Comme on dit, après 20 ans, il y a prescription, on pardonne tout. Nombreux sont les fans de JRPG à avoir pesté contre Squaresoft (puis Square-Enix) au sujet de l’absence de sortie de Seiken Densetsu 3 en Occident. La popularité de la Switch aidant, Square-Enix décide enfin de sortir la compilation « Collection of Mana » japonaise de 2017 dans nos contrées, regroupant Mystic Quest (nommé chez nous Final Fantasy Adventure pour coller au succès des FF), le hit Secret of Mana et Seiken Densetsu 3 renommé pour l’occasion Trials of Mana.
Mana-Mana (toutou-touloulou)
Vous avez sans doute déjà touché à Seiken Densetsu 3 par le bais de l’émulation, seule manière d’y accéder chez nous, d’autant que les fans avaient livré une traduction en anglais pour ce titre, lassés d’attendre un éditeur qui ne voyait pas l’intérêt de traduire un jeu aussi ancien. Mais qui sait, avec la vague de Revivals et de compilations en tout genre qui cartonnent, tout comme les titres se revendiquant d’une ère 16bits fantasmée (au hasard Octopath Traveler récemment disponible sur PC) et la volonté de l’éditeur de rendre l’intégralité de son catalogue disponible en téléchargement et en streaming, nous ne sommes pas à l’abris de revoir certaines pépites de l’époque (Bahamut Lagoon, je pense à toi – très fort) débarquer chez nous.
On ne va pas se lancer dans un test détaillé des trois titres, ces derniers ayant plus de 20 ans et disposant déjà d’avis dithyrambiques sur la toile, mais on va plutôt s’intéresser à cette compilation passée au prisme de 2019.
Tout d’abord, et de façon globale, il est possible d’écouter les bandes originales des jeux depuis le menu principal, ce qui pourra ravir les fans de cette BO mythique d’Hiroki Kikuta, mais les jeux ont cette fois été localisés en plusieurs langues (dont le français) et disposent d’emplacements de sauvegardes rapides rendant les jeux plus accessibles.
Mystic Quest étant un jeu Game Boy, il reste jouable en monochrome noir et blanc accentuant sa netteté et divers filtres pensés pour reproduire la palette verdâtre de la console portable mythique de Nintendo. Ces filtres fonctionnent bien en mode portable, mais j’ai toutefois une préférence pour le noir et blanc en mode docké, bien plus net et agréable à l’oeil – si vous aimez les pixels.
De leur côté, Secret of Mana et Trials of Mana peuvent être joués dans leur format 4:3 original ou en mode étendu 16/9 peu flatteur, mais qui a le mérite d’utiliser tout l’écran. Contrairement à Mystic Quest, ces deux épisodes rendent un peu moins bien sur grand écran, avec un petit aspect flou ne rendant pas grâce aux graphismes d’origine. Collection of Mana est donc un jeu qui s’adaptera très bien sur Switch Lite ou en mode portable !
Feature présente sur les jeux originaux de retour ici pour notre plus grand plaisir: le mode coop’ locale sur Secret et Trials qui fait toujours autant plaisir ! Un mode parfait pour jouer en famille et qui – une fois encore – profite des deux Joy-Cons de base intégrées à la Switch (sauf la Lite pour le coup). Deux jeux à parcourir en duo donc, chose qui reste toujours aussi agréable et efficace de nos jours, où cette fonction reste assez rare (au profit du multijoueur en ligne)
Final Fantasy Mystic Quest
On doit ce changement de nom absurde à des équipes marketing désireuses de vendre Mystic Quest sous l’appellation Final Fantasy pour surfer sur le succès de la licence de Squaresoft, et il faut d’ailleurs noter que ce premier épisode se rapproche d’avantage d’un ancien Zelda que d’un Final Fantasy. De quoi perdre les joueurs en Occident, vous ne trouvez pas? On y suit les aventures d’un jeune garçon parti en quête pour sauver l’Arbre Mana du Seigneur des Ténèbres, de nombreux combats en temps réel à la manière du premier Zelda émaillaient ce titre, mais le héros pouvait aussi être rejoint par d’autres personnages en cours de route, ce qui en 1991 était très avancé pour la console.
Néanmoins, de nos jours, le jeu se révèle court, peu agréable à prendre en main et ne doit sa présence dans la compilation qu’à sa figure d’épisode fondateur. On prend néanmoins plaisir à découvrir ses donjons et goûter à un pan de l’histoire du jeu vidéo. Paradoxalement, et comme dit plus haut, c’est sans doute le titre qui s’en sort le mieux sur grand écran grâce à ses graphismes limités.
On entame les choses sérieuse avec le grandiose Secret of Mana qui a laissé plus d’un joueur béats d’admiration à sa sortie en 1993 sur Super Nintendo. outre sa bande-son exceptionnelle (on se souvient tous de la musique d’intro par exemple), ses graphismes chatoyants et détaillés en font encore aujourd’hui une valeur sûre sur Switch. C’est à ces jeux qu’on voit que la belle 2D vieillit beaucoup mieux que la 3D.
Collection of Mana est un indispensable sur Switch
C’est presque un mythe arthurien étant donné que le héros retire au début du jeu une épée de son socle caché, mais son geste ranime les monstres de la terre et il devra partir – armé de l’épée de Mana et de deux compagnons – en quête du pouvoir original de l’épée pour empêcher la résurrection de la Bête de Mana. On a ainsi une construction aussi assez proche d’un Zelda, puisqu’il faudra au préalable rassembler les 8 graines de Mana pour restaurer les pouvoir de l’épée, disséminées dans un monde ouvert magnifique et très vivant. On notera qu’il s’agit d’un jeu assez difficile et ses boss peuvent être vraiment pénibles de nos jours, tandis que l’interface aurait gagné pour cette compilation à être revue pour plus de simplicité et d’ergonomie. Si l’histoire est sympathique à suivre, elle n’en reste pas moins secondaire, la découverte du monde restant l’élément le plus mémorable du jeu. On reste en tout cas bien devant le remake 3D de l’année dernière.
Trials of Mana
Voilà sans doute le jeu pour lequel vous avez acheté cette compilation et on vous comprend ! Enfin une version officielle et traduite en français, le tout en version nomade. L’argument choc qui fait fondre le cœur de tout amateur de JRPG, puisque ce titre est inédit chez nous et qu’il figure parmi les plus grands jeux de la Super Nintendo. Une injustice enfin réparée qui invite le joueur à prendre part à des conflits entre différents royaumes pour le contrôle du Mana.
Sur 6 personnages uniques au début de l’aventure (un guerrier un magicien, un homme-bête, un voleur, un prêtre et une amazone), il vous faudra en sélectionner que 3 pour constituer votre équipe, ce qui aura des conséquences sur le scénario lui-même, rendant le jeu très agréable à refaire, puisque le fait de changer de personnage au début du jeu ouvre de nouveaux arcs narratifs. Notez tout de même que les personnages « abandonnés » au départ feront partie de l’intrigue en tant que PNJ, mais ceux que vous avez sélectionnés détermineront entre autre le boss de fin et vous assisterez à leurs conclusions personnelles.
Trials of Mana figure comme une version améliorée en tous points de Secret of Mana: plus de personnages et un système de classes viennent rehausser une aventure très complète, même si, comme pour Secret of Mana, on n’aurait pas craché sur une refonte ergonomique des menus pour les rendre plus digestes, et pourquoi pas sur un mode “rapide” à l’image des ressorties des divers Final Fantasy dernièrement. Notez qu’il est aussi impératif de bien suivre le jeu; ce dernier ne vous prenant pas par la main en vous indiquant sans cesse quoi faire, il est important de suivre le scénario et de ne pas louper une information vitale. Mais ne boudez pas votre plaisir, joueurs de 2019, vous tenez là un jeu que nous attendons depuis 20 ans. Il serait mal venu de faire la fine bouche…
Conclusion
Incontournable pour les nouveaux joueurs charmés par un récent Octopath Traveler et qui voudraient prolonger l’expérience d’un JRPG classique en magnifique 2D. Si l’on excepte le premier épisode, clairement ici à des fins historiques plutôt que ludiques (quoique…), Collection of Mana est un indispensable sur Switch qu’il serait mal venu d’ignorer.
Collection of Mana
- Développeurs Square-Enix (M2)
- Type JRPG
- Support Switch
- Sortie 11 Juin 2019