On vous en parlait dans une news précédente mais il semble que de plus en plus de joueurs achètent des jeux sans y jouer. Un phénomène assez récent qui nous fait nous poser la question : est-il plus important de posséder le jeu que d’y jouer ?
Gotta Catch ‘Em All
Le paysage vidéoludique évolue et avec lui, les offres proposées aux joueurs. Fini le temps où seules les boutiques spécialisées ou les grandes surfaces avaient le monopole de la vente de jeux vidéo, soldés ou non. Aujourd’hui, plus besoin de se déplacer, les jeux dématérialisés s’invitent jusque dans votre salon (ou la pièce où vous avez choisi de poser votre pc adoré) afin de vous abreuver d’offres diverses et variées. Car c’est bien dans la quantité de jeux proposés que se trouve la source du problème.
Les plateformes de téléchargements ont le vent en poupe et n’ont jamais été aussi populaires qu’aujourd’hui. En 1ère place du peloton, on retrouve Steam, la plateforme de Valve, qui connait depuis plusieurs années un succès grandissant. Enormément de jeux sont proposés au sein de leur étal virtuel et de nombreuses périodes de soldes émaillent l’année, au grand dam du portefeuille des joueurs du monde entier. Et ces derniers succombent facilement lors de ces périodes de soldes ou à l’arrivée d’un Bundle alléchant, et achètent des softs en pagaille. Mais y jouent-ils vraiment ? Grâce à nos confrères dArs Technica, on a récemment appris que 37% des jeux achetés sur Steam ne sont jamais lancés par leur acquéreur. Les gamers seraient-ils pris dune boulimie vidéoludique incontrôlable ?
Car toutes les excuses sont bonnes pour acheter sans jouer. « C’est une occasion à saisir », « j’y jouerai plus tard quand je serai en congé/malade/pensionné » sont autant d’excuses toutes trouvées pour justifier un achat compulsif. Mais à force d’acheter à tour de bras des jeux auquel on ne joue pas, le joueur n’en viendrait-il pas à oublier la finalité même d’un jeu (qui est d’être joué). Ou bien se satisfait-il de la simple possession d’un titre ?
On le sait, le gamer (ou même le geek en général) a toujours été prompt à collectionner : cartes Dragon Ball/Pokemon/Yugioh, figurines, mangas, comics,etc. Peu importe celui qui a sa préférence, ils ont tendance à faire plonger n’importe quel aficionados dans la collectionnite aigue (si si ça existe, juré craché). Et le jeu vidéo n’y échappe pas, que ce soit via des listes de jeux kilométriques sur Steam, qui ne sont jamais lancés (allez faire un tour sur Steam Calculator, vous serez surpris !) ou des objets de rétro-gaming.
Car le rétro-gaming à la cote et il n’est pas rare de retrouver des jeux de l’époque 8-16 bits à des prix affolants. Et sils sont sous blisters, préparez la douloureuse ! Et pourtant à quoi sert un jeu sous blister ? On sait tous qu’une copie de Zelda Majoras Mask ou Super Mario Bros 3 sous blister vaut son pesant de cacahuètes (Goldeneye 64 sous blister coûte 9800 euros) mais, mis à part sa valeur mercantile, à quoi bon le posséder ?
Vous ne déballerez jamais ce jeu de peur de lui faire perdre sa valeur alors, à quoi sert-il si vous n’y jouez pas ? Iriez-vous acheter une voiture pour ne pas rouler avec ? Posséder des jeux auquel on ne joue pas, c’est les amputer de leur fonction première, de ce pourquoi on les a conçus et donc passer à côté de l’essence même du jeu vidéo. Tels des Harpagon vidéoludique, les joueurs se mettent donc à engranger des jeux qu’ils n’utilisent pas, encore et encore. Quand on y regarde de plus près, ça en deviendrait presque triste, cette attitude reléguant le jeu vidéo aux rangs des produits de consommation les plus insignifiants.
Mais ne soyons pas mesquins, l’augmentation du nombre de jeux et de soldes proposés na pas que des désavantages. Le marché du jeu vidéo s’est ouvert aux éditeurs indépendants qui, via les plateformes de téléchargements, peuvent proposer leur titre à tout à chacun et à des prix abordables. Ces mêmes prix permettent aux joueurs de tester de nouveaux genres ou des softs plus atypiques pour lesquels ils n’auraient pas osé débourser une somme conséquente et seraient passés à côté de pépites insoupçonnées.
Concluons à la façon de l’inimitable Usul avec une citation. Stendhal disait de l’amour « Posséder n’est rien, c’est jouir qui fait tout ». Il suffirait de changer une lettre pour que cette maxime s’applique au monde du jeu vidéo que nous chérissons tous et nous fasse réfléchir sur notre façon de le consommer.
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