Quand j’ai vu arriver un jeu de société Blacksad chez 404 Editions, j’avoue avoir été vraiment très intéressé. Le prix de vente laissait présager un jeu d’enquête assez simple pour 4 joueurs, mais bien assez pour occuper l’une de nos soirée de jeux de société. Finalement, qu’en avons-nous pensé ?
Quelque part entre les ombres
Blacksad est avant tout une série de bande-dessinée de Juan Díaz Canalès et de Juanjo Guarnido. Ce dernier étant passé par les studios Disney, on admirera sa patte graphique et l’expressivité de ses personnages. Prenant place dans les années 50, la série met en scène le détective Blacksad, un chat noir qui n’a pas peur de prendre des coups si ça peut lui permettre de résoudre une enquête. Imperméable, indic’ dans les bars, ambiance noir et meurtres crapuleux, la série Blacksad excelle aussi dans sa narration et n’hésite pas à mettre en scène l’histoire des Etat-Unis au travers de ses animaux anthropomorphes.
“Quelque part entre les ombres” est le premier volume de la série, et celui dont l’histoire est somme toute la moins impactante : une jeune starlette et ancienne amante de Blacksad a été assassinée, et le détective veut faire toute la lumière sur cette affaire qui pue l’argent et la jalousie à plein nez.
Et c’est justement cette histoire que 404 Editions a décidé d’adapter en un jeu d’enquête coopératif jusqu’à 4 joueurs, pour une petite soirée à 15€, whisky et chips non-inclus. Dans cette aventure, vous incarnez 4 personnages importants de la série, à savoir Blacksad, le commissaire Smirnov, l’ancien garde du corps de la victime Jake Ostiombe et l’inénarrable Weekly. Chaque personnage dispose de 2 capacités parmi 4 communes (Tir, Discrétion, Interrogatoire et combat) qui leur permettront d’accéder ou non à certains lieux.
La partie se déroule en 8 tours, chaque tour étant rythmé par une carte événement qui conditionnera le tour en cours (lieux inaccessibles, capacité supplémentaire…). Outre le fait de devoir découvrir le meurtrier, les enquêteurs doivent aussi mettre la main sur les preuves, réparties entre les différents lieux. Chaque carte de lieu visité contient une information plus ou moins utile (gare aux fausses pistes) et chaque joueur décide où il se rend à chaque tour, et quel lieu parmi les différentes possibilités il choisi de visiter. Au départ, cela se fait un peu au hasard, mais rapidement, il faut se concerter car tout le monde ne peut pas aller partout et il faut déduire certaines informations des courtes descriptions disponibles, voire de certains visuels.
A ce niveau, l’enquête est plutôt sympathique, car c’est en discutant, relisant ou regardant à nouveau les cartes que la piste s’éclaircit et que l’on peut décider avec discernement quelles lieux visiter ensuite.
Une petite subtilité s’invite, puisque si nous avons 8 tours pour conclure l’affaire et trouver tous les indices menant aux preuves, le jeu permet l’erreur en ceci qu’il dispose de 3 fins, dont une seule est la bonne. En effet, chaque carte preuve découverte contient une lettre, et toutes les lettres forment un mot à reformer. Vous disposez de 3 enveloppes fermées, chacune avec une série de mots semblant aléatoire inscrite sur le dos, et la seule façon d’ouvrir la bonne est de connaître le bon mot.
Alors seulement vous aurez accès à l’épilogue complet, ainsi qu’à une série de 10 questions portant sur l’histoire, qu’il va vous falloir répondre pour déterminer votre score global. L’une des carte de preuve contient aussi les aveux audio de l’assassin, via un QRCode qui renvoie vers un fichier audio sur Internet, ce qui a été une bonne surprise pour nous.
Cela dit, nous n’avons pas pu nous empêcher d’être un peu déçus : Deux joueurs sur les 4 étaient des lecteurs de la série, et deux autres ne la connaissaient pas. En choisissant d’adapter l’intrigue du premier tome, les concepteurs du jeu ont oublié que l’histoire ne réserverait pas de surprise aux joueurs. Nous savions déjà plus ou moins vers quels lieux nous orienter, sans que nos déductions paraissent réellement logiques aux deux autres personnes. Il aurait mieux valu créer une intrigue originale, voire proposer plusieurs scénarii ou histoires annexes croisant les histoires principales pour éviter ce problème.
Si le jeu propose plusieurs fins, la possibilité d’y accéder uniquement via la récolte des indices cachés est une bonne idée, mais cela ne permet en fait que de rejouer une seconde partie en coopérant mieux pour être certains de remporter la bonne fin.
Enfin en terme de matériel et de réalisation, 404 a enfin donné à ses cartes une meilleure consistance et soigné la découpe, tandis que le petit plateau de jeu est toujours un peu trop souple à mon goût. Les illustrations sont reprises du premier tome et sont donc magnifiques, et après relecture, les cartes apportent suffisamment d’indices, soit textuels, soit visuels, en un minimum d’information pour guider les joueurs vers la bonne piste.
En définitive, la construction du jeu Blacksad est réussie. Le jeu vous fait passer une petite heure d’enquête sympathique en groupe et si le fait de découvrir le meurtrier est assez simple, encore faut-il découvrir tous les indices et témoignages pour avoir la bonne fin. Le jeu aurait vraiment gagné à avoir son intrigue originale, ou à adapter celle des autres tomes, plus originales et complexes. Une prochaine fois peut-être ?
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