Si les fantastiques productions de Miyazaki enchantent le monde à chaque nouvelle sortie, le studio Top Craft ne vous évoquera sans doute rien. Mais en plongeant dans les racines du studio Ghibli, impossible de passer à côté de Top Craft, une structure clé dans la genèse de l’animation japonaise moderne. Bien que Top Craft n’ait existé qu’une décennie, sa contribution à l’histoire de l’animation reste palpable, posant les bases pour ce qui deviendrait plus tard l’un des studios les plus respectés au monde. Et j’ai eu une immense surprise d’apprendre que le studio était derrière l’un de mes dessins animés préféré !
Naissance et disparition d’un studio pionnier
Fondé en 1971 par des anciens employés de Toei Animation (ouais, rien que ça), Top Craft se positionne rapidement comme un acteur spécialisé dans l’animation de qualité. Sa particularité réside dans sa capacité à travailler sur des projets internationaux, notamment grâce à des collaborations avec des entreprises américaines. Ces partenariats incluent des œuvres comme Le Hobbit (1977) et La Dernière Licorne (1982), deux productions qui se distinguent par leur esthétique unique. Ce dernier dessin animé est tout bonnement magnifique et je le conseille à tous ! Quelle belle surprise d’avoir une partie non négligeable de cet ouvrage consacré à ce monument de l’animation, souvent oublié.
Malgré son succès artistique, le studio fait face à des difficultés financières, notamment en raison de sa dépendance aux commandes extérieures. En 1985, Top Craft est finalement dissous, mais certains de ses membres, sous la houlette de Hayao Miyazaki, Isao Takahata et Toshio Suzuki, poursuivent l’aventure en créant… le studio Ghibli.
Contrairement à beaucoup de studios japonais de l’époque, Top Craft adopte un style hybride très particulier, mêlant influences occidentales et japonaises. Cette approche séduit des commanditaires étrangers, dont Rankin/Bass, une société américaine célèbre pour ses films d’animation stop-motion. Cette collaboration donne naissance à des œuvres comme Le Vol du Dragon (1982), où l’animation japonaise rencontre les récits fantastiques anglo-saxons.
Les films produits par Top Craft présentent une attention méticuleuse aux détails visuels. Les décors, souvent peints à la main, et les animations fluides témoignent de la maîtrise technique de ses équipes. Cette recherche d’excellence influence profondément les premières productions de Ghibli, comme Nausicaä de la Vallée du Vent (1984), réalisé sous la bannière de Top Craft ! Vous le saviez ? Moi non.
La transition de Top Craft à Ghibli marque un tournant pour l’industrie de l’animation japonaise. Lorsque Top Craft cesse ses activités, une grande partie de son équipe, notamment les animateurs et techniciens, est absorbée par le studio naissant. Le premier film officiel de Ghibli, Laputa, le Château dans le Ciel (1986), conserve des traces de l’héritage visuel et narratif de Top Craft, ce qui en fait un film d’animation u peu à part chez Ghibli. Cette continuité s’explique par la vision partagée des fondateurs de Ghibli, héritée de Top Craft : un engagement envers des récits travaillés et une animation artisanale. À cet égard, Nausicaä, bien que techniquement produit avant la création de Ghibli, est souvent considéré comme un prototype de ce que le studio allait devenir.
La Dernière Licorne
Parmi les œuvres phares de Top Craft, je ne pouvais donc pas moi-même passer à côté de La Dernière Licorne, qui occupe une place particulière pour moi. Ce film, basé sur le roman éponyme de Peter S. Beagle, combine une narration poétique, un style artistique vraiment unique et une animation soignée. Il explore des thèmes comme la quête de soi et la perte, des motifs récurrents dans les productions ultérieures de Ghibli.
J’ai vraiment été surpris et heureux d’en savoir plus sur les artistes derrière ce dessin animé. J’ai dû voir la VHS des dizaines de fois au point de l’user étant enfant, et il m’a été fort difficile de retrouver ce film pour le montrer à mes filles. Aujourd’hui, on trouve beaucoup de personnes à sa recherche, et il a fallu attendre 2005 pour voir une réédition en DVD. Je suis heureux qu’il fasse maintenant partie de leur culture, et figure parmi leur dessin animé préféré, avec ses chansons anglaises très typée des années 80 et un style graphique mêlant sensibilité japonaise et tapisseries médiévales.
L’héritage Top Craft
Bien que Top Craft ne soit plus, son empreinte perdure dans chaque production du studio Ghibli. Les fondateurs de Ghibli n’ont jamais caché leur gratitude envers cette structure pionnière, qui leur a offert une première plateforme pour explorer leur créativité. Aujourd’hui, en revisionnant des films comme Le Hobbit ou Nausicaä, on perçoit les prémices de ce qui allait devenir l’esthétique et la philosophie de Ghibli.
Top Craft, par sa brève mais influente existence, a démontré l’importance de repousser les limites de l’animation. Ses productions continuent d’inspirer une nouvelle génération de créateurs, tandis que les livres comme Top Craft Aux origines du Studio Ghibli permettent de redécouvrir cette aventure fondatrice que – j’en suis certain – beaucoup ignorent !
L’objet : L’illustration et la couverture
La couverture de Top Craft : Aux origines du Studio Ghibli possèd une esthétique riche en détails, évoquant immédiatement l’univers du studio Ghibli (Totoro) tout en rendant hommage à son prédécesseur.
La composition est centrée autour d’un cadrage circulaire qui capte l’attention dès le premier regard. Au centre, une scène représente un arbre, entouré d’un environnement naturel paisible. Ce cercle agit comme une « fenêtre » vers un monde imaginaire, un dispositif souvent utilisé dans les œuvres de Ghibli pour symboliser une transition vers un autre univers. Autour de ce cercle, la couverture dépeint un atelier de création remplie d’objets variés, comme des livres, des outils, et des accessoires. Ce cadre extérieur, foisonnant de détails, reflète la créativité débordante de l’animation artisanale, une caractéristique clé de Top Craft et de Ghibli. Enfin, les contours circulaires du cadre évoquent aussi Totoro, avec les deux yeux géants et le nez en forme d’éventail, créant une connexion visuelle avec le célèbre personnage du studio Ghibli.
La couverture utilise une palette de couleurs chaudes et accueillantes, dominée par des tons terreux comme le brun et le vert, auxquels s’ajoutent des touches de bleu et de jaune lumineux. Ces couleurs évoquent une ambiance nostalgique et artisanale, tout en renforçant le lien avec la nature, un thème omniprésent dans les films de Ghibli et les productions de Top Craft. L’illustration s’inscrit dans une tradition graphique qui évoque l’attention aux détails propre à l’animation japonaise. Elle fait aussi écho aux affiches et designs des films Ghibli, où chaque élément raconte une histoire. La couverture semble rendre hommage à des films comme Mon Voisin Totoro ou Nausicaä de la Vallée du Vent.
La couverture fait écho à plusieurs thèmes majeurs, liés à l’héritage de Top Craft et de Ghibli :
- La transition entre deux mondes : La fenêtre circulaire invite à explorer un univers parallèle, une métaphore du voyage émotionnel et narratif qu’offre l’animation.
- L’artisanat et la créativité : Les nombreux objets détaillés autour de la scène centrale mettent en lumière l’importance de l’art fait main, un pilier de l’identité des deux studios.
- La nature et l’imaginaire : L’arbre et le paysage central rappellent l’importance de la connexion entre l’homme et la nature, une thématique centrale dans les œuvres de Miyazaki.
- L’hommage : La composition entière intègre subtilement des références au studio Ghibli, tout en soulignant les racines du projet avec Top Craft.
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