Mary Skelter Nightmares est un jeu de type dungeon crawler old-school développé par les Japonais de chez Compile Heart, un genre auquel ils sont particulièrement habitués. Cette nouvelle licence met en avant un univers sombre et sanglant tout en utilisant un character design assez mignon (moe) et tente d’appâter le chaland avec une bonne dose d’à-cotés olé-olé. Voyons ensemble si ce jeu vaut la peine d’arpenter des couloirs de donjons pendant des heures.

Gorignon

Derrière ce titre bizarre ne se cache pas le nom d’un futur pokémon mais un mot pour essayer de catégoriser le genre de Mary Skelter Nightmares. Par Gorignon, j’entends un jeu à l’univers sombre et assez sanglant dépeint dans un style graphique Japonais mignon (ou moe). On pourrait croire que les deux ne vont pas forcément ensemble, mais rappelez-vous le succès de la série Corpse Party que notre ami Titiks avait testée pour vous.

Ici, on est loin d’un Corpse Party. J’entends que ce n’est pas du tout un jeu d’horreur. Si vous recherchez les sensations fortes, vous serez donc déçus. D’ailleurs, on ne peut pas non plus dire que la façon dont les thèmes relativement sombres ou gores sont abordés ne soit très osée. En effet, la violence, l’angoisse et l’horreur seront principalement perceptibles via les textes à lire plutôt que par ce qui se passe à l’écran, si ce n’est lors de quelques images 2D fixes. Notez également que le texte n’est traduit qu’en Anglais. Attention donc les anglophobes.

Mary Skelter Nightmare du sang partout
Le texte et certains visuels seront particulièrement sanglants

Prison vivante et vierges sanglantes dans les entrailles de la terre

L’histoire de Mary Skelter Nightmares est plutôt intéressante et dans un contexte inhabituel pour une production Compile Heart.

Suite à des événements inconnus, une des plus grandes villes du pays a été détruite. En place et lieu, un immense cratère où se trouve une tour descendant au plus profond des entrailles de la terre. C’est au pied de cette tour que des créatures monstrueuses, les Marchens, ont emmené les survivants humains pour les emprisonner et les torturer. Cette prison et toute cette tour ont la particularité d’être un organisme vivant animé par des désirs tels que la faim ou l’envie, donnant aux lieux une atmosphère plus qu’angoissante.

Vous incarnez Jack, un adolescent enfermé dans cette prison. Tous les jours, vous et votre compagne de cellule Alice êtes torturés et battus à mort par les Marchens. Toutefois, vous avez tous deux gardé espoir d’un jour pouvoir voir la lumière du jour.

L’histoire commence lorsque qu’une jeune fille, Red Riding Hood (le petit chaperon rouge) débarque de nulle part, tue les gardes, vous délivre et vous demande de la suivre. Elle vous révèle qu’Alice possède tout comme elle le pouvoir de vaincre les Marchens car elle est une Blood Maiden et qu’elle désire vous conduire au QG de la résistance, appelé Dawn. Jack et Alice découvriront alors une ville gérée par des groupes plutôt louches, d’une part l’organisation des Blood Maiden, d’autre part un culte assez glauque glorifiant le soleil. Jack et Alice accepteront de rejoindre les Blood Maiden afin de tenter de sortir de cette étrange tour et regagner la liberté. Mais y arriveront-ils ? Et ne sont-ils pas tout aussi biens libres de rester vivre dans cette tour ?

Mary Skelter Nightmare Image du jeu blood skelter
Les transformations sont assez impressionnantes

Sachez aussi que si cet univers vous hype particulièrement, la version collector du jeu vous offrira la traduction anglaise d’une nouvelle de 108 pages, en partie illustrée, racontant les événements se déroulant avant le début du jeu. Je ne dispose pas de cette nouvelle mais je suppose qu’elle traitera des points comme la création des Blood Maidens.

Pour ma part, le contexte de l’histoire et la narration m’ont bien plu. Il y a de nombreux rebondissements et le récit vous fait vous méfier de tout le monde et vous fait vous questionner sur le bien de vos actions. Le côté gore du titre est bien réalisé par le biais du rapport des héros avec l’environnement vivant dans lequel ils doivent évoluer et par le biais du rapport au sang de monstre, source du pouvoir des Blood Maiden. Malheureusement, le rythme de progression de l’histoire est très lent dû au fait qu’il vous faudra finir de très longs donjons pour avancer. De plus, certains des protagonistes sont très stéréotypés et assez agaçants. J’ai vraiment du mal avec ce type de héros pleurnichard et indécis qu’on voit de plus en plus dans les animes. Ici, Jack tombe en plein dans ce cliché. Certaines des Blood Maiden sont également assez inutiles mais elles ont au final toutes leur propre personnalité et histoire que vous serez amenés à découvrir.

Mary Skelter Nightmare Dawn
Dawn, la ville au sein de la prison, gérée par les Blood Maidens et par l’ordre du soleil. Complots à déjouer en perspective.

Cachez-moi ce sein

Mary Skelter Nightmares met en avant une bonne grosse dose de fan-service et de contenu olé-olé dans ses trailers. Au final, j’ai trouvé que ces ajouts n’apportent rien au titre et jouent plutôt en sa défaveur.

Il y a quelques éléments un peu sexy qui ont été éparpillés dans le jeu, mais sans réelle cohérence avec l’histoire, donnant un sentiment que tout cela tombe un peu à plat.

Mary Skelter Nightmare affinité
Couvrez les héroïnes de cadeaux dans leur chambre

D’une part, vous avez droit à un système d’affection simpliste à développer avec les Blood Maiden. Chacune d’elles a une chambre dans laquelle vous pouvez leur offrir des cadeaux afin d’augmenter une jauge d’affinité. A certains seuils d’affinité (et à certains moments de l’histoire ? il n’y a pas toujours de lien de cause à effet avec l’affinité), cela débloquera des événements menant parfois à débloquer une image fixe en 2D mettant le héros et la Blood Maiden dans une situation un peu équivoque. Mais voilà, ça ne va pas vraiment plus loin et ça ne renforce pas vraiment l’attachement que l’on peut avoir avec les héroïnes. Je n’ai par contre aucune idée si cela a une influence sur la fin du jeu, n’y étant pas encore arrivé … Pardonnez-moi, mais il y a quand même 60h à se taper…

La « purge » est plutôt malsaine

D’autre part, vous avez droit à un mini-jeu un peu malsain, la purification, où Jack déverse une partie de son sang sur l’héroïne de votre choix pour la « purifier de sa corruption » … La purification se fait en nettoyant les taches de sang du corps (à moitié nu) de l’héroïne (dans une pose plus qu’explicite) en frottant l’écran de votre Vita avec votre petit doigt potelé. Ca n’apporte strictement rien et devient même gênant quand certaines héroïnes n’ont même pas l’air d’avoir 12 ans … De plus, plus vous frottez et plus vous enlèverez les habits de la pauvre Blood Maiden, Compile Heart ayant tout de même pensé que cacher un minimum les zones sensibles était de rigueur.

Classique revisité

Mary Skelter Nightmares réutilise les fondements du style dungeon crawler si cher au kokoro de nos amis de Compile Heart, mais ajoute tout de même quelques éléments assez intéressants.

Les bases sont là avec une ville « textuelle » servant de hub où vous pouvez acheter des objets, augmenter votre affinité avec les héroïnes et faire progresser l’histoire. Une fois sortis de la ville, vous êtes dans un donjon modélisé en 3D douteuse où vous avancez case par case jusqu’à en trouver la fin, le tout entrecoupé par des combats aléatoires au tour par tour.

Mary Skelter Nightmare creepy
Le système d’exploration est assez classique et l’atmosphère des donjons est bien « creepy »

Mary Skelter Nightmares innove toutefois avec deux éléments plutôt bien pensés. Le premier est le concept de jail bonus. Les donjons se situent dans la fameuse prison vivante présentée plus haut. Vous pourrez satisfaire sa faim, son sommeil ou sa libido en combattant, trouvant des objets ou en faisant profil bas. Une fois un de ses besoins satisfait, vous pourrez faire tourner une roue pour obtenir un bonus. L’un d’entre eux est particulièrement intéressant car il permet d’étendre le niveau en cours avec de nouveaux couloirs et chemins, donnant accès à de nouvelles zones inaccessibles auparavant.

Un autre élément notable est le concept des Nightmares, les vrais boss de ce jeu. Ces monstres pourront à tout moment de votre exploration faire leur apparition et vous prendre en chasse. Vous avez alors deux options, vous enfuir de sa zone de chasse ou essayer de le ralentir en le combattant. Toutefois, le monstre étant invulnérable jusqu’à un certain point de progression, vous ne pourrez que l’étourdir le temps de trouver la sortie de la zone. La trouver est complexifié à partir du mode de difficulté normal qui cache la mini-map lors de la chasse.

Mary Skelter Nightmare premier boss
Le système de combat au tour par tour est assez classique, excepté le rôle de Jack, pouvant protéger les héroïnes ou enlever leur corruption.

Un autre point sympathique est que l’exploration demandera d’utiliser le pouvoir spécial des héroïnes pour progresser. Par exemple, vous devrez utiliser l’attaque coupe de Red Riding Hood pour dégager des zones inaccessibles ou utiliser le pouvoir d’invincibilité de Thumbelina pour traverser des pièges sans prendre de dégâts. Il est donc utile de changer sa composition d’équipe en fonction du niveau. Notez que les Blood Maiden qui restent sur la touche prennent quand même de l’expérience.

Finalement, d’autres petits ajouts comme le fait que le loot sera principalement disponible sur les monstres ou chez un marchand itinérant apparaissant aléatoirement pimente un peu le tout.

Revisité, mais pas toujours en bien

Malgré ces ajouts plutôt positifs, l’expérience de gameplay de Mary Skelter Nightmares est tout de même ternie par de nombreux défauts qui déplairont certainement aux amateurs de dungeon crawlers.

Le plus gros défaut à mon sens est le système de classes et son interface. Après avoir pris 10 niveaux, une héroïne a la droit de changer de classe. Toutefois l’interface ne vous dit pas du tout ce qu’une classe ou une autre apporte. Pourquoi (mais ça on ne vous le dit pas) ? Et bien parce qu’une fois une classe débloquée, votre héroïne pourra continuer à acheter des skills de toutes celles déjà débloquées. Problème, chaque classe a ses propres statistiques prédéfinies, et ça on ne vous dit pas comment elles vont changer. Résultat, choisir une classe trop vite et sauvegarder risque de vous bloquer avec des stats pourries pour 10 niveaux.

Le deuxième gros point noir qui en découle directement est le fait que les combats deviennent rapidement d’un ennui monumental. Comme vos personnages disposent de la panoplie de skills de toutes les classes, on roule littéralement sur les ennemis. Il n’y a pour ainsi dire pas besoin de bien réfléchir à sa composition d’équipe ou à élaborer une stratégie, et ça c’est vraiment très dommage pour un dungeon crawler. C’est pour moi le point qui fera fuir les amateurs du genre.

Conclusion

Si on se concentre sur le gameplay du jeu, bien qu’il introduise certains éléments rafraîchissants au genre dungeon crawler, il propose un système de classes mal pensé et des interfaces pénibles pour mener à bien des combats qui au final ne demandent aucune stratégie ou composition d’équipe réfléchie. Toutefois, les vastes donjons à explorer, leur level design et les nightmares sauvent un peu la mise pour peu qu’on aime le genre.

Le cœur du jeu, qui fera selon moi que le joueur appréciera ou non l’expérience globale est son histoire et son univers. Mary Skelter Nightmares sort des sentiers battus avec une histoire sombre et plutôt bien écrite qui a du potentiel. Toutefois, le rythme de progression ralenti par les immenses donjons à explorer et la personnalité de certains protagonistes très stéréotypée et agaçante sont venus plomber le tout pour ma part. Tout dépendra donc de votre affinité avec le contexte et les personnages. Notez également que hormis le mini jeu de « massage » mis en avant dans les trailers, il n’y aura pour ainsi dire rien de très olé-olé. Votre pureté ne devrait pas en prendre un trop gros coup excepté si on vous prend à frotter votre vita dans les transports en commun.

Mary Skelter Nightmares

  • Développeurs Compile Heart
  • Type Dungeon Crawler old-school
  • Support PS Vita
  • Sortie 22 Septembre 2017
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Papayou

Amateur de japonaiseries en tous genres, rédacteur et correcteur sur pxlbbq.com

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