Adapter une série animée ou un manga en jeu vidéo n’est pas une tâche des plus faciles. Koei Tecmo tente le coup avec Fairy Tail, un manga shonen créé par Hiro Mashima qui a réussi à trouver son public en occident. Ce manga terminé en 63 volumes en juin 2018 a un paquet de contenu à adapter, ce qui rend le tout encore plus challenging. Après l’interview réalisée par Nadiro avec Keisuke Kikuchi, le producteur du jeu, j’ai enfin pu tester la version finale et peux vous partager mon avis.
Fairy Tail
Supports : PS4, Switch, PC
Genre : JRPG
Date de sortie : 30 juillet 2020
Editeur : Koei Tecmo
Développeur : Gust
Multijoueurs : Non
Cette adaptation vidéo-ludique est bien moins captivante que le manga ou la série animée.
- Vivre les aventures de la guilde autrement
- Des belles animations en combat
- Un système de combat « à la Atelier » réussi
- Les saynètes liées aux missions ajoutant du contenu inédit
- Freeze du jeu possible (switch)
- Mouvements saccadés (switch)
- Longs temps de chargement (switch)
- les animations de combats ne peuvent pas être passées (edit: apparemment si)
- Des moments clés de l’histoire non racontés
- Mise en contexte lacunaire
- Bestiaire rikiki
- Très peu de challenge
- La traduction française semble ignorer le contexte des dialogues (un patch day one annonce corriger beaucoup de texte)
Bienvenue à la guilde, mais sans chichis
Je pense que l’adaptation de Fairy Tail en jeu vidéo cible principalement les joueurs qui connaissent déjà au moins l’histoire jusqu’à la fin de l’arc Tenro.
Le scénario du jeu vous catapultera en effet d’emblée dans le combat contre Hadès sans vous donner plus d’informations. Aucun personnage ou aucun événement précédant ce combat (et dieu sait qu’il y en a beaucoup sur environ 25-30 tomes) ne bénéficiera d’une introduction digne de ce nom. Tout ce à quoi nous auront droit comme récapitulatif est un mini menu textuel résumant tous ces volumes. Vous conviendrez que ce n’est pas très séduisant pour les joueurs ne connaissant pas l’univers.
La suite du scénario n’est malheureusement pas plus glorieuse. Le jeu vous fera revivre « presque complètement » les événements du manga jusqu’à la fin de l’arc Tartaros. « Presque » car des passages clés seront complètement zappés comme le passage au village gelé et que certains personnages importants ne seront pas du tout exploités tels plusieurs portes démoniaques de Zeleph. Ce dernier point est vraiment dommage car des moments importants sont de fait complètement dénaturés et perdent leur intensité, comme par exemple les scènes importantes entre Grey et Jubia du dernier arc. Je me demande également pourquoi le jeu s’arrête à la fin de l’arc Tartaros et ne va pas jusqu’à la fin du manga ?
Un jeu pour les fans ?
Vu les lacunes de mise en contexte et du scénario, est-ce que les fans de la série pourront tout de même trouver du plaisir à jouer à cette adaptation vidéo-ludique ? Là aussi je suis assez mitigé.
D’un côté, le jeu fait la part belle au fan service en vous proposant des modèles 3D des personnages plutôt réussis, de belles animations en combat et des quêtes annexes amusantes liées à des événements secondaires de l’histoire ou même inédits. Ce sont tous ces points qui m’ont poussé à continuer l’aventure jusqu’à la fin et à poncer toutes les quêtes annexes pour me rendre compte de ce que le jeu a à offrir. Il m’aura fallu environ 35 heures pour en arriver là.
D’un autre côté par contre, il y a eu de nombreux éléments non-liés au scénario qui ont souvent failli me faire lâcher la manette…
Des gouttes qui font déborder le vase
Il faut le reconnaître, la liste des défauts techniques du titre est assez longue et pourra avoir raison de la patience des fans de la première heure. Toutefois, un patch Day One sortira pour corriger principalement des bugs de scripts et des erreurs de traduction.
Parmi les défauts techniques qui m’ont le plus frustrés, je pourrai citer le fait que le mouvement des personnages et de la caméra semble très saccadé sur Switch, que les temps de chargements sont particulièrement longs et que le jeu est susceptible de charger infiniment entre deux zones ou événements.
Furansu-go ga suki desu ka
Les personnages de Fairy Tail s’exprimeront en Japonais lors des passages doublés mais l’intégralité des textes pourra être au choix en anglais ou en français.
Ceci aurait pu être un très bon point car il y a encore assez peu de RPG japonais qui soient traduits en français. Malheureusement, c’est ici encore un point qui porte préjudice à cette adaptation.
C’est triste à dire, mais il semble que les traducteurs aient complètement ignoré le contexte de l’histoire et aient fait une traduction littérale d’un grand nombre de phrases sans vraiment chercher à les adapter aux situations. Vous verrez même de temps en temps Grey rebaptisé « Gris » ou Happy rebaptisé « Heureux ».
Il reste un peu de fun quand même ?
Heureusement oui. Malgré tous ces points problématiques, Fairy Tail propose un gameplay sympathique très inspiré de la saga de RPG Atelier.
Le système de combat au tour par tour est assez réussi et envoie du pâté lors des animations d’attaques spéciales. Il est juste dommage que certaines animations très longues ne puissent être passées (edit: il semblerait que les passer soit tout de même possible, merci pour le retour). On en prend plein les yeux à la première invocation d’Urano Metria, mais à la 3ème ça commence un peu à fatiguer.
Le système de craft et de récolte est également assez sympathique et facile d’accès. On récolte des ingrédients éparpillés sur la carte ou après avoir vaincu des ennemis pour ensuite créer des lacrimas qui modifieront les statistiques de vos personnages. Certaines lacrima seront d’ailleurs spécifiques à un équipier et pourront le rendre surpuissant. Mirajane devient une tueuse de boss incroyable avec sa lacrima spéciale.
Il est d’ailleurs important de noter qu’un grand nombre des personnages de la guilde est jouable : Natsu, Lucy, Grey, Erza, Wendy, Gajil, Jubia, Gerald, Kagura, Cherrya, Ichiya, Sting, Rog, Luxus, Mirajane et Gildarts. Vous serez pour la plupart des missions secondaires libre de composer votre équipe comme vous le souhaitez, ce qui permet de faire des combinaisons que vous auriez voulu voir dans le manga ou l’animé. Par contre, le bestiaire est vraiment rikiki et recycle les 5 mêmes modèles de monstres dans des skins différents.
Fairy Tail : Conclusion
Fairy Tail n’est malheureusement pas à conseiller aux joueurs qui ne connaissent pas du tout l’oeuvre originale tant la mise en contexte du jeu est lacunaire et que son déroulement omet des éléments importants de l’histoire. De plus, les soucis techniques faisant de l’ombre à un gameplay intéressant et à un fan-service bien dosé risquent même de faire fuir les fans de la licence. Je ne conseillerais le titre qu’à des fans inconditionnels qui ont envie de revivre les événements depuis la fin de l’arc Tenro à la fin de l’arc Tartaros pour peu que les soucis de traduction soient corrigés avec le patch day one. Ca me fait un peu mal au coeur d’être aussi dur avec une licence que j’affectionne particulièrement, mais malheureusement en l’état je me dois de relever tous ces points négatifs.
Bonjour juste pour revenir sur un point il est possible de passer les animations d’attaque
Merci pour ce retour. J’ai édité le texte en fonction car je n’avais pas trouvé comment faire sur Switch. N’hésite pas à nous donner ton avis sur le jeu aussi.