Si vous vous souvenez, j’avais pensé du bien du dernier opus d’Assassin’s Creed. Imparfait, très certainement, mais aussi agréable à parcourir, sans prise de tête, une histoire aux enjeux simples avec un duo sympathique en tête d’affiche. Bref, sans doute l’épisode le plus réussi depuis longtemps en terme d’ambiance (parce qu’en terme d’IA… hem… bref passons.). Après avoir parcouru l’ère victorienne et la première guerre mondiale, Ubisoft ne devait pas faire l’impasse sur un mythe les plus fascinant du XIXème siècle : Jack l’Eventreur.
From Hell
Car oui, Jack l’Eventreur constitue une fascinante énigme encore aujourd’hui, car si les suspects furent à l’époque extrêmement nombreux, aucun coupable n’a jamais été identifié. Les lettres attribuées à l’assassin publiées par la presse contribuèrent à rendre Jack omniprésent dans le quotidien des anglais, lui conférant une aura terrifiante de tueur sans visage. Je ne vais pas trop m’attarder sur ce mythe ici, préférant vous renvoyer au visionnage du film “From Hell” (du nom d’une des lettres attribuées à Jack), ou – mieux encore – à l’excellente bande dessinée du même nom d’Alan Moore, qui retrace l’éprouvante enquête réalisée à l’époque en retenant les meilleures théories pour en faire un long récit graphique angoissant.
Pour l’heure, qu’en est-il de la version des Assassins ?
On retrouve rapidement Jacob en 1888, sur la piste de Jack l’Eventreur alors qu’un nouveau meurtre atroce vient d’être commis. Et le DLC nous prend par surprise en nous faisant incarner lors de ce prologue non pas Jacob Frye, mais Jack lui-même. On comprend ici très vite que les deux hommes se connaissent, et que Jack “n’est pas tout seul dans sa tête” comme on dit. L’occasion ici de nous présenter de nouvelles fonctionnalités liées à l’idée principale de cette mémoire : la Peur.
Saucy Jacky
La peur est au coeur même du gameplay de cette extension. Il est en effet possible d’effrayer la plupart des témoins de nos exactions en perpétrant une attaque effrayante (en maintenant la touche d’attaque), ce qui aura pour effet de les faire fuir. Petite exception, les brutes – déjà bien enquiquinantes d’ordinaire – sont immunisées à cet effet et auront même le talent de calmer les autres.
Oui, j’ai bien écrit « enquiquinant ». Ça vous pose un problème ? J’assume mes expressions désuètes. Oui j’ai aussi écrit « Désuètes ».
On prend rapidement le contrôle d’Evie Frye, avec 20 ans de plus, de retour des Indes, où elle a appris également des techniques effrayantes (comme les bombes à hurlement ou de quoi faire peur en tabassant ses ennemis), sans doute aux côté d’Henry. Aussi, le gameplay d’Evie et de Jack est semblable, ce dernier se payant le luxe de posséder un hurlement (très bien réalisé) à pousser en pleine mêlée pour faire fuir ses opposants, tout comme une attaque très impressionnantes à la hauteur de la réputation du “Ripper”. Tout au long des 10 chapitres de cette mémoire indépendante, on prendra donc le contrôle d’Evie – à la recherche de son frère disparu et bien décidée à faire tomber Jack – et de L’Eventreur lui-même, désireux d’éliminer les preuves – à sa façon. L’inspecteur Abberline est également de retour, mais bien plus sombre qu’à l’époque de ses pitreries transformistes. L’ambiance de ce DLC se veut froide, violente et sombre, assez éloignée de celle des aventures des jumeaux Frye contre Starrick. Jack est fou, violent et transpire la puissance. On parcourt ainsi des faits historiques, comme une relecture façon Assassins des meurtres d’Annie Chapman, Mary Jane Kelly et des trois autres victimes “officielles” de l’Eventreur, ses lettres “officielles” à la police, et on rencontre des figures emblématiques de l’époque comme George Lusk.
Dear Boss
Un bon contenu supplémentaire donc, assez en phase avec la série et le gameplay du titre. Question scénario, par contre, il est assez dommage que l’identité de Jack nous soit connue dés les premières minutes, lui enlevant une aura de mystère dont cette histoire aurait bien profité. Quel plaisir aurions-nous eu à ne pas savoir ! Non pas que ce qu’Ubisoft a fait de Jack ne soit pas cohérent avec l’univers d’Assassin’s Creed – au contraire, ceci n’est au final même pas assez explicité – mais le mythe de l’Eventreur est ce qu’il est justement à cause de cette donnée inconnue !
Les théories de l’époque ou celle avancée par Alan Moore ne sont que cela : des théories issues d’une époque où le mystère rendait cet assassin encore plus terrible, presque un fantôme ou un monstre hantant les rues sordides de Whitechapel (en parlant de cela, je vous conseille l’excellente série anglaise du même nom, qui conte de nos jours la lutte de la police londonienne face à un copycat de Jack L’Eventreur). Paradoxalement, le personnage même dépeint dans ce DLC est effrayant de folie, dégage une aura de puissance surnaturelle façon Michael Myers, et l’explication avancée à la fin du DLC – après un éprouvant combat qui rehausse la difficulté générale du titre – sur l’identité mystérieuse de Jack est valable.
Conclusion.
D’ordinaire, on ne traite pas les DLC dans nos pages, mais je me suis fait ici plaisir, compte-tenu du sujet de celui-ci et de la fascination collective envers L’Eventreur de Whitechapel. D’une durée de vie très honnête en ligne droite (ce à quoi il fat rajouter les activités annexes, comme les clubs de combat, les libérations de Bordels, les enquêtes sur les lettres et j’en passe…) Jack l’Eventreur ne sera pas une déception pour les fans du mythe et reste qualitativement dans la lignée de Syndicate, une meilleure ambiance en plus et un ton bien plus sérieux.
Assassin’s Creed Syndicate – Jack l’Eventreur
- Développeurs Ubisoft
- Type DLC
- Support PS4, XBox One, PC
- Sortie 15 Décembre 2015
Y’a bon!
- Jack
- Le gameplay lié à la peur
- Une bonne durée de vie en ligne droite (3-4 heures)
- Des nouveaux lieux
- Une adaptation satisfaisante du mythe
Beuargh!
- Les mêmes soucis que Syndicate (surtout l’IA catastrophique)
- On sait trop vite « qui » est Jack
Comments