On peut dire que l’existence de Disaster Report 4 Summer Memories (Zettai Zetsumei Toshi 4: Summer Memories au Japon) tient à la passion d’une poignée de développeurs ayant à coeur de récupérer leur licence après de fâcheux événements. Et malgré l’affection que je lui porte, autant vous prévenir que cet avis sur Disaster Report 4 Summer Memories ne va pas être tendre.
Disaster Report 4 Summer Memories
Supports : PC, PS4, Switch
Genre : Aventure, survie
Date de sortie : 7 Avril 2020
Editeur : NIS America
Développeur : Granzella
Multijoueurs : Non
Disaster Report 4 Summer Memories semble avoir voyagé en l’état depuis les années 2000
- Une photographie des jeux PS2 des années 2000
- Les historiettes à la japonaise
- Par moment, c’est bien barré
- A d’autres moments, c’est tragique
- Une résolution très basse
- Des chutes de framerate catastrophiques
- Des mécaniques de jeu d’il y a 20 ans
- Des temps de chargement tout le temps
- Visuellement pauvre
- Une progression très lente
- Un côté scripté frustrant
- Un gameplay lourd et lent
L’été de Kujo Kazama
Avant de commencer, et pour mieux comprendre ce qui va suivre, on va revenir sur la genèse mouvementée de cet épisode Distaster Report 4 Summer Memories. Initialement prévu sur PS3 par Irem (R-Type) au TGS en 2010, le tire a connu plusieurs report avant d’être finalement annulé suite au séisme et au tsunami de Tohoku et Fukushima en 2011. Plusieurs développeurs – dont le concepteur de Disaster Report, Kazuma Kujo – ont par la suite quitté le navire Irem pour créer leur propre studio de développement – Granzella – et ont obtenu les droits de la série Disaster Report (S.O.S. Final Escape chez nous) en 2014 à peine. Si le nom vous est peut-être connu, c’est parce que le studio a principalement créé du contenu pour le Playstation Home (fermé le 31 mars 2015), mais aussi un jeu de Kaiju « City Shrouded in Shadow » sur PS4 au Japon, dans lequel nous incarnons un simple humain dans une ville en proie à des combats entre des créatures géantes, comme Godzilla, Evangelion ou Patlabor (je veux jouer à ça !).
Enfin bref, tout cela pour dire que la série Disaster Report n’a ni de très gros moyens, ni eu beaucoup de chance, et que la sortie de cet épisode est en quelque sorte un miracle. Et le studio nous a livré un titre parfaitement fidèle à l’historique de la série. Trop fidèle même, puisque cette version Switch fraîchement débarquée dans nos contrées affiche un retard technique flagrant, en plus de reliquats d’un gameplay que l’on pensait révolu. Attendez-vous à tourner dans les différents environnements à la recherche d’un script à déclencher pour lancer une séquence narrative.
Pire, certaines quêtes imposent une tournure d’esprit allant à l’encontre de tout ce que vous avez appris jusqu’alors. A titre d’exemple, vous serez amené à sauver un vieil homme coincé sous les décombres de sa maison, lequel vous demande quelque chose pour soulever la poutre qui le bloque. Mais il ne s’agit pas du pied de biche que vous avez déjà reçu quelques minutes plus tôt, mais d’un cric que vous allez trouver dans le coffre d’une voiture. Le souci étant que pendant la dizaine d’heures qui a précédé, il n’a jamais été possible d’ouvrir les coffres de voiture (il n’y a rien à trouver à part des objets clés, des vêtements, sacs de transport ou modèle de boussole) ! Le genre de chose très frustrante, mais qui nous fait entrevoir Disaster Report 4 Summer Memories comme une suite de zones ayant parfois leurs propres règles.
Le titre débute par la création de votre personnage (homme ou femme) qui se rend à un entretient d’embauche en ville, alors qu’une alerte sismique se déclenche. En quelques secondes, c’est le chaos, les immeubles s’effondrent, les blessés sont partout et les secours bloqués par les rues impraticables. Il vous faudra alors tenter de sortir de la ville dans un voyage qui vous fera rencontrer beaucoup de personnes – bonnes ou mauvaises – à qui vous déciderez ou non d’apporter votre aide, alors que les séismes menacent de faire s’effondrer les bâtiments autour de vous.
Je vais oser un grand écart périlleux en comparant Disaster Report 4 Summer Memories au film « Kikujirō no natsu » de Takeshi Kitano. Et là, je vous entend rire d’ici, pourtant, la comparaison n’est sans doute pas si idiote qu’elle en a l’air puisqu’à l’image du film de Kitano, DR4 vous plongera dans un voyage à travers des ruines, à la rencontre de tranches de vie, d’habitants de quartiers, de minis-histoires, parfois drôles, parfois tragiques ou glaçantes, dans un ensemble de sous-quêtes uniquement destinées à faire progresser les scripts (j’ai rarement vu autant de scripts aussi mal dissimulés que dans Disaster Report 4).
Pour autant, tout n’est pas noir dans ce titre issu d’un autre âge. En effet, malgré sa lourdeur on se prend rapidement au jeu de l’exploration du titre, découvrant ici deux quartiers en guerre, là un gourou cherchant à dépouiller ses adeptes, ailleurs encore, une communauté prompte à croire aux miracles, ou une jeune femme qui va vous accompagner à la recherche de son petit ami… ces minis-histoires apparemment sans liens forgent une narration à laquelle on s’attache, retrouvant parfois l’un ou l’autre ailleurs dans la ville et même si j’ai pesté sur la lourdeur du gameplay, il m’a été difficile de lâcher Disaster Report 4 Summer Memories. Comme dans « Kikujirō no natsu » Les différentes petites histoires humaines au sein d’une ville en ruine étaient toutes intéressantes à suivre, passant de l’absurdité amusante au drame le plus total au fil des jours qui passent, tandis que le sol tremble et menace de vous écraser. Il y a comme un certain reflet de la situation actuelle dans le monde, quand l’humanité doit faire face à une catastrophe…
Disaster Report 4 Summer Memories : Conclusion
Techniquement désastreux sur Switch, Disaster Report 4 Summer Memories propose une expérience de survie certes limitée mais assez fascinante dans une ville japonaise plongée dans le chaos, pleine de petites histoires. On aurait cependant préféré ne pas avoir un titre PS2 en 2020. Celui-ci devant à l’origine sortir en 2011, on lui pardonnera la qualité technique mais pas les problèmes de framerate sur Switch. Le jeu ayant été testé en version 1.0, il n’est pas exclu qu’un patch vienne adoucir tout cela.
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