauder. Mais malheureusement le souci ne sarrête pas là.

Car les éditeurs mettent tout le monde dans le même panier et font tout pour plaire au plus grand nombre, provoquant la « casualisation » que lon subit  depuis quelques années. Des jeux formatés, faciles et grand public devant plaire à tous. Et cest ce facteur qui tend à cette « haine » du casual, alors que certains dentre eux nen demandaient pas tant.

Certains « casus » nont pas forcément envie quon leur serve tout sur un plateau, ils ont envie de découvrir dautres sortes de jeux, quitte à ce que ces derniers soient moins facile daccès. Et avec une telle attitude, ils trouveront toujours un « vieux de la vieille » pour les aider et les conseiller. Et nul besoin de jouer 8h par jour pour saméliorer, être un joueur (ou une joueuse) ne se compte pas à laune des heures passées devant son écran, pas plus quon est un « sale casu » car on aime jouer à Super Smash Bros.

Les autres, eux aussi, nouveaux arrivants dans le monde du jeu vidéo, ne partagent pas cette philosophie. Ils veulent tout, sans effort et vite si possible (quitte à sortir la Visa). Parce que le jeu vidéo, ça ne doit pas être compliqué, ni trop prise de tête, il faut du fun immédiat sans trop se fouler. Les joueurs de WoW ne savent que trop bien de quoi lon parle, eux qui ont vu leur MMORPG se casualiser à outrance, par la faute de cette partie de la communauté et de Blizzard, léditeur du jeu.

Il ne faut pas se leurrer, ce genre de joueur, qui demande à ce quon lui serve la becquée, est une aubaine pour les éditeurs. Il ne cherche pas à saméliorer, na aucune attente et ne connait pas grand-chose du jeu vidéo. Du pain béni pour les éditeurs qui se feront un plaisir de lui livrer  des jeux ultra-formatés sans aucune évolution. On lui servira la même soupe chaque année à grands coups de marketing  et il achètera sans se poser trop de questions. On citera évidemment des licences comme Call of Duty ou Fifa, qui se sont élevées au rang de maîtres dans lart de revendre le même jeu chaque année.

ea2

De leur côté, les « gros  gamers » ne sont pas tout blancs non plus. Plutôt que de se servir de leur expérience pour accompagner les nouveaux venus, certains sont parfois plus prompts à les exclure, voire à les insulter. Difficile pour un casual de se faire une place quand, à la moindre erreur de sa part, il se fait automatiquement descendre par les autres joueurs. Et ça, si on daigne lui laisser une chance. Certains esprits étriqués ne daigneront même pas lui adresser la parole en apprenant qu’il est fan de Mario Kart ou n’a jamais touché à Skyrim. Pas étonnant que certains casuals préfèrent en rester à leur jeu sur smartphone ou au dernier Fifa.

Casuals fort

Alors oui, cest fort louable de vouloir mettre tout le monde sur un pied dégalité, du joueur dAngry Birds à celui de Dark Souls II mais ce nest pas possible. Loin de nous lidée de prôner le « bashing de casu », qui est une attitude stupide et qui renvoie une image négative de la communauté. Mais il y a tout simplement plusieurs catégories de joueurs. Il faut sy faire et éviter de jouer la carte du discours consensuel « tous les joueurs sont pareils ». Joueurs oui, mais pas forcément du même type.

 Usul le disait très bien dans lun de ses 36 15 : rien ne sert de stigmatiser les nouveaux venus dans le monde des jeux vidéo, il faut les accueillir et leur permettre de saméliorer en les tirant vers le haut. Tout le contraire de ce qui se passe actuellement, avec un nivèlement par le bas constant des productions actuelles pour plaire au plus grand nombre.

Il faudra donc attendre une évolution des mentalités : celles de certains casuals, des éditeurs et même des « gros gamers » . Et alors là seulement, le nivèlement par le bas deviendra peut-être une chose du passé.

 

Show Full Content

About Author View Posts

Petit Ange Parti Trop Tôt

Parfois, un Pixel s'éteint et vogue vers d'autres horizons. Mais ce n'est pas parce qu'il ne fait plus partie de notre grand barbecue que ce qu'il a écrit disparaît !

Previous Dresseurs de Pokémon, récupérez dès maintenant votre Prismillon spécial
Next Kill The Bad Guy | Test – PC

6 thoughts on “Casualisation : la faute aux casuals ?

  1. Si l’analyse est pertinente, la conclusion m’apparaît comme un peu naïve, ou à tout le moins simpliste.
    Si certes, comme pour tout domaine, l’accueil des nouveaux est réaction plus saine que la moquerie primaire (souvent réalisée, par ailleurs, par des casual gamers juste un peu moins casual que ceux dont ils se moquent), je ne pense pas que l’ont puisse attendre une « évolution des mentalités », permettant la fin du nivèlement par le bas. Le casual gaming est une réalité qui peut se comparer au film hollywoodien : c’est du sous jeu/sous film (au sens des canons du genre) qui a un succès assez solide pour se perpétuer. Ce que l’on peut attendre (mais il faudra le soutenir si on le veut voir se réaliser), c’est le développement (déjà en cours) de licences non casual, souvent venues de nouveaux studios de développement (la vague indie avec Notch, Talewords, Klei, etc., mais aussi des jeunes entreprises façon CDProjeckt), plus rarement d’anciens (Valve à cet égard vise un public relativement initié), de même qu’en cinéma, musique ou littérature certains créateurs visent un public averti, incapables de soutenir (ou refusant) la compétition des produits à forte audience. Ce qu’il est donc souhaitable de soutenir, c’est le clivage lui-même, non pas par une stigmatisation systématique du nouveau, mais bien par une reconnaissance de différents genres de jeux pour différents publics. Ce qui peut passer par des revues/sites spécialisés, et la popularisation de définitions relativement nettes distinguant le jeu « pour l’art », du jeu « pour le commerce » ou du moins le jeu « pour tous » du jeu « pour ‘connaisseurs' ». L’évolution des mentalités ne s’attend pas, elle se provoque.

  2. Et bien, voilà un post bien constructif, ca fait plaisir^^

    La conclusion te semble simpliste et je peux le comprendre. Je crois néanmoins qu’il y a moyen de faire évoluer la mentalité de certains joueurs casual. Comme tu le dis, le casual gaming est une réalité et par bien des égards il ressemble au film hollywoodien, « pop-corn ». Certains s’en contentent et tant mieux pour eux si ils y trouvent leur comptes. Mais je reste convaincu qu’une partie de ces casuals jouent à ce genre de « jeux » car ils ne connaissent rien d’autres et n’ont pas de gamers plus avisés dans leur entourage pour les aiguiller (et aussi car ces jeux sont facile d’accès, faut pas se leurrer). Parfois ca prend, parfois pas. Le statut de casual est parfois « temporaire », si on est bien conseillé, on ne le reste pas, si tant est qu’on ait envie de découvrir d’autres choses.Et ne parlons pas de certains casuals, parfois très obtus, qui considèrent que tout ce qui sort de Call of ou Fifa, c’est « du jeu pour puceau boutonneux ». Autant dire que ces cas-là sont désespérés.

    Et concernant le clivage en lui-même, mon article n’était peut-être pas assez clair sur ce point mais je suis pour qu’il y ait un clivage, ou plutôt, différents types de jeux pour différents types de joueurs. C’est d’ailleurs ce qui me faisait tiquer dans l’article publié récemment sur jv.com. J’avais l’impression qu’il essayait de réunir tous les joueurs, comme si nous étions tous pareils parce que nous jouions. Un petit côté bisounours qui ne plaisait pas, je n’aime pas l’idée qu’on me mette dans le même panier que le gars qui joue à Candy Crush dans le bus (c’est ce que j’essaye de dire vers la fin de mon article). C’est d’ailleurs ce que je reproche aussi aux éditeurs: qu’ils fassent des jeux plus casuals pour un certain public , d’accord. Mais j’ai l’impression qu’ils essayent de casualiser un peu tout les genre et toutes les licences, sans distinctions. Alors oui, il y a des éditeurs et des studios qui évitent cet écueil mais j’aimerai qu’ils soient plus nombreux.

    Et oui, le changement de mentalité ca se provoque, le tout est d’y mettre la manière 🙂

  3. Attention à ne pas faire un amalgame entre « pop-corn blockbuster » et mauvaise qualité. De la même manière que le cinéma populaire peut être de grande qualité (et de plus en plus de cinéastes anciennement « indé » sont recrutés sur du blockbuster), la « casualisation » d’un jeu n’est pas une réduction de qualité en tant que telle. On ne cherche pas tous la même chose et si rendre un jeu plus abordable amène à le rendre moins plaisant pour une certaine partie des « hardcore » gamers ce n’est pas forcément le cas pour tous, y compris parmi les gamers confirmés (ceux qui ont encore les yeux qui saignent et du 8 bit dans les oreilles). Quand ça passe par une volonté de difficulté excessive on arrive souvent sur le terrain d’un vulgaire concours de kiki.
    L’exemple de wow est assez parlant : on parle souvent d’une casualisation du jeu au fil des années, alors qu’il a juste été améliorée sur son accessibilité et son ergonomie. En gros, conduire avec la direction assistée c’est être un casual. Quand on est un vrai on a la tendinite pour prouver qu’on a fait son créneau sans.
    Enfin, c’est compliqué de parler de casualisation quand on cherche tous des choses différentes dans un jeu. N’ayant pas les mêmes attentes, même chez les « vrais gamers », on n’est pas confrontés aux mêmes déceptions.

  4. Quand je parles de pop-corn blockbuster, ce n’est pas forcement en terme de baisse de qualité mais plutôt en terme de divertissement « simple ». Comme tu le dis, on ne recherche pas tous la même chose. Si je veux un film pour me détendre , j’ira voir un truc style Pacific Rim. Certains diront que c’est un mauvais film, moi je dirais qu’il m’a fourni ce que je recherchais. Les jeux casuals sont ce que recherchent certains joueurs et je ne vais pas les dénigrer pour autant 🙂

    Maintenant, là où je ne suis pas d’accord, c’est ton exemple avec Wow. Le jeu était déjà largement accessible de base, bien plus que la concurrence à l’époque. C’est d’ailleurs pour ça qu’il a connut un tel succès. Le rendre plus accessible au fil du temps (ergonomie,etc) je veux bien. Mais plutôt que de proposer un parcours progressif, on a casualiser à la truelle, tout est devenu trivial à obtenir. Je ne dis pas qu’il fallait absolument un truc hyper restrictif (genre Naxxramas premier du nom qu’1% de la communauté a vu) mais à quoi bon jouer si tout est servit sur un plateau?. On peut être casual sans forcement vouloir être « assisté ».Eet le Wow d’aujourd’hui, c’est ça.

    Ahah, effectivement, on a tous des attentes différentes, c’est pour ca que lorsque je parle d’un groupe, je ne dis pas, par exemple, « les casuals » mais « certains casuals » car au final, chaque joueur a des attentes différentes^^

Laisser un commentaire

Close

NEXT STORY

Close

Des ouvrages consacrés à SEGA et Yakuza disponibles chez Third Editions

10/09/2020
Close