Voici enfin la sortie de The Centennial Case: A Shijima Story ! Peut-être l’avez-vous déjà remarqué, mais je porte une attention toute particulière aux FMV, ce genre de jeu vidéo sous forme de films interactifs. L’éditeur Wales Interactive a ressuscité le genre de manière efficace en le sortant de ses clichés et de son ridicule il y a quelques années. Cette fois je me réjouis que ça soit Square-Enix qui mette les moyens avec la sortie de The Centennial Case: A Shijima Story sur Playstation. Ajoutons à cela qu’on y retrouve Koichiro Ito (Metal Gear Solid V) à la réalisation et Junichi Ehera (NieR:Automata) à la production pour se sentir un peu rassuré !
The Centennial Case: A Shijima Story
Supports : PC, PS4, PS5, Switch
Genre : FMV
Date de sortie : 12 Mai 2022
Editeur : Square-Enix
Développeur : h.a.n.d.
Multijoueurs : Non
J’aimerai beaucoup que The Centennial Case: A Shijima Story ne soit que le premier volet d’une série
- Un FMV de qualité
- De bonnes histoires
- Des intrigues très prenantes
- L’espace de déduction avec une structure intelligente
- Pas de pression
- Les différentes temporalité
- Le côté soap plut^pot rafraichissant
- L’ergonomie des phases de déduction
- Pas simple de voir l’implication de nos choix de dialogues
The Centennial Case: A Shijima Story
Alors oui, le FMV est un style de jeu qui combine séquences filmées avec interactions limitées pour vous raconter une histoire et vous faire participer à l’aventure. C’est un genre qui ne convient pas à tout le monde, mais avec The Centennial Case, Square-Enix joue la carte très alléchante du whodunnit façon Agatha Christie, mais au Japon et aux travers de plusieurs époques. Autant vous dire que je frétillais d’impatience !
Le jeu suit l’écrivain Haruka Kagami, spécialisée dans les polars, et son consultant scientifique, Eiji Shijima, alors qu’ils tentent de découvrir les secrets de la famille Shijima. Tout semble ramener au légendaire Fruit de la Jeunesse, le Tokijiku. Eiji veut savoir s’il existe réellement afin de l’étudier et en faire profiter la médecine. Il fait partie d’une famille qui garde le fruit depuis des générations, et s’il a lui-même tourné le dos à ces traditions pour se tourner vers la médecine, une affaire d’ossements vieux d’une centaine d’années retrouvés sur la propriété familiale va rapidement le confronter à son père et ses frères.
L’histoire se transforme rapidement en une série de crimes, car de nombreuses morts suspectes ont eu lieu autour de la famille Shijima. Haruka va donc mener l’enquête grâce à ses capacités de déduction tandis qu’Eiji aura surtout un rôle de conseil et de support. Mais c’est véritablement la jeune femme qui est au centre de la réflexion, car tout se passe dans son « Palais mental » comme dirait Sherlock Holmes.
Get out my Mind Palace !
Ce Palais mental intervient en fin de phase d’enquête, lorsque vous devez recomposer toutes les pièces du puzzle. Seulement, le jeu fait cela de manière intelligente (à défaut d’être très ergonomique avec une manette), puisqu’il vous propose de rassembler les hypothèses soulevées pendant l’enquête: les lieux, un élément précis insolite, les alibis, les mobiles… bref, vous allez avoir toute une série de sujets autour desquelles il faudra rassembler des éléments précis notés pendant les événements. Vous pouvez bien entendu revoir chaque séquence mais en terme de gameplay, il faudra simplement attraper un élément noté automatiquement en faisant défiler les segments de séquences pour le déposer à côté de l’élément concerné en faisant correspondre des formes géométriques. Un élément n’a donc qu’une seule place, et vous ne pouvez pas vous tromper.
Dit comme cela, c’est un peu compliqué, et malheureusement, les versions Playstation interdisent toute copie d’écran pour éviter les spoiler. Mais c’est une formalité à réaliser, même si le rythme est assez lent : chaque élément déposé génère une piste potentielle d’investigation qui vous sera exposée. Une fois toutes les pistes explorées, Haruka simule une conversation interactive avec Eiji afin de faire le point sur tous les éléments, écarter ceux qui vous paraissent les moins probables et poser les bonnes questions.
On se retrouve donc avec 3 ou 4 pistes par élément à explorer, qui sont autant de bonnes réponses à apporter quand on mène l’explosion finale, si chère à Hercule Poirot. A vous de ne pas faire d’erreur dans votre analyse pour éviter le Game-Over et surtout le ridicule. Il n’y a rien de pire (mais aussi d’amusant) à voir Haruka pointer un fait avec aplomb et se faire démonter en quelques secondes par un contre-argument infaillible. Globalement, l’échec vous renvoie directement dans votre palais mental pour réviser un peu, puis vous reprenez directement à la séquence ratée pour continuer.
Vous ne pouvez pas faire de fausse accusation, l’histoire n’est pas dynamique et ne change pas en fonction de vos choix. Un score vous sera attribué en fin de partie, et celui-ci vous sanctionne de quelques points pour chaque erreur commise. Bref, il n’y a pas vraiment de stress dans la résolution de l’enquête, mais je trouve que la structure de réflexion proposée est assez inédite et plutôt intéressante, puisqu’elle inclut toutes les hypothèses, et que c’est à nous d’écarter les plus absurdes.
Mais attention, les crimes sont toujours un peu tordus et le plus compliqué reste de ne pas précipiter les conclusions ! Si des facteurs paranormaux sont parfois évoqués, et qu’il va de soi que ce sont des fausses pistes, le coupable le plus direct est rarement le bon… et il va falloir trouver pourquoi. Sachant que le jeu vous prévient d’emblée que rien n’est paranormal et qu’il s’agit à chaque fois d’un seul coupable. Le reste est bien entendu laissé à votre propre analyse.
Outta Time
Un autre élément que je trouve très intéressant et prenant à suivre, est que l’enquête se déroule dans plusieurs temporalités : Si les ossements retrouvés et des meurtres se produisent bien dans le présent et qu’Haruka mène les investigations, il y a beaucoup d’éléments étranges et de morts suspectes dans l’histoire de la famille Shijima. Haruka passe alors du temps à lire des documents des cents dernières années relatant des crimes étranges en se projetant mentalement dans la peau du narrateur et en attribuant à son entourage un rôle afin de personnifier chaque protagonistes. On suit alors un mystère qui s’est déroulé 50 ou 100 ans auparavant, avec une toute nouvelle galerie de personnages joués par les mêmes acteurs, et dans laquelle il faut également résoudre un crime.
Tout est bien entendu en lien avec l’histoire des Shijima, du mystérieux Tokijiku et de péchés à expier dans le sang, tandis que les criminels rivalisent d’ingéniosité pour perpétrer leurs méfaits. Tout ceci est donc filmé avec de vrais acteurs, et il vous faudra de temps à autre faire des choix pendant l’aventure, mais surtout bien écouter et analyser tout ce que vous voyez. J’ai parfois eu l’impression de me retrouver entre “Le crime de l’Orient Express” et “Danganronpa”, ce qui m’a évidemment beaucoup amusé! Rien n’est non plus stressant ou soumis à une limite de temps, vous avez le délais que vous voulez pour réfléchir et les erreurs ne sont punies que par un score moindre à la conclusion du cas.
Le jeu des acteurs et de qualité, avec ce qu’il faut de surjeu typique d’une production japonaise issue de littérature de gare (et ce n’est pas péjoratif : nous sommes dans un récit criminel littéraire tel que nous aurions pu en lire au XIXème siècle dans la presse), et le tout est renforcé par le doublage original (vous pouvez choisir le doublage anglais, mais… pourquoi ?).
Enfin, vous avez accès à des outils utiles, tels que l’écran des relations, qui montre quel personnage est impliqué dans quelle affaire, des listes de mystères, d’indices et d’hypothèses divisées par chapitre. Une ligne de temps très pratique permet de comprendre les sauts dans le temps pour situer les faits. Vous pouvez bien entendu mettre les vidéos en pause à n’importe quel moment, revenir en arrière, voire passer les scènes déjà visualisées (en cas d’échec de la résolution). Bref tout est fait pour que vous passiez une soirée sympa à collecter des indices, échafauder des hypothèses et résoudre des crimes. D’autant que l’histoire est subdivisée en plusieurs affaires et époques, facilitant le chapitrage et permettant des sessions de jeux adaptées.
Maintenant qu’un gros éditeur comme Square-Enix s’est lancé sur le marché des FMV avec un titre de cette qualité, je souhaite que d’autres s’y lancent pour nous proposer toujours plus de whodunnit de cet acabit.
The Centennial Case: A Shijima Story
En Bref
J’aimerai revoir Haruka dans de futures enquêtes à travers le temps et ce serait merveilleux si The Centennial Case: A Shijima Story n’était que le premier volet d’une série à la croisée des chemins entre Visual Novel et FMV !
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