Betrayer
- Développeur : Blackpowder Games
- Type : FPS/Survival horror/Enquête
- Support : PC
- Sortie : 24 mars 2014
Dans le même genre :
- F.E.A.R.
- Dead Space
- Léa Passion Zombies Conquistadors
Blackpowder Games, un studio indépendant composé de transfuges de chez Monolith (F.E.A.R., No One Live Forever), vient de signer son premier jeu : Betrayer. Un FPS au visuel surprenant et à l’ambiance oppressante. Doté d’un esthétisme qui marquera les esprits, pourra-t-on en dire autant de son intérêt ludique ?
En l’an de grâce 1604, alors qu’il voguait pour rejoindre ses potes en Virginie, un mystérieux colon anglais fait naufrage quelque part sur les côtes du Nouveau Monde. Manque de bol, il va vite découvrir qu’il a posé les pieds sur une terre monochromatique abandonnée par les vivants et hantée par les morts. Pour ne rien arranger à ses galères, la quasi-totalité des entités qui squattent cette île veulent sa peau. Heureusement pour notre poissard, une jeune fille toute de rouge vêtue se décide à lui filer un coup de paluche en lui prodiguant quelques conseils et un arc pour se défendre. C’est sans un poil d’explication en plus que vous débutez votre aventure, complètement livré à vous-même. Qu’est-il arrivé à votre colonie, qui est cette donzelle en rouge et pourquoi tout est en noir et blanc ? Pour élucider ces mystères mystérieux, il vous faudra arpenter de long en large des environnements relativement ouverts s’offrant sans retenue à votre fougue aventureuse.
En rouge et noir
Alors que la tendance actuelle dans le jeu vidéo est à l’assistanat, Betrayer a décidé de prendre cette mode à contre-pied. Après avoir brièvement fourni quelques instructions sur les commandes, il vous lâche dans la nature sans but clairement identifié, voire identifiable. Ce sera à vous d’apprendre sur le tas les mécanismes du jeu. Il en est de même pour la trame narrative qui ne prendra forme qu’en glanant des indices lors de vos balades. Parce que sous ses airs de FPS, on se rend vite compte que la substantifique moelle du titre de chez Blackpowder Games est tout autre et s’apparente finalement plus à un jeu d’enquêtes saupoudré d’un soupçon de survival horror qu’à un shooter.
C’est d’ailleurs l’aspect enquête qui est le plus intéressant, tant les combats sont classiques au possible, manquent de mordant et sont trop prévisibles. Et ce n’est pas l’IA demeurée qui aide à relever le niveau. Les zombies conquistadors se contentent de foncer bêtement droit vers vous pour ensuite vous canarder. Dotés d’une vision bionique, ils arrivent à vous repérer à des kilomètres à la ronde. Même en essayant l’approche fufu ninja en mode accroupi, l’attaque surprise ne réussit que trop rarement. Tout ça mis l’un dans l’autre, fait qu’on subit les affrontements plus qu’autre chose. Dommage, parce que l’arsenal fidèle à celui de l’époque était franchement sympatoche avec ses mousquets, arcs à flèches et autres tomahawks.
Dans le noir des grandes forêts, je me suis souvent perdu
Dans les premières heures de jeu, il est grisant de zoner dans cet univers torturé et silencieux dans le but de trouver des réponses pour aider les esprits en peine. Mais au fil de la partie la monotonie déboule sans crier garer et s’installe confortablement. En effet, au fur et à mesure que l’aventure prend son rythme de croisière, et que les mécanismes régissant la progression se laissent dompter, on se rend compte qu’il faut invariablement répéter sans cesse le même schéma pour débloquer la zone suivante, et donc la suite de l’histoire. Le sentiment d’être condamné à réitérer toujours les mêmes actions est d’autant plus énervant que le challenge n’évolue pas avec le temps, si ce n’est que les ennemis deviennent plus nombreux. Une fois toutes les subtilités assimilées, soit en une heure ou deux, de véritables gimmicks se créent et on finit par gambader machinalement en pestant contre les assauts aléatoires de créatures démoniaques. Betrayer peut se résumer à rincer et répéter pendant à peu près 8 heures les même opérations, jusqu’à un run final dégoulinant de redondance et multipliant inutilement les allers-retours sur la poignée de régions disponibles.
Le scénario à la fois dramatique et poignant arrive tout de même à tempérer l’agacement et à sauver le titre de l’ennui le plus total. Par contre, un bon niveau d’anglais est plus que recommandé tant les dialogues sont longuets et verbeux. Autre atout de Betrayer : son ambiance. Oui, les décors sont désespérément vides, mais c’est un peu l’époque Nouveau Monde qui veut ça. Le parti pris visuel en noir et blanc ainsi que l’atmosphère funeste confèrent un cachet unique au titre. Idem pour l’aspect sonore ultra minimaliste qui favorise lui aussi l’immersion. Bien souvent, le souffle du vent sera votre seul compagnon auditif pendant que vous crapahuterez dans la campagne nord-américaine. Malheureusement, cet enrobage ne réussit à faire illusion qu’un temps et ne suffit pas à en faire un grand jeu au bout du compte.
Coooonclusion. Je dis non! Mais un Avis, je dis OUI!
Betrayer a de la gueule. Mais ça ne suffit pas. Passé les premières heures de jeu, il se chope un vilain coup de mou et sombre dans la monotonie la plus totale. La faute à une répétitivité et à un manque de challenge qui viennent méchamment plomber le rythme du jeu. Dommage, l’ambiance et le scénario étaient pourtant au rendez-vous.
Y’a bon!
- L’univers et l’histoire torturée
- L’ambiance visuelle et sonore
- Les mécanismes volontairement obscurs à maîtriser par soi-même
Beuargh!
- Redondant au possible, une fois la découverte passée
- Les combats
- Court
- Un peu trop cher
L’info en +
Le Nouveau Monde est un terme désignant l’Amérique ainsi que l’Océanie, notamment l’Australie. Il fut utilisé au XVIème siècle à propos de terres découvertes au-delà de l’océan Atlantique, lorsqu’il devint évident que ce que l’on appelait jusque-là « les Indes occidentales » était en fait un nouveau continent.
Le Nouveau Monde a apporté à l’Ancien Monde le maïs, la vanille, l’arachide, la tomate, le tabac, la fève de cacao, etc.
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