Je n’aime pas Tekken. Voilà c’est dit. La série est pour synonyme de roustes sévères dans l’ancienne salle d’arcade de ma ville natale et d’argent de poche engouffré dans la borne. Mais aussi de défaites humiliantes quand j’ai voulu retenter l’aventure – naïf que j’étais – sur Tekken 6 lors de sa sortie en grande pompe sur la génération précédente, avant de subir l’impitoyable loi des Juggles en boucle. Ce n’est même pas moi qui aurait dû vous offrir ces impressions sur Tekken 7, mais l’agenda plus que chargé de Bery en a décidé autrement, tandis que, curieux, j’insérai la galette dans la console.
Et bien m’en a pris.
Une histoire de famille.
J’ai toujours rapproché l’univers de Tekken à celui de Dead or Alive : des histoires nanardesques, des personnages venus de tous les horizons, des multinationales qui se foutent sur la tronche, bref… le ”Amour Gloire et Beauté” du jeu de combat en somme. Ma mère aimait beaucoup “Amour Gloire et Beauté”. Le gameplay 3D également rapproche ces deux licences étant donné que ce sont encore les deux seuls représentants du genre là où la 2D est revenue en force ces dernières années. Plus trace d’un SoulCalibur ou d’un Virtua Fighter pour venir soutenir ces poids lourds.
D’autant que Tekken est déjà disponible en arcade au Japon depuis environ 2 ans et avouons-le, cela se ressent graphiquement. Si quelques passages sont magnifiquement réalisés, certains visages frôlent le mauvais goût et le lissage Photoshop façon Dolls (Asuka, sérieusement…). On notera tout de même l’incursion d’Akuma (Gouki), intégré de belle manière à l’histoire des Mishima, et qui a conservé le gameplay à base de quart de cercle, dans un titre qui permet moins d’aberrations gravitationnelles que Street Fighter.
Les combattants sont plus lourds, les coups portent principalement au corps à corps, et – fort heureusement – il n’est plus trop possible d’enchaîner l’adversaire dans les airs comme s’il s’agissait d’un fétu de paille. Rassurez-vous, les Juggles sont toujours de la partie, mais il vous faudra maîtriser un certain timing pour parvenir à maintenir l’opposant en l’air. Là où Tekken 6 abusait fortement de cette feature propre à la série, permettant au premier envoyant valser son adversaire de vider les trois quarts de la jauge adverse sans aucun burst pour espérer s’en sortir. En échange, chaque personnage dispose de deux chopes, de coups permettant d’absorber les coups adverse pour placer les siens (un peu à la manière du Focus de Street Fighter IV, ici associé à des attaques particulières) et surtout de coups spéciaux nommé Rage qu’il est possible de lancer en pressant les deux gâchettes lorsque notre jauge de vie est presque vidée. Surpuissantes et faciles à placer, les Rages peuvent vider la moitié de la jauge de vie et occasionner des retournements de situations assez spectaculaires, si tant est que l’ennemi ne l’esquive pas.
La baston 3D n’est pas morte et Tekken 7 compte bien vous le prouver
The Mishima Show
Le spectacle semble d’ailleurs être le mot d’ordre de cet épisode, puisque de petits ralentis peuvent survenir lorsque les deux opposants frappent en même temps, laissant un petit moment de flottement avant de savoir quel coup porte en priorité, preuve s’il en est que Tekken 7 a aussi été pensé pour garantir le spectacle lors des compétitions eSport. Néanmoins, cette itération pourra décevoir certains de par ses options solo, qui ne permettent pas par exemple d’affronter l’IA autrement qu’en entraînement, et non via du versus classique, seulement possible à deux joueurs. Les fans devront se contenter du mode Arcade classique et du mode “Chasse au trésors” où chaque combat remporté octroie un élément de personnalisation afin de customiser ses personnages et se permettre toutes les excentricités.
Si le mode Histoire n’offre pas ce qui a été promis – à savoir une conclusion réelle aux guerres livrées entre les 3 générations de Mishima pour la domination du monde – on a un sympathique résumé des raisons ayant mené à ce conflit, en explorant le passé d’Heihachi et de Kazuya, là ou Jin reste assez effacé. L’affrontement entre la Mishima Zaibatsu et la G Corporation a mis le monde à feu et à sang, tandis qu’un reporter enquête sur le passé mystérieux et occulte du clan Mishima. Intéressant à suivre, quoique assez foutraque puisque chaque personnage parle dans sa propre langue et que le scénario semble se prendre assez au sérieux. Pour avoir un peu de folie, il faudra se diriger vers les scénarii annexes, représentant chacun un et un seul combat pour les personnages peu ou pas représentés dans le mode Histoire. On regrette aussi que le mode Histoire normal n’ait pas pensé à inclure les nouveaux combattants, les reléguant à ces combats facultatifs pour espérer obtenir un peu de background.
C’est d’ailleurs ce qui est dommage dans Tekken 7, le jeu se concentrant uniquement sur l’Histoire des Mishima en s’autorisant des digressions un peu indigestes sans pour autant y inclure les nouvelles figures. Même dans son mode de difficulté le plus bas, le challenge du mode Histoire s’avère étonnamment relevé, transformant celui-ci en véritable épreuve et non en mode pour amuser la galerie. On vous déconseillera néanmoins de faire ce mode Histoire dans la difficulté la plus basse, car non seulement une aide aux coups spéciaux inédite au mode scénario vous facilitera la vie via des raccourcis facultatif, mais des combos automatiques ne vous demandant que de marteler une touche remplaceront les manipulations classiques, vous donnant de très mauvais réflexes pour l’expérience globale du jeu. Mais j’avoue que cela s’est avéré utile pour manipuler des personnages imposé que l’impressionnante movelist pourra décourager.
Une fois l’histoire assez spectaculaire bouclée, il n’y aura guère que le mode Chasse aux Trésors pour vous occuper, afin de gagner argent et objets de personnalisation pour vos personnages favoris. Mais on le sait, la véritable essence de Tekken réside aussi dans son mode en ligne – qu’on a eu du mal à tester sur PS4 suite à un bug aujourd’hui corrigé – qui assurera le spectacle en partie classée ou amicale.
Mention également à la bande originale qui déboîte sévèrement, rythmant les combats de manière très nerveuse, voire épique par moment. Si vous cherchez un bon jeu de combat en 3D qui ne s’embarrasse pas de fioritures inutiles, Tekken 7 vous conviendra certainement, si toutefois vous prenez le temps de parfaire les combos de votre Main. Quand au mode VR, passez votre chemin, il est inintéressant. Il a certes le mérite d’exister, mais guère plus. On remercie d’ailleurs les développeurs de ne pas avoir mis trop de moyens dans cette feature, et d’avoir alloué tout son temps à ce qui comptait réellement. C’est dit.
Conclusion
Sans doute un peu décevant en terme de contenu pur, mais ce que Tekken 7 propose, il le fait bien et de manière aboutie. C’est fluide, pas toujours très beau, mais les combats sont aussi accessibles que techniques et permettent à tous d’y trouver du plaisir. L’impressionnante palette de coups pour chaque combattant permettra à tous de trouver son personnage favori parmi les 36 disponibles et de bosser ses enchaînements avant de le personnaliser. Une fois le mode Histoire bouclé, on passera pas mal de temps à la Chasse aux trésors avant de s’adonner pleinement aux joies du mode en ligne, moins frustrant qu’auparavant, grâce à une gestion des juggles plus subtile. La baston 3D n’est pas morte et Tekken 7 compte bien vous le prouver.
Tekken 7
- Développeurs Bandaï Namco
- Type Baston
- Support PS4, PC, XBox One
- Sortie 2 Juin 2017