Au IVème siècle avant Jésus-Christ, le penseur Zhuangzi fit le rêve qu’il était un papillon. A son réveil, il se demanda s’il était un homme venant de se rêver papillon ou si il était un papillon se rêvant homme. Étrangement, cette parabole m’est revenue en mémoire alors que je parcourais le jeu de David Wehle : The First Tree.
Renard
Nulle question de papillon ici (quoique, mais c’est un pur hasard) mais d’un homme nommé Joseph qui raconte son rêve étrange, dans lequel il incarne une renarde à la recherche de ses petits. Et c’est cette renarde que le joueur incarne alors que le narration se fait dans le monde réel à mesure que nous déterrons des objets liés au passé de Joseph dans notre quête. Le concepteur du jeu, David Wehle, dont The First Tree est le premier titre, se dit avoir été influencé par des titres comme Journey, auquel je rajouterai un peu de Firewatch. En effet, les dialogues (en anglais sous-titrés) s’activent à mesure que la renarde progresse et découvre des éléments faisant échos à la vie de Joseph, et plus particulièrement à sa relation avec son père.
Autant être franc tout de suite : les premiers pas dans The First Tree ne sont pas des plus aguicheurs. On incarne la renarde dans un environnement glacé qui semble sorti d’un générateur de niveau, avec des formes géométriques peu naturelles et des textures parfois grossières. Notre renarde peut au choix marcher ou courir, sauter et creuser à certains endroits. Les environnements s’ouvrent après quelques minutes pour laisser la place à de très grandes zones bien mieux réalisées et avec leur propre patte graphique et parfois leur propre système de progression. Ici, il faudra s’entourer de papillons pour obtenir un saut de plus grande envergure, là il faudra activer des stèles pour progresser. Outre les éléments dispersés dans les environnements qui font échos au récit de Joseph, il y a quelques emplacement précis à creuser pour faire avancer la narration et en savoir plus sur la jeunesse du personnage et sa relation avec son père.
150 étoiles sont également à ramasser sur le chemin. Grossièrement représentées (une image 2D qui tourne sur elle-même – j’avoue que la forme est peu adaptée au jeu), ces étoiles ont une double utilité. La première est de vous guider un minimum dans les décors. En effet, il sera souvent question d’évoluer dans de grandes plaines boisées, et la récolte des étoiles est un indicateur de la route à suivre – même si tout l’intérêt est de se perdre dans les décors pour découvrir le maximum d’informations.
La seconde utilité trouve son intérêt à la toute fin du jeu, que je ne divulguerai pas, mais qui m’a agréablement surpris par son côté touchant. Il n’y a pas de malus à ne pas toutes les découvrir, même si le côté “récolte de collectibles” prend parfois le pas sur le voyage contemplatif de la renarde.
Visuellement, si l’on écarte le tout premier contact, le titre est magnifiquement réalisé sous Unity, si l’on considère qu’il s’agit du premier jeu d’une personne. En fait, on en vient à souhaiter que David Wehle sorte un nouveau titre plus peaufiné techniquement, car sur le plan de l’écriture, The First Tree frappe fort. Sans chercher à nous émouvoir artificiellement, les dialogues entre Joseph et sa compagne sonnent justes et sincères, et sont dotés d’un doublage par le développeur et sa compagne eux-mêmes qui est de belle qualité.
Conclusion
Voilà un beau voyage à faire en compagnie d’une renarde. The First Tree est un titre très réussi compte tenu des moyens dont il disposait pour naître. S’il faut compter un peu plus de deux heures en errant un peu dans les grands environnements, il n’avait guère besoin de plus pour toucher exactement comme il fallait, sans exagération ni tire-larme. On souhaite vite revoir David Wehle aux commandes d’un prochain titre narratif un peu mieux maîtrisé techniquement !
The First Tree
- Développeurs David Wehle
- Type Aventure
- Support PS4, PC, Xbox One, Switch
- Sortie 30 Novembre 2018